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AN. 1529.

ne; étant à Plaisance, trois envoyez du pape vinrent le D. Anton. de trouver pour lui demander qu'il jurât de ne violer jaVera hift. de mais la liberté de l'églife. Charles répondit, qu'il promettoit de ne faire aucun tort aux droits de l'églife; mais il ne laiffa pas de faire connoître le droit qu'il avoit fur les villes de Parme & de Plaisance.

Charles V. p.

176.

LXXIX.

Députez des

pereur.

comment, lib.

202.

Dans le même tems arriverent les députez des prinprinces protec- ces Protestans de la diéte de Spire; l'empereur leur tans vers l'em- accorda audience le douziéme de Septembre, dans Sleidan, in laquelle ils l'affurerent, que leurs maîtres ne refufoient de se soumettre au decret de cette diéte, que pour empêcher les troubles qui en naîtroient infailliblement : ils prierent fa majefté, de ne point prendre leur oppofition en mauvaise part, & lui protes terent, qu'ils ne vouloient rien faire qui pût lui déplaire ; mais que rien ne paroiffoit plus juste que d'accorder à toutes fortes de perfonnes, dans tout l'empire, la liberté d'embraffer les opinions de Luther, jufqu'à la tenuë d'un concile libre en Allemagne, qu'on faifoit espérer, & qu'à ces conditions leur maîtres ne manqueroient pas de répondre à tous fes défirs, soit touchant la guerre contre les Turcs, foit à l'égard des autres charges de l'empire. Ces députez étoient, Jean Ehinger, Alexis Fraventrale, & Michel Cadene de Nuremberg.

L'empereur leur ayant fait dire par fon interpréte, qu'il avoit entendu leurs demandes, & qu'il agréoit les fervices qu'ils lui offroient au nom de leurs maîtres, ajouta qu'il ne pouvoir répondre précisément à leurs demandes, qu'après en avoir communiqué avec fon confeil, & les remit au treiziéme d'Octobre. Ce fut donc ce jour-là qu'il leur donna fa réponse par écrit.

II

AN. 1529.

l'empereur à

Sleidan. ibid.

Il y déclaroit qu'avant leur arrivée, il étoit informé de tout ce qui s'étoit paffé dans la diéte de Spire, LXXX. & du decret de Ferdinand fon frere; qu'il ne falloit Réponse de nullement douter, que la difcorde qui divifoit les prin- ces députez. ces ne le touchât fenfiblement, eu égard aux maux us suprà, dont on étoit menacé; mais que, comme il étoit de fon devoir d'arrêter tous ces maux ou de les corriger s'ils arrivoient, il avoit pour cela long-tems délibéré fur cette affaire avec fon confeil, & qu'il avoit connu que le decret avoit été fait très-fagement, pour appaifer les troubles de l'empire, & pour réprimer cette fcandaleufe licence qu'on prenoit d'introduire tous les jours des nouveautez trèsdangereuses dans la religion. Qu'il souhaitoit autant que les princes un concile pour réunir tous les ef prits dans une feule créance: mais que fi l'on eût ob fervé ses édits, & principalement celui de Wormes, on ne feroit pas maintenant en peine d'en convoquer un. Que ce qui avoit été une fois réfolu par le plus grand nombre des membres de la diéte, ne pouvoit être caffé par l'oppofition de quelques-uns; qu'il avoit écrit à l'électeur de Saxe & aux autres, cevoir & d'exécuter le decret de la diéte; qu'il efpéroit qu'ils obéïroient à cet ordre, d'autant plus volontiers, que l'union & la paix étoient très-nécessaires dans un tems où le Turc étoit entré en Allemagne. Qu'après avoir conféré fur ce point avec le pape, & réglé les affaires de l'Italie, il ne manqueroit pas d'aller avec toutes les forces donner ordre à celles de l'empire.

de re

LXXXI.

Ces députez

Les députez ayant reçu cette réponse, voulurent faire une nouvelle proteftation, & drefferent en effet proteftent co

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tre la réponse

Sleidan. ut fu

prà. p. 204.

un acte d'appel, qu'ils mirent en préfence de témoins, entre les mains d'Alexandre Schweiffe, qui d'abord le de l'empereur. refufa, & le prit enfuite pour le présenter à l'empereur. Cette démarche choqua tellement ce prince, qu'il leur fit faire défenses de fortir de la maison où ils étoient logez, jusqu'à nouvel ordre, & d'écrire en Allemagne, fur peine de prifon & de confifcation de leurs biens. Michel Cadene un des députez, qui étoit abfent lorfque cet ordre fut fignifié aux autres, en ayant été averti par fon valet, écrivit auffi-tôt au fénat de Nuremberg tout ce qui venoit de se paffer, prétendant qu'il n'étoit pas compris dans la défense faite à ses collegues.

