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tent les Actes des Apôtres : Montrez-nous qui eft ce Paul, dont vous faites mention? Qu'étoit-il avant fon Apoftolat? Comment devint-il Apôtre ? Montrez-lenous; dis-je, puifque vous prétendez vous fervir de fon authorité en une infinité d'autres quef

Galat. 1. tions. Car, qu'il attefte lui-même, que de perfécuteur il eft devenu Apôtre, fon feul témoignage ne fçauroit être fuffifant pour convaincre un homme, qui ne veut croire qu'après avoir bien éxaminé toutes les preuves. Le Seigneur n'a pas voulu lui-même, qu'on s'en rapportât à fon feul témoignage.

Joan. 5.

Accordons néanmoins à nos adverfaires ce qu'ils prétendent fur ce point. Il faut toujours,qu'en nous reprochant que faint Pierre a été repris par faint Paul, ils nous prouvent que celui-ci a introduit une forme d'Evangile différente de celle qui avoit été déja établie

par faint Pierre, & par les autres Difciples. Mais au lieu de cela 4.9 on voit que de perfécuteur étant devenu Prédicateur, il eft conduit aux freres par les autres freres, & comme un des freres, & qu'il s'unit à ceux qui avoient été inftruits par les Apôtres. Enfuite, comme il le raconte lui-même, Galat. il fait un voïage à Jerufalem pour voir Pierre, & lui rendre fes devoirs;& pour faire connoître ainsi à tout le monde qu'il étoit uni à ce Chef visible de l'Eglife, dans la mêmeFoi & dans la mêmeDoctrine. Certainement lesFideles n'au roient pas regardé avec autant d'admiration qu'ils firent,le changement extraordinaire qui étoit arrivé en lui, s'ils lui avoient entendu prêcher une Doctrine contraire à celle qu'ils avoient apprife moins encore auroient-ils loué le Seigneur, de ce que fon ennemi Paul les étoit venu trouver. Cependant ils lui donnerent

:

la main en figne d'union & d'amitié ils réglerent ensemble la diftribution des emplois. Ils convinrent, non que l'un prêcheroit une chofe, & l'autre une autre; mais que l'un prêcheroit aux uns, & un autre aux autres ; ceft-à-dire, Pierre aux Juifs, & Paul aux Gentils. Du refte, fi Pierre fut repris de ce qu'après avoir mangé auparavant des mêmes viandes dont les Gentils avoient coutume d'user, on voit affés qu'il étoit queftion feulement d'une faute, qui regardoit plutôt la maniere d'agir, que la maniere de. prêcher l'Evangile. Car on n'entendit jamais prononcer d'autre Dieu, que le Créateur; ni d'autre Christ, que le Fils de Marie; ni d'autre efpérance, que celle de la Réfurrection.

Je ne fuis pas affés vain, ou plu tôt affés témeraire, pour ofer commettre deux Apôtres enfemble: cependant, puifque ces critiques importuns

importuns ne nous reprochent cette réprimande de faint Paul, que pour trouver à redire à la doctine de faint Pierre, je vas comme répondre pour celui-ci, & je dis que faint Paul avoue luimême, qu'il a vécu comme Juif 1. Cr. 9. avec les fuifs, comme incirconcis avec les incirconcis ; enfin qu'il s'eft fait tout à tous pour les gagner tous, Il eft donc vrai, qu'eû égard au tems, aux perfonnes, & à d'autres circonstances, les Apôtres pouvoient blâmer certaines chofes,qu'ils pratiquoient néanmoins enfuite , pour s'accommoder au tems, aux perfonnes & à d'autres circonftances femblables. C'est comme fi faint Pierre reprenoit faint Paul, de ce que condamnant la Circoncifion, il avoit cependant circoncis Timothée. Je Aft. 16. le répete: il faut être bien hardi. pour ofer s'établir Juge des Apôtres. Pierre & Paul furent donc unis, fur-tout dans leur martyre

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3. Cor.

12.

Chap.

qu'ils fouffrirent le même jour pour Jefus-Christ.

Mais n'eft-il pas vrai que faint Paul fut ravi jufqu'au troifiéme Ciel, & qu'il y apprit des chofes toutes nouvelles ? Je répons, que les chofes miftérieuses qu'entendit alors cet Apôtre, ne contenoient rien de contraire à l'Evangile, & ne regardoient pas même l'inftruction des Fideles, puifqu'elles étoient fi ineffables, qu'il n'étoit permis de les reve ler. Que fi les chofes miftérieufes, dont il parle, font venues à la connoiffance de quelqu'un, & que ce foit là ce que les Hé rétiques fe vantent de foutenir, il faut dire, ou que faint Paul a commis un crime en révélant le fecret, ou que quelqu'autre à été auffi ravi jufques au Ciel, & qu'il lui a été permis de publier ce que faint Paul ne pouvoit pas découvrir à perfonne. C'est donc une folie,

comme

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