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37, de Caius il tomba dans une grande maladie, causée par fes excés de vin & de viande, & par d'autres debauches encore plus honteufes. 'Comme jufqu'alors les peuples n'avoient trouvé que de la feli- p. 993. 994. cité & de la douceur fous fon gouvernement, 'tout le monde fut p. 994. 995. extremement touché de fa maladie. 'On paffoit la nuit à la porte Suct. 1. 4. c. 14. du palais.'Il y en eut qui vouerent publiquement leur vie pour 433-4341 la fienne ; & d'autres promirent de combatre pour fa conferva. Dios. p. 645. tion, parmi les gladiateurs, [ce qui ne pouvoit manquer d'eftre fort agreable aux demons qui leur en infpiroient la pensée.] 'Quand il revint de cette maladie, il fembloit que fa convalef Phil. leg.p.995. cence euft rendu la vie à tout le monde, tant on en témoigna

C.

de joie. 'Les Juifs en rendirent graces à Dieu par des hecatom- p. 1041. c. d. bes qu'ils offrirent en holocaufte.

'Mais toute cette joie eftoit bien mal fondée; & ce prince p. 995.c.d. qu'on regardoit comme l'auteur & le confervateur de la felicité publique & particuliere, changea bientoft de naturel, ou laiffa paroiftre celui qu'il avoit tenu quelque temps caché. 'Que s'il eft Suet. I. 4. c. so. vray qu'il y ait eu de l'alteration dans fon cerveau, comme fes 1.p.486. actions turbulentes & fes infomnies donnoient lieu de le croire, & comme on pretend qu'il le reconnoiffoit lui mefme, [ ce fut peuteftre autant l'effet de cette maladie, que des charmes de Cafonia fa femme] 'aufquels on l'attribuoit, [quoiqu'il ne l'ait p. 485. epoufée que depuis. ]'Il'avoit efté fujet au mal caduc dans fon c.so.p.485.

enfance.

[c

'D'autres ont attribué fon changement à l'orgueil [ que S. Au Jofant 1.19.0 gustin appelle le ver de la grandeur & des richeffes. ] Tout ce 2.p.6.b.c. qu'il avoit de bon & par l'education & par la nature, ne put re"Atopov sister à cette"pefte: & il eft étrangement difficile de fe maintenir dans le bien, lorfqu'on a toute liberté de faire le mal. [Le remede prefque unique contre ce danger, eft d'avoir auprés de foy des gents d'honneur & de merite,qui nous puiffent donner dans les rencontres les avis dont nous avons befoin:]Caius eut d'abord de ces amis fages & fideles, foit pour profiter de leur entretien, pour s'acquerir de l'eftime. Mais depuis il les traita fi mal

foit

qu'il n'eut point d'ennemis plus irreconciliables. Pour exprimer Suet. l. 4. c. zz.
en un mot le changement qu'on vit en luy,l'hiftoire dit que du- p. 444.
rant quelque temps il agit en prince, & que depuis il devint un
monftre. 'Des le temps de fa maladie il inftitua fa foeur Drufille c. 42.p. 450.
heritiere de ses biens & de l'Empire mesme.

'Il avoit refufé d'abord, comme nous avons dit, tous les titres Dio, 1.59. p. qui marquoient la dignité imperiale. Mais depuis il les prit tous 641. d.

Goltz. p. 38.

Birag. F.78.

Goltz. p. 39. b.

Suet. 1.4.c. 22.

P. 444.445.

Suet. c. IS. P. 43 Dio, 1.59. P.645. c. d.

a. b.

P. 449|Dio,l. 59. p. 645. c. d. a Phil. leg. p.

996.

