DESCRIPTION d'un Inftrument nouvellement aproprié pour faire l'opération de la Taille, & avec lequel elle fera facile à exécuter par tous les Chirurgiens, & beaucoup moins dangereufe qu'elle n'a jamais été. *

Ale fervir de cet Inftrument, à qui de Verdun,

VANT que d'exposer la manière de

fe

on donne le nom de Lithotome caché, Novembre il eft bon de faire obferver, que depuis 1748. pag. environ trente ans, on a beaucoup tra- 383. vaillé en France & en Angleterre, pour trouver des méthodes de tailler plus avantageufement.

Pour y parvenir, on a fait en différens tems divers changemens à celle qu'on nomme le grand apareil; mais malgréce qu'on découvroit de bon, il en restoit toujours trop de mauvais, pour ne pas defirer mieux.

On a attaqué le corps de la veffie en conféquence par différens endroits, autres que fon cou. Le haut apareil promit

* On voit que le modefte Anonime ne fait pas la petite bouche, quand il annonce fes prétendues dé

Couvertes.

III. Partie.

D

Lithoto- d'abord les fuccès les plus flateurs; mais. me caché les inconvéniens qui s'y rencontrérent de l'Anoni. le firent abandonner. On fe tourna enmie. fuite du côté de celle qu'on nomme latérale; mais les avantages n'en ont pas paru fuffifans pour faire abandonner le grand apareil par tous les grands Maîtres. A celle-là s'en eft jointe une troifiéme, où l'on a prétendu attaquer le corps de la veffie fans intéreffer fon cou; mais elle s'eft auffi trouvée avoir des inconvéniens, qui empêchoient de la pratiquer dans tous les cas.

Les variations de toutes ces Méthodes, & leur infuffifance dans tous les cas, ayant toujours confervé le premier rang au grand apareil, malgré fa grande cruauté, un particulier, qui ne tient aucun rang en Médecine, ni en Chirurgie, & qui a été fouvent témoin des douleurs inouies que les Malades fouffrent pendant cette opération, & même longtems après, a fur-tout obfervé que ces douleurs font plus ou moins grandes, fuivant la maniére dont on fait l'incifion, & que le fuccès dépend beaucoup de cette maniére. Car fi jufqu'ici on a tant cherché & tant varié, tous néanmoins paroiffent fe réunir à dire, que tout l'avantage de la Taille dépend de l'inci

de l'Anoni-'

fion; tous ont cherché à faire cette in- Lithoto cifion fuffifante pour y faire paffer la me caché pierre fans violence, & ils ont connu me. que c'étoit de la facilité d'entrer dans la veffie fans violence, & d'en extraire la pierre aufli fans violence, que dépendoit. l'avantage de cette opération. C'eft de l'avantage de cette incifion dont il s'agit maintenant, & on prefente pour cela un Inftrument ancien, mais nouvellement aproprié pour cette fin. C'est le Bistouri caché, dont on attribue l'invention à M. Bienaise, à qui l'Ecole de Chirurgie de Paris a beaucoup d'obligation, étant l'un des Fondateurs de S. Côme.

A ce biftouri caché on a donné une configuration qui le rend propre à être introduit dans la veffie, après une incifion extérieure qui découvre un peu la crénelure de la fonde, & alors on l'introduit dans la veffie de la même façon qu'un conducteur mâle.

Ce biftouri caché a neuf pouces & Pl. III. demi dans la totalité de fa longueur. Le tranchant de sa lame, a, b, Figure 2., à quatre pouces trois lignes de longueur, & la guaine fenduë, c, d, qui le cache, eft fermée par le bout, c, & fe termine en forme de languette de trois lignes ou environ, de longueur pareille à celle d'un

me caché

de l'Anonime.

:

Lithoto- conducteur male. La guaine & la lamė ne forment qu'une groffeur d'un tuyau de plume à écrire: la moitié de fa longueur, tendante au bout, eft courbée en arriére, & la languette la termine. La courbure eft femblable à celle de la crénelure de la fonde à tailler, & s'y loge par fon dos pour conduire l'Inftrument dans la veffie. Depuis l'endroit de la viffe, e, Fig. 1., qui tient le bistouri afsujetti à la guaine, il y a un manche, f, d'environ deux pouces & demi de longueur ce manche eft de la même piéce que la guaine, & il fe termine par une broche de la groffeur d'un petit tuyau de plume, & longue de deux pouces neuf lignes, & par fon bout il y a un écrou, afin d'y retenir une virole de bois auffi longue que cette broche: cette virole, f, a fix pans, & eft figurée en forme de manche; elle fert de manche à l'Inftrument. Au milieu de chaque pan, il y a une petite hoche ou cran, g, fur une virole de fer, qui la termine par le bout qui aproche le plus du milieu de l'Inftrument. Cette hoche fert à recevoir le petit bec d'un ressort, h, attaché sur le fer qui donne naiffance à la broche qui paffe dans la virole de bois fervant

* Deux pouces, felon celui que j'ai deffiné.

de l'Anoni

me.

de manche. Ce reffort fert à affujettir la Lithoto virole de bois, de façon qu'un des fix me caché pans regarde toujours la queue du biftouri par fa face, & chacun des fix pans s'y tourne quand on veut, en retirant le reffort qui tient la virole affujettie, & aufii-tôt qu'on ceffe de retenir le reffort, il rentre dans le cran.

Les fix pans de la virole de bois font taillés de façon, qu'ils font tous inégaux de profondeur entr'eux, & ce font eux qui réglent l'ouverture du biftouri d'avec fa guaine quand on apuye le doigt fur la queue du biftouri, parce que cette queuë, en apuyant deffus, s'aproche du manche jufqu'à ce qu'elle y touche fur le pan qui la regarde. Ces fix pans font numérotés des chiffres 5, 7, 9, 11, 13, 15. Si c'est le 5 qui regarde la queue du bistouri, en aprochant cette queue fur le pan, le bout de fa lame fort de fa guaine de cinq lignes, & ainfi des autres jufqu'à quinze lignes ; en forte que l'Opérateur proportionne l'ouverture qu'il veut faire depuis la vellie jufqu'à l'extérieur du périnée, par la face qu'il a tournée du côté de la queue du biftouri, & choifit des fix degrés ou numéros celui qui convient à l'âge de celui qu'il taille, ou à la groffeur de la pierre qu'il croit devoir extraire

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