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Autrefois que le fang bouilloit dans ma poitrine
Sous les faintes ardeurs d'une flamme divine,
En la fleur de mon âge, en l'Avril de mes ans,
• Bien fouvent à rimer je confommay le tems:
Mais depuis, accablé d'ans, d'eftude & de peines
Mon fang s'eft tout-à-coup refroidi dans mes veines,
Je n'ai depuis fenti ce puiffant aiguillon
Qui fouloit m'animer au métier d'Apollon,
Et fi j'ai quelquefois voulu prendre la plume,
Je n'ay, comme j'avois auparavant coustume,
Achevé mon ouvrage, &c.

Le refte de cette Epître eft un éloge
de M. de Villeroi & de fes Ancêtres,

On voit par les vers que je viens de rapporter, que la plupart des Poëfies de l'Auteur furent compofées dans fa jeuneffe. Les Tombeaux ou Epitaphes, en font une partie. Claude de Morenne a voulu apprendre à la poftérité qu'il avoit pleuré la mort & célébré les louanges de Gafpard de la Chaftre, Seigneur de Nançay, Capitaine des Gardes; du Roi Charles IX, du Cardinal Charles de Lorraine; de M. de Palaiseau, l'aîné; de Robert des Poix; du Cardinal Charles de Bourbon; de Jacques Mangot, Avocat au Parlement de Paris; du Préfident Barnabé Briffon; de M. Petit, Prêtre ; & de fon propre frere, Robert de Mo

renne, le même apparemment qui a été Confeiller de la Cour des Aydes, CLAUDE & dont il eft parlé plufieurs fois dans DE le Dialogue d'entre le Maheuftre & le RENNE

Manant. Ces deux freres avoient l'un pour l'autre une grande amitié ; leur humeur leur caractere, leur goût fympatifoient :

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Tous deux aimions la vie innocente & tranquille
Et préférions les champs aux troubles de la ville.
Tous deux, plus que la mort, détcflions les excez
De la guerre civile, & les trichars procez.
Nous ne voulions, guidés d'un avare courage,
De noftre prochain fimple occuper l'héritage.
Tous deux aimions les vers, & le métier divin
D'Apollon aux crins d'or, & du troupeau neufvain
Tous deux foulions aux pieds d'argent la convoitife,
Et les tiltres d'honneur que tout le monde prife, &c.

Plufieurs des Epitaphes que je viens
de citer, font en vers latins. Il en eft
de même des Cantiques fpirituels, qué
Claude de Morenne a dédiés par deux
Epîtres, l'une en profe, la feconde
en vers, à Regnaud de Beaune

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Ar

chevêque de Sens & Grand-Aumônier
de France. De vingt-huit Cantiques,
il y en a quelques-uns en vers latins.
Ces pieces font plus pieufes que poëti-
ques. Plufieurs ne font que
des Para

Mo

phrases ou imitations de quelques CLAUDE Pleaumes, & de diverses prieres de l'Eglife. L'Auteur reconnoît dans un

DE

MORENNE. de ces Cantiques,qu'il avoit lu dans fa

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jeuneffe les Poëtes qui ont parlé de l'Amour, & que cette lecture avoit nui également à fon efprit & à fon cœur c'en eft l'effet ordinaire. Morenne le prouve, & fait ce qu'il peut pour détourner fes lecteurs du piége où lui-même étoit tombé.

Ces Cantiques font fuivis de cinq Sonnets Spirituels, & de cent deux Quatrains, adreffés à son neveu, Robert de Morenne, par une Epître datée de Fleuray le 16 Janvier 1605. Mais ces Quatrains, avec les Cantiques, avoient déja paru dès 1595. Colletet a raifon de dire, « qu'ils font merveil» leusement instructifs & très-dignes » de la lecture de ceux qui font bien aifes d'apprendre de bonnes chofes, » de quelque façon qu'elles foient

رو

» énoncées. "

La derniere partie des Œuvres de M. de Morenne contient des Poëmes divers tant françois que latins, dédiés, par une Epître en vers françois, à M. d'Halincourt, Ambassadeur pour le Roi à Rome. Le premier des Poëmes eft

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CLAUDE

DE

un Panegyrique d'Henri IV. compofé
à l'occafion de fon facre & couronne-
ment, & fuivi d'un chant fur le même
fujet. Tout l'amour du Poëte pour le MORENNE
Roi & pour la France, eft développé
dans ces deux pieces. Il chante dans
d'autres les diverfes faifons de l'année.
Son Eclogue intitulée, Les Sorcieres
eft obfcure; & je n'ai pu en faifir le
but. Son Dialogue, qui a pour titre,
Remedes contre l'amour charnel, eft
digne de fa piété. Il y a encore quel-
ques autres Eclogues, mais qui inf
truisent peu, & manquent de naturel.
Ses Poëfies latines nous apprennent
qu'il étoit en liaifon avec le célébre
Camufat de Troyes, Etienne Pafquier,
& plufieurs autres Sçavans.

Le premier Effect des Amours
de G. B.

LE PREMIER EF

FET DES A

Si le fieur G. B. qui a donné en 1606. le premier Effet de fes amours dédié à fa Maitreffe, avoit bien médité le Cantique de Claude de Morenne MOURS DE contre l'Amour charnel, je fuis perfua- G. B. dé qu'il auroit été plus porté à fupprimer qu'à mettre au jour ce petit recueil de Poëfies, & qu'il auroit mieux

appliqué fa devife, plutôt mourir que LE PRE- changer. Ses proteftations de conftanMIER EF- ce & de fidélité, fes vœux, fes foupirs, MOURS DE fes defcriptions des attraits qu'il trou

FET DES A

G. B.

DE MONT

voit dans l'objet de fa paffion, ont pu être agréables à fa maîtreffe; je ne crois pas qu'ils ayent intéreffé d'autres lecteurs. Ses Stances & fes Sonnets n'ont rien que de plat & de ridicule. N. DE MONTGAILLARD.

a

Le fieur de Montgaillard n'auroit GAILLARD. pas eu un moindre befoin de fuivre les avis de M. de Morenne, fes Poëfies ne roulant prefque auffi que fur l'amour le plus profane. La Bibliotheque de Dauphiné par Guy Allard, m'apprend que ce Poëte, dont Vital d'Audiguier, fieur de la Menor en Rouergue, compofé l'Epitaphe, fe nommoit Pierre DE FAUCHERAN Montgaillard, & qu'il étoit de Nions dans le Valentinois. Il paroît par fes Pocfies qu'il avoit été dans le fervice foit de terre foit de mer, peut-être dans l'un & l'autre, & qu'il reçut quelque difgracè de la Cour. Flamide, dit-il à fa Œuvres de Montg. fol. 1. maitreffe,

Flamide, je croiray que vivre en vostre absence
Ce feroit un péché criminel de mes vœux

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