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ECKIUS.

lib.7. p.226.

criture fainte, fut remife par l'empereur à Faber & AN.1530. à Eckius pour y répondre. Leur refutation fut des plus vives, & prevint fort l'empereur contre les Sa- Sleid. in comm. cramentaires, on la lût en pleine diete;ceux de Strafbourg & leurs affociez étant prefens, on les accufoit d'avoir des opinions differentes des autres, d'approuver des erreurs horribles fur l'euchariftie, d'avoir ruiné les images, aboli la messe, détruit les chapitres & monafteres fondez par la liberalité des princes, de fomenter differentes fectes dont ils repandoient la mauvaise doctrine dans toute l'Allemagne, & de faire imprimer beaucoup de livres pour mieux inculquer leurs pernicieux fentimens. Les Sacramentaires tâcherent de fe juftifier fur tous ces reproches, en disant qu'on leur en impofoit, & qu'on les accufoit fans raifon, que rien de femblable ne se faisoit dans leurs villes; que fi quelqu'un s'émancipoit jusques-là, il feroit auffi-tôt feverement puni; & que pour mettre leur innocence dans un plus grand jour, ils fupplioient qu'on leur donnât copie de la refuta tion,& qu'on n'ajoûtât aucune foi aux crimes dont on les accufoit, jufques à ce qu'on eût entendu leur défenfe, promettant de faire tous leurs efforts pour fatisfaire l'empereur. Mais ce prince refufa leur demande, & cinq jours après leur fit dire par l'électeur de Brandebourg, qu'il ne pouvoit leur accorder cette copie, qu'il avoit refufe la même grace au prince de Saxe pour des raifons importantes ; que s'ils veulent fe réconcilier à l'églife, il permettra qu'on leur life plufieurs fois ce qu'on a écrit contr'eux mais qu'il ne veut pas qu'on difpute davantage fur la foi; qu'au refte il leur ordonnoit de fe confor

mer à la doctrine de l'églife, & de fournir des fecours AN. 1530. pour la guerre contre les Turcs.Ils demanderent quelque tems pour en deliberer, & peu de jours après ils repondirent en prefence des etats, que leur commiffion étoit de demander copie de la refutation, afin qu'ils puffent s'excufer, & faire voir qu'on donne un fens mauvais à leurs expreflions, & qu'on leur reproche des crimes aufquels ils n'ont jamais penfé. Les deux députez de Strasbourg étoient Jacques Sturmius & Mathias Pharer;le premier por-toit la parole.

XL.

gus de la con

La maniere captieufe & équivoque dont leur conTermes ambi- feffion étoit compofée, paroiffoit capable d'en imfeffion deStraf- pofer & de furprendre. Bucer qui en étoit l'auteur, bourg fur laCé- affecta de fe fervir des termes employez par lesLutheConfeß. Argen- riens pour expliquer la prefence réelle, fans toutefois tin. cap. 18. de admettre leur fentiment. Voici comment il y fait part. p. 195. parler ceux de Strasbourg.,, Quand les Chrétiens

nc.

Cœna fynt. Gen.

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repetent la cene que Jesus-Chrift fit avant fa mort „, en la maniere qu'il l'a inftituée, il leur donne par le facrement fon vrai corps & fon vrai fang, à ,, manger & à boire veritablement, pour être la nourriture & le breuvage des ames. A la verité il ne dit pas avec les Lutheriens, que ce corps & ce fang foïent vrayement & fubftantiellement donnez avec le pain & le vin; mais il ne dit rien qui y foit contraire,ni rien dont un Lutherien & même un Catholique ne pût convenir, puifque nous fommes tous d'accord que le vrai corps & le vrai fang de nôtre Seigneur nous font donnez à manger & à boire veritablement, non pas pour la nourriture des corps, mais comme dit Bucer, pour la nourriture

des

des ames. Ainfi cette confeffion fe tenoit dans des expreffions generales; & même lorfqu'elle dit que nous mangeons & bûvons vrayement le vrai corps & le vrai fang de nôtre Seigneur, elle femble exclurre le manger & le boire,par la foi qui n'eft après tout qu'un manger & un boire metaphorique ; tant on avoit de peine à lâcher le mot que le corps & le fang de Jefus-Chrift ne fuffent donnez que fpirituellement, & d'inferer dans une confeffion de foi, une chofe fi nouvelle aux chrétiens.

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XLI. Confeffion de

bourg.

Zuingle envoyée à AusConfeß. Zuinpera, & apud Hospin ad ann.

glui inter ejus o

1530.p. 101.

