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Phil. leg. p.

fans vouloir examiner ce qu'un homme d'un fi grand merite avoit jugé. Sa vertu mefme & la qualité de beaupere le rendirent infupportable à Caius, parcequ'elles l'obligeoient de donner à fon gendre les avis qu'il jugeoit neceffaires pour fon bien. Dio, p. 646. a. De forte qu'au lieu de l'honneur [qu'il meritoit,] Caius le traitoit avec toute forte d'indignité.

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4. p. 140. 11.

c. 21. p. 14. 15.

28, de

I, 2.

'Il eftoit, felon Tacite, Proconful d'Afrique [au commencement de ce regne,]& commandoit la legion qui détendoit cette province. Mais Caius foit par crainte, [foit pour luy faire injure,]foit pour fatisfaire fon efprit turbulent,"ofta au Proconfulle NOT commandement de la legion, & le donna à un Lieutenant,qui partageant l'autorité & les graces, fournissoit aflez souvent des fujets de divifion & de querelles. Ces Lieutenans qui peu à peu s'agrandirent beaucoup, [ ont depuis efté appellez Comtes d'Afrique, & eftoient bien plus puiffans que les Proconfuls.

Silanus revint depuis à Rome, l'où c'eftoit la coutume que celui qui prenoit les avis des Confulaires, les prenoit dans l'ordre qu'il luy plaifoit,commençant par ceux à qui il vouloit faire plus d'honneur. Depeur donc qu'on ne témoignaft en cette maniere le refpect qu'on avoit pour l'age & le merite de Silanus, Caius ordonna qu'on ne prendroit les avis des Confulaires que felon le temps qu'ils avoient efté Confuls.

'Enfin Caius s'avifa un jour tout d'un coup de fe mettre en mer. Silanus ne l'ayant pas fuivi, à caufe que la mer l'incommodoit extremement; Caius luy en fit un crime, & pretendit qu'il eftoit demeuré pour s'emparer de Rome en cas qu'il luy arrivast quelque accident fur la mer,'& il l'obligea fur cela"à fe couper fecandas luy mefme la gorge.

novacu

'Il avoit voulu le faire accufer par Julius Græcinus, homme fauces.

que

d'un merite extraordinaire,& d'un trop grand coeur pour vivre fous un tyran. Auffi il refufa une commiflion fi peu honorable, Sen. de ben.l.2. & merita par cette generofité que Caius le fift mourir.'On marde ceGræcinus qu'ayant befoin d'argent pour faire des jeux, & fes amis fe preffant de luy en donner, Fabius Perficus luy envoya une grande fomme, & qu'il ne la voulut point recevoir à caufe de la mauvaife reputation de Perficus. Ses amis luy en firent des reproches ; & il leur répondit : Voudriez-vous que je receuffe une grace d'un homme "avec qui je ne voudrois pas me ag trouver à table? Rebilus qui avoit efté Conful, mais qui n'eftoit « pas moins décrié que Perficus,luy envoya auffi une fomme d'argent encore plus grande. Il la refufa de mefme : & comme Re

C.38, de

Caius 1, 2."

bilus le preffoit extremement de l'accepter: Pardonnez-moy, » s'il vous plaist, luy dit-il, Je n'ai rien voulu non plus recevoir de Perficus. Julius Agricola,dont Tacite a écrit la vie, eftoit fils de Tac. v. Agr. c. ce Græcinus. On luy attribue quelques écrits fur l'agriculture.

4. p. 140.

a n. II.

&c.

$12.

ARTICLE VIII.

Mort de Drufille, dont Caius fait une deeffe: Il epoufe Oreftille
& Pauline, & les repudie.

