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Eftruc de Siurac, & de M. de Nerveze, pere de l'Auteur. Dans celle de M. de Puichery, Nerveze dit:

Vous m'aimiez pour l'amour qu'on doit à la patrie.

Je ne fçai s'il en faut conclure que le
Poëte étoit d'Angers, ou de la Pro-
vince d'Anjou. Il dit dans celle de M.
de Mont-Eftruc, qu'ils s'étoient con-
nus & aimés durant plus de quinze
ans. On voit par l'Epitaphe de fon
pere, que celui-ci l'avoit laiffé fi
jeune qu'il n'avoit pu honorer alors
fon tombeau par fes vers, & que ce
foin fut laille à fon frere aîné qui
compofa en vers latins l'Epitaphe de
leur pere commun.

Mon aîné, vostre fils, d'une Muse latine
A voftre tombe offrit une offrande divine ·
Oû je joins maintenant ce que ma trifte voix
Peut dire à voftre honneur d'effus mon luth françois.......
Vous fuftes emporté par la cruelle Parque,
Ainfi que mon efprit s'en fouvient, & le marque,
Au milieu de voftre âge, & comme on commençoit
Par le cruel malheur qui lors nous mesnaçoit
D'allumer mille feux dans les françoises Villes

Pour brufler noftre France en fes flammes civiles,&c.

Nerveze fait l'éloge de fon pere; mais

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il n'apprend aucun fait qui mérite d'êGUILLAU tre remarqué. Il parle du mariage de ME BER- fon frere aîné, de celui de fes fœurs NARD DE & de leurs enfans. Pour lui, il paroît qu'il n'avoit contracté aucune alliance.

NERVEZE.

Ce recueil finit par des Ballets; les Amours de Fraviane & de Floris ; cinq Elégies; les Amours & les regrets d'Olympe; le Rétablissement d'amour; des Stances au Roi & à la Reine; un Hymne de la patience; l'Adieu de Francion à Eugénie; des Stances à M. le Dauphin, qui fut depuis le Roi Louis XIII. & par une Piéce intitulée, L'Hermitage amoureux. Dans les Stances qu'il préfenta à Henri IV. à Monceaux, il dit qu'il étoit vieux :

Fuifqu'on chante vos faits dans les terres estranges,
Je viens trop tard au monde annoncer vos louanges,
Et trop toft pour loüer voftre Dauphin parfait :
A ce chant glorieux je ne puis fatisfaire;
Jeune, je n'ay point vû ce que le pere a fait,
Et vieil, je ne puis voir ce que le fils doit faire.

Il mourut en effet, comme je l'ai dit,
dès les premieres années du regne de
Louis XIII.

Ses Poëfies fpirituelles, que j'ai déja citées, contiennent des Stances, des Difcours, une Ode, trente Sonnets,

une Méditation faite à Fontainebleau,

DE

& la Paraphrase de quelques Pfeau- GUILLAUmes. Ces Poëfies ne refpirent que la ME BERpiété & la componction du cœur. C'eft NARD NERVEZE une amende honorable que l'Auteur fait à Dieu d'avoir facrifié trop longtems à l'amour profane, & aux vanités de la Cour. Il fe plaint beaucoup de celle-ci, regrette le tems qu'il y a perdu, & fe récrie contre fon ingratitude, & contre l'envie dont il dit avoir été la victime.

GILLES DURANT, Sieur DE LA
BERGERIE.

DURANT
Sieur DE LA
BERGERIE.

On rapporte auffi à l'année 1614. ou à la fuivante, la mort de Gilles GILLES DURANT fieur de la Bergerie, qui a imité en vers françois les Poëfies les plus tendres & les moins fages que Jean Bonnefons avoit compofées en latin.

Durant étoit contemporain & compatriote de Bonnefons, qui étoit né à Clermont en Auvergne l'an 1554. Il fut auffi comme lui, Avocat au Parlement de Paris; & peut-être avoientils étudié ensemble le droit à Bourges fous le célébre Cujas. Comme fon ami

Préface de M. de laMon.

noye à la tête Bonnefons.

des Poëfies de

DURANT
Sicur DE LA

que

encore, il aima la Poëfie, avec cette GILLES différence que Bonnefons ne faifoit des vers latins, & que Durant BERGERIE n'en compofoit que de françois. Il s'acquit à Paris de la réputation au Barreau fur la fin du feizième siècle, & au commencement du dix - feptiéme. Il y eat pour ami le célébre Antoine Mornac, à qui l'on peut dire qu'il ne cédoit pas en Jurifprudence, s'il eft vrai, comme on le préfume, qu'il foit ce Durant que Pasquier dans la quin. ziéme du dix-neuviéme livre de fes Lettres, compte parmi les neuf Jurifconfultes choifis pour travailler à la réformation de la Coutume de Paris.

Cependant Durant nous fait l'aveu qu'il n'aimoit ni fa profeffion, ni les Occupations qui y étoient attachées.

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Je n'aime point le Jason,

Le Balde, ni le Barthole;

Je ne puis les careffer,

Quand ils devroient m'amaffer
Tous les fablons de Pactole.

Il femble qu'il foit difficile de réuffir
avec de pareilles difpofitions: on fait
rarement bien ce qu'on n'aime point
à faire. Mais il ne faut pas toujours
prendre les expreffions des Poëtes à la
lettre; fouvent ils s'expriment d'une
façon, & penfent d'une autre. Il eft vrai
que Durant paroît avoir été un hom-
me fans ambition & plus ami du plaisir
que de l'étude, mais chez qui les ta-
lens fuppléoient à l'amour du travail.
Voici le portrait qu'il nous fait de lui-
même dans fon Ode à Claude Binet,
Lieutenant général à Riom : il eft un
peu long; mais je ne peux mieux le
tracer que d'après lui:

Sans chagrin & fans rancune,
BINET, je fuy la fortune,
Où mon fort m'a convié :
Je vy doucement ma vie,
A nul je ne porte envie
Et ne fuis point envié.

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Je n'ay estats ni offices, Je n'ay point de bénéfices

GILLES
DURANT

Sieur DE LA
BERGERIE

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