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SERMON

SERMON

SUR

LA CONCEPTION

DE

LA VIERGE.

Jacob autem genuit Jofeph virum Mariæ, de quâ natus eft Jefus qui vocatur Chriftus. Jacob fut pere de Jofeph, l'époux de Marie, de laquelle est né Jefus, qu'on appelle Chrift. En Saint Matth. chap. I.

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EN peu de paroles, voilà l'éloge le plus ac

compli de l'illuftre Vierge dont nous celebrons

Tome II.

.A

Auguft.

Ibidem.

aujourd'huy la fefte: c'eft celle de qui eft né le
Sauveur : De quâ natus eft Jefus. Voilà ce qui
rend la conception de Marie, non feulement fi
glorieufe, mais fi fainte; & furquoy faint Au-
guftin s'eft fondé, quand il a dit que pour l'hon-
neur de Jefus-Chrift, il exceptoit toûjours Ma-
rie, lorsqu'il s'agiffoit du peché; & qu'il ne pou-
voit pas mefmes fouffrir, qu'on mift en question,
fi elle y avoit efté fujette: Exceptâ Virgine Ma-
riâ, de quâ, propter honorem Domini, nullam
prorsus, cùm de peccato agitur, haberi volo
quaflionem. La raison qu'il en apporte, marque
encore mieux fa penfée. Car nous fçavons, ad-
joufte ce faint Docteur, que cette Vierge in-
comparable a reçeû d'autant plus de graces,
pour triompher entierement du peché, que c'eft
elle qui a merité de concevoir, & de porter
fes chaftes entrailles, celuy que la foy nous af-
feûre avoir esté exempt de tout peché, & abso-
lument incapable d'avoir rien de commun avec
le peché: Inde enim fcimus, quòd ei tantò plus
gratiæ collatum fuit ad vincendum omni ex par-
te peccatum, quia concipere & parere meruit
eum, quem conftat nullum habuiffe peccatum.
Temoignage bien authentique en faveur de la
fainte Vierge. Regle feûre, que tout predica-
teur de l'Evangile peut fuivre encore aujour
d'huy, puifqu'il y a tant de fiecles que faint Au-
guftin, le plus grand docteur de l'Eglife, fe la
prefcrivoit luy-mefme: Exceptâ Virgine Ma-

dans

riâ. C'eft ce qui determina les Peres du Concile de Trente à declarer, que leur intention n'eftoit pas de comprendre l'immaculée & bienheureufe Mere de Dieu ( car ainfi l'appellent-ils) dans le decret où il s'agiffoit du peché d'origine: Declarat hæc fancta fynodus, non effe intentio Concil. Trid nis fuæ, comprehendere in hoc decreto, ubi dè peccato originali agitur, beatam & immacula tam Deigenitricem. Or le faint Concile n'ayant pas voulu la confondre avec le refte des hom→ mes dans la loy generale du peché, qui feroit affez temeraire pour l'y envelopper! Tel eft auffi le motif pourquoy l'Eglife,conduite par l'efprit de Dieu, a inftitué cette fefte particuliere fous le titre de la Conception de Marie. Elle prétend honorer la grace privilegiée & miraculeuse, qui fanctifia la Mere de Dieu, dés le moment qu'elle fut conceûë; & c'eft à moy, mes chers Auditeurs, de contribuer à ce deffein de l'Eglife, & de vous faire trouver dans ce myftere, tout fte, rile qu'il paroift pour l'edification des mœurs, un fonds également avantageux & pour la gloire de Marie & pour noftre propre utilité. Or c'eft, comme vous l'allez voir, à quoy je me fuis attaché. Mais il me faut, Vierge fainte, un fecours puiffant; il me faut des lumieres pour m'éclairer, des graces pour me foutenir, & c'est par vous que je les obtiendray, en implorant auprés de Dieu voftre interceffion, & vous di fant: Ave Maria,

J'Entre dans mon fujet par une pensée qui m'a paru digne de toutes vos reflexions, & à laquelle j'ay crû devoir m'arrefter, parce qu'elle me fournit une ample matiere d'inftruction & de morale touchant le myftere que nous folemnisons. Car je prétends que ce myftere par la comparaifon que nous devons faire, & qu'il nous donne lieu de faire entre Marie & nous, ou pluftoft entre la conception de Marie & la noftre, nous decouvre aujourd'huy trois chofes, en quoy confifte la fcience la plus folide & la plus falutaire de l'homme chreftien, qui eft la connoiffance de nous-mefmes. Trois chofes qu'il nous eft fur tout important de bien penetrer, & que nous ne pouvons ignorer, fans ignorer le fonds de noftre religion: fçavoir, ce que nous fommes fans la grace, ce que nous fommes par la grace, & ce que nous devons à la grace. Quand je dis grace, j'entends celle que les Theologiens appellent grace fanctifiante, & qui eft en nous le plus precieux de tous les dons de Dieu; puifque c'eft par elle, que de pecheurs nous devenons juftes, & d'ennemis de Dieu enfants de Dieu. J'entends cette grace habituelle, que Dieu repand dans nos ames, & qui eft l'effet, ou du baptefme que je puis pour cela définir aprés faint Jérofme le facrement de noftre conception fpirituelle & de noftre regeneration; ou de la penitence,qui nous tenant lieu d'un second bap

la

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