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de Tibe

Secundus.]Trio demeura dans le Confulat jufqu'à la fin de l'année, ayant pour collegue a P. Memmius Regulus, fubftitué [à Pomponius le premier d'octobre.

Tac. an. 5. c.11. p. 130.

a p. 130 | Pagi, an. 30. §. 2.

Dio, p. 623. C.

p. 623 d/628.a.

p.623.c.

P. 625. b.

'Comme Tibere témoignoit toujours la mefme affection pour Sejan, la flaterie continuoit & augmentoit mefme à fon égard. On le joignoit ou plutoft on l'egaloit à Tibere dans les infcriptions, dans les ftatues, dans les chars dorez qu'on leur decernoit. On ordonna qu'ils feroient tous deux Confuls ensemble durant cinq ans, & qu'on les recevroit de la mefme maniere lorfqu'ils viendroient à Rome.' Et l'on témoignoit eftre preft de p. 624. d. l'affocier à Tibere dans la puiffance fouveraine auffibien que dans le Confulat.'Enfin on facrifioit à luy & à fes ftatues,commne à une divinité,'& luy mefme facrifioit à luy mesme. Sa fierté, naturelle, & fon pouvoir exceffif le faifoient paroiftre fi grand, qu'on euft dit qu'il eftoit le veritable Empereur,&Tibere prince de fa petite ifle, ou que l'un eftoit le tuteur, & l'autre un enfant. Tout le monde fe preffoit pour luy rendre ses refpects, & fe faire voir à luy. Car il prenoit extremement garde fi l'on n'y manquoit point, furtout à l'egard des perfonnes de qualité. Et c'eft ce qu'on remarque fouvent dans ceux qui d'une basse naiffance font elevez à une grande fortune. Car ils ont d'ordinaire l'efprit plus bas ; & croient d'autant plus aisement qu'on manque à ces ceremonies par mépris, qu'ils favent qu'on a sujet de meprifer leur premier eftat.

Juven. faty. 10.

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92.

c Dio, l. 58. p.

623. 624.

Il y eut alors quelques accidens qu'on pouvoit prendre pour p.624.c.d.
des prefages de fa ruine: mais quand un dieu, dit un historien,
auroit declaré en termes exprés ce qui eftoit tout preft d'arri-
ver, perfonne n'auroit pu le croire.

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'Tibere qui favoit les refpects qu'on luy rendoit, mais qui
n'ofoit en faire paroiftre fon chagrin, tentoit cependant les ef-
prits, en mandant tantoft qu'il eftoit fort mal, tantoft qu'il fe
portoit bien,& qu'il alloit revenir à Rome. Quelquefois il blaf-
moit Sejan, & quelquefois il le louoit. Il faifoit de mefme des
graces à quelques uns de fes amis" à fa confideration, & il en
maltraitoit d'autres [fous divers pretextes, ]'Cette conduite fur- p. 625. a. b.c.
prenoit Sejan, mais non pas jusqu'à le porter à prendre les ar-
mes. Les autres commencerent auffi à fe detacher insensible-
ment de fa fortune, mais fans ofer en rien faire paroiftre au de-
hors.'Le Senat luy donna mefme le pouvoirde Proconful [au for- d.
tir de fon Confulat.] Et Tibere continuant dans fa diffimulation
ordinaire, le fit pontife luy & fon fils; mais luy refufa en mesme

1

re 17, 18.

temps la permiffion de venir en Campanie, difant qu'il s'en al- 31, de Tibe, loit retourner à Rome.[Sejan vouloit fans doute aller en Campanie pour retourner auprés de la perfonne de Tibere, & en eftre maistre.]'Mais il prenoit pour pretexte d'aller voir sa futu re epouse qui eftoit malade.[C'eftoit apparemment Liville veu. Suet. 1.3.c.65. p. ve de Drufus: ]' Car Tibere luy faifoit toujours efperer de l'al

d.

404.

1.4. c. 12.p.430.

P.431.2 not.

625.c.

