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ne jeûnerez pas, ou vous nourrirez deux pauvres, ou vous vous donnerez cinquante coups de fouets: Quinquaginta percuf- 1. 2. p. fiones. C'eft ce que nous lifons dans Re- 378. ginon auteur du ix. Siecle.

fuiy.

Peu aprés l'on racheta les années entieres, ce qui a été fort en pratique du tems de S. Pierre Damien. Le rachat alors fe faifoit principalement par les flagella- Liv. s tions dont ce Cardinal parle amplement Epift. 8. dans fes Lettres au Clergé de Florence, Epift.271 & au Moine Cerebrofus. On voit fur ce &37. fujet un exemple extraordinaire de ferveur dans faint Dominique l'Encuiraffe, lequel pouflé par un mouvement de l'efprit de Dieu, afin de rétablir la penitence qui fe relâchoit de jour en jour, donna grand. cours à cette maniere nouvelle de racheter les années de fa penitence.

liv. 1. g

Ces années & les aufteritez de chacune étoient marquées dans les Livres Penitentiaux qu'il falloit fuivre, felon les differentes efpeces de peché. Le Prêtre qui entendra les Confeffions, dit Reginon, donnera une penitence fuivant la qualité 30. des pechez, comme il eft écrit dans le Penitentiel. C'est pourquoi ce Livre étoit l'un de ceux qu'il leur étoit davantage recommandé d'avoir. Et Charlemagne ad Salz. dans fes Capitulaires leur ordonne de le in fine. bien favoir.

Lorfqu'il y avoit de ces livres qui rẻgloient mal-à-propos les Penitences, parce qu'ils rapportoient les Canons à leur phantaifie, & favorifoient le relâchement, les Conciles en ordonnoient la fuppreffion. Les Confeffeurs, lifons-nous dans leConcile de Châlons en 813. rejetteront les livres Penitentiaux dont les erreurs font certaines, & les Auteurs incertains: parce qu'ils n'impofent que des penitences legeres pour de grands pechez, & font caufe de la mort de plufieurs. Le VI. ConEn 829. Cile de Paris, quelques années aprés ceEn fon lui de Châlons, condamne ces Livres au Opufcule appelle le feu; & dans le x1. Siecle Pierre Damien Gomor les rejettoit encore.

ihien.

Voici comment l'on s'y prenoit du tems de cet Auteur pour racheter fa penitence, felon la liberté qu'on en avoit. Il falloit trois mille coups de foüets, en recitant trois Pfeautiers pour racheter une année de penitence. En doublant les coups & les Pleautiers on accompliffoit un plus grand nombre d'années; de forte que vingt Pleautiers avec une quantité de difciplines proportionnée, expioient cent années : ce que plufieurs accompliffoient en vingt jours. Mais comme la ferveur de faint Dominique l'Encuiraffé le portoit à se difcipliner des deux mains, il accom

pliffoit en fix jours cent années de peni

tence.

C'est à raison de cette pratique qu'on trouve quelquefois des cent années de penitence impofées pour de certains pechez; ce qui n'étoit autre chofe, qu'obliger à reciter vingt Pleautiers, & à fe donner un nombre de difciplines qui y fut proportionné; ou bien à ufer au lieu des exercices de la penitence, des autres compenfations & rachats qui étoient en ufage. L'on prenoit pour accomplir ces cent années le nombre de jours que l'on vouloit; les plus fervens y en mettoient moins.

CHAPITRE V.

Des Indulgences, & de la maniere d'abreger les penitences en faveur des Dedicaces & des bâtimens publics, dans les 11. & 12. Siecles.

A Dédicace des Eglifes donna auffi

Lfieu à de frequentes. Indulgences & à abreger les penitences enjointes. Lorfqu'un Evêque en confacroit quelqu'une, il accordoir un an ou plus d'In

qu'au XIII. Siecle la pratique s'introduifit de donner l'abfolution avant l'accomplif fement de la penitence; & de là vinrent les abus qui fe glifferent dans les queftes, lefquelles ont donné lieu aux ennemis de l'Eglife de blâmer les Indulgences; comme s'il y avoit eû en cela autre chofe digne de cenfure que l'avarice des quefteurs & l'indifcrétion de quelques Prelats defavoüée par l'Eglife,

CHAPITRE VI.

Des Indulgences accordées en faveur des Croisades pour la Terre Sainte, dans les 12, 13, 14, 15, & 16. Siecles.

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Es Indulgences les plus memorables ont été celles qui furent accordées en confideration des Croisades, & des voyages d'outre-mer. Jufques-là il n'y en avoit pas eû de plenieres & generales dans tous les Royaumes Chrétiens, car on donnoit à tous ceux qui s'étoient croifez l'absolution de leurs pechez avant que de partir, quoi qu'ils n'euffent

fait

fait aucune penitence. Les périls & fatigues de ces voïages étoient confidercz. comme une fatisfaction abondante : Ils commencerent fur la fin du x1. Siècle. Quiconque y viendra par devotion, & pour mettre l'Eglife de Jerufalem en liberté, non pour acquerir de la gloire & s'enrichir, ce voïage lui tiendra lieu de toute penitence. Ce font les paroles d'Urbain II. l'an 1095. au Concile de Cler

mont.

Moine de

Un Ecrivain de ce tems là témoigne que Orderic les fonds de terre fe vendoient à vil prix, Vital, quoiqu'ils euffent coûté beaucoup; afin s.Evion, de fournir à la dépenfe de cette guerre; que les plus fcelerats touchez de Dieu, quittoient leurs defordres, venoient les confeffer, & prendre la Croix : Que le le Pape de fon côté excitant tous ceux qui étoient en état de porter les armes, leur donnoit, en vertu de l'autorité de JESUSCHRIST, l'abfolution de tous pechez dés l'heure même qu'ils s'étoient croifez, & & confeffez, leur relâchant par pieté toutes les peines qu'ils auroient dû fubir dans les jeûnes, & autres macerations de la chair, à caufe des grandes & longues fatigues qu'il leur faloit fupporter, lefquelles devoient expier toutes leurs fau

tes,

B

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