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le traiter de pédant, parce qu'il avoit cité les loix pour AN. 1528. décider une affaire d'honneur; il marqua pour le lieu

in quarto vie

du combat une petite ifle que forme la rivière qui paffe à Fontarabie. Bourgogne porteur de ce cartel de défi, Daniel hist. de étant arrivé auprès de François I. ce prince lui donna France tom. 5. audiance sur un échaffaut dressé dans la grande falle de François I. du Palais, vêtu de fes habits royaux, accompagné de fes princes, & en présence de tous les ambassadeurs qui étoient à fa cour.

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در

pag. 598.

XV. Audiance

que

raut de l'em

Anton.de Vera

Auffi-tôt que Bourgogne parut à l'audiance, le roi l'arrêtant tout court, lui dit, qu'il lui donnât feule-François I. ment la fureté du champ de bataille, & non autre cho-donne au héfe. Le héraut repliqua qu'il la portoit, & qu'il lui di-pereur. roit conjointement ce que l'empereur lui avoit com- hift.de Charles mandé de dire; mais le roi repartit qu'il ne vouloit p. 155. que la fureté & l'affignation du lieu fans autre raifonnement: & auffi-tôt il fe retira dans une autre chambre. » Bourgogne en le fuivant lui dit : que fi fa majesté ne le vouloit pas entendre, il pourroit difficilement lui donner un cartel, & lui défigner un » lieu; qu'il l'affuroit d'avoir un écrit qui l'en in» formeroit; qu'il eût donc agréable de le recevoir, que c'étoit c'étoit par ces paroles qu'il le lui devoit appren» dre: qu'à son avis il ne pouvoit féparer ce qui étoit fuperflu, d'avec ce qui étoit néceffaire : qu'avec la → même liberté que fon héraut avoit euë en Espagne, il lui fût permis de faire fa charge ou qu'on lui donnât un acte qui fit connoître comme les chofes s'étoient paffées. Ce dernier article lui fut accordé : on lui don» na son congé & un fauf-conduit pour s'en retourner; mais Bourgogne, pour mieux justifier fon voyage & Thonneur de Charles V. fon maître, follicita durant

"

"

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AN. 1528. trois ou quatre jours un des favoris du roi pour lui faire avoir audiance, proteftant de nouveau que fon écrit marquoit le lieu du combat, que le roi le devoit recevoir, ou lui accorder la permiffion de publier, que fi le combat n'étoit point exécuté, c'étoit par la faute de fa majesté. Le favori lui répondit que fa commiffion étoit faite, qu'il pouvoit s'en retourner, que le roi ne vouloit plus l'écouter, & que s'il paffoit outre, il le feroit pendre: Et en même-tems il fit élever une potence pour intimider le héraut, & l'obliger à s'en Mezeray abré-retourner au plutôt. Tel fut le fuccès de ces défis mugé chronol.com. tuels, qui ne furent, dit Mezeray, que de belles pieFrang. 1. pag. ces de théatre qui ne fe terminerent qu'à des rodomon3+6. tades de part & d'autre.

4. hift. de

XVI.

Le roi de Fran

ri VIII. de fa

re

la

en guerre

Flandre.

que

La difpofition dans laquelle fe trouvoit ces deux ce preffe Hen princes, ne pouvoit que produire une guerre afsez vive, non-feulement en Italie, mais encore du côté des Pays-bas, de la Bourgogne, des Pyrennées, fur l'océan, & fur la méditerranée. François I. preffa Henri VIII. d'entrer avec lui dans la Flandre, qui étoit alors dégarnie de gens de les villes qui offrant guerre, feroient prifes demeureroient à fa majefté Angloise, jufqu'à ce qu'elle eût été remboursée de tout ce que l'Espagne lui devoit, & qu'enfuite on les partageroit. Mais comme le roi d'Angleterre eût beaucoup plus perdu que gagné dans une rupture avec les Paysbas, fon principal revenu confiftant dans le commer ce de fes fujets avec les Flamands, qu'il ne pouvoit rompre fans s'attirer la guerre civile, il demanda quarante jours pour donner le loifir à fes marchands de retirer les effets qu'ils avoient dans les Pays - bas, il propofa enfuite une fufpenfion d'armes pour huit

mois

mois entre la France & les Pays-bas ; & comme il fça- AN. 1528. voit que l'argent étoit l'unique moyen de la faire accepter par le roi, il offrit cependant de lui faire compter en attendant trente mille écus pour la guerre d'Italie, qui furent auffi-tôt acceptez. Tous les efforts de l'armée de France tournerent donc du côté du royaume de Naples.

