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de Caius

23.

1.

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!

roffe entre fon armée & quelques lieux étroits, quelqu'un ayant
dit que l'on verroit bien de la confufion & du trouble, fi l'enne-
mi venoit à paroiftre, la frayeur le saisit tellement, qu'il monta
auffitoft à cheval,& courut vers les ponts pour repaffer le Rhein:
& les ayant trouvé fi embaraffez de valets & de bagage qu'il ne
pouvoit paffer, il fe fit porter de main en main, croyant ne pou-
voir jamais eftre affez toft hors de l'Allemagne.

Cependant les ennemis ne fongeoient pas feulement à venir:
de forte que s'eftant raffuré, ]'il commença à jouer à la guerre. Il c. 45. p. 480.
fit une fois cacher quelques Allemans de fa garde audelà du
Rhein, afin qu'on luy vinft dire que les ennemis venoient. Il
quitta auffitoft fon difner pour courir aprés les ennemis, &
s'eftant avancé jufques dans un bois voifin, il y paffa le reste du
jour à faire couper des arbres pour s'eriger des trophées. Une
autre fois il donna ordre qu'on fift un peu avancer dans la cam-
pagne quelques enfans qu'on avoit donnez en oftage, & qui ne
demandoient qu'à etudier, & non à s'enfuir, afin de fe donner
le divertiffement de les pourfuivre au milieu de fon fouper, &
de les ramener chargez de chaines. Aprés cela il diftribuoit des
couronnes à fes foldats, & les exhortoit de fouffrir un peu la
fatigue de la guerre, en attendant un meilleur temps. 'Et il écri- p.481.
voit au Senat & au peuple de Rome des lettres vehementes con-
tre ceux qui fongeoient à fe divertir,à fe promener, à faire bon-
ne chere, durant que Cefar eftoit aux mains avec les ennemis,
& expofé à tant de dangers.

I

Dio, l. 59. p.

657. a.

a Suet. 1. 4. c.

44.p.479.

'Dion dit feulement qu'il prit une fois quelques Allemans par tromperie. Mais fon plus grand exploit fut de recevoir un Adminius qui fe vint rendre à luy avec quelque peu d'autres,ayant efté chaffé de fon pays par Cinobellin fon pere,Roy[ou plutoft l'un des Rois ] d'Angleterre. Il écrivit fur cela à Rome des lettres magnifiques, comme s'il fe fuft rendu maistre de toute cette grande ifle, & ordonna aux couriers, de ne mettre pié à terre qu'à la porte du palais, & de ne donner fes lettres aux Confuls qu'en prefence du Senat affemblé dans le temple de Mars, 'où 1.2.c.29. p. 195. Augufte avoit ordonné qu'on traitaft de ce qui regarderoit la guerre, les victoires, & les triomphes.

'Il ne laiffa pas avec cela de fe faire proclamer fept fois Impe- Dio, p. 657.a. rator par fon armée, [ comme on avoit accoutumé de faire quand les Princes avoient remporté quelque victoire : & cela fe marquoit fur leurs medailles. ]

1. apparemment le mefme que Dion appelle Cynobellin, l. 60. p. 678. 679.c.

Tom. I.

X

P. 556. c. d.

P. 657. b.

de Caius

39,

'Il fit cependant autant de maux à fes fujets qu'il en fit peu à 23. ses ennemis. Car ne fe contentant pas des grands prefens qu'il fe faifoit donner par les villes & par les particuliers, il prenoit les biens des riches, & fouvent les faifoit mourir fous divers pretextes.Il vendoit leurs terres en perfonne, afin qu'on fuft obligé de les acheter ce qu'il vouloit. Jouant un jour aux dez, & fe trouvant fans argent, il fe fit apporter le registre du denombrement des Gaules, pour voir ceux qui avoient le plus de bien, & commanda qu'on les fift mourir. Aprés cela il reprit fon jeu, en fe moquant de ceux qui fongeoient à gagner quelques pieces Suet. c. 41. p. d'argent pendant qu'il avoit gagné des millions. 'On raporte encore une autre action de luy d'une brutalité femblable; mais on n'en marque pas le temps.

477.

a.

461.

