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Suet. c.Io. p.
SIS | not.

41,

de Ciau

le porterent au camp à la vue du peuple. Comme on s'imaginoit de 1. que c'eftoit pour le faire mourir, tout le monde témoignoit avoir compaffion de fon malheur.

'Il fut [fort bien] receu dans le camp, & on a encore des me dailles qui marquent cette reception. [Mais comme il eftoit fort: timide, il y pafla la nuit avec plus de frayeur que d'efperance. Jof.1.19.c.3.p. 'Et il eftoit fort dans la difpofition de ne point accepter l'Empi

670. d. c.

d...

Dio, p. 665.a.

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re,mais de se remettte à la volonté du Senat. Sur cela"Agrippa v. Gaius
Roy des Juifs, qui venoit de faire enterrer le corps de Caius, 25.
arriva au camp: &yayant appris qu'on penfoit à Claude,il l'alla
trouver, l'exhorta à prendre courage, & à ne pas abandonner
la puiffance fouveraine lorfqu'elle le prefentoit d'elle mefine;
& puis fe retira chez luy.

Claude fe refolut donc d'ufer de la bonne volonté des foldats. c. 2. p. 664.de. 'Eux de leur costé ne delibererent pas beaucoup à le declarer Empereur.Perfuadez que l'Etat ne fe pouvoit paffer d'un Prince, ils crurent qu'il leur feroit plus avantageux de le donner, que de le recevoir des autres ; Que perfonne ne le pouvoit difputer à Claude, ni pour la nobleffe, ni pour l'erudition, 'qu'il eftoit parent des Empereurs, "& qu'il n'avoit que de bonnes inclina- . tions, 'Ainfi des le lendemain[ 25 de janvier Jils luy firent ferment de fidelité. Claude accepta leur ferment, & leur promit1, ou mefme leur donna deflorsquelque fomme d'argent,ce qu'aucun des autres Empereurs n'avoit fait. Il donna de plus grandes fommes aux officiers à proportion de leur dignité, & promit, felon Jofeph, d'étendre cette liberalité à toutes les autres troupes de Tac. an. 12. c. l'Empire. Neron fuivit l'exemple de Claude,[& les autresÈmpereurs fe font cru obligez enfuite de les imiter.]

Suet.l.s.c. 1o.p.
SIS. 515 Jof.

ant.l.19.c. 3. P.
671. C.

69. p. 194.

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'Le Conful Saturnin fceut [des le jour de la mort de Caius",] 24 janvier. que les foldats avoient emmené Claude pour le faire Empereur. Cela ne l'empefcha pas de faire dans le Senat un grand difcours fur la liberté, 'dont il dit de fört belles chofes au raport de Jofeph,mais on ne voit point qu'il y parle des moyens de l'établir, & de la rendre affurée. Il y loua beaucoup les conjurez, comme les liberateurs de la patrie,'& conclut à les elever aux plus grands honneurs, furtout Cherea.

'L'affemblée du Senat dura bien avant dans la nuit, & fe termina fans rien conclure. Quand elle fut levée, Cherea alla de

a

1. Suetone dit qu'il promit 15 feflerces par tefte, quinadena HS: & Jofeph, qu'il donna à chaque foldat cinq mille dragmes [ou deniers, ce qui faifolt 2cc pieces d'or. C'eit une grande fomme, & j'ay Tac.an.12.n.65. peur qu'il n'y ait faute.] 'On marque que les sooo dragmes de Jofeph font 2e felterces.

de Clau- mander le mot aux Confuls; ce qui ne s'eftoit point vu depuis
l'etabliffement de la monarchie.Les Confuls lui donnerent pour
motLiberté;& il l'alla porter aux quatre cohortes qui obeïffoient
au Senat. 'Comme il eftoit" le tout dans ce parti, ail envoya un e.
Tribun nommé Lupus, tuer Cæfonia femme de Caius avec fa af.g.
fille, fans en avoir ce femble deliberé qu'avec les autres conju
rez,dont mefme quelques uns defaprouverent cette execution.

