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commentaire au Roi, il dit à sa Majesté :

Ce doux penfer, depuis un mois ou
deux,

Confole un peu mes Mufes inquiétes.
Quelques efprits ont blamé certains

jeux,

Certains récits qui ne font que for

nettes.

Si je défére aux leçons qu'ils m'ont faites,

Que veut-on plus ? Soyez moins rigou

reux, >

Plus indulgent, plus favorable qu'eux, Prince en un mot foyez ce que vous ètes.

L'événement ne peut m'être qu'heu

reux.

Mais ce ne fut pas encore là ce qui détermina le Roi; ou du moins il ne s'expliqua, que lorsqu'on eut nommé M. Defpreaux à une autre place qui vint à vaquer. Alors, un Député de P'Académie lui en ayant rendu compte il répondit que le choix qu'on avoit fait de M, Defpreaux, lui étoit

( 6 ) très-agréable, & feroit généralement approuvé. Vous pouvez, ajouta-t-il, recevoir inceffamment la Fontaine, il a promis d'être fage.

Au fond, le Roi n'avoit pas été content de la préférence qu'on avoit donnée à la Fontaine fur Defpreaux. Ces deux grands Poëtes avoient été mis en concurrence pour la même place; & les fept voix que la Fontaine eut contre lui, avoient été pour Defpreaux, qui étoit bien plus connu à la Cour. Mais, pendant les fix mois qui s'écoulérent d'une élection à l'autre, le Roi ne laiffa qu'à peine entrevoir fon inclination, parce qu'il s'étoit fait une loi de ne prévenir jamais les fuffrages de

l'Académie.

Paflons à un autre exemple, qui fe-. ra voir que la vigilance du Roi ne se bornoit pas à l'examen du fujet propofé mais qu'elle alloit même jufqu'à exiger que toutes les formes, qui doi vent être obfervées dans les élections, le fuffent à la rigueur.

Quoique

(6) Reg. de l'Acad. 20 Avril 1684.

Quoique l'Académie Françoise eût choifi pour un de fes membres, un Sayant que l'Académie d'Athénes eût volontiers choifi pour fon Chef après la mort de Platon; cependant, parce que l'affemblée n'étoit ce jour-là compofée que de dix-fept Académiciens, le Roi fit favoir à ces Meffieurs : Qu'il regardoit (7) comme nul tout ce qui s'étoit fait dans leur affemblée; la Compagnie n'ayant pu rien faire de contraire au Réglement, qui demande la présence de vingt Académiciens, pour admettre, comme pour exclure quelqu'un du Corps. Que fon intention étoit que tous les Réglemens & Statuts ordonnez pour l'Académie fuffent exécutez à la lettre, fans qu'il fut jamais permis d'y apporter aucune refriction,ni interprétation. Que dans les cas qui pourroient fouffrir difficulté, il laiffoit feulement la voie des remontrances.

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Après

(7) Lettre de M. le Comte de Pontchartrain, Sécrétaire d'Etat écrite de Versailles le 12 Décembre 1707, & inférée dans les Regîtres de l'Académie.

Quoique ceci ne foit arrivé qu'après 1700, l'enchaînement des matiéres m'obligeoit de le rapporter en cet endroit.

Après quoi, la lettre du Sécrétaire d'Etat portoit que l'on eût à procéder tout de nouveau à cette élection, fuivant les formes ordinaires, & avec une entiére liberté de fuffrages. Mais, de peur qu'on ne foupçonnât que ce qui avoit déplu au Roi, fût autre chofe qu'un manque de formalité, il ajoutoit: Et Sa Majesté m'a commandé de déclarer en même temps, que ce feroit mal expliquer cet ordre de croire , que Roi donne aucune exclufion à M. l'Abbé Fraguier, dont le mérite eft connu: rien n'étant plus contraire à l'intention de fa Majefté, qui ne souhaite en ceci, comme en toute autre occafion, que de renouveller le zéle de l'Académie fur tout ce qui peut y conferver la difcipline & le travail.

que

le

Quand M. Dacier fut nommé à la charge de Sécrétaire perpétuel après la mort de M. l'Abbé Regnier, M. le Cardinal de Polignac lui écrivit de Marly, où étoit la Cour : Le Roi a fait (8) votre éloge, Monfieur, lorsque j'ai

en

(8) Cette Lettre, en date du 13 Novembre 1713,eft inférée dans les Regîtres de l'Académie.

en l'honneur de l'informer que l'Académie vous avoit choifi pour fon Sécrétaire perpétuel. Il étoit très-néceffaire de lui en rendre compte, car fa Majefté avoit une attention particulière au choix qui feroit fait. La charge de Sécrétaire perpétuel n'avoit encore vaqué depuis l'établiffement de l'Académie, que trois fois. A M. Conrart avoit fuccédé M. de Mézeray; & à celui-ci, M. l'Abbé Regnier. Comment cette charge n'eûtelle pas attiré l'attention du Roi, puifqu'il regardoit de fi près à l'élection d'un fimple Académicien ? Il n'entendoit pas que des places qui doivent être la récompenfe du mérite, pûffent être données à la faveur ; & fouvent ce fage Prince a recommandé, que toutes les fois qu'il y auroit une élection à faire, on eût uniquement (9) égard au plus digne.

Avoüons cependant, puisqu'auffibien je ferai obligé de le dire ailleurs qu'il y a eu des cas où la Compagnie s'eft vûë dans la néceffité de céder à des recommandations

(9) Regîtres de l'Académie, en dix ou douze endroits, & fur-tout au 24 Nov. 1691.

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