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abfolument qu'il ne mécontentât pas Doria, & qu'il
le retînt à son service. Langey perfuadé que la prin-
cipale difficulté confiftoit à radoucir l'efprit de Do-
ria irrité par les miniftres de France, crut qu'il y de-
voit travailler avant que de fe rendre à la cour, & paf-
fa
par Genes, où Doria qui étoit fon ami, ne voulut
pas permettre qu'il logeât dans une autre maison que
la fienne. Il y demeura trois jours, & appaifa fi bien
Doria, qu'il le disposa à faire un nouveau traité avec
la France,& ne le quitta point, qu'ils ne fuffent enfem-
ble convenus des articles, sous le bon plaisir du roi.
Langey, après cette négociation, partit en pofte pour
Paris, & repréfenta dans le confeil de quelle importan-
ce il étoit de ne point chagriner un homme qu'il avoit
laiffé à Genes dans les meilleures difpofitions du mon-
de pour bien fervir la France, & parla des articles dont
il étoit convenu avec lui, pourvu que le roi rendît le
trafic du fel aux Genois, & qu'on le contentât fur l'ar-
ticle des prifonniers ; mais il trouva un obftacle invin-
cible du côté de l'intérêt du maréchal de Montmoren-
cy qui étoit fort en faveur.

AN. 1528,

XXVI.

Barbezieux

!

de Doria & de

Comme ce feigneur gouvernoit l'état fous l'autorité du roi, il avoit obtenu de fa majefté le revenu de On envoye l'impôt du fel à Savonne, qui lui procuroit dix à douze mille écus par an. La crainte d'en être privé des galeres. l'obligea à s'entendre avec le chancelier du Prat, pour examiner devant le roi le traité que Langey avoit apporté, & ce chancelier qui flatoit Montmorency lorsqu'on mit l'affaire en délibération au conseil, rejetta les propofitions de Doria & les traita de ridicules, comme s'il eût eu deffein de donner la loi à fon maître; il fit réfoudre enfuite qu'on lui ôteroit le gé

néralat, & qu'on mettroit en fa place Antoine de la AN. 1528. Roche-foucaud, feigneur de Barbezieux, qui fut auffitôt envoyé avec le titre d'amiral de la mer du Levant, avec ordre de fe rendre à Genes, & de fe faifir d'André Doria & de toutes fes galeres. Mais l'affaire ne fut pas conduite fi fecretement que Doria n'en fût informé, même jufqu'aux moindres circonstances. De Savone où il étoit, il fe retira dans Genes, où Barbezieux l'alla trouver pour conférer avec lui. Il ne refufa past l'entrevûë que celui-ci lui demandoit, avec les précautions néceffaires pour n'être pas furpris; il fit entendre à Barbezieux, qu'il fçavoit le fecret de la commiffion, mais qu'il ne l'exécuteroit pas auffi aifément qu'il le croyoit, qu'il avoit ordre de se saisir de ses galeres & de fa perfonne, qu'il ne craignoit point pour lui ; que quant aux galeres il vouloit bien rendre celles du roi, mais qu'il garderoit les fiennes.

XXVII.

le parti de la

te avec l'em

Après cette converfation, qui ne fut pas longue, Doria quitte Doria fe retira à Portofino, & acheva fon traité avec France, & trai- l'empereur à des conditions fort avantageufes. Le marpercur. quis de Guât fon prifonnier en avoit été le médiaGuicciardin. teur; il lui offrit au nom de fa majefté impériale, la Mem. du Bel- charge d'amiral de toutes les flotes de la maifon d'Au Aug Faft. lb. triche, la liberté de Genes, & l'affujettissement de SaRynld. ad Vonne à celle-ci, auffi - tôt que ces deux places fehunan.roient ôtées aux François, outre la principauté de

lib. 19.

Lay Liv. 3.

6.

Melphi & foixante mille écus d'appointemens. Cette défection de Doria fauva à l'empereur la couronne de Naples. Barbezieux fut contraint pour s'opposer à un ennemi fi redoutable fur la riviere de Genes, de s'arrêter long-tems à Savonne, pour la mettre en fureté. Il débarqua, pour renforcer la garnison de Ge

le

nes, cinq cens fantaffins François, & douze cens AlleAN. 1528. mands, qu'il avoit ordre de mener à Lautrec, dont l'armée périffoit de jour en jour par la contagion, outre que l'argent lui manquoit depuis long-tems, Barbezieux fut encore arrêté près de trois semaines par pape pour lui aider à recouvrer Civita-vecchia, au lieu de porter droit à Naples le prince de Navarre, frere du roi Henri de Navarre, avec le renfort qu'il conduifoit. Tous ces retardemens donnerent à Philippin Doria le tems de ravitailler Naples avec fes huit galeres, & André Doria y vint lui-même conduire un convoi à la vûë de l'armée Françoife, ne faisant plus myftere de fa trahison.

La pefte con

ger

Françoife.