NOTE 4.

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Agrippa deputé à Claude par le Senat pour luy perfuader de quitter
l'Empire, luy perfuade de le garder:

E peuple témoignoit alors de la

Jof. ant. 1.19.c. 2.

p. 666. c.

bp. 669. f.

bel. 1. 2. c. 18. P.792.d.

¿Suet.l.s. c. 10.

P. 515.

Jof. ant. 1. 19.
3p. 670. e. fl

C.3.p.
bel. p. 792. d.

E peuple témoignoit alors de la joie de cette efperance de liberté & d'autorité dont il fe flattoit:& cependant des le 5 janvie. lendemain" lorfqu'on eut fceu que Claude avoit efté proclamé. Empereur par les foldats,il en témoigna encore plus de joie. Le fouvenir des guerres civiles excitées par les factions des Senateurs, fit qu'il aima mieux un feul Prince que plufieurs tyrans. Le Senat perfiftoit en general à fouhaiter la liberté,'& il vouloit mefme declarer la guerre à Claude: mais il n'agiffoit que foiblement à caufe des differens avis qui le partageoient, & Il envoya querir Agrippa," qui vint parfumé & peigné, comme un homme qui n'avoit penfé qu'à fe divertir, & comme s'il n'eftoit point forti de chez luy. Il demanda des nouvelles de Claude [qu'il ne voyoit point dans la compagnie. ] On luy dit ce qui en eftoit, [& ce qu'il favoit mieux que perfonne; J & on le pria de vouloir dire ce qu'il jugeoit qu'il y euft à faire. Ce traitre fit de grandes proteftations qu'il eftoit preft de mourir pour la gloire du Senat.Il ne travailla neanmoins qu'à jetter la terreur dans les efprits. Car il leur reprefenta qu'ils n'eftoient point en eftat de refifter aux Pretoriens ; & que le meilleur parti eftoit de deputer 'p. 671. 8. à Claude pour obtenir de luy qu'il ne fongeaft point à l'Empire. Il s'offrit de l'aller luy mefme trouver pour cela.

'Le Senat accepta fes offres, & le deputa vers Claude, avec a
Veranius & Bruchus Tribuns du peuple. fAgrippa luy parla en
particulier, luy dit le trouble où eftoit le Senat, l'exhorta à té-
moigner du courage, & à répondre en Empereur. g Les Tribuns
le conjurerent de ceder à l'autorité du Senat, du peuple, & des
loix, de ne vouloir point imposer à fa patrie un joug dont il ve-
noit luy mefme de fentir la pefanteur; de faire reflexion fur la

Bb iij

P.2

e afc. 2. p.670.

f Jol. c. 3. p.

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psis Dio,l. 50. P.665. a. 670.c.dl 671. a. c.2. p. 669. si Dio, p. 665

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570 | Suet.

2.

P.

mort de Caius; de confiderer les fuites funeftes d'une guerre ci- der vile; que le Senat avoit des troupes fur pié, le moyen d'y en mettre beaucoup d'autres, & l'efperance du fecours de Dieu favorable à ceux qui combatent pour la juftice & pour la liberté de la patrie; Que s'il vouloit ceder à la raison, & jouir de la vie tranquille qu'il avoit toujours aimée, il pouvoit s'affurer de tous les honneurs qu'un Etat libre peut donner à un citoyen ; & qu'ils le prioient de venir deflors prendre part aux deliberations de la Jof. p.670. bc. Cour.'Cependant comme ils eftoient convaincus de la foibleffe de leur parti, ils fe jetterent enfin à genoux, pour le conjurer, s'il vouloit abfolument eftre Empereur, d'aimer mieux recevoir l'Empire du confentement du Senat, que de l'arracher par la

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force.

ceffitate te

ri.

