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POLITIQUES,

CIVILES

E T

LITTÉRAIRES,

Du Dix-huitieme Siecle.

PAR M. LINGUE T.

TOME DIX-SEPTIEME.

A PARIS,

Chez L'AUTEUR, rue St.-Dominique, Fauxbourg
St.-Germain, près la rue du Bacq, No. 48.

I 7 9 9.

A VIS.

DES circonftances fingulieres, dont le Public n'a pas befoin d'être inftruit, & qui cependant tiennent à l'originalité de tout ce qui m'arrive, ont retardé de huit jours la diftribution de ce N°. Je les crois vaincues, & l'ordre dans cette partie, en tout ce qui dépend de moi, imperturbablement rétabli.

La Table des Matieres du 16e Volume eft actuellement rédigée: elle va être mife fous Preffe, & fera distribuée Jans délai,

T

Je m'occupperai fucceffivement de celles qui manquent à quelques-uns des Volumes, précédens plufieurs, anciens Soufcripteurs les réclament avec une conftance dont je ne puis que les remercier : c'eft funs doute de leur part une preuve d'eftime,& j'y répondrai avec exaditude.

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3 DISSOLUTION

des PARLEMENS: PROTESTATIONS & Arrêté de celui de TOULOUSE. Décret de L'ASSEMBLÉE NATIONALE à ce fujet.

CHACUN à fon tour: il y a cu deux ans, jour pour jour, le 27 Septembre 1788, le N°. 116 de ces ANNALES a été brûlé, en vertu d'un Arrêt du Parlement de Paris, fur la dénonciation menteuse d'un impofteur nommé Seguier, & les fubfequens (qui n'exiftoient pas) ont été fupprimés comme contraires aux regles de la morale & de la justice naturelle. Le 14 de ce mois (d'Octobre) paroîtra le No. 137 du Tome XVII de cet Ouvrage ; & le lendemain difparoîtront les derniers veftiges de ces Corps tyranniques, fi long-tems oppreffeurs du Peuple qu'ils feignoient de protéger; diftribu teurs fouvent mercenaires, toujours defpotiques d'une juftice plus qu'achetée par les délais, par les humiliations quand elle ne l'étoit pas par l'énormité des dépenfes ; ennemis implacables de la liberté dont ils ofoient quelquefois fe dire les foutiens; complices de tous les excès des Rois, ou des Miniftres qu'ils n'ofoient combattre, & funeftes également à la Nation, foit

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par la réfiftance qu'ils oppofoient à certains abus d'autorité quand cux ou les leurs s'y trouvoient intéreffés, foit par la molleffe ou politique

ANN. POL., &c. T. XVII, No. 137. A 2

ou ftipendiée avec laquelle ils connivoient à tous les autres, quand le Peuple seul y étoit compromis.

Ce n'eft pas précisément avec joie; mais ce n'eft pas non plus fans quelque fatisfaction que je configne dans ces faftes un événement auffi remarquable. De tous les fruits de la Révolution, après la chûte de la Baftille, après l'amputation de la Griffe des Lettres-de-Cachet, celui-ci est incontestablement le plus falutaire, le plus légitime, le plus indifpenfable.

Qu'on ne me reproche pas de céder ici à un mouvement de vengeance perfonnelle: fans doute j'en aurois le droit: le Voyageur affafliné par des Brigands, & guéri de fes bleffures, peut fans honte, fans fcrupule, manifefter fes fentimens fur l'équité de leur exécution: il peut même s'applaudir de les avoir dénoncés à la Justice, & d'a→ voir contribué à fournir la preuve de leurs attentats. Telle est ma pofition depuis environ vingt ans envers la Robe HAUTE & BASSE.

Victime de l'exécrable efprit de Corps qui la fubjuguoit; n'étant que trop fondé à lui imputer toutes les infortunes qui ont empoifonné ma vie, & n'ont ceflé de compromettre mon honneur, ma fortune, mon existence en tout fens, il m'eft permis de compter au nombre des forfaits qui légitiment fa perte, fes efforts pour confommer la mienne, je ne lui infulterai pas en approchant de fon tombeau, je ne dirai pas avec des tyrans juftement abhorrés, que le cadavre d'un ennemi mort fent toujours bon.

Mais on ne pourroit me faire un reproche de répéter ici ce que j'ai tant de fois dit, & jufqu'ici ፩ peu fructueufement, que le 4 Février 1775, le Parlement de Paris a rendu un Arrêt qui privoit de fon état, SANS L'ENTENDRE, un Citoyen irréprochable, honoré, dans une des plus brillantes carrières, de la confiance, de l'eftime publiques, & digne de cette confiance, de cette eftime; que cet Arrêt a été rendu fur les conclufions d'un Avocat Général, nommé Barentin, où ce miférable, aujourd'hui fugitif, pouffé par la plus baffe intrigue à la première place de la Magiftrature, & de là heureufement à l'exil n'avoit ni rougi ni frémi de déclarer « qu'il exif» toit dans le Royaume une Compagnie qui pou voit judiciairement égorger, déshonorer qui il lui plaifoit de fes Membres, fans énoncer de » griefs, SANS EN AVOIR». Je ferois encore modéré en foutenant qu'un Tribunal capable d'adopter de ratifier par un jugement folemnel un pareil principe, auroit par cette lâcheté feule n'en eût-il jamais commis d'autre, mérité fa def

truction.

Mais ce n'eft pas de mes intérêts privés que je m'occupe en ce moment : ce font des forfaitures publiques dont j'accufe, dont je n'ai ceffé de convaincre ces compagnics enfin évaporées. Si l'Affemblée Nationale a quelque reproche à fe faire, quant au coup mortel qu'elle leur a porté, c'eft de l'avoir trop différé ; c'eft d'avoir laiffé trop long-tems problématique ce grand facrifice qu'elle devoit à fon propre honneur, à la fûreté, à la tranquillité de la Nation;

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