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que

la fin pour laquelle il avoit été inftitué. Les uns ont prétendu que dans fon Origine c'étoit un Ordre Militaire, & même que ç'a été le plus ancien de tous, les autres Religions Militaires n'étant que comme autant de branches qui fortoient de cette fouche feconde. Ils disent qu'il a eû fainte Marthe pour Inftitutrice, faint Lazare fon frere pour premier General, ou pour Grand Maître,comme ils ont été nommez depuis, & fainte Marie Madeleine pour Fondatrice de plufieurs Maifons. Deforte qu'oc cupez aux pieux & faints exercices de la charité Chrétienne, ils recevoient gratuitement les Pelerins qui venoient en Jerufalem y adorer les Sacrez veftiges du Sauveur du monde. Peu à peu on vit augmenter cette fainte Societé & des perfonnes riches fe convertiffant à la Foi, confacroient leurs biens aux mêmes ufages : & de cer affemblage de perfonnes qui s'étoient vouez à fervir les pauvres

pour

dans les Hôpitaux & les Pelerins, il s'en forma un Corps de Milice, tenir à ces derniers le chemin libre dans leurs Voyages. Mais Lazare, que la perfécution obligea de quitter la ville de Jerufalem, étant arrivé en France avec fes deux Sœurs, le propofa de remettre fur pied le Corps de Milice qu'il avoit commandé à Jerufalem, & fit prendre les Ar. mes à ceux de fa Congrégation. Ainfi les Pelerins expofez par de longs Voyages, devoient à leur vi gilance la fureté qu'ils trouvoient fur les chemins, & le fecours qu'ils trouvoient dans les Hôpitaux. Cet Ordre devint fi célébre, qu'il s'étendit bien-tôt dans les Païs étran gers.Il paffa premierement dans le Royaume de Naples, où ces Hof. pitaliers s'établirent à Pouzzol, & enfuite à Rome. Des tems fi éloignez, & les divers évenemens qui font arrivez dans ces premiers Siécles, qui ont dérobé à la tradition tant de chofes dont nous n'avons

aucune connoiffance, nous ont privé de la fuite des Grands Maîtres qui ont gouverné cette Mili. ce facrée depuis Lazare, jufqu'à la fin du cinquiéme Siécle; & le premier dont M. de Blegni, dans fon Projet des Ordres Militaires, faffe mention, eft Luc de Briquel, qui eût pour fucceffeur en 498. Cecile de Mondragon. Nous ne fuivrons pas cet Auteur qui prend la qualité de Commandeur & d'Administrateur general de l'Or dre du faint Efprit, dans tout ce qu'il avance fur fon antiquité, ce détail nous meneroit trop loin.

Mais les Chanoines Réguliers qui deffervent le fameux Hôpital de Montpellier, & les autres qui en dépendent,auffi-bien que l'Hôpital du faint Efprit de Rome, ont regardé cette opinion comme une idee chimérique, & prétendent que cette Milice du faint Efprit qui exifte maintenant, n'a eû fon. établissement que long-tems après la Fondation de ces célébres Hô

pitaux; & qu'ils ont même ufurpé leurs biens pour les ériger en Commanderies. Ce n'eft pas à moi à réfoudre ni à décider un fait fi important: on peut voir dans leur fource les raifons que ces trois habiles gens ont aportées pour foûtenir leurs droits.

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Ce qu'il y a de plus certain & que peu de perfonnes conteftent, c'eft qu'un Gentilhomme de Montpellier, nommé Guy ou Guido, fils de Guillaume, Seigneur de Montpellier, & de Sibille, bâtit vers l'an 1195. dans cette Ville un célébre Hôpital pour les pauvres infirmes, & prît fainte Marthe pour être la Patrone. Sa naiffance, fon infigne charité & fon habileté le rendirent très-recommandable, & procuré. rent bien-tôt de grands biens à ce nouvel établiffement. Il affocia avec lui d'autres perfonnes pour en avoir foin, & affifter les pauvres de leurs biens. Son Ordre s'étendit en peu de tems en plu

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fieurs endroits, comme il paroît par la Bulle du Pape Innocent III. du vingt-troifiéme Avril 1198. qui en confirmant cet Ordre, fait le dénombrement des Maifons qu'il avoit déja, dont il y en avoit deux à Rome, l'une au-delà du Tibre, & l'autre à l'entrée de la Ville fous le nom de fainte Agathe, une autre à Bergerac, une à Troyes, & d'autres en differens lieux. Ce Souverain Pontife voyant l'importance & l'utilité de ces lieux d'azile pour les pauvres malades, que la faim & la mifere réduifoient bien-tôt aux abois, & qui périf foient faute d'une main charitable qui les affiftât, écrivit à tous les Archevêques, Evêques & Prélats de l'Eglife, pour les prier que s'il fe trouvoit quelques perfonnes pieufes de leurs Diocéfes, qui vou luffent faire quelques donations à ces Hofpitaliers, de n'y point mettre d'obstacles. Il les exhorta auffi d'accorder à ces Hofpitaliers la permiffion de bâtir des Eglifes

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