'Claude répondit qu'il ne s'eftonnoit point qu'on craignist la puiffance fouveraine, aprés ce qu'on venoit d'eprouver; mais qu'il efperoit faire voir combien un gouvernement jufte & equitable eft avantageux, qu'il n'auroit que le nom de Prince, & que tous auroient part à l'autorité; qu'il le leur promettoit, & que la vie qu'il avoit menée jufqu'alors leur en répondoit:[qu'a. prés tout, quand il voudroit abandonner l'autorité qu'il avoit receue, ]'ceux qui la luy avoient donnée" ne le fouffriroient ja- vi fe ac nemais. Les deputez furent obligez de s'en retourner avec cette réponse. Agrippa fut auffi chargé de la porter au Senat, & Claude paffa [le refte du jour]à haranguer fes foldats,à recevoir leur ferment de fidelité, & à leur diftribuer de l'argent. 'Agrippa & les deputez ayant fait leur rapport, le Senat répondit que jamais il ne fe foumettroit volontairement à la fervitude; & qu'il efperoit eftre en état qu'on ne l'y forceroit pas. [C'eftoit declarer la guerre.] Auffi Claude ayant fceu leur refolution, leur envoya encore Agrippa pour leur dire qu'il feroit donc la guerre [puifqu'ils le vouloient] quoique pour luy il ne le vouluft pas : & qu'il les prioit feulement que l'on convinst, pour donner bataille, de quelque lieu hors de la ville, afin qu'au moins les temples ne fuffent pas fouillez du fang des citoyens, repandu par des citoyens.

de I.

NOTES.

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Le peuple veut un Empereur: Le Senat en cherche unbon, & est enfin

L

contraint de recevoir Claude.

ORSQU'AGRIPPA vint porter au Senat la derniere rẻ- Jof. bel. 1. 2. ponfe de Claude, ['ce qui ne fut peuteftre' que le lende- 4.1. p. 792. g. 26 janvier. main,"] les affaires eftoient bien changées dans la ville. 'Car le Suet. 1.5.c. 10. peuple qui environnoit le Senat,declara qu'il vouloit un Prince; P. 515.

unum recto

rem jam

il femble qu'il demandoit Claude nommément. Cela se fit [apparemment fur le foir ]* le jour d'aprés la mort de Caius.'Le Jof. ant. 1. 19.6. expofcente. lendemain les Confuls affemblerent le Senat des devant le jour: 3. p. 671. c.d. les jan- il s'y trouva à peine cent perfonnes. Les autres fe tenoient ca

vier.

chez dans la ville, ou s'eftoient retirez à la campagne, pour
laiffer decider les affaires aux plus hardis, fans s'expofer au dan-
ger. 'Durant que ce petit nombre de Senateurs deliberoient, on d. c.
entendit tout d'un coup les foldats du parti du Senat crier qu'ils
vouloient un Prince; qu'on choifift le plus digne; mais qu'abfo-
lument il en falloit un. Ainfi toutes les efperances de la liberté
s'evanouirent, & on fe voyoit reduit à obeïr à Claude aprés l'a-

voir offenfé.

g.

'On fongea neanmoins à diverses, perfonnes plus capables Dio, 1. c. p. fans doute de gouverner l'Etat, que n'eftoit Claude, & qui ne 666.b. d. manquoient pas d'ambition pour cela. 'On le dit nommément p.674.c | Jofl. NOTE 6. d'Annius Minucianus"ou Vinicianus,[ celui apparemment qui 19. 3. p. 671. f. avoit efté l'un des chefs des conjurez,]'& de Valerius Afiaticus, Jof. p. 671. È. [qui avoit auffi eu quelque part à la confpiration. J'On parla en- Dio, p. 674. d core de Camillus Scribonianus qui fe revolta l'année fuivante. 'Minucien l'emportoit felon Jofeph: mais les Confuls qui Jof. p. 671. f.g. voyoient de combien de maux l'election d'un nouvel Empereur feroit fuivie, differoient fous divers prétextes [ de mettre la chose en deliberation, ou de la conclure.] Cependant on sceut que les gladiateurs qui faifoient une grande partie des troupes du Senat, les archers du guet," & les foldats de la marine, couroient tous en foule au camp [ fe foumettre à Claude:] de forte que perfonne ne fongea plus à une dignité qui ne pouvoit que l'expofer à de plus grands maux.

remiges.

