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38, de Caius

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ceci n'arriva qu'en l'an 40. Mais nous avons mieux aimé ramaf
fer ensemble ce qui regarde cette matiere, fans nous attacher à
l'ordre du temps.]

a

Jof. ant. 1. 19.c

I. p. 652.c.
a Suet. c. 22. p.

446.

'Caius fe fit faire comme une chapelle dans le Capitole, pour Dio, p. 651. e. pouvoir, difoit-il, demeurer avec Jupiter,'qu'il appelloit fon frere; & il faifoit femblant de s'entretenir avec luy, tantoft bas, tantoft haut; & mefme il le menaçoit quand il n'eftoit pas content de luy.' Mais il voulut enfin avoir un temple où il ne fuft plus Dio. p. 661.662. le fecond,& s'en fit baftir un dans le palais. Là on voyoit fa ftatue Suet. c. 22 p. faite au naturel, toute couverte d'or, & revétue chaque jour 445. d'un habit femblable au fien. 'Il avoit des preftres & des preftref. p. 446 | Dio, p. fes,entre lefquels eftoient Claude fon oncle, Cafonia qu'il epou- 662. b. fa l'année fuivante, & de tous les plus riches de Rome l'un aprés l'autre : & il faifoit acheter bien cher cette dignité; 'de forte Suet. 1.5. c. 9.p. que Claude n'ayant pas de quoy payer les dettes qu'il avoit faites 513. pour l'acquerir, tout fon bien fut publiquement expofé en ven

te. 'Caius mefme fe mit de la compagnie de fes preftres,& s'en fit Dio, p. 662. b.
le chef. Mais il en fit mettre auffi fon cheval, [ & c'en eftoit le

plus digne personnage.] On ne luy facrifioit que des oifeaux b' Suet. 1. 4. c.
rares & exquis, comme des faifans, des pans, & d'autres fem- 22. p. 446 447.
blables. Outre ce temple qu'il s'eftoit fait elever dans le palais, Dio, val. p.673.
le Senat réfolut qu'on luy en bastiroit un autre dans la ville : &
cela fut executé.

18. b.

Jof. bel. 1. 2. c. 17.P.791. c.

bant. 1. 18. c.10.

P. 639. d.

'Il ordonna luy mefme qu'on luy baftiroit un temple à Milet p. 670. 672. pour toute l'Afie, & voulut s'en attribuer un magnifique que cette ville bastiffoit à Apollon.'Les villes, les peuples, les nations, Phil. leg. p. venoient rendre leurs hommages à cette nouvelle divinité, & augmenter par leurs lafches flateries une vanité dont ils fe moquoient eux mefmes.'Toutes les villes mettoient fes ftatues avec celles de leurs dieux, luy dreffoient des temples & des autels, juroient par fon nom. On remarque que les Alexandrins furent les premiers & les plus ardens à l'adorer avec leur legercté ordinaire.[ Les Juifs qui au moins eftoient fermes dans leurs fentimens bons & mauvais ]'furent les feuls qui ne purent flechir devant cette idole, ce qui les fit tomber dans la difgrace de Caius,qui pretendoit que fa volonté devoit eftre l'unique loy de fes fujets. Il ne leur fit pas neanmoins tout le mal fa vengeance luy dicta. Car il leur euft efté trop glorieux de fouffrir, pour ne vouloir pas adorer un homme à la place de Dieu,le fupplice qu'ils meritoient pour l'injure qu'ils avoient faite à Dieu en la perfonne de J. C. Nous ne parlerons point ici de ce qui se passa

que

a.

Phil. leg. p. 1015. d. c10.9. Jof. ant. 1.18.c. p. 63. d.

fj Pil.p.

cs. a.

dPhil.lg. p.

1003. 1009.

fur ce fujet, parceque nous efperons le rapporter amplement
en un autre lieu.

* 39, de Caius
2,3.
* V. la ruine

des Juifs.

§ 18. &c.

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ARTICLE X.

Cruautez baffes de Caius ; fon avarice ; fa folie pour fon cheval:

a

il loue Tibere.

