LE PERROQUET, LE GEAI ET LE MERLE. C FABLE XII. Ertain Geai fe trouva commenfal d'un logis Avec un Perroquet, oiseaux bien affortis, Tous deux grands babillards, têtes des plus malfaites, Difeurs de quolibets & conteurs de fornettes. De leur babil. Ce couple fans cervelle Cela n'eft pas fort dificile à croire. Près d'eux prifonnier dans fa cage, Un Merle étoit leur auditeur, Ecoutant malgré lui tout leur long verbiage. Nos deux bavards, le prenant pour un fot, Se moquérent de fon filence. Meffieurs, repliqua-t-il, vous raillez fans fujet. Remerciez plutôt ma complaisance D'oüir tranquilement vôtre maudit caquet. LE JEUNE MASTIN ET LE VIEUX. FABLE XII I. A Boiard,chien hargneux,agaçoit tout le monde, Et mettoit fouvent en lambeaux Les jufte-au-corps & les manteaux. Il étoit craint demi lieuë à la ronde. Son Maître lui pendit un gros bâton au cou, Pour modérer fa violence. Cela ne fit qu'augmenter l'infolence De l'Animal: Il en devint plus fou. Croïant que ce bâton étoit la récompenfe De fon mérite, il ne regarda plus Les autres Chiens du voisinage: Mais certain vieux Mâtin,que les ans rendoient fage, Eut pitié de le voir dans un pareil abus. Ami, dit-il, jufqu'où va ta folie La marque de ton infamie? Tu devrois te cacher. A ton acoutrement, Chacun dit : C'eft un garnement: Mais ta cervelle est fi légére Que tu ne fens pas ta misére. Aboïard n'eft pas feul dans cet égarement. . Bien d'autres Animaux encore Vantent fouvent ce qui les deshonore. L'AIGLE, ET LE VAUTOUR. FABLE N XIV. Un jour l'Oifeau de Jupiter, Fit rencontre d'une huitre. Il l'auroit dévorée Toute huitre qu'elle étoit, elle avoit bien raifon. Un Docteur du canton : c'étoit un vieux Vautour, Faites-la tomber fur un roc, Mais de bien haut: voilà tout le mistére. L'Aigle le croit. Il vole au haut des cieux Sans fe douter de la surprise, Laiffe tomber l'écaille, qui se brise, Et fait voir en s'ouvrant un mets délicieux. Mais d'en tâter qui des deux eut la joïe? Ce fut nôtre Larron. Il fondit fur la proïe Dans le moment; & l'Aigle de retour Vit qu'il avoit ouvert l'huitre pour le Vautour. L'efcroc à nos dépens cherche à faire ripaille. Défions-nous de fes avis : Car fi fes confeils font fuivis, Pour lui nous ouvrirons l'écaille. |