Dio, p.657. b.c. [Il faifoit quelquefois tuer des gents par fantaisie,]'comme un Julius Sacerdos, homme riche, mais non affez pour meriter la mort. Dion dit que fon nom [de Jule] fut caufe de fon malheur. 'Il faifoit tuer fes foldats, tantoft un à un, tantoft pluffeurs à la Suct. c.29. p. fois, en forte que fon armée en diminua extremement. 'Il avoit accoutumé tous les dix jours de voir la lifte des prifonniers, pour marquer ceux qu'il vouloit qu'on fift mourir, & il appelloit cela mettre fes contes au net. 'Mais une fois en voyant cette liste, il commanda fans autre forme, & fans favoir feulement de quoy on accufoit les prifonniers, qu'on les menaft" tous au fup- NOTE 8. plice. 'D'autres difent mefme que ce n'eftoient pas des prifonniers, mais une troupe de gents [ qui n'estoient accusez de rien.]

c. 27. P.4571

Dio, p. 657. a.

Dio, p. 67. a

ARTICLE XV.

Dio, l. 59. p.

657. c Suet. 1.5.

c. 9. p.512.

Conjuration de Getulicus & Lepidus punie feverement: Les fœurs
de Caius bannies: Claude en danger.

O

N decouvrit en ce temps là une conjuration vraie ou pretendue contre Caius.] 'Dion en parle comme d'une ima gination, & Suetone la fuppofe pour veritable. Lipfe croit que 4 Tac. an.16. c. c'eft celle que Tacite dit avoir efté decouverte à Caius par un 17.p.271.34. Anicius Cerealis, b On en faifoit chefs Getulicus & Lepidus. [Cnæus] Lentulus Getulicus eftoit un homme de qualité, qui Dio, P. 657.C. commandoit depuis dix ans les armées d'Allemagne. Cetemploi l'avoit maintenu dans les divers changemens arrivez fous 1.La plupart écrivent Gatulicus.

b Suet. 1. 5. c.9.

P. $12.

d Tac. an. 6. c. 30. p. 144.

I.

203.

39, de Caius Tibere: 'mais il falut perir fous Caius, parcequ'il eftoit, dit Dio, p. 657. c. Dion, aimé des foldats à caufe de fa grande douceur. a Nous Tac. p. 144 | avons encore un monument de quelques facrifices que la flate- Suct.1.7.c.6.p. rie fit faire le 27 octobre, parcequ'on avoit decouvert, dit l'inscription, les deffeins impies de Cn. Lentulus Getulicus.

665.

a Grut p. 117.

3.

'Sa charge fut donnée à Galba depuis Empereur, qui des le Suet. 1. 7.c.6.p. lendemain qu'il fut arrivé au camp, fit voir qu'il avoit plus de 665. fermeté & d'exactitude pour la difcipline, que n'avoit eu Getulicus.

Tac. an. 14.c.2.

219 ¡ not.5. Dio, 1. 59. p.

648.b | 657.c.

p. 657.c.

Suct. 1. 4. c.36.

P4,

Dio, p. 657. d.

'Pour M. Æmilius Lepidus, on croit qu'il eftoit fils de Julie
petite fille d'Augufte,& fœur d'Agrippine mere de Caius,[dont P.
il eftoit ainfi coufin germain.] 'Dion comme nous avons dit, le
fait mari de Drufille fœur de Caius.b Ce prince l'aimoit extre-
mement, & peuteftre trop,'fi Dion ne le confond point avec un
M. Lepidus Mnefter comedien. Il luy avoit permis d'entrer
dans les charges cinq ans avant l'age prefcrit par les loix, & il
luy promettoit de le faire fon fucceffeur. 'Les loix de la pudeur Rutil.itin. 1. 1.
n'empefcherent point que ce Lepidus n'euft un commerce ince, P. 133.
ftueux avec les fœurs de Caius, Agrippine, & Liville [ nommée
auffi Julie,]'On pretend qu'il vouloit par là s'elever à la monar. P. 133.
chie, & qu'Agrippine de fon cofté vouloit arriver par ce crime & Tac.an. 14. c.
où elle arriva depuis par d'autres. 'Caius le fit donc mourir com- Dio p. 657. di
me coupable d'avoir confpiré contre luy, & luy fit trancher la Suet. 1. 4. c. 24.
tefte
par un Tribun nommé Decimus.

