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que l'on tâchera de faire exactement. Quant à l'Hiftoire des neuf premiers Siécles,qui fervent comme de fondement à tout ce Traité, il m'auroit été difficile d'y apporter plus d'examen. Je n'ai pas cru devoir être fi fcrupuleux, en parlant de l'établiffement de quelques Confreries, & de ce qui en a été l'occafion, afin de ne faire de peine à perfonne; outre que ces endroits d'Hiftoire font de petite confequence, & n'appartiennent nullement au dogme Ecclefiaftique; car la doctrine des Indulgences demeure dans fon entier, foit qu'un tel fait hiftorique ou une telle vifion, fe trouvent vrais ou ne le foient pas.

&

Tout Ecrivain eft fujet à fe tromper, fur tout lorfqu'il n'a pas plus de merite que j'en ai mais la docilité & la foumiffion en récompenfe, ne peuvent être plus finceres, étant tout prêt à corriger ce que j'aurois dit mal à propos, non-feulement dans les fentimens & dans les pensées peu juftes, mais encore dans les expreffions moins exactes.

CHAPITRE II.

Doctrine & ufage des Indulgences, felon Saint Paul, les Peres, & les Conciles pendant les trois premiers

Siecles.

Es Chrétiens qui ont eû le malheur de tomber dans le crime, ont la concour folation d'apprendre que les Indulgences par lefquelles l'Eglife les invite à en fortir, ne font pas moins anciennes que le Sacrement de Penitence.

Car c'eft Nôtre-Seigneur Jefus-Christ, qui en donnant à fon Eglife le pouvoir d'impofer aux Penitens des fatisfactions proportionnées à leurs pechez, lui a aussi accordé le pouvoir de s'en relâcher. Saint Paul a ufé le premier de ce pouvoir; car ayant mis en penitence l'Inceftueux de Corinthe, ce pecheur fubit la correction & la peine qui lui fut impofée avec une fi grande douleur de fon crime, que l'Apôtre en fut touché; & les Corinthiens mêmes lui demanderent grace pour lui. Saint Paul confiderant donc l'extrême douleur du penitent, & la charité des

Fideles, lui accorda l'indulgence au nom & en la perfonne de Jefus-Chrift, de peur qu'il ne fût accablé par un excés de tristeffe; ce qu'il fit environ un an aprés l'avoir mis en penitence.

2.Cor.

Saint Jean l'Evangelifte, au rapport de Lib. 3. faint Clement d'Alexandrie, d'Eufebe & 23. de faint Chryfoftome, ufa d'une même indulgence envers un jeune homme qu'il avoit recommandé à l'Evêque d'une ville proche d'Ephefe. Ce Prelat l'ayant pris chez lui, l'inftruifit, le baptifa, & lui donna le fceau du Seigneur; mais comme fi les Sacremens euffent mis ce jeune homme dans une pleine affurance,il commença à n'en avoir plus tant de foin. Ainfi l'ayant laiffé vivre dans une grande liberté, il fut corrompu par de jeunes gens dont il forma enfuite une troupe de voleurs, & comme il étoit hardi, il s'en rendit le chef. S.Jean ne l'eut pas plûtôt appris qu'il fe fit auffitôt conduire au lieu où il fe retiroit, & l'ayant touché par fes larmes, il le ramena à l'affemblée des Fideles, offrit à Dieu fes prieres, fe mortifia avec lui par des jeûnes continuels, ce qu'on ne croit pas avoir duré plus de deux ou trois mois, & ne s'en fepara point qu'il ne l'eut rétabli dans la participation des Sacremens par l'abfolution de fes pechez.

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bles de fuppléer à ce qui manquoit à la penitence des laps. Ils efperoient de plus, de la protection & de l'interceffion de ces bien-heureux Confeffeurs, qui alloient être couronnez par le martyre; que Dieu feroit grace aux penitens pour lefquels ils

s'étoient entremis.

Cela fe pratiquoit de même dans l'Egypte, car faint Denis fait Evêque d'Alexandrie en 248. affûre que les Martyrs qui étoient alors avec Jefus-Chrift, reçûrent étant encore en vie quelques-uns de ceux qui avoient été convaincus d'avoir facrifié aux Idoles, & communiquerent avec eux dans les prieres & le banquet.

Dés le tems de Tertullien, déja celebrè à la fin du II. Siecle, ceux qui étoient tombez dans la perfecution, comme il nous l'apprend lui-même, s'adreffoient aux Martyrs, & en recevoient des lettres de recommandation, afin qu'en leur confideration, on les reconciliât à l'Eglife.

Nous lifons auffi qu'à Smyrne en Afie, les tombez vinrent avec de grands cris implorer le fecours de S. Pione Prêtre de cette Eglife, qui dans la perfecution de Dece, étoit prifonnier pour la foy.

L'on remarque encore dans la 54. Epître

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de faint Cyprien, que ce Saint toûjours appliqué aux befoins des Fideles, previt qu'il s'éleveroit bien-tôt une tempête, & qu'une nouvelle perfecution alloit affliger l'Eglife. C'eft celle qui recommença fous Gallus en 252. Il crut donc devoir fortifier les Fideles dans cette épreuve fi difficile il confulta les Evêques fes confreres, & ils refolurent ensemble, au nombre de quarante-un, de reconcilier les penitens qui avoient toûjours frappé à la porte. It ne faut pas, difoient-ils, que ceux qui doivent bien-tôt répandre leur fang, aillent à ce combat fans être fortifiez de celui de Jesus-Christ. On leur faifoit donc entendre qu'en leur remettant leur penitence, le martyre auquel on les preparoit, leur en devoit tenir lieu: & l'on n'y fut pas trompé, car ceux qui étoient tombez dans la perfecution de Dece, demeurerent invincibles fous Gallus; comme nous l'apprenons de l'Ecrit fait contre les Novatiens vers l'an 254. qui fe trouve dans S. Cyprien.

Il étoit plus raisonnable de traiter encore, comme fit ce Saint, avec la même indulgence les Fideles qui étant tombez & fe relevant enfuite glorieufement, fouffroient pour la foy la privation de tous leurs biens. Cette grace ne pouvoit entre

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