L'autrec attendoit toûjours avec beaucoup d'im- XXVIII. patience le renfort qu'on lui faifoit efpérer, il le re- tinue de ravaçut enfin, mais au nombre de dix-huit cens hommes a l'armée feulement, aufquels il fallut envoyer une escorte à Nôles, parce que la tempête les avoit empêché de defcendre plus près. L'escorte fut battue par les Impériaux, & la pefte étant devenuë plus violente, l'armée Françoife fut réduite au tiers dès le commencement du mois d'Août. On confeilla à Lautrec, pour éviter la malignité de l'air, de fe retirer à Capoue ou ailleurs; mais fon obftination le conduifit à fa propre ruine, & la raifon qu'il alléguoit fut qu'il avoit écrit au roi, qu'il obligeroit ceux de Naples de fe rendre à difcrétion, & qu'il y alloit préfentement de fa réputation de tenir parole; l'événement justifia qu'il avoit trop promis. Le camp des François devint d'a-bord un hôpital, & enfuite un cimetiere; le comte de Vaudemont, feul capable de commander l'armée, & de fuccéder à Lautrec, mourut le premier des per

AN. 1528.

XXIX.

fonnes de qualite, Charles frere bâtard du roi de Navarre, Camille, Trivulce, & beaucoup d'autres le fuivirent de près. L'autrec fut attaqué comme eux, & fuccomba de même; il mourut la nuit du quinziéme au feiziéme d'Août de cette année 1528. & justifia par sa mort le reproche que les Efpagnolslui avoient fait fouvent d'aimer mieux s'égarer en fuivant fon caprice, que d'aller droit en suivant l'avis

Mort d'Odet des autres.

de Foix, feigneur de Lau

trec.

Brantome

M.de Lautrec.

Lautrec.

Lautreco. Gon

Ludovici Cor

Son corps fur porté dans Naples, & enfermé dans Pau! Jou. in une cave, où il auroit manqué de fépulture, fi vingtElog. huit ans après un feigneur Efpagnol, ayant trouvé dans l'éloge de ce corps que fes gens avoient laiffé dans un tombeauMem. da Bel- très-commun, ne lui en eût fait dreffer un très-maLay liv. 3. gnifique de marbre, dans l'églife de fainte Marie la Epitaphe de neuve de Naples, en la chapelle du duc de Seffa, où Odeto Fuxio on lit une épitaphe latine, qui dit, que le petit-fils du Jalvas Ferdi- grand Gonfalve de Cordoue voyant le corps d'Odet nandus filius de Foix feigneur de Lautrec, enfeveli fans honneur, duba, magni quoiqu'ennemi de fa nation, après avoir fubi le fort' pes, cum ejus de la guerre, lui avoit fait ériger ce monument dans la botis, ut beli chapelle de fes ancêtres. Il avoit époufé Charlotte d'Alfortuna tule- bret, troisième fille de Jean seigneur d'Orval, dont il re jacere com- avoit eu Gaston, François & Henri' morts assez jeumanarum mi- nes, & Claude de Foix, mariée d'abord à Gui, comte de Laval, enfuite à Charles de Luxembourg, vicomte vi.ofaccilo, du- de Martigues. Le pape lui fit faire de magnifiques obnus princeps feques à Rome, & François I. fit la même chofe dans pofuit. F'églife de Notre-Dame de Paris.

Gonfalvi Ne

rat, fine hono

periffet, bu

feriarum me

mor, ita in a

ci gallo Hipa

XXX.

Les François levent le fiége

Après fa mort le marquis de Saluffes prit la conde Naples,& duite des reftes de l'armée Françoife, & la premiere retirent à A- fonction qu'il en fit, fut d'écrire à Rence de Ceri, &

verfe.

Paul Jove hif

Belcarins l.zo.

10.

an prince de Melfi de le venir joindre pour l'aider à AN. 1528. lever le fiége de Naples. Ce dernier étoit devant Guicciard in Gayette, & l'avoit réduite à l'extrémité, lorsque Doria lib. 19. vint la ravitailler avec douze galeres. Le marquis de toria lib. 28. Salusses ne l'attendit pas, il décampa pendant la nuit, Raynaldus n. mais il ne put le faire fi fecrettement que les Impériaux n'en fuffent avertis ; la garnifon de Naples fit une fortie générale ; tous ceux des François qui étoient demeurez pour former une efpéce d'arriere-garde, moururent les armes à la main, & les moindres officiers & foldats furent faits prifonniers. Pierre de Navarre qui commandoit cette arriere-garde, fut du nombre de ces derniers. Ce capitaine fi célébre, né d'une famille de la lie du peuple dans la Bifcaïe, s'étoit élevé par fon propre mérite aux premieres dignitez militaires. Il fut le premier qui inventa les mines, quoique quelques auteurs affurent que les Genois s'en étoient fervis avant lui. Ayant été fait prifonnier par les François à la bataille de Ravenne en 1512. les Espagnols se mirent fi peu en peine de le faire fortir de prison, où il languit long-tems, que dégoûté d'une nation qu'il avoit servi fi utilement, & qui étoit fi peu reconnoiffante, il s'engagea au service du roi François I. auquel il fut toûjours fidéle jufqu'en cette année 1528. qu'il fut fait prifonnier. Les Espagnols pour punir sa défertion, le menerent enchaîné dans le château de Naples, où il les avoit introduits par fon adreffe vingthuit ans auparavant, & le firent étrangler la nuit par re ordre de Charles V. quoiqu'il y ait des auteurs qui, rapportent qu'on l'étouffa entre deux matelats, & que felon d'autres il foit mort de chagrin. Gonfalve Fer- Brantome vie dinand, prince de Seffa, fit enterrer fon corps dans l'é- étrangers.

XXXI.

Mort de Pier

de Navarre.

Paul Jove in

Alvar Gomez

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des capitaines

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