Dio, 1.58. p.

626. a.

P. 625. c

lier à la famille des Cefars.

'Tibere donna [en ce temps. ci] à Caligula la place d'Augure qu'avoit eue fon frere Drufus ; & avant qu'il en prift poffeffion, il l'eleva à la dignité de pontife d'Augufte,'qui luy eft attribuée p. 430 | Dio, p. dans une infcription.'En luy conferant ce titre, il luy donna encore de grands eloges, & témoigna fonger à le faire fon fuccef feur. Cela penfa porter Sejan à la revolte, & il fe repentit de ne l'avoir point fait durant qu'il eftoit Conful; mais il n'ofa l'entreprendre alors, 'parcequ'il vit bien par la maniere dont on avoit receu les louanges deCaligula, que le peuple eftoit pour ce jeune prince, & non pas pour luy comme il l'avoit cru. 'Il eut encore du mecontentement de ce que Tibere favorisa alors quelques uns de ses ennemis, & de ce qu'écrivant au Senat fur la mort de Neron[fils de Germanicus,] il l'avoit nommé fans rien ajouter à fa louange comme il avoit accoutumé de faire. 'On vit bien auffi que c'eftoit contre luy que Tibere renouvelloit la défense qu'il avoit faite affez fouvent, de facrifier à aucun homme, & de luy decerner à luy mesme aucun honneur [ extraordinaire. ] 400761 Sananvoan FOTOCLAES TO JU TO

p.626. a.

b.

Dio, L56. p. 625. b.

b. c.

'T

ARTICLE XXIV.

Tibere écrit au Senat contre Sejan.

ANT de marques du refroidiffement de Tibere diminue. rent de plus en plus le credit & l'autorité de Sejan; & il eftoit aifé de remarquer qu'on fe detachoit de luy, & qu'on ne recherchoit plus fon amitié comme auparavant. 'Ainfi Tibere croyant fe pouvoir affurer du Senat & du peuple, fongea à fe Suct.1.3.c.65. défaire entierement de luy.'Et afin qu'il fe mift moins fur. fes gardes, il fit courir le bruit qu'il vouloit l'affocier à la puissance du Tribunat.

P. 404.

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'Cependant il donna fecrettement à NeviusSertorius Macron la charge de capitaine des gardes Pretoriennes, & l'envoya à Rome porter une lettre au Senat, bien inftruit de tout ce qu'il avoit à faire. Macron arrivé à Rome durant la nuit, communi

31, de Tibere 17, 18.

vigilum,

que fes ordres au Conful Regulus,(car l'autre favorifoit Sejan,)
& à Lacon capitaine des "archers du guet:' & le lendemain de d.
grand matin s'en estant allé au palais, il rencontre Sejan pres
d'entrer dans le Senat qui s'affembloit en ce lieu là. Sejan fut
furpris de le voir [ fans aucune lettre de Tibere pour luy: ]mais
Macron lui dit tout bas qu'il apportoit[des lettres pour lui faire
donner ] la puiffance du Tribunat. Ainfi Sejan entra au Senat
plein de joie & d'efperance, [& il n'en cachoit point le Sujet.]En
mefme temps Macron fit retirer les gardes qui avoient accom-
pagné Sejan jufqu'au Senat,& qui l'attendoient à la porte, ('car Juv. fatyr. 10.
il avoit toujours des foldats autour de luy,& comme une armée v.95.
domeftique,)'& les envoya dans le camp, aprés leur avoir mon.. Dio, p. 625. c.
tré le pouvoir que Tibere luy avoit donné de les commander,&
les avoir affurez qu'il avoit ordre de leur faire diftribuer de l'ar-
gent. Il fit venir en leur place les archers du guet, & les mit
autour du temple où fe tenoit le Senat. Il entra enfuite au Se-
nat, presenta aux Confuls la lettre de l'Empereur, fortit avant
qu'on en commençast la lecture, donna ordre à Lacon de faire
garde à la porte, & s'en alla promptement au camp pour empef
cher qu'il n'y arrivaft quelque emotion.