L'AN DE JESUS-CHRIST 39, DE CAIUS 2, 36
'Caius Auguftus II, & L. Apronius Cafianus, Confuls.

CA

AIUS ne tint fon fecond Confulat que 30 jours.b Mais Cæfianus fut Conful jufqu'au mois de juillet avec Savinius ou plutoft Sanquinius Maximus Prefet de Rome qui avoit efté fubrogé à Caius. Ce Sanquinius avoit efté Conful fubrogé fous Tibere; on ne fçait en quelle année. Cn. Domitius Corbulo fut auffi Conful en ce temps-ci.d On croit que ce fut depuis le premier de juillet, jusqu'au 4 de septembre, ou feulement jufqu'au 2,auquel nous verrons que Caius,comme pour fe divertir,depofa les Confuls avec ignominie; de forte que le collegue [de Corbulon]fe tua de depit.Caius fubrogea trois jours aprés Domitius Afer,grand orateur,avec un autre,fque quelques uns'nomment Nor Q. Curtius Rufus, [ fans que nous en connoiffions la raison.

8 Caius en prenant & en quittant le Confulat, voulut faire le
ferment ordinaire[comme un fimple particulier.] Mais en mê-
me temps il rempliffoit tout de fang & de meurtres ; & fouvent
ceux qu'il avoit mis hors de prifon aprés la mort de Tibere,
estoient condannez pour les mefmes chofes pour lefquelles Ti-
bere les avoit fait arrefter.

'Il avoit jufqu'alors tafché de plaire au peuple, mais parce-
qu'on n'eftoit pas
pas auffi affidu qu'il vouloit à fes fpectacles, qu'on
ne favorifoit pas toujours les gladiateurs ou les cochers qu'il
aimoit,& qu'on l'appelloit le jeune Augufte; tout cela le miten
colere, & il commença à s'oppofer à tout ce que le peuple vou-
loit. Le peuple auffi prenoit plaifir de fon cofté à le contrarier
autant qu'il pouvoit: mais il ne pouvoit que crier, ou faire quel-
ques geftes, au lieu que Caius faifoit fouvent maflacrer un grand
nombre de perfonnes, tantost au milieu des fpectacles, tantost
lorfqu'on s'eftoit retiré. 'Et il s'emporta une fois jufqu'à dire: Je
voudrois que le peuple Romain n'euft qu'une tefle. Il arriva en «.
ce temps.ci que s'eftant mis en colere à fon ordinaire contre le

peuple,

2,3.

&c.

Suet.c.38-42.

P. 471-478.

493.

39, de Caius peuple, le peuple pour s'en venger, laiffa là fes fpectacles, & fe mit à crier fort longtemps contre les delateurs, & à demander où ils eftoient. Alors Caius fe leva tout en colere fans leur rien répondre, & s'en alla dans la Campanie jufqu'à la feste de sa fœur Drufille, qu'il vint celebrer avec grande magnificence. 'Comme rien ne pouvoit fuffire à son luxe,"il employoit toutes p. 650.651 fortes de voies pour amaffer de l'argent : & c'eftoit pour luy une fource inepuifable de baffeffes, d'injuftices, & de cruautez. 'L'histoire remarque auffi cette année fa folie à l'égard de fon Dio, p. 550.651Į cheval nommé Incitatus. Il l'invitoit à fouper, il luy donnoit de Suet. c. ss. p. l'orge dorée; il luy prefentoit du vin dans des vafes d'or. Illuy avoit fait faire une écurie de marbre, une auge d'ivoire, des couvertures de pourpre, un collier de perles : il luy avoit donné une maison, des ferviteurs, & des meubles pour recevoir magnifiquement ceux qui feroient priez de fa part à fouper. Il ju roit par fa vie & par fa fortune:il promettoit qu'il le feroit Conful, & on croit, qu'il l'euft fait s'il euft vécu davantage. [Nous avons vu qu'il en avoit fait un de ses Pontifes. Plus ces actions font extravagantes, plus elles font memorables, parcequ'elles nous font voir jusqu'à quels excés un homme eft capable de se porter, quand Dieu l'abandonne à fon propre dereglement.]

