les au Cour que les Sonnets qu'il fit pour Delpor Mais on peut affurer que les facultez Defport, premier eût plus de feu Poëtique, plus d'imagination, plus de force & de grandeur, le mauvais ufage qu'il a fait de tant d'excellentes qualitez a donné -lieu à Delportes de profiter de fes fautes & de la mauvaife fortune qui commençoit dés lors la difgrace de ce Prince de nos Poëtes. C'est ce que M. Defpreaux femble avoir voulu remarquer lorfqu'il a dit (17). La chute de Ronfard trébuché de fi baut. Rendit plus retenus Deportes & Ber tant. Tout ce que nous venons de rapporrer ne regarde proprement que les Poëfies galantes de Defportes, & l'on peut ajoûter moins pour rehauffer leur prix que pour admirer les liberalitez de nos Roys, que Charles IX. luy donna huit cens écus d'or pour la petite piece du Rodomont (18) ; & Henry III. dix mille écus d'argent content pour un tres-petit nombre de Sonnets ( 19 ). Mais je ne crois pas que l'on puiffe honorer du nom de veritable liberalité les trente mille livres de rente qu'il reçût de l'Amiral Duc de Joyeuse, pour un Sonnet ou pour quelqu'autre piece Defpote de Vers d'auffi petite importance, comme l'ont rapporté Monfieur de Balzac, Monfieur Menage, Monfieur Gueret, Monfieur Teiffier ( 20 ) & quelques autres; puifque cette profufion n'eft point venue toute de fa bourfe, & qu'il en a chargé l'Eglife fans fcrupule, & fous le titre fpecieux de fimple Be nefice. Peut-être que Defportes aura mieux été récompensé de Dieu pour fes Pfeaumes & fes autres Poëfies fpirituelles, quoiqu'au jugement des Hommes elles foient fort inferieures à fes Pieces profanes. Monfieur le Cardinal du Perron dit (21) que le moins eftimable de tous les ouvrages qu'il ait fait eft celuy des Pfeaumes. Ce n'étoit plus alors Monfieur de Thiron, ajoûte-t'il, le Poë commençoit déja à vieillir, & il traduifoit fur l'Hebreu, qui eft une langue affez fterile & fâcheufe. D'ailleurs quoique Monfieur de Thiron écrivît fort poliment, & qu'il fût le maître de la langue de fon temps, il n'avoit pourtant pas la force & la vigueur neceffaire pour fontenir fes Ecrits, felon le même Critique qui avoit été fon ami par Defport, ticulier & fon admirateur perpetue! d'ailleurs. Mais Monfieur de Sainte Marthe a parlé plus favorablement de cette Verfion du Plautier. Il jugeoit ( 22 ) que la gravité & l'exactitude de cet ouvrage le rendroit immortel, difant qu'il avoit été reçû du Public avec d'autant plus de joye & d'avidité qu'on y trouvoit la verité Hebraïque obfervée - avec une fidelité inviolable & jointe avec une facilité merveilleufe pour la Verfification. Et Monfieur Bullart témoigne (23) que de tous les Vers qu'il a faits fur des fujets de pieté & de Religion, les Pfeaumes ont été les plus eftimez à cause qu'on y trouve plus de majefté, d'éloquence, & d'érudition. 1. Franç. Grud. de la Croix du Maine dans fa Bibl. Franç. où il parle amplement du renoncement de Defportes à la galanterie. 2. Perronianor. dictor. collection. alibi fusè pag. 283. pag. 268. & 3. Ifaac Bullart de l'Académ. des Arts & des Sciences tom. 2. livres. pag. 362. 4. Gueret au Traité de la Guerre des Auteurs pag. 115, 116 &c. 5. Collection. Perronian. pag. 271. & dans les Addit. de Teiflier aux Elog. de Thou pag. 376. 6. Guill. Colletet de l'Art. Poëtique au Traité du Sonnet pag. 40. nombr. 7. 7. Antoine Teiffier Av. de N. aux Additions fur 9. Scævol. Sammarthan. Elog. Gall. Eruditor. 16. J. L. Guez de Balzac dans fes Entretiens. 12. Colletet au Traité du Sonnet pag. 38, 39; num. 7. 13. Perronian. pag. 249. 250. 14. Guerre des Auteurs pag. 115, 116. 15. Parnaffe Reformé pag. 76. du même Au teur. 16. Jac. Auguk. Thuan. ad ann. 1606. Hiftor. tempor. 17. Boileau Defpreaux Art Poëtique premier chant pag. 178. 18. Claude Garnier dans fa Muse infortunéc de l'édition de 1624. & dans Colletet. Et toutes fois Deportes De Charles de Valois étant bien jeune encore Eut pour fon Rodomont huit cens Cou ronnes d'or Fe le tiens de lay-même: & qu'il eut de Henry Dont il étoit nommé le Poëte favori Dix mille écus pour faire Desporti |