40, de Caius 34. mencement de Tibere. On le detourna avec peine d'un fi hor- 66€. 484. 'Le Senat n'avoit garde de le faire, fi Caius luy avoit défendu P.484. [Quand il approcha de Rome, ] 'il ne fouffrit point qu'aucun P.484. a. b/Suet. c. 37. p. 470 Jof, ant. g 19. c.1.p. 657.. 'Il fit alors executer un Caffius Betilinus; & voulut que Capi Dio, p. 660. b. Suet. c. 27. p. 459. ■ Dio, p.660.b. Suet c. 49. p. P. IC07. a. de • 324.. ton fon pere, qui n'eftoit ni coupable, ni mefme accufé de rien 'Dans les quatre mois qu'il vécut depuis, il fit beaucoup de cruautez contre le Senat, & en euft peuteftre fait encore davantage s'il fuft mort pluftard. 'Aprés qu'il euft efté tué, l'on trouva dans fon cabinet deux petits livres, intitulez, l'un l'Epée, l'autre le Poignard, où il écrivoit les noms de ceux qu'il vouloit faire Dio, p. 660. b. mourir. 'Ils eftoient portez ordinairement par un Protogene, le miniftre de fes plus horribles cruautez. 'On y trouva auffi une grande caffette pleine de diverfes fortes de poifons: &. Claude Tayant fait jetter dans la mer, on dit que beaucoup de poissons Suet. c. 49. P. 485. P. 484. c. 8. p. 428. Phil.leg. p. 1039. a. Suet. c. 28. p. 460. en moururent. 'On pretend que fon deffein eftoit d'ofter la vie à tous les plus confiderables d'entre les Senateurs & les Chevaliers, & enfuite de fe retirer à Antium, & de là à Alexandrie. 'Car il aimoit le fejour d'Antium, jufqu'à y vouloir, disoit-on, transferer le siege l'Empire,parcequ'il s'ennuyoit de Rome: '& il avoit aussi une grande paffion d'aller à Alexandrie, & d'y paffer un temps confiderable, parcequ'il s'imaginoit devoir principalement à cette ville l'origine & l'établissement de fa pretendue divinité. de [Il fe reconcilia neanmoins un peu avec le Senat, lorfqu'il Dio, p. 660. c vit qu'il tafchoit de fatisfaire fa cruauté.]'Car ce Protogenedont nous venons de parler, eftant un jour entré au Senat, comme pour quelque autre affaire, & tout le monde fe preffant pour le faluer comme un favori de la fortune, il regarda d'un œil aigre & fier un Scribonius Proculus qui eftoit parmi les autres, & luy dit: Quoy? vous venez auffi me faluer, vous qui eftes ennemi de l'Empereur? Il n'en falut pas davantage. Les autres Senateurs, entre lefquels il y en avoit [peuteftre] qui avoient l'ordre de Caius, fe jettent auffitoft fur Proculus, crient que c'eft un ennemi public,le percent de leurs stylets, & le laiffent mettre en pieces par le peuple, qui traina tous fes membres par les rues ala vue mefme de l'Empereur. Caius qui avoit fouhaité cette cruauDio, p. 660. c. té, 'en fut tellement fatisfait, qu'il declara par un edit public qu'il fe reconcilioit avec le Senat. .c. d. [Auffi pour reconnoiftre cette grace,] 'les Senateurs l'appelloient tantoft un heros,& tantoft un dieu. Et leurs flateries ache3661. el val. verent de perdre le peu de jugement qui luy reftoit. 'Car ce fut P.659.670. 40,de Caius 34. depuis ce temps là, qu'il voulut plus que jamais paffer pour dieu, Mais Dieu pour confondre fa vanité, luy fit voir par un acci- mes eft peu de chofe.] 'Car la derniere fois qu'il fortit de Rome, Plin.l 31.c. 1. p. ***** ARTICLE XX. Diverses particularitez de la vie de Caius, qui n'ont point d'année. 味 'HISTOIRE nous apprend encore diverfes chofes de ce Lprince, que nous n'avons pu reduire dans l'ordre du temps, pou & qui meritent bien neanmoins d'eftre remarquées. Nous 'Dion qui fait un affez long difcours fur la vie deCaius en gene- Dio, 1.59. p. » tes chofes, ce qu'il finit par ces mots : 'Il fe plaifoit tantoft à voir p. 643. a, b, beaucoup de monde, & tantoft à eftre feul. It fe fafchoit quand » on luy demandoit quelque chofe,& quand on ne luy demandoit » rien. Il eftoit tres promt dans quelques affaires, & tres lent dans d'autres. Ildepenfoit avec une prodigalité fans bornes, & amas» foit avec l'avarice la plus fordide. Il recevoit tantoft bien, tan» tost mal & la liberté & les flateries. Il pardonnoit souvent à » ceux qui avoient fait les plus grandes fautes, & faifoit [ encore Philo, leg. p. 1039. b. d. Sen. de ben. 1. 2.c.12.p.12.a.bl n.p.18. plus] fouvent mourir ceux qui n'en avoient fait aucune. De « fes favoris il combloit les uns de graces & de careffes ; & traitoit « les autres avec le dernier mepris: en forte que perfonne ne fa. « voit ce qu'il falloit ni faire ni dire pour luy plaire; & s'il y en « avoit qui se maintinffent dans fes bonnes graces, c'eftoit plus par hazard que par adreffe. ment pour [Quelque bonne volonté qu'il témoignaft,]'jamais personne ne pouvoit s'y affurer: & quand il avoit fait quelque grace, il s'en repentoit bientoft, & fembloit chercher des adrefles non feule. ofter ce qu'il avoit donné, mais pour le faire payer avec ufure par de plus grands maux. Ainfi il delivroit quelquefois des perfonnes de prifon, & puis les y faifoit remettre fans aucun fujet,ajoutant à leur premier malheur, de ne pouvoir plus efperer de mifericorde. 