'Quand le jour commença à paroiftre, Cherea & les autres g|67z
conjurez allerent parler aux foldats qui reftoient encore: maist
on ne voulut pas feulement les ecouter. On demandoit un Em-

-

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p. 672. b | Suct.

C. II. p. 516.

b.

a Jol. p.672. cDio, 1. 60.p.

665. a.

b Jof. bel. 1.2.c.

18. p. 792. 793.

JoL. ant. c. 3. p.

с

672. c. d.

Dio, 1 6c. p.

665. a.

c Jol. ant.c.3.p. 672. d. e.flbel. 1.2. c.18. p. 793.

.

41, de Clay,

pereur, & fans delai. Cherea leur reprefenta en vain les emplois de
honteux où Caius les avoit occupez; qu'il feroit indigne aprés
un furieux d'obéir à une beste comme Claude, que bien loin de
le faire Empereur,' ils devoient luy aller couper la tefte. a Les
foldats, au lieu d'avoir egard à toutes fes raifons, prirent leurs
drapeaux,& l'épée à la main s'en allerent droit au camp fe join-
dre à leurs compagnons.b Un foldat feul leur infpira ce deflein:
il cria aux autres qu'ils eftoient bien malheureux de vouloir s'en-
tretuer,eux qui estoient d'une même nation & d'un même fang,
pendant qu'ils avoient un Empereur à qui on ne pouvoit rien re-
procher. En difant cela, il commença l'épée à la main à s'en
aller, & les autres le fuivirent 1.

'Les Senateurs fe trouverent alors dans une étrange confter- 遭 nation. Ils fe repentoient de leurs grands deffeins, parcequ'ils n'avoient pas réuffi, & s'amufoient à fe faire des reproches les uns aux autres. Ils craignoient avec fujet le reffentiment de Claude: Cherea, & Sabinus l'un des chefs des conjurez, proteftoient qu'ils fe donneroient plutoft la mort que de fe foumet.. tre à luy.[Cependant il n'y avoit point d'autre parti à prendre:] 'il falut que le Senat le declaraft Empereur,& luy decernast tous les titres de l'autorité fouveraine: [& auffitoft] chacun se preffa d'aller au camp le faluer comme Empereur.Mais ils y furent fort mal receus des foldats:il y en eut de battus,& mefme de bleffez; & le defordre euft efté fort loin, fi Claude ne l'euft arresté, fur ce qu'Agrippa luy reprefenta qu'en laiffant perir tant de perfonnes illuftres, il perdoit toute la gloire de fa dignité, & qu'il p. 672. elbel. 1. ne feroit plus prince que d'un defert.'Comme Q. Pompeius, ou 2. c. 18.p.792.c. plutoft "Pomponius Secundus l'un des Confuls paffoit pour V. Caius avoir le plus foutenu la liberté, quand on le vit venir, les fol- 22. dats coururent à luy pour le tuer. Mais Claude les arrefta, & fit bel. p. 793. b.c. mesme affeoir le Conful auprés de luy. 'Il receut auffi fort bien tous les autres Senateurs.

a. b.

ant. p.672. f.gl bel. p. 793. C.

ant. p. 673. g

Dio, l. 60. p.

655.c. dl Suct. 1.5. c. I. p. 516.

'Apres cela il fortit du camp, & entra à Rome accompagné du Senat & des foldats, à qui il avoit donné Pollion pour Prefet [au lieu de Clement.] Il s'en alla offrir des facrifices pour rendre graces à Dieu de fon elevation ; & puis il fe retira au palais.' Il y tint confeil avec fes amis fur ceux qui avoient tué Caius. Leur action paroiffoit grande & genereufe, & elle n'eftoit pas defagréable à Claude à qui elle avoit donné l'Empire. Mais c'estoit

1. Jofeph dit qu'ils pafferent tout au milieu du Senat affemblé : di pions tñs Buλñs, [ ce qui a peu apparence,] neanmoins

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