L

pro

A mort du jeune Tibere & celle de Silanus commencerent Phil. leg. ad C. à rendre Caius extremement odieux, quoiqu'il fe trouvaft 1.1001.1992. encore affez de perfonnes qui aimoient mieux blafmer les malheureux que condanner un Empereur, & reconnoiftre qu'ils s'eftoient trompez dans la bonne opinion qu'ils en avoient eue. 'Mais Caius ajouta tant d'autres violences à ces premieres,[qu'il p. 1oor. c. ne laiffa plus de lieu à aucune juftification. ]' Car il fit mourir Do, 1.59. p. quantité de perfonnes fous prétexte qu'ils avoient eu part à la 647.548. mort de fa mere ou de fes freres; & en effet pour profiter de leurs biens, parcequ'il avoit deja epuifé le threfor par fes digalitez, aufquelles rien ne fuffifoit. 'Il ne falloit pour en ren- p. 648. a. dre d'autres criminels, que dire qu'ils s'eftoient un peu divertis l'année precedente durant que Caius avoit efté malade.' Et ce d.e Senec, ad qui eft encore plus étrange, c'eft qu'aprés qu'il eut perdu fa Poiyo. c. 35. p. focur Drufille, & qu'il en eut fait une deeffe, il eftoit egalement dangereux & de faire quelque rejouiffance, parceque c'eftoit, difoit on, estre bien aise de fa mort ; & de faire paroiftre de la trifteffe, parceque c'eftoir s'affliger de fa pretendue divinité. 'Car Caius auffi deraifonnable dans fa douleur que dans fes plai- Sen. ad Polyb. firs,"ne favoit s'il vouloit qu'on la pleuraft comme morte, ou 56.75.c.d. qu'on l'honoraft comme une divinité bienheureuse.

879.b.

Suct. 1.4. c. 24. ·

450.451.

'Drufille mourut vers la fin de juillet de cette année, autant Phil. in Flac. p. V. les Juifs qu'on en peut juger par le voyage d'Agrippa en Syrie",& par la 93.€ [978. e. fedition d'Alexandrie dont nous parlerons en fon lieu. 'La paffion de Caius pour elle, telle que la décrit Suetone, parut auffi P. extravagante aprés fa mort, qu'elle avoit efté infame durant fa vie.'Il quitta Rome pour cela,& courut quelque temps les coftes de l'Italie & de la Sicile, boù il donna des jeux,& où il fit reparer les murailles de Syracufe, avec quelques temples qui tomboient en ruine. Il fe moqua de diverfes chofes qui paffoient là pour des miracles. Mais le bruit & la fumée du mont Etna l'epouven

P.

379. b.

4511 Sen. p. Suet. c. 20. p.

443.

1. p. 487.

cc. 21. p. 444. · dc.51.

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Tac. an. 6. c.15. p.138 Suct. 1. 4.

C.24. p. 450. Dio, l. 59. p. 648. bis 7. c.

ap. 648 b cd.

C.

Goltz. p. 39

c Dio,p. 648. c.

disen. in Cl. p.

475.476.

Jof. ant.l. 19. c. 2 p. 667. g.

terent tellement, qu'il s'enfuit promtement de Meffine en plei

ne nuit.

'Drufille avoit efté mariée par Tibere au commencement de l'an 33, à L. Caffius Longinus, duquel Caius la fepara depuis. 'Dion dit qu'elle eftoit femme de Lepidus lorfqu'elle mourut. a Cet historien parle amplement des honneurs qu'on luy rendit. b Il y a encore des medailles greques qui luy donnent le titre de deeffe. Un Livius Geminus Senateur fut affez lafche pour jurer en plein Senat, & pour protefter par toutes fortes d'imprecations contre luy mefme & fes enfans, qu'il l'avoit vu monter au ciel. Perfonne ne l'en crut: & Seneque fe raille agreablement de fa fottife,[preft cependant à adorer Drufille avec tous les au.. tres philofophes, pour fe conformer au prince & au peuple.]

'Les bruits fafcheux qui couroient de Caius & de Drufille, contribuerent beaucoup à faire detefter ce prince de tout le monde: & il y avoit longtemps qu'on n'avoit entendu parler Suet.l. 4. c. 24. d'un crime de cette nature. 'L'amour de Caius pour fes deux autres foeurs [Julie & Agrippine] ne fut pas plus chafte, mais il fut moins violent ou moins ftable. Car il s'en degoufta tellement, qu'il les bannit comme complices d'une conjuration faite contre luy, & leur fit beaucoup d'autres indignitez, [comme nous le dirons"dans la fuite.]

29. p. 451. 451| Dio, 1. 59. P. 642. b.

4521 Dio, p.

646.b.