La détention des députez ne fut pas longue; car l'empereur étant allé peu de tems après de Plaisance à Parme, il leur envoya dire le trente-uniéme d'Octobre, presque auffi-tôt après son arrivée, qu'ils pouvoient s'en retourner. Celui qui fut chargé de cet ordre, étoit Nicolas Granvelle fécretaire de Gattinara, homme expérimenté dans les négociations. L'ordre exceptoit néanmoins Cadene, auquel l'empereur commanda de demeurer fur peine de la vie, apparemment parce que contre la défense du prince, il avoit écrit en Allemagne. On rapporte cependant une autre caufe de fa détention, mais qui ne paroît pas fi plaufible. Le landgrave l'avoit chargé de présenter à l'empereur un petit livre proprement relié, contenant un abrégé de doctrine. Cadene fidéle à la commiffion l'avoit donné ou fait donner à l'empereur, lorfque ce prince alloit à la meffe. Charles remit auffitôt ce livre à un évêque Efpagnol qui l'accompagnoit, le priant de l'examiner. L'évêque l'ayant fait, fit remar

quer à l'empereur, que l'auteur de ce petit livre attaquoit vivement les magiftrats Chrétiens sur leur jurifdiction, prétendant qu'ils ne pouvoient jamais user du glaive, & qu'un tel pouvoir n'étoit accordé qu'aux infidéles. Si ce fut là la caufe de l'ordre donné à Cadene, apparemment que l'empereur vouloit s'éclaircir avec lui fur l'auteur de cet écrit, & les raisons qu'avoit le Landgrave de le lui faire présenter. Quoi qu'il en foit, Cadene ne jugea pas à propos d'obéïr à l'ordre de l'empereur, mais étant monté secretement à cheval, il prit la route de Ferrare, d'où il fe rendit à Venise pour s'en retourner chez lui.

AN. 1529

Différends

gliens.

und des des ZuinCochlaus in Lutheri hoc

act. & fcript.

anno pag. 199. Sleidan. in comment. lib.

Le fénat du Nuremberg ayant reçu fa lettre, ne LXXXII. manqua pas de faire fçavoir à l'électeur de Saxe, au landgrave de Heffe, & aux autres confédérez, la réfolution de l'empereur pour faire obferver le décret de Spire, & c'est ce qui donna occafion à la fameuse ligue de Smalkalde, pour laquelle ils commencerent à s'assembler fur la fin de Novembre. Mais avant que d'en venir là, le landgrave de Hesse tenta encore de vide fuprà lib. concilier les Lutheriens avec les Zuingliens fur le 387.& 89• fait de la céne du Seigneur, & de la présence réelle. On fçait que Luther & Zuingle s'étoient accordez fur tous les chefs de leur doctrine jusqu'en 1525. & que. venant à expliquer le mystere de l'eucharistie, ils ne furent pas du même fentiment. Car quoiqu'ils convinffent tous deux que corps & le fang du

le

Seigneur font dans le facrement feulement dans l'ufage, c'est-à-dire, lorfque le communiant qui croit reçoit actuellement l'eucharistie, & non pas auparavant ni après; néanmoins Luther enfeignoit que ces paroles, ceci eft mon Corps, devoient s'entendre à la

Lij

AN. 1529.

lettre ; & Zuingle au contraire, qu'il les falloit prendre dans un fens figuré, fpirituel & facramentel. La difpute s'échauffoit toujours de plus en plus, principalement du côté de Luther, qui s'expliquoit en toutes occafions avec beaucoup d'aigreur. Oecolampade dans une lettre qu'il écrivit à Melanchton pendant la diéte de Spire, fe plaignoit des efforts que faifoit Faber évêque de Vienne, pour faire condamner le fentiment des Zuingliens, & le prioit de prendre leur LXXXIII. défense. Melanchton lui répondit, qu'après avoir lanchton à Oc-examiné l'opinion des anciens fur la céne, & tout pour la préfen- ce qui fe pouvoit dire de part & d'autre, il ne pou Interepift. Me- voit approuver le fens figuré, & ne voyoit point Lanchtonis lib. de raifon fuffifante pour s'éloigner de la propre fi

Lettre de Mé

colampade

ce réelle.

4.

gnification des termes. Que fi la politique le conduifoit, il parleroit autrement, connoiffant le grand nom bre d'habiles gens dans le parti des facramentaires dont l'amitié lui feroit avantageufe: mais qu'il ne pouvoit déférer à leurs fentimens. Qu'ils s'imaginoient cue le corps JESUS-CHRIST absent, étoit repréfenté dans l'euchariftie comme dans une tragédie ; qu'il voyoit au contraire, que le Sauveur avoit promis d'être avec nous jufqu'à la consommation du fiécle ; qu'il n'étoit pas néceffaire de féparer ici la divinité de l'humanité : qu'ainsi il étoit perfuadé que ce facrement étoit un gage de la préfence véritable, & que l'on participoit dans la céne au corps de JESUS-CHRIST préfent que la fignification propre des termes, ne combattant aucun article de foi, on l'abandonnoit fans. raifon, puifqu'elle s'accordoit même avec d'autres paffages de l'écriture, où il eft parlé de la présence de JESUS-CHRIST.

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