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DISSERTATION préliminaire fur la falubrité des Liqueurs, & l'harmonie des faveurs.

ES Liqueurs fpiritueufes Lprifes intérieurement, & fans autre deffein que de

flatter le goût, peuvent-elles contribuer à la fanté? Doit-on les profcrire comme dangereuses, ou bien font-elles d'une nature indifférente? L'usage en eft devenu fi commun, que la folution de cette espéce de problême doit paffer pour intéreffante.

l'on

lly a cent cinquante ans que ne connoiffoit pour toute liqueur que quelques ratafiats domeftiques; encore l'usage n'en étoit-il ni habituel, ni général. Aujourd'hui, graces à la fenfualité, on a porté le raffinement auffi loin qu'il pouvoit aller on a des liqueurs fpiritueufes de toute espéce, de toute couleur, de tout pays, & il eft peu de perfonnes, même des plus fobres, qui au moins par complaifance, ne s'émancipent jusqu'à en goûter quelquefois : encore un coup qu'en fautil penfer, eft-ce un bien, est-ce un mal?

Plufieurs Médecins célébres fe font vivement récriés contre l'usage immodéré des Liqueurs fortes : à les entendre, c'eft le droit chemin d'une caducité incurable & prématurée ;

c'est un poison froid, ajoûtent-ils, inventé par l'intempérance, proscrit par la raison, & d'autant plus à craindre, qu'il eft plus agréable; il dérange toute la conftitution organique; il détruit l'équilibre entre les folides & les fluides; il appauvrit le fang; il recuit les flegmes; il defféche l'humide radical; il émouffe les pointes de la tunique villeufe; il contracte l'eftomac; il intercepte le cours des efprits animaux ; par fa fubtilité, il pénétre jufqu'au rézeau vasculaire; il n'épargne ni muscle, ni nerf, ni lymphe, ni fang, qu'il allume au point de faire périr par une déflagration furprenante & momentanée, ceux qui ofent porter l'excès jusqu'à son dernier période.

Les Maîtres de l'art peuvent

n'avoir pas tort de déclamer ainfi contre l'usage des liqueurs, craignons leurs menaces, & refpectons leurs avis. Je remarque feulement que leur cenfure ne peut avoir lieu que dans le cas d'un abus formel, dans le cas contraire, je maintiens que les liqueurs préparées felon l'art, & prifes avec difcrétion, font merveille, généralement parlant; l'expérience parle pour moi, & la théorie ne m'eft point contraire.

Une petite dofe de liqueur après un bon repas, dégage la lymphe des mamelons nerveux, excite le mucus, le charie en plus grande quantité dans l'eftomac la fermentation ou la trituration, l'un & l'autre fi l'on veut, car je ne prétens me déclarer ici ni pour ni contre aucun fyftême, fe fait alors avec

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