XVII.

s'avance du

Mem. du Bel

Lautrec avoit déja reconquis la plus grande partie Lautrec Titre du Milanez, & eût pû aifément fe rendre maître de laRomagne & Milan, s'il n'eût reçu des ordres exprès de rendre tou- côté de Nates ces places à François Sforce, & d'aller à Rome dé- ples. livrer le pape. Comme il entroit dans la Romagne, il lay liv. 3. apprit que le faint pere s'étoit fauvé, & que les impériaux, au bruit de fa marche avoient quitté Rome pour aller défendre le royaume de Naples. La pefte avoit diminué leur armée de plus des deux tiers, & l'on remarqua que l'année achevée, il n'en refta pas deux cens exemts des effets de la vengeance divine; ce qui faifoit que les généraux ne pouvoient prendre aucunes mesures certaines pour s'oppofer aux efforts de la

ligue. Le pape n'étoit pas encore engagé dans la confédération, & il ne fçavoit quel parti prendre; il ne vouloit point ratifier le traité fait avec le duc de Ferrare; il exigeoit des Venitiens de retirer leurs troupes de Ravenne; & ceux-ci qui avoient de grandes prétentions fur cette place, différoient toujours de fatisfaire sa sainteté ; enforte que Lautrec, pour la conquête qu'il méditoit, ne pouvoit guéres compter que fur fon armée. Il ne laiffa point de traverser l'état eccléfiaftique avec huit mille lanfquenets, commandez par le comte de Vaudemont; trois mille Suiffes, fous les ordres du comte de Tende; trois mille hommes de

AN. 1528. pied François, fous le fieur de Burie; quatre mille Gaf

Conquêtes de

la Poüille, &

lay ibid. u. fu

pra

cons, fous Pierre de Navarre, & dix mille Italiens,

ce qui faifoit une armée de plus de vingt-huit mille hommes.

XVIII. Sur la fin de Février Lautrec arriva dans l'Abruffe, Lautrec dans & toutes les villes, Afcoli, Aquila & autres lui ouvriprife de Melfi. rent leurs portes & le reçurent comme leur libérateur. Mem. di Bel- L'armée impériale avoit pris les devants, parce qu'el le n'avoit point d'artillerie. Le général François fit traîner la fienne le long de la côte ; ce qui lui facilitoit l'entrée dans la Capitanate, où il reçut les quatre vingt mille écus de traitte-foraine qui fe payoient aut mois de Mars dans cette province. Il en profita en entrant dans la Poüille. La ville de Sulmone se rendit à lui fans attendre d'être fommée, & il auroit aisément conquis tout ce pays, fi Philibert de Châlons, prince d'Orange, réfolu de garder le chemin par où les vivres venoient aux impériaux du côté de Bari & de Siponto, ne fe fût campé fur une éminence défendue par le canon de la ville de Troja. Lautrec cependant Î'en chaffa, & la nuit fuivante toute l'armée impériale délogea fans bruit, & fe retira à Naples dans un défordre qui auroit rendu fa défaite infaillible, fi elle eût été pourfuivie : mais Pierre de Navarre fut d'un avis contraire; & Lautrec le préférant à celui des autres, s'amufa à battre la ville de Melfy, dans laquelle étoit Jean Carraccioli avec trois mille hommes de garnifon, qui se défendirent avec beaucoup de valeur; mais dans le fecond affaut ils furent emportez & tous pafferent au fil de l'épée avec près de quatre mille habitans. Le prince de Melfy fut fait prifonnier de guerre; fa femme & fes enfans s'étant retirez dans le châ

reau, fe rendirent fans résistance. Ce prince, fur le refus de l'empereur, qui ne voulut pas payer sa rançon, eut recours au roi François I. qui lui procura fa délivrance, & en fut fervi fidélement jusqu'à la mort.

AN. 1528.

XIX.
Pr qout

Naples i Lou-
met à géné-

Guicciard, in

Paul

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La prife de Melfy étonna fi fort tout le royaume de Naples, que Barlette, Trany, Venofe & d'autres le royaum. de villes des environs, fe foumirent auffi-tôt à Lautrec, apice gouéparce que les impériaux en avoient retiré les garni- ral. fons: Capoüe fit la même chofe, Nole, Acerra, Aver- lib. 18. fa; enforte qu'il n'y eut que les villes de Naples, Man-Jove in fredonia & Gayette qui demeurerent fidéles aux impériaux. Le duc de Ferrare voyant qu'il ne restoit que ces villes à l'empereur dans le royaume de Naples, crut les affaires d'Efpagne fi ruinées, qu'il acheva le mariage de fon fils, avec la belle-fœur du roi de France, qu'il avoit différé jufqu'alors fous divers prétextes. Et Lautrec, homme ambitieux, flatté par tous ces grands succès, ne confidéra pas, qu'à un ennemi qui s'étoit retiré avec fes forces entieres, il fuffifoit qu'il fût maître de la capitale, laquelle feule pouvoit donner la loi à tout le refte du royaume. S'il l'eût vivement poursuivi, il le pouvoit défaire avant qu'il y entrât, à caufe de la jaloufie qui regnoit entre le prince d'Orange, général de l'armée, & le nouveau vice-roi de Naples, qui dès le commencement fit difficulté d'admettre l'autre dans la ville. Mais les délais de Lautrec donnerent aux deux ennemis le tems de fe réconcilier; enforte qu'ils réfolurent de demeurer dans Naples avec deuze mille hommes de vieilles troupes, & envoyerent le refte de leurs forces en garnifon dans les places les plus importantes, ce qui fut caufe de la perte de l'armée françoife.

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