Imágenes de páginas
PDF
EPUB

mais ni l'un, ni l'autre pour fes juges, & qu'elle perfil- AN. 1529. toit dans fon appel.

CX.

Act.public.An

pag. 300.

Sanderus de fchifm Anglia.

En effet cette princeffe ayant été citée pour le vingt- La reine refuse cinquième de Juin, elle fit fignifier aux légats fon ap-tre & et déclapel en forme de tout ce qu'ils avoient fait, ou feroient rée contumace. dans la fuite; mais cela n'empêcha pas qu'elle ne fût glie.com. 14. déclarée contumace, & qu'on ne prît un défaut contre elle. Les légats continuerent l'inftruction du pro-b cès, firent une information, & entendirent trente-fix ou trente fept témoins, dont la plûpart étoient ou du roi, ou d'Anne de Boulen. Le docteur Taylor, archidiacre de Boukingham reçut leurs dépofitions, dont le principal article étoit la confommation du mariage du prince Artus avec Catherine, que la reine avoit niée avec ferment, & qui néanmoins fut prouvée par le témoignage de ceux qui dépoferent, autant qu'une chofe de cette nature le peut être. Ces preuves confiftoient dans l'âge, la fanté & la vigueur du corps du prince, & dans les difcours qu'on avoit oüis de fa bouche le lendemain de fes nôces. La vieille ducheffe de Norfolk, grand-mere d'Anne de Boulen, & la vicomteffe de Firtzwater dépoferent qu'elles avoient vû Arthus & Catherine feuls dans le même lit. Le comte de Firtzwater, qui fut bien-tôt après fait comte de Sussex, déclara que le prince en fe levant, avoit demandé à boire, & qu'il dit qu'il avoit été la nuit en Espagne. Le duc de Norfolk affura la même chofe. Le chevalier Vilougby ajouta que c'étoit à lui à qui il avoit demandé à boire.

CXI.

fait prefer le

Toutes ces dépofitions furent lûës le dix-feptiéme L'empereur de Juillet; mais les légats ne trouvant pas les preu-pape dévoves qu'on alléguoit affez fortes, n'avoient pas vou- Rome.

quer la cause à

lu prononcer, & avoient feulement donné un défaut. AN. 1529. contre la reine. Pendant tout ce tems-là, les miniftres, de l'empereur & de Ferdinand fon frere, preffoient vivement le pape d'évoquer la cause à Rome; & ceux. de Henri VIII. n'étoient pas moins ardens à folliciter le contraire. On faifoit encore plus, puifque de chaque côté on le menaçoit de le faire dépofer caufe de fon défaut de naiffance. Le pape feignoit: d'être intimidé par ces menaces; & cette crainte qu'il paroiffoit avoir également, s'il fe déclaroit pour l'un ou pour l'autre, lui fournissoit un prétexte de demeurer irréfolu; jufqu'à ce qu'il eût reçu avis de la. conclufion de fon traité avec l'empereur. Enfin cet-. te agréable nouvelle lui étant venue, il ne voulut pas. refuler à Charles V. une chose fi jufte. Il en donna avis à ce prince par une lettre du neuviéme de Juil let, & fans attendre la réponse, avant même la pu-. blication du traité, il avertit les ambaffadeurs d'Angleterre de la réfolution qu'il avoit prise d'évoquer la caufe du divorce à Rome; & quelques efforts qu'ils. fiffent pour l'en détourner, en lui repréfentant que: le faint fiége alloit perdre l'Angleterre, fans efpérance de tetour, tout fut inutile, le quinziéme de Juillet. il figna l'évocation. Il en donna avis au roi d'Angletere, & au cardinal Wolfey, par les lettres qu'il leur écrivit le dix-neuvième du même mois; mais Cafali. l'avoit déja mandé au feigneur de Montmorency dès. le quinziéme..

CXII.

Le pape évo que le procès

du, divorce à Rome.

Comme on n'avoit encore en Angleterre aucune: nouvelle de l'évocation, les légats continuoient tou-jours leurs féances. La reine qui avoit été citée pour ann. n. 93 le vingt-cinquiéme de Juin, n'ayant point comparu,

Raynald hoc

Burnes hist

14.

de la réform..

Angl. tom. 1..

in 4. l.2. p.118..

ves de l'hift.

dans les preu

du divorcetom, 3. pag. 336..

