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plus grande économie dans les recouvremens, & pour encourager le commerce & Pagriculture, en étendant & facilitant les communications.

Les membres de l'Adminiftration Provinciale ont en conféquence, dans leurs différentes affemblées, proposé à l'envi leurs vues d'utilité pour toute la haute-Guienne, & ont accueilli avec empreffement les inftructions relatives au bien général de la province. Les Quercinois doivent leurs éloges & leur reconnoiffance au zèle de Louis-Marie de Nicolai, nommé en 1776 Evêque de Cahors. Par fes foins, l'Administration a embraffé dans fes projets, tout ce qui peut intéreffer le Querci; navigation du Lot, fi utile pour le tranfport des vins & du merrain; routes de communication à réparer ou à ouvrir; commerce à encourager; ponts à conftruire ou à rétablir.

Le fatal arrêt du Confeil qui défendoit d'entrer les vins de Cahors à Bordeaux qu'après la Noël & de les y laiffer après le huit de septembre, avoit été retracté par un édit folennel, en 1776. Depuis cette époque, les vins étrangers peuvent être portés & déposés à Bordeaux, dans le temps & tout le temps qui fera jugé par les propriétaires le plus convenable à la vente. Mais les Bordelois rendent encore prefque de nul effet les difpofitions de cet édit. Ils s'arrogent le privilége exclufif de grande jauge; privilége qui nuit effentiellement au commerce du vin du Querci, en éloignant la concurrence. Les droits à payer n'étant pas plus forts pour

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la grande jauge de Bordeaux que pour la petite, à laquelle cette ville prétend affujettir les habitans de Cahors, l'étranger donne la préférence aux vins Procès- Bordelois, fans avoir égard à la qualité. Cette préverbal de tention a excité les juftes plaintes de l'Affemblée

1780.

Provinciale qui réclame le grand principe de la liberté, le feul propre, dit-elle, à donner de l'ame & de la vigueur au commerce.

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Il s'étoit formé à Cahors, depuis plufieurs années, une manufacture d'étoffes. Les habitans de cette ville n'étoient point encore rebutés par les revers qu'ils avoient effuyés. Ils firent effort fur euxmêmes pour trouver un aliment digne de leur activité & de leur induftrie. Les premiers effais de cette manufacture furent brillans & annonçoient de grands fuccès. La draperie qui fortoit de fes ateliers le difputoient aux plus célébres fabriques du royaume, & fixoient déjà l'attention de l'étranger. Cependant des caufes particulières rendoient encore ce nouvel établiffement peu folide, & préfage»ient fa ruine prochaine, M. de Nicolai, voulant la prévenir, crut qu'il étoit effentiel de favorifer cette manufacture chancellante, & de lui donner des encouragemens. Il intéressa l'Administration Provinciale pour obtenir du Gouvernement quelques fecours. Il auroit été à défirer que fes vœux euffent été remplis. C'étoit fans doute le vrai moyen de réparer en quelque forte, les échecs que les habitans de Cahors avoient fi fouvent éprouvés par les entraves données au commerce de leurs vins, & par les ac·

cidens ruineux & prefque confécutifs qui les affligeoit depuis quelque temps.

Procès verbal de

Les foins cependant de ce Prélat pour le rétabliffement du Pont Notre-Dame de la ville de Cahors, ne furent point auffi infructueux. Le gouvernement accueillit les repréfentations de la Com- 1782. mission intermédiaire pour cet objet. Dans cette circonftance encore, les habitans de Cahors manifeftèrent les efforts dont ils font fufceptibles, quand il s'agit du bien public, & ce que l'on pourroit attendre d'eux, s'ils étoient foutenus dans leurs entreprises par des encouragemens. Malgré la détresse où les jette leur mauvaise destinée acharnée, ce femble, à les poursuivre, ils s'imposèrent l'obligation de contribuer pour un tiers au rétablissement de ce pont.

