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AN. 1528.

XX.

devant Na

le filge.

Guicciard. in

lib. 15%

Lautrec prévoyant que Manfredonia, où les impé riaux avoient jetté deux mille hommes, l'occuperoit Lautrec paroît trop long-tems, laiffa deux cens cinquante chevaux, ples, & y met & quinze cens fantaffins pour la bloquer, s'avança Mem. du Bel- avec le refte de fon armée devant Naples, où il arri lay lib. 3. va le premier jour de Mai, & s'y retrancha fi bien, qu'il paroiffoit impoffible de le déloger. La fituation avantageuse de fon camp lui fit mettre en délibération, s'il attaqueroit la ville, ou s'il se contenteroit de la réduire par famine : les avis furent partagez, mais la nombreuse garnison qui avoit le vice-roi Mon cade à la tête, l'obligea de prendre le dernier parti, tant parce qu'il n'avoit d'argent que pour la folde ordinaire de fes troupes, que parce que le grand nom bre des affiégez lui fit efpérer qu'ils feroient bien-tôt affamez, le peuple feul montant à plus de deux cens cinquante mille perfonnes. Il fit donc fermer les deux principales avenues de la place par deux forts, l'un fur le marais de la Magdelaine, & l'autre vis-à-vis du mont saint Martin. Les Espagnols attaquerent le premier, & furent repouffez avec une vigueur, qui leur donna des François une meilleure opinion qu'ils n'a voient euë à la bataille de Pavie: huit jours après ils tenterent de fe rendre maîtres du fecond avec auffi peu d'avantage. Moncade qui, comme on a dit, avoit fuccédé à Lanoy dans la dignité de vice-roi de Naples, voulut éprouver fi la fortune lui feroit plus favorable fur mer, & prenant fix galeres, deux galions, quatre barques armées, & beaucoup de bâtimens de pêcheurs, avec mille foldats Espagnols, & deux cens Allemands; il monta lui même fur la meilleure des galeres : & le marquis de Guât, le con

nétable Colonne, le comte de Roux & d'autres officiers impériaux voulurent être de la partie, enforte qu'il n'y eut que le prince d'Orange qui demeura dans Naples.

AN. 1928.

XXI. Combat naval

Doria cft oreo, de Naples tué,

victorienx,

Philippin Doria, neveu d'André Doria, étoit alors au golfe de Salerne avec huit galeres de France, & le où vice-roi informé que lui & les. fiens, à fon exemple, quittoient fouvent leurs vaiffeaux, & venoient jufqu'à l'armée de terre, forma le deffein de surprendre les huit galeres Françoises avec fix des fiennes, qu'il arma à cet effet, & garnit de fes meilleurs foldats. Doria inftruit par Lautrec de l'entreprise du vice-roi, renforça fes galeres de quatre cens arquebufiers qui lui furent envoyez par le général François, fous la conduite du capitaine Ducrocq: il étoit à Capodorfo, lorfqu'il apperçut deux galeres du vice-roi, qui faifoient femblant de fuir pour attirer l'ennemi en haute mer: il détacha trois de fes huit galeres pour gagner le deffus du vent, & pour revenir charger les impériaux par les côtez; il s'avança avec les cinq autres, & du premier coup de canon qu'il tira, il emporta quarante foldats de la galere du vice-roi. La fuite du combat fut très-fanglante, & dura fix heures entieres ; Moncade fut renverfé mort de deux coups, dont l'un lui rompit le bras, & l'autre lui fracaffa l'épine du dos. Sa galere coula à fond avec une autre commandée par Feramufca : & le refte fut pris, à la réserve des deux bâtimens que le vent pouffa dans le port de Naples, fi maltraitez par l'artillerie Françoife, qu'on eut peine à les décharger avant qu'ils périffent. Le marquis de Guât, Afcagne & Camille Colonne, le prince de Salerne, les feigneurs de Vau

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AN. 1528.

XXII.

range écrit à

défaite de l'ar

mée.

HISTOIRE ECCLESIASTIQUE. dré, de Ris, de fainte Croix furent faits prifonniers de guerre avec beaucoup d'autres seigneurs & capitaines. Néanmoins cette victoire fut funefte aux François par la résistance des ennemis, enforte que des quatre cens arquebufiers envoyez par Lautrec, il n'en resta pas plus de foixante.

