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LXXII.

valle, que le pape employeroit fa médiation en faA N. 1530. veur de Wolfey, & que le roi d'Angleterre fe rendant facile fur cet article, obligeroit fa fainteté à se ri VIII. auprès du relâcher fur l'affaire du divorce; mais le faint pere fut pape & de l'empe- inflexible,& perfevera conftamment dans fes premie Le Grand bist du res réfolutions. Henri lui avoit envoyé à Boulogne divorce, tom. 1. Thomas de Boulen,comte de Wilchire, accompagné

Pour fuites de Hen

reur inutiles.

₤. 168. & 179.

.

du docteur Stokeflay, d'Edouard Karnes, de Benet & de Cranmer. Ce dernier avoit reçu ordre d'écrire pour le divorce, & d'appuyer fon ouvrage d'autant de preuves & de témoignages qu'il en pourroit trouver dans les canonistes, & dans les théologiens. François I. avoit chargé l'évêque de Tarbes fon ambassadeur auprès de sa sainteté, d'aider le comte en tout ce qu'il pourroit. Le livre de Cranmer fut préfenté au fouverain pontife qui le reçut avec d'autres mémoires, qu'il remit au cardinal Cajetan pour lui en faire son rapport. Mais le comte n'eut pas la même fatisfaction de l'empereur, avec lequel il vouloit tâcher d'entrer en négociation. Il lui offrit de la part du roi d'Angleterre, de rendre la dot de Catherine, & de bien affurer fon doüaire, outre un préfent de trois cens mille écus pour la majesté impériale; mais Charles V. traita le comte avec mépris, & lui tourna le dos, ne voulant pas l'écouter davantage. Il obtint même un bref du pape, pour défendre à Henri VIII. de paffer à un fecond mariage, jufqu'à ce qu'on cût terminé à Rome fon procès & l'affaire du divorce.

Il fallut donc fe réduire aux ouvertures qu'avoit données Cranmer, de confulter les plus fçavans hommes, & les plus célébres univerfitez de l'Europe, fans perdre le tems & de l'argent à d'inutiles négo

LXXIII. Confultation des

l'Europe fur l'af

ciations auprès du pape, fuppofant que fi ces univerfitez fe déclaroient pour le roi, il faudroit nécef- AN. 1530. fairement que le pape jugeât en fa faveur, à cause que la difpenfe tombant d'elle-même, le mariage feroit regardé comme inceftueux. Tel étoit l'avis de Cranmer, qui fit tant de plaifir au roi, qu'il s'écria univerfitez de transporté de joie, que pour le coup il tenoit la truye faire du divorce. par l'oreille, expreffion qui dans fa groffiereté ne laiffoit pas de marquer la fatisfaction que le roi recevoit de cet expédient. Il envoya donc en Allemagne, en France & en Italie des gens fçavans & habiles, pour confulter les univerfitez de ces pays-là. Et comme le roi étoit bien-aife de connoître auffi, ce que fes fujets penfoient de fon affaire, il pria les deux univerfitez d'Oxford & de Cambrige, de lui apprendre ce qu'il devoit en croire lui-même. L'évêque de Lincoln fut chargé d'aller à Oxford; Fox aumonier du roi & Gardiner fecretaire d'état, fe rendirent à Cambrige. On confulta auffi les univerfitez de Hambourg & de Lubeck en Allemagne, auffi bien que celle de Cologne, & plusieurs autres, parmi lesquelles les uns fe laifferent gagner par argent, les autres tinrent ferme, & ne voulurent accepter aucuns préfens.

LXXIV.

verfité d'Oxford

Wood de antiquit.

Angl. lb. 1. p. 225.

L'univerfité d'Oxford fut la premiere qui s'affem- Troubles & divi bla le quatrième d'Avril, pour déliberer fur cette af- fons dans l'unifaire; mais il y eut de grands troubles fur ce fujet, à ce fujet. & de grandes oppofitions de la part de differens oxford. p. 8. 225. docteurs. Les membres de cette univerfité n'ayant pû Sander, de fchifm s'accorder, les jeunes docteurs tenant tête à leurs an- Le Grand dans la ciens, & ne voulant point fléchir, ni par promef- rus fes ni par menaces, on commença par exclure les maîtres-ès-arts de toutes les congrégations. Le duc de

défenfe de Sande

p. 89.

Suffolk, & l'évêque de Lincoln, firent mettre en priAN. 1530. fon le docteur Holiman, d'autres furent fort maltraitez, & le refte des docteurs corrompu par les préfens du roi, ou intimidé par fes menaces, convint de remettre la décision à trente-trois docteurs ou bacheliers, qui furent choifis dans tout le corps ; & parce que ceux-ci ne purent encore s'accorder entre eux, huit des plus violens s'affemblerent durant la nuit, rompirent la porte du greffe, & enleverent le fceau qu'ils appoferent, dit-on, à leur avis datté, dont on ne fçait pas trop le contenu.

LXXV.

La même chofe

verfité de Cam

brige.

