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éclatantes de la France, le fiècle des grand-hommes & le règne des arts. Louis XIV humilioit fes ennemis, confondoit fes rivaux, & fes peuples ne gémissoient point encore fous le poids des malheurs que préfagent toujours les guerres, fignalées même par des fuccès & des triomphes. Habile à difcerner les efprits & attentif à les mettre en œuvre, les dignités, sous son règne, furent prefque toujours le prix du mérite. Ceux qui en étoient revêtus, fidelles à fuivre l'impulfion du Souverain, ne les envisageoient point comme l'aliment de leur vanité; ils s'occupèrent du bien public & l'opérèrent.

Nicolas-Jofeph Foucault fucceda à l'Intendant An. 16-5. Denis Feydau de Brou, qui lui-même avoit fuccédé en mil fix cent foixante-treize à Guillaume de Seve. C'eft à Foucault particulièrement que le Querci eft redevable de la renaiffance des lettres & des arts. Le goût n'en étoit point abfolument éteint dans cette province. Les précieuses femences que l'Uni verfité de Cahors & l'Académie de Montauban en avoient jetées dans cette terre, jadis fi fertile en grands-hommes, n'étoient pas entièrement étouffées. Le goût furtout des Montalbanois pour les lettres n'eft point équivoque. Ils avoient depuis long-temps des Imprimeurs célébres, logés aux dépens même du public dans la tour de Lautié. Parmi ceux-là, Philippe Braconier & Samuel Dubois fe distinguèrent, le premier, par la correction de fes ouvrages, & le second, par la beauté de ses édi

tions, qui le difputent à celles du Louvre. Mais les troubles affreux auxquels ce pays avoit été en proie, avoient empêché ce germe heureux de fe développer, ou le forçoient de languir après fon développement. Foucault lui rendit la chaleur néceffaire, & le Querci groffira encore, dans les fiècles fuivans, le nombre des Savans, des Littérateurs & des Artiftes dont la France s'honore.

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Les Proteftans du Querci refufent d'entrer dans une fédition excitée dans la Guienne,

des impôts.

à caufe

Miffionnaires envoyés dans le Querci pour travailler à leur converfion. Fouilhac, favant Quercinois, eft du nombre. Emeute des Montalbanois appaifée. toine & François d'Hauteferre, illuftres Quer

cinois.

An

MALGRÉ les foins & les embarras qu'entraînoit néceffairement avec elle une guerre longue & ruineufe, le Gouvernement avoit fans ceffe les yeux ouverts fur les Proteftans. Quelques Catholiques, d'un zèle amer & violent, honorés de la confiance du Souverain, & peut-être trop accrédités pour le bonheur de la nation, ne ceffoient de représenter les Calvinistes comme des fujets factieux & tur

bulens, impatiens de toute autorité par système, ennemis fecrets du trône qu'ils fappoient fourdement par d'indignes manoeuvres & de coupables intrigues, s'indignant des fuccès de la France & applaudiffant à fes revers, prêts à s'unir à fes ennemis pour confommer fa ruine totale, & à rentrer dans l'indépendance étroitement liée avec leur croyance.

Ce tableau invraisemblable & toujours outré en lui-même, étoit furtout alors injufte. Tous les Proteftans le difputèrent à l'envi aux Catholiques de zèle & d'attachement dans ces temps orageux, où la la France luttant, pour ainfì dire, contre l'Europe entière, & épuifée d'hommes & d'argent, fe vit forcée de recourir à des moyens extraordinaires pour fubvenir aux frais immenfes de la guerre. Proteftans du Querci en particulier, déplorant le funefte aveuglement de leurs pères, qui avoient cru devoir à leur religion d'arborer l'étendart de la révolte, fignalèrent, d'une manière authentique & digne d'éloge, leur attachement aux intérêts de l'état.

Les

De nouveaux fubfides excitent de violens murmu• res dans la Guienne; on y prend les armes, la fédition éclate. Les Proteftans du Querci invités à y entrer, s'y refusèrent toujours conftamment avec une obstination patriotique qui dementoit avec éclat les couleurs odieufes & fauffes dont on les peignoit fans ceffe. Ce monument authentique de leur fidélité inviolable auroit dû étouffer à ja

An. 1675.

mais les clameurs que le fanatifme élevoit fans ceffe: autour du trône pour confpirer la ruine entière des Proteftans, & les arracher à tous les droits des citoyens. Il fervit du moins à fufpendre quelquetemps la foudre qui devoit un jour éclater contr'eux. Le Gouvernement effaya de les ramener à l'unité de culte & de fentimens, non par des voies de rigueur toujours impuiffantes en pareille matière, mais par la voie de l'inftruction, le feul & vrai moyen pour y réuffir, parce qu'elle éclaire l'efprit, fubjugue le cœur, & porte avec elle les traits caractéristiques de la religion qui repofe fur la modération & la bienfaifance, comme fur fa bafe fondamentale.

Le fage & vertueux Foucault adopta avec tranfport ce plan d'humanité, & le fuivit fans relâche. Affable & infinuant, d'un accès complaifant & facile, libéral & généreux, il traite avec bonté tous les Proteftans de fon département; il verfe en particulier fur eux fes bienfaits, & excite leur reconDoiffance. Aux grâces de la Cour, mêlant fes propres largeffes, il feconde l'activité & les travaux infatigables des Miffionnaires chargés de les inftruire.

Raimond-Antoine de Fouilhac, né au château de Mordeffon en Querci, en 1622, étoit du nombre de ces Miffionnaires. Après divers voyages qu'il avoit faits à Rome en curieux inftruit, attirant déjà fur lui l'attention de tous les Savans de la France & de l'Italie, l'ami des Baluze & des Fenelon, l'é

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mule de Caffini, il fe rendit à Cahors, où l'Evêque Sevin le nomma Vicaire-général de fon diocèfe. C'est alors que Fouilhac décoré, d'une voix unanime, du beau titre de Père des Prêtres, s'occupa avec un fuccès éclatant, du foin de ramener les Proteftans. Foucault le diftingua bientôt des autres Miffionnaires; il reconnut avec admiration, dans ce vertueux Eccléfiaftique, un littérateur, un antiquaire, un mathématicien, un vrai favant. Formant alors la précieufe collection qui l'a rendu célébre, il s'aida des recherches & des lumières de Fouilhac, à qui il dût le manufcrit de mortibus perfecutorum, attribué à Lactance & qui fut trouvé dans l'Abbaye de Moiffac. Il follicita de la Cour des ordres pour ouvrir à Fouilhac tous les dépôts publics, & lui laiffer la liberté d'y puifer les matériaux de l'Hiftoire du Querci, à laquelle il travailloit, & dont il a laiffé des mémoires dans lefquels on diftingue la differtation fur Uxellodunum, & la notice des médailles & des antiques qu'il avoit découverts dans le Querci. Fouilhac enrichit par ce moyen d'une foule de manufcrits rares qu'il accompagnoit toujours de remarques critiques & judicieufes, la bibliothéque du Roi, ou plutôt la bibliothèque de la nation, puisque par la facilité qu'ont tous les Savans de les confulter, c'est plutôt pour elle que pour le Monarque même, qu'on en fait l'amas inestimable.

Les dépofitaires de l'autorité du Souverain. quand ils ne la déployent que pour difcerner le

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