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femblables difcours, & reffemblent à un facriftain, fi accoutumé à passer devant l'autel, qu'il ne le falue plus.

Se trouvant dans une assemblée d'évêques ils lui demanderent d'où venoit que les évêques tirés de ces deux ordres fi parfaits des Prêcheurs & des Mineurs ne réuffiffoient pas dans l'épiscopat. Vous devez, ditil, vous en prendre à vous-mêmes, puifque ce relâchement ne leur arrive qu'après qu'ils ont passé à votre ordre: car tant qu'ils ont été dans le nôtre nous les avons bien corrigés. De plus il y a long-tems que je fuis dans cet ordre, & je ne me fouviens point que le pape ni aucun prélat ou chapitre de cathédrale m'ait demandé ou à quelqu'autre fupérieur un bon fujet pour être évêque. Ils les choififfent eux-mêmes ou par affection affection pour leurs parens, ou par quelqu'autre raison peu fpirituelle. Il dit une autre fois : Il n'eft pas étonnant que nos freres ne fe conduisent pas fi bien dans l'épiscopat que les autres religieux: ils font plus éloignés de leur profeffion, qui leur défend de rien pofféder même en commun. On parloit un jour devant lui d'un grand perfonnage de l'ordre, & on difoit qu'il devoit être fait évêque : J'aimerois mieux, dit-il, le voir porter au tombeau, que fur une chaire épiscopale.

AN. 1237.

Jourdain nous a laiffé une relation fuccinte des com- M. S. mencemens de l'ordre des freres Prêcheurs, qui eft ce que nous avons de plus original touchant faint Dominique & fes premiers difciples. A la fin de cet écrit il marque l'occafion pour laquelle on institua dans l'ordre de chanter après complies l'antienne Salve regina. c. 59. 60. Au convent de Boulogne étoit un frere nommé Ber

Tome XVII.

T

AN. 1237.

6.61.

nard, qui pour l'expiation de fes péchés paffés demanda à Dieu quelque pénitence finguliere, & après en avoir beaucoup déliberé consentit enfin d'être obsédé du démon, comme il le fut en effet. Or cette affliction de frere Bernard fut la premiere occasion de chanter Salve regina dans la maison de Boulogne, d'où cet usage s'étendit à toute la province de Lombardie & enfuite à tout l'ordre. L'auteur de la vie de Grégoire Ap. Rain. IX. dit que ce pape ordonna que le vendredy après tout l'Office achevé on chanteroit cette antienne; & le rapporte avec ce que le pape fit en1238. d'où l'on peut inférer qu'il établit cette dévotion à l'imitation des freres prêcheurs.

1238. n.73.

7.

Vit. S.Raim.

1. p. 411.

Le bienheureux Jourdain avoit gouverné l'ordre Jan. Boll. t. des freres Prêcheurs près de seize ans. Pour élire un nouveau général on assembla le chapitre à Boulogne; & comme les peres affemblés ne s'accordoient pas fur le choix, on ordonna des prieres au tombeau de faint Dominique, après lesquelles étant revenu à l'élection ils élurent tous d'une voix Raimond de Pegnafort, quoiqu'abfent. Il eut d'abord quelque répugnance à accepter cette charge: mais les principaux peres de l'ordre étant venus de Boulogne à Barcelone, lui firent comprendre que c'étoit la volonté de Dieu, & il s'y foumit. Toutefois il ne garda la charge que deux ans.

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Vers le tems où Raimond fut élu maître général des freres Prêcheurs, le pape lui adreffa la commiffion d'établir un évêque à Majorque conjointement avec les évêques de Vic & de Lerida. Nous avons vâ que dès l'année 1230.Jacques roi d'Arragon avoit conquis fur les Maures l'Ifle de Majorque, & avoit prié le pape d'y ériger une cathédrale, ce qu'il n'avoit pû obtenir

AN. 1237.

Lib. x1. ep.

Ap. Rain.

alors. Le pape l'accorda enfin par fa bulle du neuviéme de Juillet 1237. par laquelle il commet les deux prélats & Raimond pour donner un digne pafteur 159. à cette église : qui appartient, dit-il, au faint fiege 1237 n. 27. fans moyen. Il ordonne aux deux évêques de le sacrer, appellant avec eux le nombre légitime d'évêques, mais d'ailleurs que de la province de Tarragone. Depuis l'Evêque de Majorque a été foumis à la métropole de Valence, comme il eft encore à prefent. Le Jo. Damet. premier fut Bernard abbé de faint Felix de Guixale. Le pape donna auffi un évêque à la Ville de Maroc en Afrique, où le nombre desChrétiens étoit grand au milieu des infidéles. Il choifit pour cette église frere Agnel homme fage & lettré, qui avoit quitté le monde pour fe confacrer à Dieu dans l'ordre des Mineurs, & le facra de fa main, comme il témoigne dans fa bulle du douziéme de Juin 1237.

