tôt, lorsqu'il le corrige felon fes idées, il fait voir par là même, que ce qu'il corrige aujourd'hui comme défectueux, ne le paroiffoit pas autrefois à tous, puifqu'il étoit admis. Je me contente de nommer feulement ces deux Hérétiques, comme les deux plus hardis corrupteurs de la verité. Il est vrai qu'il y a encore je ne fçai quel Nigidius, & un certain Hermogéne, & quelques autres, qui courent de toutes parts pour détourner les Fideles des voies du Seigneur. Mais je leur demande, comme à leurs femblables, d'où ils font fortis, & par quelle autorité ils ont été établis ? S'ils nous prêchent un Dieu different du nôtre, pourquoi fe fervent-ils des Ecritures & des propres témoignages de ce Dieu, contre lequel ils prêchent? Mais s'ils annoncent le même, pourquoi l'annoncent-ils autrement que nous ? Qu'ils nous prouvent leur nou

vel Apoftolat, & leur nouvelle Miffion; qu'ils nous démontrent que Jefus Chrift eft defcendu une feconde fois fur la terre; qu'il y a enfeigné de nouveau ; qu'il y a été crucifié, qu'il y eft mort, qu'il y eft reffufcité comme autrefois; qu'il les a envoïés pour rendre témoignage de fa Divinité. Car, outre les autres marques par où il veut qu'on reconnoiffe ses vrais Apôtres, une des principales, eft le pouvoir qu'il leur a communiqué de faire les Miracles, qu'il a faits lui-même. Publions donc les Miracles des Hérétiques. Certainement, ils font plus que les Difciples de Jefus-Chrift-même : ceux-ci faifoient revivre les morts, & ceuxlà font mourir les vivants.

31.

Mais pour revenir à ce que Chap. j'avois commencé de prouver, fçavoir,que le menfonge ne vient jamais qu'après la verité, je le confirme encore par la Parabole

Matth.

13.

Ibid.

de l'Evangile, où il eft dit, que le Seigneur commença de femer le bon grain, & que le Démon fema enfuite de l'ivraïe par-deffus. Cette Parabole n'eft proprement qu'une figure, qui nous représente la diverfité des Doctrines : nous voïons en effet que la parole de Dieu eft comparée dans le même endroit, à la femence qu'un laboureur jette dans fon champ. Ainfi, par la feule difpofition des chofes il paroît, que ce qui a été enfeigné en premier lieu, vient du Seigneur, & de la verité; & qu'au contraire ce qui a été ajouté depuis, vient de l'ennemi de Dieu, & du pere du menfonge. Voilà ce qui condamnera toutes les nouvelles opinions: c'eft ce que leurs Auteurs ne fçauroient démontrer, qu'elles aïent été conftamment la Doctrine de l'Eglife, ni par conféquent qu'elles foient conformes à la verité.

એપ એક

CINQUIEM E

PRESCRIPTION.

A

32.

U refte, fi quelques-unes de Chap, ces héréfies veulent pouffer leur antiquité jufqu'aux premiers fiecles de l'Eglife, afin de prouver qu'elles ont été enfeignées par les Apôtres, puifqu'elles ont commencé de leur tems: voici ce que j'ai à leur répondre. Si, ce que vous dites, eft vrai, montrez-nous donc l'origine de vos Eglifes faites-nous voir la fuite devos Evêques, & que cette 'fuite foit fi conftante, que le premier de ces Evêques reconnoiffe pour prédeceffeur quelqu'un qui ait été nommé par les Apôtres, ou du moins par ces Hommes Apoftoliques qui ont été unis avec les Apôtres. C'eft ainfi que les Eglifes Apoftoliques démon

trent leur origine. L'Eglife de Smyrne fait voir un Policarpe établi par saint Jean. L'Eglise Romaine produit un Clement ordonné par saint Pierre. Toutes les autres Eglifes nous montrent de même ceux, qui aïant été ordonnés Evêques par les Apôtres, tirent leur origine des Apôtres. Que les Hérétiques tâchent d'inventer même quelque chofe de femblable, s'ils le peuvent. Ils le prétendront peut-être ; car des impofteurs déterminés, de quoi ne font-ils pas capables?

***

SIXIE' ME

PRESCRIPTION.

EN

N vain néanmoins ils auront recours à la fiction & au menfonge, leur caufe n'en deviendra pas meilleure. Car leur Doctrine comparée avec celle