с

2. p. 219.

P. 451.
e Sen. ep.4. P.

f Dio, p.657.dl

Suet. p. 451.
Suct. p. 451.

fIl condanna en mefme temps fes deux fœurs [ Agrippine & 74. f. Liville, ] comme adulteres, & comme complices des mauvais Suet. p. 451. deffeins de Lepidus contre luy, & les relegua dans l'ifle Ponce, 'ajoutant avec menaces qu'il avoit auffibien des épées que des Suet. c. 29. p. ifles.g Il écrivit enfuite au Senat qu'il avoit echapé une conjura-Dio p. 657.c. tion bien dangereuse, ( car il aimoit à fe plaindre, ) & fit une grande invective contre fes fœurs, à qui il reprochoit des choles infames, & il n'eut pas honte de publier les billets qui regar. doient leurs dereglemens.'Il envoya à Rome trois poignars pour eftre confacrez à fon Mars vengeur, avec une infcription qui marquoit qu'ils avoient efté deftinez pour le tuer : & il voulut qu'Agrippine portaft fur elle jufqu'à Rome l'urne où eftoient les os de Lepidus.[ Mais une punition fi fenfible ne fut pas encore capable d'arrefter les dereglemens & l'ambition d'une princeffe qui ne rougit pas d'epoufer fon oncle pour regner,]'& confentit 1.61. p. 590.b. Me occidat, "que fon fils luy donnast la mort pourvu qu'il fuft fouverain.

modo impe

ret.

452 | Dio, p.

657. d.

Dio, p. 657. e.

Caius vendit tous les ornemens, les meubles, les efclaves, & Suet. c 39. p.

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39, dc Cail

mefme les affranchis de fes foeurs, & il en tira de tres grandes 2,3 Dio, 1.59. p. fommes; [ parcequ'il les vendoit fans doute luy mefme. j'aussibien que les terres qu'il avoit confifquées fur les principaux des Gaulois.

656. d.

el Suct. p. 474.

P. 474.

'Voyant que ce trafic luy réuffiffoit, il fit venir les plus beaux meubles de la maifon imperiale, & les vendit de la mesme maniere, faifant acheter l'honneur qu'ils avoient eu de fervir à Antoine, ou à Auguste, ou à sa mere, ou à d'autres de cette qualité.'Il falut tant de voitures pour faire venir ces meubles d'Italie, que fouvent les moulins ne pouvoient aller, [parcequ'on fe fervoit alors de chevaux pour les faire tourner,] & l'on man. Dio, p. 655. c. quoit de pain à Rome. Avec tout cela fes profusions estoient si grandes, qu'il depenfoit encore plus d'argent qu'il n'en pouvoit tirer par tant de voies criminelles ou infames.

Suet. c. 56. p. 494.

T. Vef. c. 12. p.

732.

Dio, p. 657.

658.

[C'est peutestre à ce temps-ci qu'il faut rapporter ce que dit Suetone,'que dans une conjuration les principaux affranchis, & les Prefets du Pretoire, (car il parle ainfi,) ayant efté nommez comme complices, quoiqu'ils ne le fuffent pas, Caius les fit venir en particulier, tira fon épée,& leur protefta qu'il eftoit preft de fe donner volontairement la mort,s'il falloit qu'ils cruffent qu'il la meritast.Il ne laiffa pas de les avoir toujours depuis pour fufpects, & tafcha de les mettre mal enfemble, par les mauvais raports qu'il faifoit des uns aux autres.

niâ.