37, d

en un feul jour, hormis celui de Pere de la patrie, qu'il pritun 37
peu après les autres : quoiqu'Augufte ne les euft acceptez que
feparément, & que Tibere en euit toujours refufé quelques uns.
[Ces titres font apparemment ceux d'Augufte, d'Empereur, de
grand pontife, de la puiffance du Tribunat. ]'On voit par les
medailles qu'il les avoit tous des devant fon fecond Confulat,
[c'eft à dire des l'année fuivante : & il faut mefme qu'il les ait
pris des celle-ci,]'puifqu'avant fon troifieme Confulat, [ c'est à
dire des l'an 39,jil contoit la troisieme année de fon Tribunat,&
la quatrieme l'année fuivante. 'On ne voit point dans fes infcrip-
tions qu'il ait pris le titre de Pere de la patrie avant la troifieme
année de fon Tribunat.'Outre ces titres déja donnez à Augufte
il fe faifoit appeller'le Pieux, le fils des troupes, le pere des ar- Pius.
mées, l'excellent & le tres grand Cefar.

[La vanité & la folie fut bientoft fuivie par la cruauté. ] 'Le jour auquel le jeune Tibere[entroit dans fa dixneuvieme année, & ] prenoit la robe virile, Caius l'adopta pour fon fils, & le dePhil.leg.p.996. clara Prince de la jeuneffe. 'Philon particularife affez cette action: mais il affure que Caius n'adopta ce Prince que pour luy ofter le droit qu'il avoit de partager l'Empire avec luy, & pour estre entierement maistre de luy & de fa vie,felon l'autorité que eSuet.l.4.c.23. le droit Romain donnoit aux peres. 'Et en effet,il luy ofta [bien. tost]la vie,lorsqu'il s'y attendoit le moins,par le moyen d'unTribun foutenu de quelques Centeniers. Pour infulter à la nature, "en faifant femblant d'eftre religieux dans l'action la plus impie, il voulut que l'on obligeaft ce deplorable prince à fe défaire luy mefme, parce, difoit-il, qu'il n'eftoit permis à perfonne de repandre le fang du petit-fils d'un Empereur. Ainfi quoiqu'il prefentaft fa tefte, perfonne ne voulut luy accorder la grace de le tuer. Il falut qu'il prift l'épée : & comme il ne favoit où il se devoit donner le coup,n'ayant jamais vu tuer perfonne,il demanda au moins qu'on le luy montraft. Ces officiers barbares eurent affez de courage pour luy obeïr en cela : & il finit ainfi de fa propre main main fa vie miferable, [pour en commencer une autre dont la mifere ne finira point.]

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* ca

μθμος.

'Caius pour excufer cette premiere cruauté, qui devoit eftre fuivie de tant d'autres, difoit que durant fa maladie Tibere avoit fouhaité fa mort: '& il fe plaignoit qu'il fentoit le contrepoifon, comme s'il euft eu peur qu'il ne le vouluft empoisonner. Quoy, difoit-il, du contrepoifon contre Cefar? 'Et ce pretendu«, contrepoifon n'eftoit qu'un remede contre une toux qui l'in

37, de Caius

Επιπρησ

c.

commodoit. 'C'est ainsi qu'il fe défit de l'unique prince fur qui Phil.lcg p.996.
ceux qui euffent voulu troubler, pouvoient jetter les yeux,[pour
fe donner la liberté de fuivre entierement fon genie.]

'Il obligea ceux qui s'eftoient vouez à la mort pour luy, d'exe- Suet. c.27. p. cuter leurs promeffes, au lieu des recompenfes qu'ils avoient 458 Dio, p, attendues de leur fotte flaterie.

645. e.

[Enfin comme Antonia fa grandmere, princeffe auffi illustre par fa qualité & par fa naiffance, (car elle eftoit fille de M. Antoine,) que venerable par fon age, l'eut'cru devoir prendre la Dio,p.642.b. liberté de luy parler en une occafion avec quelque force, il la reduifit à la neceffité de s'ofter elle mefme la vie, [ soit par un commandement exprés, foit par la maniere indigne dont il la traita.]'Ayant demandé une fois à luy parler en particulier, il le Suet. c. 23. p. luy refufa,& voulut que Macron y fuft present. Un jour qu'elle 449. luy vouloit donner quelque avis,il luy répondit fierement: Sou» venez-vous que je puis tout. 'Quelques uns crurent qu'il luy c.23. p. 449. avoit mefme donné du poison.[Mais affurément Philon ne l'a pas fceu, puifqu'il ne le luy reproche point.] 'Il ne luy rendit aucun p. 49. honneur aprés fa mort, & regarda de fa chambre fa pompe funebre. Elle peut eftre morte cette année ou la fuivante.]

a

a c.29.p.461.

