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aux Hébreux, montre qu'elle paffoit pour Canonique dès le fecond fiecle. Tertulien là cite encore dans fon livre de Pudicitia, chap. 20. quoique fous le nom de S. Barnabé. Je fuis furpris que le fçavant Cardinal Bellarmin ait ignoré ces deux citations; lorfDe Ver- qu'il a dit dans fes Controverfes, bo Dei, qu'il ne fçavoit entre les Peres Latins, que les feuls Tertulien, Cyprien, Lactance, & Arnobe, qui n'euffent point fait mention de l'Epître aux Hébreux.

lib. 1.

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Praxeas. Il étoit d'Afie, comme dit Philaftre, & vivoit encore du tems de Tertulien; comme celui-ci le marque dans le livre qu'il a écrit contre cet Hérétique. Ses Sectateurs ont été auffi appellés Patropaffiens,à caufe qu'ils foutenoient que Dieu le Pere avoit fouffert la Paffion, étant la même chofe que le Fils. On a donné le même nom enfuite aux Sabelliens pour la même raison. On ne sçait

rien

rien de certain par rapport à ce Victorin, Difciple de Praxéas, dont Tertulien parle ici.

ILe

Left à propos de faire ici deux importantes obfervations : l'une fur le tems auquel le Livre des Prescriptions a été fait ; l'autre fur l'Auteur du Catalogue des Héretiques, qui eft joint à cet Ouvrage. Selon Pamélius ce Livre a été écrit en 203. felon Tillemont environ 200. felon Baronius en 197. Quel que foit le tems précis où cet Ouvrage a commencé de paroître, il eft plus important de fçavoir, fi Tertulien étoit encore dans l'Eglife Catholique,lorfqu'il le compofa.M. Alix, Miniftre Proteftant d'Angleterre, foutient que Tertulien étoit déja pour lors Montanifte. M. du Pin embraffe l'opinion du Protestant, comme il est suivi lui-même en ce point par les Auteurs du grand Dictionaire Hiftorique: fi toute, R

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fois ces Auteurs ne font pas le même M. du Pin, dans la plupart des articles, qui regardent l'Hiftoire Eccléfiaftique. Prefque tous les autres Critiques & les plus habiles foutiennent, que Tertulien étoit encore Catholique,lorf qu'il écrivit le livre des Prefcriptions. Voïez là- deffus les Memoires de M. de Tillemont, qui refute les objections du Miniftre, & du Docteur de Sorbonne.

En effet, y a-t'il la moindre vrai-femblance que Tertulien, Montanifte, eût jamais fait un auffi excellent éloge de l'Eglife Romaine, que celui qu'il en fait dans cet ouvrage, Prescription huitiéme, & ailleurs? Heureufe Eglife, s'écrie-t'il, dans le fein de laquelle les Apôtres ont répandų toute leur Doctrine avec leur fang: Felix Ecclefia, cui totam doctrinam Apoftoli cum fanguine fuo profuderunt. C'est d'elle que nos Eglifes d'Afrique tirent leur

origine: Undè nobis

quoque autho ritas præfto eft. Elle nous propofe la Regle de notre Foi; & quiconque ne fe foumet pas à cette Re-gle, eft regardé comme un excommunié:& ita adversùs hanc inftitutionem neminem recipit. Dira-t'on, qu'il vouloit peut-être la ménager, cette Eglife Romaine? Mais Tertulien a-t'il jamais été d'un caractere fi complaifant ? Jugeons- en par les cruelles & fanglantes fatires qu'il a publiées contre elle depuis fon apoftafie. Il lui fallut devenir Hérétique pour se déchaîner contre Rome: il étoit donc Catholique, lorsqu'il la combloit de louanges. M. du Pin n'approuvoit pas ce raisonnement, comme il le témoigne dans fes Notes fur l'article de Tertulien: il falloit donc qu'il l'affoiblît par quelque raison solide, préférable à sa seule autorité.

Qu'on life encore la feconde & la quatriéme Prescription, fans,

parler des autres; & l'on verra; que fi Tertulien eût été dès lors Montaniste, il ne pouvoit se condamner lui-même d'une maniere plus forte, qu'il condamne tous les autres Novateurs. Les argumens qu'il emploie contre Valentin, Apelles, Marcion, & autres Héréfiarques, prouvent également contre les Montaniftes fans quoi il faut dire dans ces endroits, Tertulien raisonne en étourdi ou en fourbe. Rien ne nous oblige de lui intenter une fi étrange acufation.

On fçait, enfin, qu'une des principales erreurs de Tertulien Montanifte, étoit, que le SaintEfprit avoit revelé plus de verités à Montan, qu'aux Apôtres même ; & il tâche de prouver ce paradoxe par ces paroles de faint Jean chap. 16. Adhuc multa habeo loqui vobis, fed nondum potef tis ea bajulare: cùm venerit ille Spiritus veritatis, deducet vos in

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