ne, n'ayant pas été reçue, felon l'ufage, avec tous les honneurs rendus aux Cours fupérieures, il s'en plaignit directement au Roi ; & afin de rendre plus fenfible la faute de l'Officier, il dit à fa Majefté, Que François I, lorf qu'on lui préfentoit pour la première fois un homme de Lettres, faifoit trois pas au devant de lui.

,

Mais voyons par quelles faveurs le Roi fignala d'abord fà protection. Ce qui preffoit le plus, c'étoit d'affigner un lieu, où l'Académie pût régulièrement s'affembler. Elle fut placée au Louvre même dans l'appartement qu'on lui a toûjours confervé depuis. Et comme ceux qui dans ce temps-là travailloient à l'Hiftoire Métallique du Roi, étoient tous de l'Académie Françoife, ils n'oubliérent pas de faire entrer (8) cet événement dans leur Hiftoire,

(8) Voici l'explication que l'on trouve de cette Médaille, dans l'Hiftoire du Roi.

Apollon tient fa Lyre appuyée fur le Trépié, d'où fortoient fes oracles. Dans le fond paroît la principale face du Louvre. La Lé gende, APOLLO PALATINUS, fignifie,

Hiftoire, autant pour la gloire du Roi, que pour celle de leur Compagnie.

Peu de temps après, le Roi chargea M. Colbert de faire un fonds pour les befoins que l'Académie peut avoir comme bois, bougies, journées de Copistes ; & fa Majefté voulut que dans la fuite il y eût pour chaque féance quarante jettons à partager entre les Académiciens

Apollon dans le Palais d'Augufte, & fait » allufion au Temple d'Apollon bâti dans l'en» ceinte du Palais de cet Empereur. L'Exergue, ACADEMIA GALLICA INTRA REGIAM 25 EXCEPTA. M. DC. LXXII. L'Académie Françoife dans le Louvre. 1672.

כל

Académiciens préfens, quoique l'affi duité , purement gratuite jufqu'alors, ne fe fût jamais ralentie.

Apparemment ce fut auffi par les foins de M. Colbert, qu'ils eurent pour commencer leur bibliothéque, fix cens foixante volumes, tirez de celle du Roi. Il y en a un catalogue imprimé, où le trouvent l'ordre donné (9) par le Roi au Garde de fa bibliothéque, de les envoyer à l'Académie ; & le Certificat de M. Perrault, qui re connoît, comme Bibliothécaire de l'Académie, qu'ils ont été portez dans le lieu où elle s'affemble, & mis en fa garde. Mais à la mort de M. Perrault, elle n'a point fait revivre cet emploi de Bibliothécaire, qui faifoit comme un quatrième Officier, dont effectivement elle n'a pas grand befoin, fi le nombre de fes livres ne s'augmente pas.

Tandis que le Roi la combloit de nouvelles graces, on peut bien croire qu'il ne refufa pas de lui confirmer fes anciens priviléges. Elle fut pleine

(9) A Nancy, le 21 Août 1673;

ment

ment (1) rétablie dans fon droit de Committimus, qui avoit été reftreint (2) aux quatre plus anciens de la Compagnie; & qui eft prefque le feul droit utile, dont elle jouifle. A la vérité, dans le temps dont je parle, plus du tiers des Académiciens (3) recevoit des gratifications annuelles de la Cour : mais qui n'ont pas été converties en penfions, ni attachées au corps de l'Académie.

En 1676, le Roi ordonna qu'aux piéces de Théatre qui fe joüeroient à la Cour, il y auroit fix places marquées pour des Académiciens : & lorfque Meffieurs Charpentier, de Benferade, Rofe, Furetiére, Quinault, & Racine, allérent fe mettre en poffeffion de ces places, non- feulement ils y fu

rent

(1) Par une Déclaration du Décembre 1673, confirmée plufieurs fois depuis, & tout de nouveau enregîtrée au Parlement les Fé vrier 1721.

(2) Par l'Ordonnance du mois d'Août 1669. (3) Voyez ci-deffous l'Article de CHAPELAIN, où font citez les noms des Académiciens gratifiez en 1662.

rent (4) installez avec honneur, mais les Officiers du Gobelet eurent ordre de leur préfenter des rafraîchiffemens entre les Actes, de même qu'aux perfonnes les plus qualifiées de la Cour.

Jufqu'aux moindres difficultez, qui pouvoient naître dans l'Académie, le Roi vouloit qu'on lui en rendît compte. Telle fut celle-ci. Le Directeur feul avoit un fauteuil, les autres n'étoient affis que fur des chaifes: enforte que les Académiciens, ou Cardinaux, ou Ducs, ou en un mot d'un rang extrémement diftingué, étoient d'une maniére peu convenable à leur rang, fur-tout dans les féances publiques. Pour y rémédier, le Roi ordonna que deformais chaque Académicien auroit fon fauteüil: ce qui fauvoit en même temps, & les égards dûs aux grands noms, & cette égalité flatteufe, dont l'Académie fe fit dès fa naiffance une loi inviolable.

Elle s'eft vû difputer le plus beau de fes droits honorifiques, je ne fais à

(4) Regîtres, 27 Janvier 1676.

quelle