Phil.leg. P.

'Dion met des celle-ci la mort de Silanus fon beaupere.b Mais Dio, 1.59. p. felon Philon elle n'arriva qu'aprés celle de Macron, [dont nous 645 646 allons parler fur l'année fuivante, & nous terminerons ici les cruautez de Caius pour cette année.]

ARTICLE VI.

Diverfes actions de Caius bonnes ou indifferentes.
L'AN DE JESUS-CHRIST 38, DE CAIUS 1, 2.
'M. Aquilius Julianus, & P. Nonius Affrenas Confuls.
Es Confuls avoient efté defignez[par Tibere:]& Caius ne
les changea point.

C

a On fit, ce femble, ferment le premier jour de l'année,d'ob. ferver les ordonnances faites par Augufte & par Caius; mais on ne parla point de celles de Tibere,& cette omiffion paffa depuis en coutume.'On fit auffi des voeux pour Caius & pour fes fœcurs. Dion remarque que le mefme jour un efclave nommé Macaon eftant monté fur le lit de Jupiter dans le Capitole,y predit quantité de malheurs, aprés quoy il tua un petit chien qu'il avoit amené, & fe tua enfin luy mefme..

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t

P.646.6471

Suet. c. 17. P.

439.

a Dio,p.647.

alSuet. 1.4.c.16.

F.438.

b

Tac. an. 1. c.

78. p. 36.

52.

d Dio, 1.58. p.

631. b.

437.

f Dio,p. 649. a.

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C

'Caius fit neanmoins encore cette année quelques actions afsez populaires. Car il ofta en Italie l'impoft du centiemeb de toutes les chofes qui fe vendoient, que Tibere avoit reduit au deuxcentieme en l'an 17 de J. C; d mais qu'il avoit rétabli en fon premier état aprés la mort de Sejan Il propofa publiquement l'état & les contes des deniers publics, comme Augufte l'avoit toujours pratiqué: mais cela avoit efté interrompu depuis que Tibere avoit quitté Rome.

fCe fut affez probablement fur la fin de l'année qu'il fit Soeme el. 59. p. 645. cl Suet.l.4.c.16.p. Prince des Ituréens Arabes: [car il y avoit d'autres Ituréens qui faifoient partie du royaume d'Agrippa.] Il donna auffi la petite Armenie,&enfuite une partie de l'Arabieà Cotys, [apparemment fils de Cotys Roy de Thrace qui avoit efté tué l'an 19,]& donna la partie [ de la Thrace ] où regnoit Cotys à Rhometalce [ son coufin.] Il donna encore à Polemon les Etats [duPont] qu'avoit eus Polemon fon pere.

a. b/Suet. 1. 8.c.
S. P. 737.

'On remarque qu'ayant une fois rencontré de la boue dans une rue, il ordonna qu'on en mist dans la robe deVefpafien alors Edile, & chargé du foin de faire nettoyer les rues; ce que quelques uns interpreterent de la dignité imperiale dont Vefpafien Dio,p. 649. b. s'empara depuis au milieu des troubles de l'Etat. 'Mais on ne s'avila de ce pretendu prefage que quand la chofe fut arrivée, [fans quoy perfonne n'en euft tiré une conclusion si imaginaire.j

Front. de aq.p.

101.

'Caius commença cette année à Rome deux nouveaux aqueducs, qu'il vouloit ajouter aux fept qui y eftoient déja : mais ils Plin. l. 36. c. 15. ne furent achevez que fous Claude. 'C'eftoient les plus magnifiques de toute la ville.