[Il n'avoit point de femme depuis la mort de Junie fille de SiSuet. c. 25. p. lanus.]'Mais C.Calpurnius Pifo qui epoufoit une Livia Oreftilla, l'ayant prié de venir à fon feftin, il y vint, & en fortant de chez luy il fit emmener Oreftilla dans le palais, où il l'epoufa. Il la repudia peu de jours aprés ; & au bout de deux ans, ou[plutoft]de deux mois, il la relegua avec Pifon, parcequ'on difoit qu'ils s'eftoient remis ensemble. [Dion donne quelque lieu de juger que ce mariage s'eftoit fait l'année precedente.]

D'o, p. 648. c.

222.. e.

452.

d Dio,l. 58.p. 637. d.

'Quelques jours aprés la mort de Drufille, il epoufa Lollia Plin... 35. P. Paulina, 'petite fille de ce M. Lollius,à qui Augufte avoit confié le foin de C. Cefar fon petit-fils en l'envoyant en Orient, & qui Suet.l.4.c.25. p. s'acquita mal de cette commiffion. 'Elle eftoit alors mariée à C. Memmius Regulus Gouverneurd de Macedoine & d'Acaïe. • Caius ayant oui dire dans un entretien, qu'elle avoit eu une grandmere d'une beauté extraordinaire, il l'envoya auffitost querir dans la [Macedoine] & l'epoufa. Il obligea fon mari de s'en dire le pere, & de la luy marier en cette qualité, afin de l'epoufer felon les formes, 'de mefme qu'Augufte avoit epoufé Livie. Pline remarque qu'il avoit vu cette Pauline porter für elle

Dio, 1. 19. P.

Suct. p. 452 648. Euf. chr.

p. 203.

Euf. chr. n. p.

188. 2.

f Plin. l. 9.c.35.

p. 222. d. c.

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une quantité prodigieufe de perles & d'emeraudes, qu'elle avoit
eues non des prodigalitez de Caius, mais de la fucceffion de M.
Lollius fon grandpere.'Caius la repudia peu aprés l'avoir epou
fée, & luy défendit la compagnie de quelque homme que ce
fuft.' Ce ne fut neanmoins que l'année suivante.
'Pauline voulut depuis epoufer l'Empereur Claude, aprés la
mort de Meffaline. Mais Agrippine l'emporta fur elle,la fit con-
danner à perdre fes grands biens, & à fortir de l'Italie, & luy fit
enfin ofter la vie mefme.

Suet. p. 4521
Dio, p. 48. c.

Dio, p. 658.c.d.

Tac. an. 12. c.

22. P. 177.

'C

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Caius fe met en fantaisie d'eftre dieu.

AIUS ne fe contenta pas de violer tout ce qu'il devoit à

fon honneur & à fes fujets. Il s'eleva contre Dieu mefme,

& voulut fe faire rendre les honneurs qui n'eftoient dûs qu'au

I

Roy des Rois, & au Souverain des Souverains. ]'Quelques uns Suct.1. 4. 4.229 difent que l'origine de cette folie fut qu'ayant un jour à fa table P-445. quelques Rois qui l'eftoient venus faluer; comme ces princes difputoient ensemble de leur nobleffe,il s'écria en citant un vers » d'Homere: Un feul maiftre, un feul Roy : & fut tout preft de prendre fur le champ le diademe, avec les autres marques de la royauté. On l'en detourna ' en luy reprefentant,qu'il eftoit bien audeffus des Rois. Mais cette penfée de fe voir audeffus de tous les hommes, le porta à pretendre mefme à la majesté divine. 'Cette imagination luy vint, [ou au moins fe fortifia beaucoup,] Phil. de leg. p. lorfqu'il eut fait trembler tout le monde par la mort du jeune Tibere, de Macron le plus puiffant des Chevaliers,& de Silanus le premier homme du Senat.

1002 d. e.

650. d. e Suet.

'Il s'egala d'abord à ceux que la vanité des Romains appelloit p.1003. des demi-dieux, comme Hercule, Bacchus &c.'& enfuite à ceux p. 1005. pour qui les idolatres avoient le plus de refpect:[&veritablement il les egaloit affez en toutes fortes de crimes.]'Il prenoit tous les p. 102b1005. ornemens que l'on attribuoit à ces fauffes divinitez,& paroiffoit ab Dio, 59.p. tantoft avec des ailes aux pieds, & un caducée à la main,comme 1.4.c.52. p.489, Mercure; tantoft fans barbe, avec une couronne de rayons fur fa tefte, un arc & des fleches à fa main gauche, & les Graces à fon cofté droit, comme Apollon; tantoft comme Mars avec l'épée, le bouclier, le cafque,& une grande barbe. Il paroiffoit mê me quelquefois fous la figure des deeffes.