'Caius s'eftoit toujours declaré contre Tibere, & avoit témoi- Dio, p. 642. d| gné trouver fort bon que l'on condannaft fa conduite. Mais il 651.652. vint un jour au Senat, & commença à lire un difcours où il en faifoit un grand eloge. Il ajoutoit que pour luy, comme il eftoit Empereur, il luy eftoit permis de le blafmer; mais qu'il eftoit bien étrange que des Senateurs entrepriffent de le faire; qu'ils devoient avoir plus de respect pour celui qui avoit esté leur prince; & que s'il avoit fait mourir quelques personnes, ce n'eftoient que ceux que les Senateurs avoient ou accufez, ou convaincus par leurs témoignages, ou condannez par leurs arrefts; & ille prouvoit fort bien par les actes mefmes qu'il avoit fait femblant de bruler d'abord. Enfin, leur difoit-il, ou vous ne » deviez pas l'honorer durant la vie par tant de decrets, ou vous » avez tort maintenant de le blafmer comme vous faites. Et je » voy bien par là ce que je dois attendre de vous.

"

"

'Il ajouta diverses choses de cette nature, où il traitoit tous p. 652|Suet.1.4. les Senateurs de delateurs de fa mere & de fes freres,& de valets C. 30. P. 462. » de Sejan,aprés quoy il faifoit parler Tibere en ces cermes: Tout

» ce que vous avez dit, Caius, est tres jufte & tres veritable, C'est

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pourquoi ne vous amusez point à les aimer, & ne les epargnez

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Ibid.

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C. 39, de

point. Il vous haïffent tous: ils fouhaitent tous votre mort, & «L'an def.
ils vous tueront s'ils le peuvent. Ne fongez donc point à les ga- "Caius 2, 3
gner, & ne vous mettez pas en peine de ce qu'ils diront. Ne «
penfez qu'à voftre fureté. Ce qui y fervira fera toujours le plus
juste. Par ce moyen vous n'aurez rien à craindre; vous jouirez
de tous vos plaifirs; & il faudra bien qu'ils vous honorent, qu'ils
le veuillent ou qu'ils ne le veuillent pas. Que fi vous pretendez
vous faire aimer d'eux, vous aurez une vaine reputation, mais «
nul pouvoir folide; & vous perirez enfin honteusement par les
les "
embufches qu'ils vous drefferont. Car jamais perfonne n'obeït «<
volontairement. On honore le prince tant qu'on le craint : s'il «
ceffe d'eftre le plus fort, il faut qu'il periffe.

'Aprés ces paroles, [ que lefeul demon pouvoit faire dire à un
tyran,]il rétablit l'action de leze majefté:& eftant auffitoft forti
du Senat,il s'en alla le mefme jour hors de la ville.Tout le mon-
de demeura dans l'effroi & dans la furprise d'une action fi peu
attendue, & qui mettoit toutes fortes de perfonnes en danger :
car qui n'avoit pas parlé contre Tibere? Le Senat en fut fi in-
terdit & fi confterné,qu'on ne put rien dire ni rien arrefter pour
ce jour là. Le lendemain, [la crainte les obligeant à des flateries
ridicules,] ils firent de grands eloges de la bonté & de la pieté
du prince, qui aprés des reproches fi juftes & fi veritables, ne les
avoit pas fait mourir. Ils ordonnerent qu'on celebreroit tous les
ans par des facrifices le jour auquel il avoit lu fon discours,
ils luy decernerent d'autres honneurs, aufquels on en ajoutoit
Dio, p. 642. d. toujours de nouveaux.'Quelques uns de ceux qui avoient parlé
contre Tibere, en furent[depuis]punis. Mais d'autre part Caius
avoit de l'aversion pour ceux qui en difoient du bien.

Dio, l. 59. p. 652. e.

Jof. ant. 1. 19.c.

I. p. 652. d. e.

&

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'T

ARTICLE XI.

Caius fait faire un pont fur la mer.