Dès l'année précédente le pape avoit envoyé pour légat en Sardaigne & en Corfe Alexandre fon chapelain pour y maintenir la discipline eccléfiaftique, & conferver les droits temporels de l'églife Romaine. On garde à Rome des actes publics, par lefquels il paroît qu'Ubalde juge de Galloury & de Torre en Sardaigne du chef de fa femme Adelafie, reconnoît tenir en fief de l'église Romaine ces terres & quelques autres. On trouve une pareille déclaration de Pierre feigneur d'Arbora, datée du vingt-huitiéme d'Avril 1237. & par une autre il promet tous les ans à l'églife Romaine une redevance d'onze cens befans d'or. Dans l'Ifle de Corfe la corruption étoit grande entre le clergé ; & les évêques même leur donnoient mauvais exemple: à quoi le légat Alexandre fut chargé de remédier, Tij

hift. Balear. lib. 2. Marca. Hifp: P. 525. xi. Ep. 137.

Rain. n. 28. V. Vading. 1246. n. 9.

LXIV.

Alexandre

légat en SarRain. 1217.

daigne.

n. 16. 17. &c.

AN. 1237.

I.
Otton cardi.

nal légat en

1236. n.49.

Matt. Par.

371.

LIVRE QUATRE-VINGT-UNIEME,

D

gat

E's l'année 1236. Henri III. roi d'Angleterre, avoit prié le pape Gregoire de lui envoyer un léà latere, mais le pape ne le jugea pas à propos pour Angleterre. lors, comme il le témoigna parfa lettre du vingt-uniéme 202.ap. Ran. d'Août. Il l'envoya au commencement de l'année suivante 1237. & étendit fa légation au pays de Galles & d'Irlande, par la lettre adreffée aux prélats de l'Angleterre & de ces deux provinces, en date du fixième de Février. Ce légat fut Otton cardinal diacre du titre de faint Nicolas, & après qu'il fut parti, le pape étendit encore fa légation fur l'Ecoffe & le fit fçavoir au ann. 1237. P. roi Alexandre par fa lettre du dixiéme de Mai. Comme le roi Henri avoit fait venir ce légat à l'infçu des feigneurs d'Angleterre, plufieurs en furent indignés, & difoient: Le roi renverfe tout & ne tient point fes promeffes : il a fait venir en cachette ce légat qui change toute la face du royaume. On difoit aufli qu'Edmond archevêque de Cantorbéri, avoit fait au roi des reproches fur fa conduite: particulierement fur la demande du légat: fçachant que fa dignité en fouffriroit, outre l'intérêt public. Mais le roi, fans écouter le confeil de ce prélat, ni d'aucune autre perfonne, ne voulut point fe désister de fa résolution. Le légat Otton arriva en Angleterre vers la S. Pierre, c'est-à-dire, à la fin de Juin, & y entra avec beaucoup de fuite & d'apparat: les évêques & les plus confidérables du clergé allerent au-devant jusqu'à la mer; quelques

To. XI. conc.

P. 525.

uns même s'avancerent dans des barques & lui offrirent des préfens ineftimables. Plusieurs évêques lui envoyerent leurs députés jufqu'à Paris, qui lui présenterent des piéces d'écarlate & des vases précieux : en quoi ils furent blâmés, tant pour les préfens que pour la qualité; car par l'écarlate ils sembloient le reconnoître pour légat. Otton ne prit pas tout ce qu'on lui offrit à fon arrivée: & ce refus contraire à la coutume des Romains modéra l'indignation conçue contre lui. Quant aux revenus des bénéfices vacans, il les diftribua largement à ceux de fa fuite. Le roi vint le recevoir au bord de la mer, s'inclina jufqu'à fes genoux, & le conduifit avec honneur au dedans du royaume. Les évêques, les abbés & les autres prélats le reçurent avec toutes fortes de refpect en proceffion & au fon des cloches.

AN. 1237.

Le légat commença par réconcilier plufieurs d'en- Mast. Pare tre les grands, qui étoient mal ensemble depuis long- P-374. tems: comme Pierre, évêque de Vincheftre,Hubert, comte de Cant, & plufieurs autres. Enfuite il écrivit à tous les prélats d'Angleterre de fe trouver à Londres au jour de l'octave de la S. Martin dans l'église de faint Paul, pour connoître les pouvoirs qu'il avoit reçus du pape, & y tenir un concile touchant la réformation de l'églife Anglicane. Or le roi d'Angleterre s'étoit rendu P. 376′′ odieux aux grands du royaume, en méprisant leurs confeils, comme ceux de fon frere Richard, comte de Cornouaille, pour écouter des étrangers. Ils difoient qu'il s'étoit livré aux Romains, principalement au légat: jufqu'à dire en particulier & en public, qu'il ne pouvoit difpofer de rien dans fon royaume fans le confentement du pape ou du légat: enforte qu'il ne

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