Les chofes ne fe pafferent pas plus tranquillement arrive dans l'uni- dans l'univerfité de Cambrige. Tout ce que purent faire Fox & Gardiner, fut de faire nommer un certain nombre de docteurs ou bacheliers à leur devotion, pour faire examiner l'affaire au nom de toute l'univerfité. Les premieres affemblées furent pleines de troubles, & l'on fe fépara fans rien conclure, parce qu'il s'en trouva quelques-uns parmi les docteurs, qui avoient approuvé le livre de Cranmer en faveur du divorce. On tint encore plufieurs assemblées inutilement, & ce ne fut que par les intrigues de Fox & de Gardiner, qui avoient de leur côté le vicechancelier, qu'il fut enfin réfolu, que vingt-neuf perfonnes, fçavoir le vice-chancelier, qui avoit déja follicité pour le roi, dix docteurs, seize bacheliers, & les deux procureurs de l'université,auroient le pouvoir de décider la queftion, & que ce que les deux tiers d'entr'eux détermineroient, feroit regardé comme le fentiment de tout le corps, dont on y mettroit le fceau, après avoir lû cette décision dans une affemblée générale, mais fans en déliberer de nou

veau. D'abord il n'y eut que treize voix pour le divorce; on revint aux délibérations; & après beaucoup de difficultez, on décida en faveur d'Henri VIII. que fon mariage étoit contraire au droit di

vin.

AN. 1530.

LXXVI. La faculté de

s'affemble

pour

Jean du Bellay, évêque de Bayonne, paffant par Orleans, obtint auffi de l'univerfité de cette ville théologie de Paris une décifion datée du cinquième d'Avril, en faveur P'affaire du diyosdu divorce. Mais Il ne trouva pas la même facilité ce. auprès des docteurs de Paris, qui tous étoient difpofez à approuver absolument la dispense de Jules II. excepté quelques-uns, qui avoient promis de faire tout ce qu'on voudroit, entr'autres maître Gervais homme fort devoüé à meffieurs du Bellay, & qui avoit beaucoup d'envie de fe pouffer à la cour & de faire fortune. On eut donc befoin de toute l'adreffe de Monfieur de Langey, de l'évêque de Bayonne, & de l'autorité du roi de France, pour obliger la faculté à déliberer fur cette matiere. Elle s'affembla le huitiéme de Juin; l'évêque fe trouva à la premiere affemblée par ordre du roi, ce prince étant bien aise qu'on y opinât favorablement pour le diyorce, en reconnoiffance, des obligations qu'il avoit au roi d'Angleterre. Du Bellay pour gagner les docteurs, affura que les univerfitez d'Italie n'avoient fait aucune difficulté de déclarer le mariage de Henri illégitime, quoiqu'il n'y eût rien de plus faux, la décision de Bologne n'étant datée que du dixiéme de Juin, & celle de Padoüe du premier Juillet, qui font les feules d'Italie, qui ayent donné leur avis; car celle de France ne prononça pas.

Le docteur Noël Beda étoit des plus oppofez au

Le docteur Noël

fuccès de l'affaire, il faut convenir que tout ce qu'on' AN. 1530. fit pour corrompre les univerfitez de France, fut un LXXVII. véritable myftere d'iniquité. L'évêque de Bayonne Beda fort oppofe connoiffoit déja le docteur Beda & avoit écrit de Londres au maréchal de Montmorency dès le mois de Décembre de l'année précédente, parlant des démarches que l'on faifoit déja auprès des docteurs pour

au divorce.

Le Grand hift. du

divorce parmi les preuves tom. 1.

421.465.&

Juiv

LXXVIII.

pas

les
gagner; qu'il y avoit un Beda de ce nombre, qui
étoit un très-dangereux marchand, & qu'il ne feroit
de befoin qu'il y en eût beaucoup de tels dans
une fi bonne compagnie. Le prélat avoit raison de
penser ainfi, puisque dans le discours qu'il fit à l'as-
femblée, en proteftant que le roi laiffoit aux docteurs
la liberté de décider felon leur conscience, & qu'il
leur demandoit feulement de travailler au repos d'un
prince qui, quoique déja muni des avis des plus fça-
vantes univerfitez, étoit bien aifé d'avoir le leur; Beda
prit la parole & dit à du Bellay, qu'on sçavoit affez
l'étroite liaison, qui étoit entre les deux rois. Il en
auroit dit davantage fi l'évêque ne l'eût interrompu,
en assurant la faculté, que l'union entre ces deux
princes ne tendroit jamais à faire violer les loix de la
juftice, & que tous ceux qui compofoient l'affem-
blée pouvoient être affurez, qu'en fatisfaisant à leur
devoir envers Dieu,ils contenteroient le roi & ne mé-
contenteroient perfonne. Enfuite il se retira pour

Le peu d'union laiffer la liberté des fuffrages.

qui le trouve par

mi les docteurs.

Voyez la lettre de

Quoi qu'Henri VIII. eût écrit de fa propre main Guill. du Bellay au aux théologiens de la faculté, & que le maréchal roi dans les preu de Montmorency eût mendié de tout côté des fuffrages, il y eut cependant fi peu d'union dans cette P.465.466. affemblée, qu'après beaucoup de bruit on se sépara

ves de l'hift, du di

vorce.

Le Grand tom. 3.

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