Ous les honneurs que le Senat decernoit de jour en jour à Caius,eftoient trops petits pour luy : il luy falut quelque chofe de plus extraordinaire.'Il crut qu'un maistre du monde & un dieu, fe devoit faire fervir & obeïr par la mer auffibien que par la terre. 'Et il n'aimoit rien tant que ce qui paroiffoit impoffible. Il fit donc faire un pont fur la mer,depuis Bayes,dit Suea Dio, p. 652. c. tone, jufqu'à Pouzoles, ce qui faifoit environ cinq quarts de Tac. an. 14.c.4. lieue. Au lieu de Bayes, Dion dit Baules, 'qui eftoit une maison

Suct. c. 37. p.

P. 470.

a c. 19. p. 442

P. 220.

37. de Caius

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Jol. 1. 19. c.1.

a Suet. p. 442.

royale fur la mefme cofte ;"& Joseph, Mifene, qui eftoit auf
dans le mefme quartier. a Le pont eftoit pofé fur deux rangs de P
vaisseaux attachez avec leurs anchres, fur lefquels on avoit mis
quantité de terre & de pierres : & on y avoit fait ainsi un grand
chemin.'Il y avoit mefme des hoftelleries, & des lieux pour fe Dio, p. 653. a,
repofer, où l'on trouvoit"jufqu'à des ruiffeaux d'eau à boire.'On p.652. 653.
ramafla pour cela autant de vaiffeaux que l'on put: & il falut en
faire encore de nouveaux : de forte que n'en reftant plus pour
apporter du blé à Rome,'cette folie y caufa une fort grande fa
mine, qui dura jufque fous Claude. Seneque affure que lorfque
Caius fut tué, il n'y avoit du blé à Rome que pour fept ou huit
jours: [& c'eftoit au mois de janvier.]

p.63. al Senec 371. alAur. V. Clau. p.5.

bre. vit. c. 18.p.

y.

d.

Dio,p.3.a.bl

Suet. c. 19.P.

442.

443.

'Quand le pont fut fait, Caius revétu d'une cuiraffe, qu'il difoit eftre celle d'Alexandre, & de toutes fes autres armes, fit des facrifices à fes dieux, particulierement à l'Envie, depeur, difoit-il, que les dieux ne fuffent jaloux de fa grandeur. Il partit enfuite de Bayes à cheval, accompagné de grand nombre de gents de pié & de cheval tous armez ; & en cet equipage il fit fa grande expedition de traverfer fon pont jufques à Pouzoles,dans le mefme état que s'il euft efté attaquer les ennemis. 'Il paffa le Dio, p. 63. bị refte du jour à Pouzoles, comme pour fe delaffer du combat, & Suct. p. 442. le lendemain il en partit pour repaffer le pont, habillé comme ceux qui conduifoient les chariots du cirque, & monté sur un chariot tiré par les chevaux les plus fameux dans ces jeux. Il avoit avec luy le jeune Darius 'fils d'Artabane Roy des Parthes, b& un grand nombre de fes amis magnifiquement vétus, & montez auffi fur des chariots. L'armée fuivoit avec quantité de peuple.'Vers le milieu du pont, il y avoit un throne pofé auffi fur des vaiffeaux. Caius y monta pour faire fon panegyrique, (car une fi grande guerre le meritoit bien, ) & recompenfer par des eloges & par de l'argent ceux qui avoient esté les compagnons de les travaux & de fes dangers.

6.

Jof. ant. l. 18. c.
p. 625. e.
Suet. p. 443.
Dio, p. 653. c.d.

b Dio,p. 653. cl

'Il paffa là le reste du jour, & toute la nuit fuivante à faire d. festin avec ceux de fa fuite, les uns fur le pont, & les autres fur des bateaux. Car on alluma un fi grand nombre de flambeaux en cet endroit, & fur toute la cofte voifine, que la nuit ne fut pas moins claire que le jour. 'Quand il fe fut bien rempli de vin e! Suct. c. 32.p. & de viandes, il fe divertit à faire jetter dans la mer toutes for- 463 tes de perfonnes,& fes amis comme les autres; & quand ils vouloient remonter fur les bateaux, il les faifoit repouffer à force

de rames; de forte que quelques uns y furent noyez. 'La plus Dio, p.653. c.

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