Le prince d'Orange ayant appris la perte de la Le prince do bataille, fit fortir de Naples les bouches inutiles, & dif l'empereur la tribua par mesures les vivres aux foldats : & comme il craignoit que la mort du vice-roi, celle d'un fi grand nombre de vaillans hommes, & la perte de tant de vaifseaux, n'avançât la prise de la ville capitale, plusieurs places qui tenoient encore pour les impériaux, ayant arboré les armes de France; il dépêcha vers l'empereur un brigantin, pour lui mander que les plus vaillans foldats avoient été tuez dans le dernier combat naval, & que les autres étoient prefque incapables de fervir; qu'il n'y avoit dans Naples que pour fix femaines de bled; que les Allemands commençoient à murmurer, & qu'il étoit à craindre qu'ils ne fe révoltaffent, fi fa majesté impériale n'envoyoit bien-tôt de l'argent pour payer l'armée, & des troupes pour fe défendre des François, avec lefquels, fans cela, on feroit obligé de traiter; que les Allemands avoient apporté de Rome la pefte dans Naples, & que les autres mouroient d'autant plus aifément, qu'ils ne pouvoient s'affujettir à éviter le commerce de ceux qui en étoient infectez.

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Lautrec intercepta cette lettre, & se contenta de faire couper l'aqueduc qui portoit l'eau dans la ville; mais au lieu de faire faire en même-tems une tranchée pour conduire les eaux dans la mer, il les laiffa fe ré

AN. 1528,

Guicciard, in

Mem. du Bel

lay liv. 3.

pandre dans la campagne, enforte que ne trouvant
point de pente dans un lieu tout uni, la grande ar-
deur du foleil les corrompit bien-tôt ; ce qui caufa les
maladies dans l'armée,& y fit un ravage effroyable. Ces lib. 19.
maladies se changerent en pefte, & furent augmen-
tées par la malice des affiégez qui vinrent dans le camp
des François, fous divers prétextes, & corrompirent
toutes les citernes : de forte qu'à la fin de Juillet Lau-
trec, qui fut lui-même attaqué du mal contagieux, vit
fon armée, qui étoit de vingt-cinq mille hommes, ré-
duite à quatre mille, & environ cent hommes d'armes,
de huit cens qu'ils étoient auparavant. L'armée na-
vale, commandée par Rence de Ceri & André Do-
ria, ayant fait une descente dans l'isle de Sardaigne,
qui étoit fous la domination Espagnole, y trouva une
fi grande abondance de vivres, que les foldats qui
jeûnoient depuis long-tems, s'étant remplis avec trop
d'avidité, furent auffi attaquez de maladies contagieu-
fes, qui en mirent un grand nombre au tombeau; &
comme fi le fléau de la peste n'eût pas fuffi pour dé-
truire un fi grand nombre de foldats François, la per-
fidie d'André Doria qui changea de parti, acheva de
tout perdre.

André Doria

commence à être mécontent de la cour

Il n'eut pas plutôt accepté le généralat des galeres XXIV. de France, que fes ennemis formerent le deffein de le perdre; ils donnerent par différens artifices, un tour malin aux affaires fréquentes, que l'exécution de fa de France. charge faifoit naître dans le confeil, & ils ne perdirent aucune occafion de le deffervir, enforte qu'il passa bien-tôt dans l'efprit du roi pour un homme importun, intéreffé & d'une humeur incompatible. Doria conçut aisément qu'on vouloit sa ruine; il

AN. 1528.

XXV.

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avoit ftipulé que Genes fa patrie feroit remife en plei
ne liberté, & qu'on reftitueroit à cette république tous
les états qu'elle avoit poffedez au commencement des
derniers troubles d'Italie; & pour faciliter l'exécu
tion du traité, il avoit difpofé ceux de Genes à pro-
mettre au roi deux cens mille écus, qui feroient payez
auffi - tôt qu'on leur auroit tenu parole. Cependant
en France on différoit toujours fous divers prétextes,
parce qu'on vouloit retenir Savonne, dont le port
toit beaucoup plus commode que celui de Genes. La
victoire que Philippin Doria fon neveu venoit de
remporter, fournit un fujet de querelle entre fon on-
cle & la France. Il avoit envoyé à Doria le marquis du.
Guât, le Connétable Colonne, & les autres prifonniers
de marque pour en tirer rançon, fuivant le dernier
traité; cependant Lautrec vouloit qu'ils passassent en
France, & qu'ils fuffent conduits au roi. Doria n'y
voulut jamais confentir, alléguant que par leur rançon,
il prétendoit fe dédommager de celle qu'il auroit reti-
rée du prince d'Orange, fi le roi ne lui eût accordé la
liberté, lorfqu'il le fit prifonnier à Portofino durant le
fiége de Pavie.

Guillaume du Bellay seigneur de Langey qui étoit Lautrec lui en- auprès de Lautrec, l'informa que Doria étoit très-mépour tâcher de content de la France, qu'il ménageoit quelque intri

voye Langey

le gagner.

gue avec les Genois, pour rendre à sa patrie son ancienne liberté, qu'il demandoit qu'on les remît dans la joüiffance de l'impôt fur le fel qu'on leur avoit ôté, pour en gratifier la ville de Savonne, & qu'on le fatisfit fur la rançon du prince d'Orange. Lautrec fur ces avis fit partir Langey fur le champ, pour aller remontrer au roi que les affaires en Italie demandoient abfolument

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