71.

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b

'La lettre de Tibere eftoit fort longue, a lasche & indigne de p. 627. a|Juv.v. la majefté imperiale, mais adroite & ingenieufe. Car craignant Suct. 1.3.c.65. que Sejan ne fe portaft à quelque action de defefpoir, s'il y lifoit p.404. d'abord l'arreft de fa mort, il la commençoit par une affaire 6 Dio, p. 627.a. toute differente. Il faifoit enfuite quelque plainte de Sejan, qu'il interrompoit par une autre affaire,& puis revenoit à Sejan, fans s'emporter contre luy: de forte que Sejan en entendit la lecture fans s'emouvoir beaucoup, dans la creance que ce n'eftoit point un mal fans remede; jufqu'à ce qu'à la fin Tibere demandoit qu'on punift deux Senateurs de fa faction, & qu'on luy donnast des gardes.'Des qu'on eut lu cet article, les Preteurs & les Tri- e. buns fe mirent autour de luy, & luy ofterent ainfi le pouvoir de faire aucun trouble.

¿Dio, p. 629.

'Tibere demandoit par cette lettre que le Senat luy envoyaft p.627. al Suet l'un des Confuls pour le mener à Rome en fureté. Et veritable. P.404. ment il eftoit dans une telle crainte, qu'on tient qu'il avoit 6301 Suet. p. ordonné à Macron, que s'il arrivoit du trouble,il delivraft Dru- 40+ fus, fils de Germanicus, qu'il tenoit alors prifonnier à Rome, qu'il le préfentaft au Senat & au peuple,& mefine qu'il le declaraft Empereur. Depeur que les nouvelles n'arrivaffent pas affez toft,il avoit ordonné qu'on les luy fift connoiftre par un signal:&

1. 1. c. I. p. 404.

Dio, 1. 58. p. $27. b.

re 17.

il fe tenoit fur une roche extremement haute pour voir quel fi- 3 gnal on luy donneroit. Il avoit des vaiffeaux tout prefts pour fe retirer vers quelqu'une de fes armées en cas que les choses réuffiffent mal.

Sen. nat. quæft. 'Seneque dit que durant que l'on parloit de l'affaire de Sejan, on vit un grand globe de feu qui couroit dans l'air, & qui se diffipa en courant. [ C'eftoit la vraie image de ce qui fe paffoit dans le Senat. J'Car à l'ouverture de la lettre, comme on s'imaginoit que Tibere y demandoit la puiffance du Tribunat pour Sejan, chacun fe preffoit de luy donner des applaudiffemens, des eloges, des affurances de la joye avec laquelle il y contribueroit de fon fuffrage. Mais quand on vit que c'eftoit tout le contraire, [de tant d'amis & de ferviteurs de Sejan, aucun n'ouvrit la bouche pour luy; ] tout le monde demeura dans la confternation & dans le filence, quelques uns mefme de ceux qui s'estoient affis auprés de luy comme fes amis, s'allerent mettre autrepart : '& des que la lettre fut lue, chacun s'eleva contre luy,a fans demander de preuves ni de témoins de fes crimes, b & luy donna Dio, 1.627. d. mille maledictions, les uns parcequ'ils fe rejouiffoient effectivement de fon malheur, & les autres pour empefcher qu'on ne les cruft de ses amis.

d.

a Juv fat. 10.v.

71.

c.

d.

Dio, l. 58. p.

27. C.

p. 618. 2.

'On remarque que Sejan eftant encore affis, Regulus l'appella deux ou trois fois fans qu'il repondift, non par orgueil, (car il eftoit alors affez humilié,) mais il eftoit fi peu accoutumé à recevoir des commandemens, [ qu'il ne s'imaginoit pas qu'on parlast à luy.] Il fe leva enfin, aprés avoir demandé fi c'eftoit luy que le Conful appelloit ; & auffitoft Laconentra, & fe tint auprés de luy [pour en eftre maistre.]