'Quand on fceut à Rome la mort de Lepidus & de Getulicus, Vefpafien alors Preteur,qui ne cherchoit qu'à flaterCaius,opina à jetter [ dans la riviere ] les corps des conjurez, & à leur refuser 1.5. c. 9. p.53 la fepulture.'Le Senat ne manqua pas de decerner auffi divers honncurs à Caius, entre autres le petit triomphe, [qu'on appelloit l'Ovation. ] Il deputa auffi Claude fon oncle avec quelques autres tirez au fort, pour luy aller témoigner jusque " dans le in GermPays bas où il eftoit alors, la joie que toute la compagnie avoit Dio, p. 658.a.b. de fa conservation.'Caius fe plaignoit que le Senat le meprifoit lorfqu'il ne luy decernoit que des honneurs mediocres ; & fe plaignoit auffi lorfqu'il luy en decernoit de plus grands, comme fi ce corps puiffant euft voulu fe mettre audeffus de luy, & euft pretendu luy pouvoir donner quelque chofe. Il trouva cette foisci qu'on ne luy avoit pas fait affez d'honneur, & qu'on luy envoyoit trop peu de deputez. Cependant il y en eut plufieurs qu'il ne voulut point recevoir, & à qui il ordonna de s'en retourner avant mefme qu'ils fuffent dans les Gaules, comme fi c'euffent efté des efpions : & ceux qu'il receut, il ne leur fit aucune civi

C.

2,3.

35, de Caius lité. 'Il témoigna auffi trouver fort mauvais qu'on luy euft en- Suct. 1.5. c. 9.p. voyé fon oncle, comme s'il euft befoin d'un tuteur. Il ne le ren- 13. voya pas neanmoins, 'mais on pretend qu'il l'euft fait mourir Dio, p. 558. c. s'il euft fait paroiftre un peu plus d'efprit:& il y en a mefme Suet. p.513. qui difent que des qu'il fut arrivé, on le jetta dans la riviere.

Caius écrivit auffi au Senat, qu'il ne vouloit point qu'on fist Dio, p. 65g. a. aucun honneur particulier à fes

parens.

'Depuis cela le Senat luy ayant envoyé une deputation plus nombreuse, & qui luy apportoit de plus grands honneurs, il la receut avec joie, & alla mefme au devant. Cette feconde deputation ne vint que depuis,[peuteftre au commencement de l'année fuivante.]

C.

'Cependant on poursuivoit à Rome ceux qui avoient esté liez d.
d'amitié avec les foeurs du prince, ou avec ceux qu'il avoit fait
executer. Il y eut mefme des Ediles & des Preteurs qui furent
obligez de quitter leurs charges pour eftre mis en juftice. 'Sofo- <
nius Tigellinus, [ fi celebre fous Neron par fes crimes,] fut alors
banni pour avoir violé l'honneur d'Agrippine. Ces pourfuites
epouventoient le Senat,& encore plus la crainte de ce que pou-
voit faire à l'avenir un prince fi cruel & fi infame, confeillé par
les Rois Agrippa & Antiochus, qu'on croyoit luy infpirer la
violence & la tyrannie.

A

ARTICLE XVI.

Caius eponfe Cafonia: Galba defait les Allemans.

PRES que Caius eut chaffé fes foeurs,il repudia fa femme Dio, p. 658. c.d.
Pauline dont il eftoit las, pour epouser Milonia Cæfonia

P.453.

a Dio, p. 641.d.

C.

'fille d'une Veftilia, qui eftoit accouchée de deux enfans à fept Plin 1.7.c.s.p.
mois, d'un à onze, & de Cæfonia à huit : & tous ces enfans 145.c.
avoient vécu. Cæfonia n'eftoient ni jeune, ni fort belle lorfque Suet. 1.4. c. 25.
Caius l'epoufa, & elle avoit trois filles d'un autre maria encore
vivant: mais elle avoit un art tout particulier de fe faire aimer.
De forte que Caius s'attacha à elle avec plus d'ardeur & plus
longtemps qu'à toutes les autres. 'On croit mefme qu'elle luy
avoit donné pour cela quelquebruvage,quifit plus d'effet qu'elle
ne vouloit, & qui luy ayant trouble l'efprit, fut caufe de cette
fureur qui luy faifoit commettre tant de cruautez : 'car il l'avoit Dio, p. 658. d.
aimée avant que de l'epoufer. 'Ce fut pour cela qu'on la fit mou- Jof. p. 666. f.
rir aprés qu'on eut tué Caius.'Neanmoins la legereté de Caius Dio, p. 541., G

Suet. p. 453. c.so. p. 485 Jof 1.19. c. Juv. lat. 6. v. 615 | p. 66. f.

2.

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