Zuingle y alla plus franchement dans la confeffion de foi qu'il envoya auffi à Ausbourg, & qui fut approuvée des Suiffes. Elle contenoit douze articles. Les trois premiers fur la Trinité & l'Incarnation, fur la chute de l'homme & la neceffité de la grace, fur la mediation de Jesus-Christ, ne differoient en rien de la doctrine de l'églife. Le quatrié- Jeq. me est du péché originel, & il y foutient que quoique le péché d'Adam ait été un vrai péché dans Adam, il n'eft pas proprement péché dans ses enfans, mais plûtôt une maladie, & un état qui les fait tous naître esclaves, enfans de colere & ennemis de Dieu: il ne nie pas toutefois que l'on ne puiffe l'appeller péché. Dans le cinquième, fur le baptême des enfans, il foutient que comme tous les hommes font morts en Adam, ils font tous regenerez en JesusChrist; que fans parler des enfans des infidéles, on ne doit point legerement condamner ceux des Chrétiens, qui font membres de l'églife, & qu'on ne peut les damner fans impieté, quoiqu'ils meurent avant la reception du baptême. Dans le fixiéme, qui traite de l'églife, il dit, qu'elle fe prend premierement

pour les predeftinez, & que tous ceux qui ont la foi AN.1530. font de ce nombre, quoiqu'ils ne le fçachent pas: en fecond lieu, que l'églife fe prend pour tous ceux qui font profeffion d'être Chrétiens : troifiémement pour une affemblée particuliere des fidéles ; il reconnoit qu'il y a une église visible & fenfible dont les enfans des fide les font membres, & que c'est pour cela qu'on les doit baptifer. Sur le feptiéme il eft dit que les facremens ne conferent pas la grace, & qu'ils font feulement des fignes qu'on l'a reçue. Dans le huitiéme fur l'euchariftie, il dit nettement que le corps de Jefus-Chrift depuis fon afcension, n'est plus que dans le ciel & ne peut être autre part; qu'à la verité il eft comme prefent dans la Céne par la contemplation de la foi, & non pas réellement & par fon effence. Dans le neuvième des cerémonies, il reconnoît qu'on peut tolerer celles qui ne font ni superftitieufes ni contraires à la foi de l'évangile, mais il voudroit qu'on les abolît entierement. Dans le dixiéme qui eft du miniftere de la parole, il admet la neceffité qu'il y ait des miniftres qui l'enfeignent ; mais il refufe aux évêques la qualité de vrais miniftres de Jefus Chrift. Dans le onzième il parle de l'autorité du magiftrat, auquel il veut qu'on obéisse, même quand il abuferoit de fon autorité, jufqu'à ce qu'on trouve dans ce dernier cas une occafion favorable de fecouer le joug & de fe mettre en liberté. Enfin dans le douziéme il rejette abfolument le purgatoire, parce qu'il le croit, dit-il, autant injurieux à Jefus-Chrift, qu'il eft profitable à ceux qui l'ont in

venté.

Pour défendre cette doctrine qui ne fut pas mieux

"

Confeß. fidei adFranc.I.inter opera Zuingl.

reçuë de l'empereur que les autres confeffions de foi. Zuingle écrivit à ce prince, & aux feigneurs Protes- AN. 1530. tans une lettre, où touchant la Céne, il établit cette difference entre lui & fes adverfaires, que ceux-cy vouloient dans l'eucharistie un corps naturel & fubitantiel, & lui un corps facramental.Il tint toûjours constamment le même langage dans la défense qu'il fit contre Eckius de fes fentimens, fur le facrement de la Céne: Et dans une autre confeffion de foi qu'il adreffa dans le même tems à François I. il explique cecy eft mon Corps, d'un corps fymbolique, mystique & facramentel, d'un corps par dénomination & par fignification." De même, dit-il, qu'une reine montrant parmi fes joyaux fa bague nuptiale, dit c'est „ fans hefiter, ceci eft mon roi, c'est-à-dire, „l'anneau du roi mon mari par lequel il m'a épou„fée.,,Il auroit été facile à Zuingle de trouver des comparaisons moins bizarres.Au reste,il est toûjours vrai de dire qu'il ne reconnoît dans l'euchariftie qu'une pure prefence morale, qu'il nomme facramentelle & fpirituelle ; il met toûjours la force des facremens en ce qu'ils aident la contemplation de la foi, qu'ils fervent de frein aux fens, & les font mieux concourir avec la pensée. Quant à la manducation que veulent les Juifs avec les papiftes, felon lui, elle doit caufer la même horreur qu'auroit un pere à qui l'on donneroit fon fils à manger. En general, felon Zuingle, la foi a horreur de la prefence vifible & corporelle, ce qui fait dire à faint Pierre, feigneur retirez-vous de moi. Il ne faut point manger Jefus-Chrift de cette maniere charnelle & groffiere: une ame fidéle & religieufe mange fon vrai corps

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