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qui nous arrivent. Repaffons fur tout ce que nous favons, & tâchons à le mieux comprendre que nous n'avons fait, & nous trouverons plus de degrés à monter dans la connoiffance de ce que nous favons, que nous n'en monterons durant toute notre vie : Bienheureux eft l'homme, pr.783. dit David, qui trouve fon fecours en vous, 6.7. j il difpofe des degrés dans fon cœur, pour s'élever à vous dans cette valée de larmes, dans le lieu qu'il a choifi. C'eft à quoi je prens la liberté de vous exhorter, ma trèschere Sœur, comme à l'unique affaire que vous ayez. Nous en savons toujours affez pour cela, & nous trouverons affez de degrés à monter,fi nous les cherchons dans notre cœur. Ceft un Livre qu'on ne nous fauroit ravir, & où nous pouvons toujours avoir recours. Enfin c'ett un Livre qui nous peut tenir lieu de de tous les autres,& où nous trouverons toujours de quoi nous édifier fi nous nous y appliquons comme il faut Et comme vous êtes plus intelligente que moi dans la lecture de ce Livre, bien loin que je fois obligé de vous en propofer d'autres, & de vous appliquer à d'autres écrits, j'aurois droit de vous, demander que vous m'appriffiez à lire dans celui-là, & que vous me conmuniquaffiez quelque chofe des lumieG

Tome VII.

res que vous y avez acquifes. Si vous ne Je faites par vos paroles, ma trés-chere Sœur, vous êtes au-moins obligée de le faire par vos prieres, que je vous demande avec de nouvelles inftances pour l'année où nous entrons, en vous affurant que je fuis autant que jamais à à vous, & que je ne fens nul affoiblif fement dans l'eftime & l'affection que j'ai pour la Sœur Antoinette. Je me tiens même affuré qu'elle eft à mon égard dans la même difpofition d'affection; car pour l'eftime, elle la peut diminuer tant qu'el le voudra fans craindre de me faire ja mais tort. Comme je n'ai pas de differens fentimens pour la M. N. je fouhaite que ce que je dis ici, foit auffi pour elle, & je n'y ajouterai qu'un billet de cinq ou fix lignes.

LETTRE XXII.

Que la vie mourante eft une excellente vie. A LA MERI N.

E n'ai rien à ajouter, ma Reverende

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Sœur Antoinette qui feroit pour vous comme pour elle, s'il y avoir quelque chofe qui méritât d'être lu. Je dirai feulement pour vous en particulier, que

Dieu contente en quelque forte tout le monde par la conduite qu'il tient fur yous. Les autres fouhaitent votre vie, & votre pieté vous fait defirer votre mon, c'est-à-dire, votre délivrance. Et Dieu pour s'accommoder à ces differens defirs, vous fait vivre en quelque forte en mourant, & mourir en vivant Je ferois volontiers les éloges de cette forte de vie, parceque j'en conçois en quelque forte le prix. Mais comme vous en avez une idée bien plus vive qui naît de l'expe rience,il eft bien jufte que je vous en demande des nouvelles, pour augmenter celles que je n'ai pas. Le feul regret que celles qui vivent avec vous en peuvent avoir, eft que cela vous empêche de leur rendre les fervices que vous leur rendiez. Mais outre que vous ne leur êtes pas peut-être in tile dans l'état ou vous êtes, elles doivent fe confoler de cette privation, par l'avantage que vous tirez de la liberté dont vous jouiffez devons appliquer à Dieu & à vous même. Pour moi, quoique je m'intereffe au bien de votre Maison, je ne laiffe pas de vous congratuler de cette heureufe li berté, & de vous tenir très-bien parta gée de ce que Dieu vous la fait acheter au prix des maladies où vous vivez, Ainfi quoique la nature ne laiffe Pas de

prendre parti, & que je faffe pour vo tre fanté les fouhaits & les prieres que la Religion permet. Il me femble neaninoins que les lumieres de la foi doivent moderer extrêmement ces fouhaits, parcequ'il y a beaucoup d'apparence que l'état où vous étes,eft le meilleur où vous puiffiez être en cette vie. Je ne vous en demande au-moins que de pareils pour moi, en vous fuppliant de demander à Dieu qu'il me rende fléxible à toutes fes volontés. Je fuis.

LETTRE XXIII.

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Défiance qu'on doit avoir des tendreffes d'amitié.

A LA MERE N.

ENcore, ma Reverende Mere, ne fautil pas laiffer la Sœur Antoinette fi mécontente de moi, & il est juste que puifque c'est par vous que j'ai fu combien elle avoit été incommodée de ma Lettre, vous travailliez à racommoder toutes chofes. Car je ne defire nullement qu'elle foit mal fatisfaite. Et quoique je l'aye exhortée au filence hors le cas de néceffité; je fouhaite que ce foit un filence plein de charité dans le quel on fe fente preffé de parler d'auJant plus à Dieu, de ceux que l'on aime

que l'on employera moins de tems à les entretenir par écrit. Notre réconciliation ne fera pas comme je crois bien difficile, car vous n'avez qu'à lui expofer simplement mes véritables intentions qui n'ont rien de dar ni de fevere.

Premierement, il la faut avertir de l'humeur, & de la coutume de celui qui écrit, car elle eft aflez bizarre. Il ne faut fouvent qu'un mot pour lui donner lieu de concevoir diverfes penfees, fans que ces penfees ayent aucun rapport à la rencontre qui les a fait naître, ni qu'il en faffe aucune application à la perfonne qui y a donné occafion. Tous les dif cours qui font imprimés ont été faits en cette maniere; on y avoit d'abord quel qu'un en vue, & cette perfonne ayant donné lieu d'entrer dans un discours géneral, on quitte là cette perfonne qui l'avoit fait naître. Ceft ce qui est arrivé en cette rencontre. La cordialité de la Srur Antoinette a donné lieu à quelques réflexions, les réflexions fe font por tées à la confideration génerale des amitiès humaines, & quand on y a été une fois engagé, l'on n'a plus pensé à la Sœur Antoinette, de forte que ne lui en ayant fait aucune application, il lui eft libre d'y prendre,& d'en rejetter ce qu'elle voudra, felon qu'elle trouvera que ce qui y eft dit

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