Telles étoient les mefures que prenoit M. de Nicolai, pour l'utilité générale du Querci & de la ville de Cahors en particulier, lorsqu'un affreux débordement du Lot, dont on n'avoit point d'exemple, fournit un nouvel aliment à la follicitude paftorale de ce Prélat infatigable. Les poffeffions de la plaine des environs de Cahors entièrement dévaftées, & ne laiffant aucun efpoir de récolte, le faubourg Saint George fubmergé, les maisons renverfées, la plupart des effets entraînés par la rivière, avoient plongé dans une misère affreufe un grand nombre d'habitans de la ville & de la campagne. Ils trouvèrent une abondante reffource dans la générofité de leur Evêque, qui par fes largeffes

7 Mars

1783.

leur fit prefque oublier ce malheur effrayant & imprévu dont ils venoient d'être accablés.

Dans la même année de ce terrible défaftre, Daniel-Victor de Trimond fut nommé Intendant à la place de Marie-Pierre-Charles Meulan d'Ablois, qui lui-même avoit été nommé en 1780 à cette Intendance. Les Intendans jufqu'alors s'étoient occupés de plufieurs ouvrages publics, la plupart marqués au coin de l'utilité. Il en étoit un cependant que les vœux des habitans de Montauban follicitoient depuis long-temps, avec d'autant plus d'ardeur, qu'il tenoit à la falubrité de l'air & à leur propre confervation. Dans le centre du faubourg de Villebourbon, des eaux fétides & ftagnantes étoient fouvent le germe des épidémies, imprimoient un caractère de malignité aux maladies ordinaires & les rendoient prefque toujours mortelles. Il avoit été obfervé que dans ces circonftances le nombre des morts de ce quartier étoit de beaucoup au-deffus du nombre des morts des autres parties du faubourg.

On avoit cru remédier au mal en comblant le dépôt de ces eaux; & il fut ordonné, en 1778, aux habitans de Villebourbon, d'y tranfporter les décombres des démolition ou conftruction des maifons. Ce moyen eût-il été rempli, auroit été infuffifant. Les eaux de ce dépôt ne proviennent pas feulement de la pluie; elles viennent de deffous terre, & les terres amoncelées n'auroient point eu affez d'élévation pour empêcher les exhalaifons des vapeurs contagieufes dans l'atmosphère. D'ailleurs il

eut été de long-temps fans exécution; les maifons de ce faubourg, furtout depuis le débordement du Tarn arrivé en 1766, font prefque toutes conftruites à neuf.

M. de Trimond voulant remédier, d'une manière prompte, aux inconvéniens qui réfultoient de cet amas d'eaux ftagnantes, a fait conftruire un aqueduc pour les porter dans le Tarn.

Cette rivière, depuis quelque-temps, fe jetoit, avec force, fur Villebourbon. Comme on avoit éprouvé dans les derniers débordemens combien une telle direction étoit préjudiciable à ce faubourg, on y bâtit un quai, afin d'obvier aux accidens qui en étoient la fuite. Mais les eaux, par des éboulemens infenfibles, s'avançant encore dans les terres, à l'extrémité de ce quai, M. de Trimond s'occupe à le continuer jufqu'à une distance affez éloignée du faubourg, pour que les habitans n'aient plus rien à craindre.

Il est encore un objet que femble folliciter plus particulièrement l'utilité générale du commerce. La rivière d'Aveiron n'eft navigable que depuis Negrepeliffe, encore même n'eft-ce qu'en hiver. On penfe qu'il feroit aifé d'en faire remonter la navigation à fept ou huit lieues au-deffus, en entrant dans la rivière de Biaur, qui fe décharge dans l'Aveiron., entre Najac & Laguepie, & en conftruifant, à cet endroit, un baffin pour y ramaffer les eaux des différens ruiffeaux dont ce pays eft coupé. Il feroit, à la vérité, nécessaire de former des éclufes, & de rompre quelques rochers qui entraineroient une dé

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