dans l'exercice de la penitence. Le Jubilé eft accordé pour annoblir nôtre penitence, & pour nous exciter à fatisfaire à la Juftice de Dieu. La raifon eft, que ce Trefor, nous aïant été acquis par la mortification, ne nous peut être appliqué que par la mortification même. C'est une Loi divine, éternelle, & naturelle, que tout pecheur faffe penitence; ainfi l'Eglife n'accorde pas fes Indulgences, dit Baronius, aux lâches: Ces graces font pour nous aider à fatisfaire, pour fuppléer à nôtre impuiflance, pour nous obtenir l'entiere remiffion de tous nos pechez,lorfque nous avons un defir ardent d'expier de toutes nos forces les pechez de nôtre vie paffée, & que nous recevons l'abfolution dans l'exercice de la penitence: Nous dirons encore fur ceci un mot ci-aprés.

CHAPITRE IX.

Que l'Eglife n'accorde & ne publie les Indulgences, que dans le deffein d'exciter les Fideles à l'efprit de penitence, & à la ferveur dans les bonnes-œuvres.

'ESPRIT de l'Eglife n'a pas changé; celui qu'elle a prefentement dans la conceffion des Indulgences, eft le même que celui qu'elle a eu anciennement. L'intention de la facrée Epoufe de JESUSCHRIST dans les tems de faint Cyprien', en remettant aux Tombez le refte de leur penitence, n'a été que pour empêcher qu'ils ne devinffent pires par le defespoir & qu'ils n'embraffaffent une vie païenne : Ne defperatione deficerent, & fecuti faculum gentiliter viverent: Et cette même Eglife n'a point d'autre but aujourd'hui : jugeons en par celui qui en eft le Chef vilible. Boniface VIII. dans fa Bulle pour l'établiffement du Jubilé, laquelle a fervi de forme à toutes les autres ; déclare qu'il ne l'accorde qu'aux veritables penitens. Certe difpofition renferme toutes les au

tres, douleur du paffé, ferme propos, changement de vie, & jufqu'au, defir de fatisfaire à Dieu.

des

Boniface s'explique encore davantage ≫ fur la fin de fa Bulle, où il dit que ceux qui auront plus de devotion & plus d'affiduité à prier dans les Bafiliques des faintsApôtres, recevront davantage l'effet des Indulgences. Comme les Romains n'avoient pas à fupporter la fatigue du voïage, qui eft fans doute une des plus granpour les Pelerins de l'Année-fainte auffi devoient-ils, felon la Bulle de ce Pape, être plus long-tems à vifiter les Eglifes & à y implorer la divine mifericorde. Clement VI.en reduifant le Jubilé à cinquante ans parle avec encore plus de clarté & d'énergie, declarant qu'il ouvre ce celefte Trefor pour exciter la devotion des Fideles, faire refleurir la foi, animer l'efperance, enflammer la charité: Ut Extray. Cunctorum Fidelium augeatur devotio, fi com.cap. des fplendeat, fpes vigeat, charitas vehetus de menter incalefcat. Un chrétien de bonne

unigeni

pan.

8.8 73.

efperance ne commet pas de crime, difoit faint Auguftin; cela étant fi le Jubilé cft une grace pour animer à cette vertu, il en eft une fans doute pour exclure du cœur le peché: C'eft un don éternel, non pour procurer quelques jours de re

miffion aux penitens, mais le Roïaume éternel , par le merite non interrompu des bonnes œuvres.

Sixte IV. en reduifant cette grace à la Vingt-cinquième année, s'explique comme fes Prédeceffeurs: Il dit qu'il eft du foin d'un vigilant Pasteur de préferver des dents des beftes, les ouailles qui ont été commifes à fa garde;Qu'il defire pour cet effet faire rentrer dans l'amitié de Dieu les ames que le démon en a feparées ; Qu'il leur ouvre les Trefors de l'Eglife pour les porter à quitter leurs pechez & procurer aux veritables penitens des Tecompenfes éternelles. Dans la Bulle où il modifie & tempere diverfes Indulgences qu'il avoit accordées, il témoignet que l'intention du Saint-Siége n'eft pas

rendre les Clefs de l'Eglife méprifa bles, & de donner aux pecheurs plus de liberté, par les graces qu'il accorde. Le Jubilé eft une Année-fainte, felon le Pape Clement VIII. dans laquelle les penitens font excitez à fe convertir de tout leur cœur, en faifant penitence. Les Conciles de Milan en 1576. & d'Aix en 1585. traitant cette matiere, difent qu'on doit enfeigner aux Chrétiens à fe préparer aux Indulgences, par toute forte de piété, de religion, de bonnes-œuvres &

Liv.1.

des Indulgen.

ces C. 12.

d'exercices de vertus: Omni intima men tis animique religione & chriftiana Charitatis actionibus atque operibus.

CHAPITRE X.

Preuve que c'est pour ce fujet, que les Indulgences, accordées fans de juftes caufes, font declarées nulles par l'Eglife, & qu'elle veut qu'il y ait de la proportion entre ces Indulgences & les œuvres pour lesquelles on les difpenfe.

Ous les Docteurs conviennent fe

Tion Bellarmin, que les Indulgences, qui fe donnent fans de juftes caufes, font de nulle valeur: Convenit inter omnes fine jufta caufa Indulgentiam non eße ratam. En effet la conceffion que le Pape en fait, n'eft pas une faveur ni une complaifance humaine; Ce font des graces acquifes par le Sang de JESUS-CHRIST, qui meritent d'être traitées avec refpcct: C'eft le Trefor de l'Eglife, qu'on ne doit ni prodiguer, ni diffiper. Elles font une dépendance du Sacrement. Or quelle eft