ARTICLE XXV.

Sejan eft arresté, & executé avec ses enfans & fes amis.

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UOIQUE tous les Senateurs fe declarassent contre Sejan, neanmoins comme il avoit parmi eux beaucoup de parens&d'amis, Regulus n'ofa parler de fa mort,ni mefme prendre l'avis de chacun en particulier. Il fe contenta de le demander à un ou deux,qui ayant opiné à la prison, il l'y conduifit auffitoft, accompagné de Lacon & de tous les magiftrats. 'Rome vit alors un terrible exemple de l'incertitude & de la foibleffe de toutes les grandeurs humaines, qui devroit bien apprendre à

re 17, 18.

31,

ceux qui font dans les honneurs, à n'en eftre pas plus fuperbes.

ןזי

y a peu de perfonnes qui naturellement ne fouhaitent de Juv. fat.ro.v. s'elever, & ceux mefmes qui ne voudroient pas faire de violen. 96.10s. ces,font bien aifes de le pouvoir. Mais les payens mefmes ont reconnu que chercher une haute fortune, c'eft te baftir une haute tour pour tomber d'une chute plus dangereufe & plus mortelle. [ Que fi Dieu laiffe quelquefois les méchans jouir de leur grandeur jufques à la fin de cette vie, c'eft pour punir plus feverement dans l'autre & les crimes où leur ambition les a engagez, & leur ambition mefme.]

'Le peuple fuivit la fortune à fon ordinaire. Il euft efté prest v.73. de declarer Sejan Augufte, fi fon entreprise luy euft réuffi: mais il le traita comme un traiftre parcequ'il le vit condanné. Tous protestoient que jamais ils ne l'avoient aimé.'On luy venoit re. Dio, p. 628. b. procher tant de perfonnes qu'il avoit fait mourir : on luy inful. toit fur fes fauffes efperances. En mefme temps on abatoit, on brifoit, on trainoit fes ftatues à fes yeux; & on luy faifoit voir dans fes images ce qu'il alloit bientoft fouffrir en fa perfonne. Tout ce qu'il pouvoit faire en cet état, eftoit de fe couvrir le vifage pour diminuer un peu fa confufion, & on ne luy permettoit pas 'On vouloit voir fa contenance, & quel pouvoit eftre le Juv. v.67. vifage d'un homme dans ce comble de honte & de malheur,'& Dio, p. 28. a. mefme on luy donnoit des foufflets aprés l'avoir adoré com

me un dieu. 'C'est en cette maniere qu'il fut conduit à la pri- ы.

fon.

(28.c.

'Le jour mefme le Senat fe raffembla ; & voyant que perfonne b.c. ne branloit pour luy, il le condanna à la mort, & l'arrest fut bientoft executé. [On n'attendit pas feulement les dix jours:]'& Sen. de tranq. on luy ofta la vie le mefme jour qu'on luy avoit rendu les plus c.1.p.350.c. grands refpects. 'Son corps trainé publiquement avec un croc a Juv. v. 66. durant trois jours fut jetté comme ceux des autres fupplicicz, par a Dio, p. 624.el les degrez[appellez Gemoniens,]bdechiré par le peuple,& enfin tp.s.c. jetté dans le Tibre:'ou plutoft comme dit Seneque,cet homme Sen. de ranq. qui s'eftoit vu poffeder toutes les felicitez dont les hommes font .. p. 350. c. capables, fut tellement mis en pieces, qu'il n'en refta point de membre entier que l'executeur puft trainer [ à la riviere. ]'Chacun croyoit qu'il y alloit de fa fortune de témoigner de la haine à ce miferable.' Il fut executé le 17 d'octobre.

Sa mort fut le commencement d'un autre trouble. Car le P peuple en furie tuoit ceux qui avoient abufé avec plus d'infolence du pouvoir que Sejan leur avoit donné: & les Pretoriens

Tom. I.

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Juv.v.85.

Tac. an. 6.c.25.

c Dio, p. 628..

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