'On en a vu qu'il s'eftoit contenté de bannir lorfqu'ils attendoient la mort d'un juge fi deraisonnable & fi cruel: mais lorsqu'ils fe tenoient heureux dans leur exil croyant n'avoir plus rien à craindre,il les y envoyoit tuer. 'S'il faifoit une liberalité à quelqu'un, il se la faifoit rendre, non comme un argent prefté dont il luy falloit payer l'intereft, mais comme un vol qu'on luy avoit fait, & à caufe duquel il falloit perdre tout ce qu'on pouvoit avoir de bien. 'Pour ceux qui fembloient eftre le mieux auprés de luy, il les ruinoit agreablement fous pretexte de leur témoigner de l'amitié, en les engageant à le fuivre dans les voyages qu'il entreprenoit en un moment fans regle, fans raifon, & fur la premiere fantaisie qui luy venoit; ou à luy faire des feftins fi magnifiques, que pour un feul repas il falloit quelquefois engager tout fon bien & faire des dettes. Ainfi les plus fages apprehendoient fes faveurs, parce qu'elles n'eftoient pas feulement inutiles, mais perilleufes; & qu'on les pouvoit moins confiderer comme des graces, que comme des pieges dont il falloit fe garder. 'Il avoit donné la vie à Pompeius Pennus, fi c'est donner la vie que de ne la pas ofter. C'eftoit un Senateur deja fort agé, qui avoit paffé par les plus grandes dignitez. Cependant quand il vint le remercier,il luy donna[non fa main,]mais fon pié gauche à baifer. Ce prince né[pour humilier la fierté Romaine, Jou,comme dit Seneque, pour changer les mœurs d'une vie libre en l'esclavage des Perfes,ne crut pas que ce fuft affez de voir un homme de cette qualité profterné devant luy en presence des perfonnes les plus illuftres, comme un ennemi vaincu aux piez du victorietix; il voulut trouver une maniere encore plus hon " teuse d'infulter à la liberté, & de fouler aux piez la Republique. Ceux qui le veulent excufer, ajoute Seneque en le raillant, difent qu'il ne le fit pas par infolence, mais pour montrer fes fouliers d'or plutoft que dorez, & enrichis de beaucoup de perles. 'Il avoit fait mettre en prifon le fils d'un illuftre Chevalier Ro- de ira, 1. 2. c. 35. main nommé Pafteur,parce qu'il eftoit trop propre,ditSeneque. P.299.a.b. Le pere luy vint demander la grace de fon fils: & auffitoft il envoya non le delivrer, mais le conduire à la mort. Mais pour confoler ce miferable pere, d'une maniere digne de luy, il le pria le jour mesme de venir manger à fa table. Pasteur n'ofa s'excufer parce qu'il avoit encore un fils. Il vint avec le mefme vifage que s'il n'euft eu aucune affliction. Caius qui avoit mis un homme heminam, auprés de luy pour l'obferver, luy fit porter de grands verres de vin,des parfums,&des couronnes:& Pasteur fut obligé d'effuyer tout cela, & de donner des marques de joie peu feantes à fon age mefme, dans le comble de la douleur, pour conferver fon fecond fils: car il ne put pas feulement obtenir de ramasser les tus. os du premier. 'Suetone rapporte quelque chofe de femblable: Suet. 1. 4. c. 27. cruautez ordinaires de Caius. 'Il y eut beaucoup d'autres peres Sen. de ira, 1.3. 351. b. c. dis alterca 'Seneque raporte la mort philofophe d'un Canius Iülus, "qui ad Ser. c. 14. P. dans un long entretien qu'il eut avec Caius, luy parla avec une liberté entiere, & fans le flater. Enfin lorfqu'il s'en alla, Caius luy dit: Afin que vous ne vous trompiez pas par de fauffes efpe»rances, je vous avertis que j'ay donné ordre de vous mener à la » mort. C'estoit un ordre qu'on favoit bien qu'il ne revoquoit jamais. Et neanmoins Canius fans s'effrayer, luy répondit auffitoft: Je vous rends graces, "mon prince, de cette faveur. On ne fçait fi c'est qu'il regardoit effectivement la mort comme une grace, ou s'il vouloit montrer à Caius quel eftoit le veritable sentiment de tant de perfonnes qui luy faifoient de grands remerciemens [de ce qu'il leur laiffoit la vie,]aprés leur avoir ofté les biens, ou fait mourir leurs enfans. optime » princeps. 'Seneque ajoute que comme on differoit alors de dix jours c.d. V. Tibere l'execution des condannez, ["fuivant l'ordonnance de Tibere,] Canius paffa ces dix jours fans témoigner la moindre inquietude."Le Centenier qui vint pour le mener au fupplice, le trouva Latrunculis. qui jouoit "aux échecs. Il confola fes amis qui pleuroient fa §13. |