D. 871. b. c.

Dio, 1. 59. p. 647. a.

p. 655. c.

'Il caffa ce que Tibere avoit ordonné [des la premiere année de fon regne, ] pour attribuer au Senat les elections des magiftrats, & il les rendit au peuple. 'Mais les choses se passoient toujours de telle maniere, que le peuple n'y avoit guere de pouvoir : & d'ailleurs il n'eftoit plus accoutumé à fe mefler de rien d'important. De forte que Caius mefme abolit ce droit l'année d'aprés, & laiffa les elections à peu pres dans l'état où elles Suct. 1.4 c. 15. eftoient fous Tibere. [C'eft pourquoi] 'Suetone dit feulement qu'il tascha de rétablir le peuple dans cet ancien droit

P.437.438.

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ART. VII.

38, de Caius

L

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Es plus fages n'approuverent pas que Caius éuft remis les Dio, p. 647. a. elections au peuple. Mais il fit bien d'autres chofes qu'au- b.

C. P.

cun homme ne put approuver.'Dion parle d'abord de quantité b. c. d'Svct.1.4.
de perfonnes qu'il fit perir dans les fpectacles publics avec une 25. p.455
inhumanité étrange. Un jour qu'il n'y avoit point de criminels
marquez pour eftre expofez aux beftes & pour combattre con-
tre elles felon la coutume, il fit prendre les premiers venus
du peuple, qui s'eftoient affemblez au theatre pour voir le fpe-
ctacle, leur fit couper la langue,afin qu'ils ne puffent fe plaindre,
& les fit ainfi les victimes de ces cruels divertiffemens dont ils ne
croyoient eftre que les fpectateurs.

à

Dio, p. 47. el

Suet 1. 4. c. 26.
P.454.

h.. leg. p.

1000. bfin Flac. P. 967. a.

a

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Dio, p.647.c.

Philo, leg p. hit in The. p.97 c leg. p. 993

1002. d.

'A cette infigne cruauté, Dion ajoute la mort de Macron & de fa femme, qui parut extremement odieufe, parcequ'on favoit que c'eftoit à leurs follicitations qu'il devoit l'Empire, '& mefme la vie. Auffi il avoit promis à Macron le gouvernement de l'Egypte,[comme le comble de ce que pouvoit pretendre un Chevalier.] Cependant fon ingratitude fut fi grande,qu'au lieu de cette recompenfe,' on dit qu'il l'obligea luy & fa femme s'ofter eux mefmes la vie. Il fit encore perir leurs enfans avec eux. On pretend que la veritable caufe de leur mort, fut que Macron ufoit avec quelque liberté de l'autorité que fes fervices luy avoient acquife fur Caius,& qu'il tafchoit par fes avis de le retenir dans fon devoir. Car cela le rendit enfin infupportable à ce jeune prince, qui ne vouloit pas fouffrir de maiftre, & qui fe croyoit d'autant plus en eftat d'agir de luy mefme, qu'il en eftoit: moins capable. 'Caius avant que de le faire mourir, faifoit cou- p.1000. b. c. rir le bruit qu'il vantoit trop fes fervices, & qu'il fe meconnoif. p. cor. c. foit à caufe de fa trop grande fortune. 'Il l'accufa encore de Do, 1.59 p beaucoup d'autres chofes, & mefme de crimes infames, mais dont l'infamie retomboit fur luy mefme.

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'Aprés avoir facrifié Macron [à fa cruauté,] il entreprit la rui- rii. leg. ad C. ne de M. Silanus, dont nous avons dit qu'il avoit epoufé la fille p. 100. e. du temps de Tibere. 'C'eftoit un homme d'une maifon tres illu-Set 4.c.12. ftre, d'une fageffe non commune, d'une vertu rare [ pour un payen, ]& fi eftimé pour fa probité, que Tibere luy renvoioit tou- e jours à luy mefme ceux qui avoient appellé de fes ordonnances, Dio, p.545.a.

Tom. I..

с

T

P. 430.

d Phii.

P. 1000,

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