1. Ainfi le jeune Victor fe trompe de dire qu'il le prit effectivement,

.4

Dio, 1. 19. p. 650. d. #p. 552. b. cl

Sen. de ira, 1.1. c. 15. p. 287. a.

Suet. 1.4.c.51.p.

486.487.

b Dio, p. 660.]

661.

Phil. leg. p..

1005 c.

e Dio, p. 662.a.

22. P. 446..

I, 2.

Il ne manquoit pas auffi de dire qu'il eftoit Jupiter : & pour le 38, ce Caius mieux reprefenter il traitoit fes foeurs auffi mal que luy. Il avoit des machines avec lesquelles il faifoit durant les orages comme un bruit de tonnerre, avec une efpece d'éclairs: & mefme quand la foudre tomboit, il lançoit une pierre contre le ciel, avec ces. paroles impies; Tue moy, ou je te tue, 'luy qui d'autres fois crai-gnoit le tonnerre plus que perfonne, b On raporte qu'un Gaulois le voyant un jour affis fur un throne dans fa figure de Jupiter, ne put s'empefcher d'en rire. Caius le fit venir, & luy demanda ce qu'il croyoit qu'il fuft: & le Gaulois luy dit en propres termes, Un grand" fou. Caius [ qui auroit fait mourir un Senateur pour bien moins que cela, ] le fouffrit fans luy rien faire, parceque c'étoit un cordonnier.

'Il avoit des troupes de gents qui le fuivoient, & qui chantoient fes louanges felon l'idole qu'il luy plaifoit d'imiter. Il b Suet. 1. 4. c. avança fon palais jufqu'à un temple de Caftor & Pollux qui eftoit fur la grande place de Rome, & perça ce temple pour luy fervir de veftibule, afin, difoit-il, que les dieux mefmes fuffent fes portiers. Il fe mettoit fouvent entre leurs ftatues, & fe faifoit adorer par ceux qui entroient.

Suct. p. 447. 443 | Dio, p.

660. d 651. d.

d

e

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Suct. p. 445. Jolant.l.19.c.

445.

I. p. 652. e.

Phil. leg.p. 1004. r. d.

Dio, p. 662. al

P.495.

&

Il appelloit la lune quand elle eftoit pleine,&pretendoit qu'on la cruft fa femme. Il voulut qu'on apportaft de Grece les statues les plus celebres par leur beauté, & par le culte qu'on leur rendoit,pour en ofter la tefte & y faire mettre la fienne. L'on voyoit en effet dans fes palais, non feulement les ftatues, mais encore tout ce qu'il y avoit de rare en peinture & en gravure dans les temples de la Grece, '& generalement tout ce qu'on avoit admiré de beau & de riche dans toute l'étendue de l'Empire. 'On pretend qu'un vaiffeau qu'on baftiffoit pour emmener la Suct. 1. 4. c.57. ftatue de Jupiter qui eftoit à Olympe, fut brulé du tonnerre; que toutes les fois qu'on vouloit feulement toucher à la base de cette ftatue[pour la tranfporter,]on entendoit comme des gents Jof. ant. 1. 19.c. qui rioient & qui fe moquoient. On ajoute que Memmius Regu lus[gouverneur de Grece, jqui avoit charge d'envoyer à Caius ce celebre ouvrage dePhidias,luy manda qu'il n'avoit pu y toucher à caufe de quelques prodiges tout à fait extraordinaires qui eftoient arrivez[lorfqu'il l'avoit voulu faire,]& parceque les oùvriers difoient que fi on la remuoit elle fe briferoit entierement. 'Caius fut affez fou pour faire des menaces [contre fon Jupiter Jof. p. 653. a. b. ou contre fa ftatue.]'Mais on pretend qu'il en auroit couté la vie à Regulus,fi Caius ne l'euft perdue le premier.[Ainfi on voit que

I. p. 653. a.

Dio, p. 652. a.

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