on lui accorda un nouveau délai jufqu'au vingt- AN. 1529. huitiéme, & on la fit citer encore par l'évêque de Bats & Wels, quoique fort inutilement. Le vingt. huitiéme on fit lire quelques dépofitions; après quoi la féance fut remife au cinquième de Juillet & renvoyée au douzième: on fe raffembla donc le 12. le le 17. le 21. & le 23. Comme il n'y avoit plus rien à faire qu'à prononcer la fentence, chacun croyoit que tout feroit terminé dans cette derniere féance, & que les légats alloient prononcer un jugement définitif. Jamais assemblée ne fut plus nombreuse, le roi même se rendit dans une chambre voisine, pour être té moin de tout ce qui fe paffoit; mais on fut étrangement furpris quand on entendit le cardinal Campege remettre la décifion de l'affaire au premier d'Octobre, alléguant pour raison, que c'étoit le tems des grandes vacations à Rome, & qu'il étoit indifpenfablement obligé de se con former à cet usage. Îl ajouta „ pour juftifier fa conduite, que la reine ne pouvoit. confentir que le procès fût jugé en Angleterre, &. qu'elle refufoit de les reconnoître Wolfey & lui. pour juges. Le duc de Suffolk, qui étoit préfent, fit. éclatter fon reffentiment, & jura après plufieurs menaces, que jamais cardinal n'avoit caufé que du malheus à l'Angleterre. Campege lui repliqua qu'il connoiffoit affez le péril où il étoit, mais qu'à fon âge il devoit moins le mettre en peine de fa vie que du falut de fon ame. Wolfey fut moins modéré, &. répondit à Suffolk, qu'il devoit moins que perfonne du royaume fe plaindre des cardinaux, qu'il. devoit laiffer ces menaces, ces injures & ces reproches; & que s'il ne pouvoit parler comme un hom.

AN. 1529.

CXIII.
On reçoit nou-

me fage, & un homme d'honneur devoit faire, il falloit qu'il se tût, & qu'il ménageât un peu plus ses

amis.

Le duc de Suffolk fe retira fans rien repliquer. Le roi velle en Angle- ne fut pas long. tems à connoître quel avoit été le but terre de l'évo- de ces délais affectez, car il apprit bien-tôt que le pape avoit évoqué la cause à Rome, où il étoit cité Angl. com. 14. avec la reine. Sur cette nouvelle, Henri chargea pag. 346. Gardiner de dire au cardinal Wolfey qu'il ne vou

cation du pro

cès.

Act. public.

loit pas qu'on lui fignifiât l'évocation, ni rien qui pût porter quelque préjudice à son autorité souveraine, de peur que fes peuples ne cruffent qu'il reconnoissoit au-dessus de lui quelque puiffance étrangere. Comme la bulle, par laquelle le roi & la reine étoient fommez de comparoître à Rome dans quarante jours,renfermoit encore quelques cenfures en cas de défobéissance, le pape craignant que cette condui te n'irritât le prince, lui adreffa un bref datté du neuviéme d'Août, où il déclaroit qu'il ne prétendoit point ufer de menace, ni employer contre lui des cenfures qu'on avoit inférées dans la bulle contre fon intention; mais quant à la citation, il se contenta de prolonger le delai jufqu'à Noël. Le roi de fon côté après avoir engagé les légats à déclarer fur le bref du pape que leur commiffion étoit expirée, & qu'ils n'avoient plus de pouvoir, fe retira à Grafton avec Anne de Boulen, & donna ordre à la reine de fe retirer. Ce fut là où les deux légats l'allerent trouver, & ils en furent très bien reçus, contre l'attente de tout le monde, chacun croyant que Wolfey alloit être difgracié. Henri s'entretint long-tems avec lui, avec la même affabilité dont il ufoit auparavant ; il lui ordonna

même de retenir Campege à dîner, avec quelques au- AN. 1529. tres feigneurs, mais le roi mangea seul avec sa mai

treffe.

fey.

la

2. in 4. pag.

Anne de Boulen feule avec Henri VIII. n'oublia CXIV. Difgrace du rien pour aigrir l'efprit du prince contre Wolfey, cardinal Wolqu'elle ne regardoit plus que comme un ennemi Burnet bist. do qui méritoit toute fa vengeance; elle empoifonna form to m toutes les actions, & dit au roi avec une espèce d'em- 12 go portement, que fi les ducs de Suffolk où de Norfolk, ou le vicomte de Rochefort fon pere en avoient fait autant que Wolfey, il y a long-tems qu'ils n'auroient plus la tête fur les épaules. Henri diffimula l'impreffion que ce difcours venoit de faire fur fon efprit, il vit encore le cardinal, s'entretint avec lui jusqu'à la nuit, lui témoigna en le quittant qu'il vouloit encore lui parler le lendemain. Mais toute cette conduite n'étoit que feinte; car Wolfey, exact aux ordres du prince, s'étant préfenté pour entrer, on lui annonça que fa majefté ne vouloit pas le voir, & qu'il pouvoit s'en retourner avec Campege. Il n'en fallut pas davantage pour éloigner de lui tous ceux qui lui avoient paru attachez auparavant les courti fans parurent les plus animez contre lui, & ses créatures mêmes vouloient qu'il fût coupable, parce qu'il étoit malheureux.

cxv. Campege part

Le cardinal

de Londres pour s'en re

Le roi ne traita pas ainfi Campege après lui avoir donné fon audience de congé, il le combla de préfens, & le cardinal partit de Londres au commencement d'Octobre pour s'en retourner à Rome. tourner à RoMais dans le tems qu'il étoit prêt à s'embarquer, il Le Grand hift. vit entrer dans fa chambre une troupe d'archers, qui pag. 156-07 lui demanderent les tréfors de Wolfey. Campege 157

me.

du divor. tom

« AnteriorContinuar »