Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

les au

Cour que les Sonnets qu'il fit pour Delpor
Diane, pour Hippolyte & pour Cleonice,
à caufe de la douceur & des graces dont
ilavoit fçû les accompagner, fans recou-
rir aux ornemens étrangers, que
tres empruntoient des langues Grecque
& Latinè, & des Fables des Anciens qui
n'étoient entendues que des perfonnes
d'étude.

Mais on peut affurer que les facultez
de Defportes ne s'étendoient pas au
delà des fujets Erotiques pour lefquels
il avoit une delicateffe achevée. Car
M. du Perron nous apprend (13) qu'il
ne réüffiffoit point dans le genre Tra-
gique. On n'a pas jugé même dans ces
derniers temps (14) qu'il eût trouvé ve-
titablement le fin du Sonnet, ni
point de perfection dans l'Elegie. Et
M. de Malherbe témoignoit generale-
ment un grand mépris pour tous les:
Vers de Defportes (15) Mais avec
toute fon humeur dédaigneufe il n'eft
point allé jufqu'à dire, comme a fait
M. de Thou (16)que Delportes eft à
la verité le premier des Poëtes François,
mais apres Ronlard
Ronard, du Bellay &
Belleau. Car on ne l'a point crû infe-
rieur à ces Poëtes de notre nation au
moins à ces deux derniers.Et quoique le

[ocr errors]

Defport, premier eût plus de feu Poëtique, plus d'imagination, plus de force & de grandeur, le mauvais ufage qu'il a fait de tant d'excellentes qualitez a donné -lieu à Delportes de profiter de fes fautes & de la mauvaife fortune qui commençoit dés lors la difgrace de ce Prince de nos Poëtes. C'est ce que M. Defpreaux femble avoir voulu remarquer lorfqu'il a dit (17).

La chute de Ronfard trébuché de fi

baut.

Rendit plus retenus Deportes & Ber

tant.

Tout ce que nous venons de rapporrer ne regarde proprement que les Poëfies galantes de Defportes, & l'on peut ajoûter moins pour rehauffer leur prix que pour admirer les liberalitez de nos Roys, que Charles IX. luy donna huit cens écus d'or pour la petite piece du Rodomont (18) ; & Henry III. dix mille écus d'argent content pour un tres-petit nombre de Sonnets ( 19 ). Mais je ne crois pas que l'on puiffe honorer du nom de veritable liberalité les trente mille livres de rente qu'il reçût de l'Amiral Duc de Joyeuse, pour

un Sonnet ou pour quelqu'autre piece Defpote de Vers d'auffi petite importance, comme l'ont rapporté Monfieur de Balzac, Monfieur Menage, Monfieur Gueret, Monfieur Teiffier ( 20 ) & quelques autres; puifque cette profufion n'eft point venue toute de fa bourfe, & qu'il en a chargé l'Eglife fans fcrupule, & fous le titre fpecieux de fimple Be nefice.

Peut-être que Defportes aura mieux été récompensé de Dieu pour fes Pfeaumes & fes autres Poëfies fpirituelles, quoiqu'au jugement des Hommes elles foient fort inferieures à fes Pieces profanes. Monfieur le Cardinal du Perron dit (21) que le moins eftimable de tous les ouvrages qu'il ait fait eft celuy des Pfeaumes. Ce n'étoit plus alors Monfieur de Thiron, ajoûte-t'il, le Poë commençoit déja à vieillir, & il traduifoit fur l'Hebreu, qui eft une langue affez fterile & fâcheufe. D'ailleurs quoique Monfieur de Thiron écrivît fort poliment, & qu'il fût le maître de la langue de fon temps, il n'avoit pourtant pas la force & la vigueur neceffaire pour fontenir fes Ecrits, felon le même Critique qui avoit été fon ami par

Defport, ticulier & fon admirateur perpetue! d'ailleurs. Mais Monfieur de Sainte Marthe a parlé plus favorablement de cette Verfion du Plautier. Il jugeoit ( 22 ) que la gravité & l'exactitude de cet ouvrage le rendroit immortel, difant qu'il avoit été reçû du Public avec d'autant plus de joye & d'avidité qu'on y trouvoit la verité Hebraïque obfervée - avec une fidelité inviolable & jointe avec une facilité merveilleufe pour la Verfification. Et Monfieur Bullart témoigne (23) que de tous les Vers qu'il a faits fur des fujets de pieté & de Religion, les Pfeaumes ont été les plus eftimez à cause qu'on y trouve plus de majefté, d'éloquence, & d'érudition.

1. Franç. Grud. de la Croix du Maine dans fa Bibl. Franç. où il parle amplement du renoncement de Defportes à la galanterie.

2. Perronianor. dictor. collection.

alibi fusè pag. 283.

pag. 268. &

3. Ifaac Bullart de l'Académ. des Arts & des Sciences tom. 2. livres. pag. 362.

4. Gueret au Traité de la Guerre des Auteurs pag. 115, 116 &c.

5. Collection. Perronian. pag. 271. & dans les Addit. de Teiflier aux Elog. de Thou pag.

376.

6. Guill. Colletet de l'Art. Poëtique au Traité

du Sonnet pag. 40. nombr. 7.

7. Antoine Teiffier Av. de N. aux Additions fur
les Eloges de Monfieur de Thou pag. 377.
8. Bullart au fecond tome de fes Hommes Il-
luftres dans les Arts & les Sciences, comme
cy deffus.

9. Scævol. Sammarthan. Elog. Gall. Eruditor.
lib. s. pag. 148. edit. in 4 -

16. J. L. Guez de Balzac dans fes Entretiens.
11. Gueret de la Guerre des Auteurs. v. cy-
deffas.

12. Colletet au Traité du Sonnet pag. 38, 39;

num. 7.

13. Perronian. pag. 249. 250.

14. Guerre des Auteurs pag. 115, 116.

15. Parnaffe Reformé pag. 76. du même Au

teur.

16. Jac. Auguk. Thuan. ad ann. 1606. Hiftor. tempor.

17. Boileau Defpreaux Art Poëtique premier chant pag. 178.

18. Claude Garnier dans fa Muse infortunéc de l'édition de 1624. & dans Colletet.

Et toutes fois Deportes

De Charles de Valois étant bien jeune

encore

Eut pour fon Rodomont huit cens Cou

ronnes d'or

Fe le tiens de lay-même: & qu'il eut

de Henry

Dont il étoit nommé le Poëte favori

Dix mille écus pour faire

Desporti

« AnteriorContinuar »