42, de Clau Suites fafcheufes de la revolte de Camillus : Arria se tuc. LAUDE fit une grande recherche de ceux qui avoient eu Dio,p.674 part à la revolte de Camillus: beaucoup fe tuerent eux 675. mefmes, & Vinicien [ou Minucien] entre les autres: beaucoup d'hommes & de femmes furent condannez par Claude dans le Senat,& executez.'Mais ceux qui avoient la faveur de Meffaline p. 675. c. & des affranchis, ou qui l'acheterent, demeurerent impunis, quoique coupables. 'Les enfans ne furent point compris dans la c. punition de leurs peres, & quelques uns mefmes eurent leurs biens [qui avoient efté confifquez.] 'Meffaline & Narciffe profiterent de cette occafion pour faire 1.b. 'Un affranchi de Camillus nommé Galefe, ayant efté pris & d. [Le courage d'Arria eft encore plus celebre. J'Elle eftoit femme d. elPlin.l.3.ep. Nor de Cæcina Pætus, "homme Confulaire, avec qui elle vivoit de- 16. p. 195-198. puis longtemps dans une parfaite union. Pætus s'eftant trouvé engagé dans le parti de Camillus, fut arresté & mis dans un vaiffeau pour eftre mené à Rome. Arria ne pouvant obtenir d'eftre receue dans le mefme vaiffeau pour le fervir, elle le fuivit dans une barque, & s'en vint ainfi à Rome, où elle reprocha devant Claude mefme, à la femme de Camillus, de ce qu'elle pouvoit encore vivre après avoir vu tuer fon mari entre fes bras.Elle marquoitaffez par là la réfolution où elle eftoit de ne pas survivre au fien. Et cependant elle estoit affez bien dans l'efprit de Meffaline pour vivre non feulement avec fureté, mais mesme Ibid. Martial. 1. 1. Gaud. 1. 1. c.31. P. 252. 42, de Clau avec honneur & avec credit. On la garda quelque temps pour de 1, 20 [Enfin lorfqu'apparemment elle vit qu'il n'y avoit plus d'efperance de fauver la vie à fon mari,]' & que neanmoins il n'avoit point le courage de fe donner la mort, elle prit un poignard, se l'enfonça dans le fein, & puis le retirant, elle le prefenta à fon mari, en luy difant: 'Il ne me fait point de mal : à quoy le poete luy fait ajouter, Je ne fens que le coup qui te va tranfpercer. [Cette parole & cette action font extremement celebres, & les payens les ont relevées comme dignes d'une gloire immorAug. ep.204.B. telle.]'Mais cette gloire n'eft que devant les hommes,& non dep.767. a.bin vant Dieu. Car pour luy appliquer ce que Saint Auguftin dit de Razias 1, elle a témoigné un courage extraordinaire à mépriser la mort & les douleurs; & ce qu'elle a fait pour l'amour d'un mari, nous apprend ce que nous devons fouffrir pour l'amour d'un Dieu. Mais fi cette action a efté grande & noble, on ne peut pas dire neanmoins qu'elle ait efté ni fage, ni bonne: & il faut au moins qu'on avoue qu'Arria a efté coupable d'avoir tué une Plin. 1. 3. ep.16. innocente.'Pline même qui estime fon action comme unRomain la peut estimer, ne veut pas neanmoins qu'on la prefere au courage avec lequel la mefme Arria avoit caché la douleur extreme qu'elle avoit de la mort d'un fils, de peur d'affliger fon mari qui eftoit malade: Car en cette occafion, dit-il, elle ne penfoit point « à eternifer fon nom comme dans l'autre,& elle ne fongeoit point à la gloire. P. 195. 196. p.197. 198| Tac. an. 16. c. 35. P. 276. 'Arria fa fille voulut depuis imiter fon exemple à la mort de Pætus Thrafea fon mari: & fa mere luy avoit en quelque forte prefcrit cette loy. Neanmoins elle fe laiffa perfuader qu'il valoit mieux vivre. [L. Otho pere de l'Empereur de ce nom, fucceda apparemment à Camillus dans le commandement des troupes de la DalSuet in Oth. c. macie. J'Et ily fit une action bien hardie. Car il fit trancher la teste I. p. 687.688. au milieu du camp, aux foldats, qui, comme nous avons dit, avoient tué leurs officiers, quoiqu'ils l'euffent fait pour rétablir l'autoritéde Claude, qui les en avoit même recompenfez.Claude en eut de la peine: il le fouffrit neanmoins: & mefme Othon gagna tout à fait fes bonnes graces, en luy decouvrant peu aprés Dio, l. 60. p. la conjuration qu'un Chevalier Romain formoit contre luy.'Ce $77.C 1. dont la mort eft rapportée au fecond livre des Macabées, c. 14. v. 37-46. de Clau- Chevalier fut precipité l'année fuivante du haut [de la roche] du Capitole par les Confuls & par les Tribuns du peuple. NOTE 12. durant deux Claude jaloux & prodigue du droit de bourgeoifie; fait mourir Julie 543. 'Il priva les Lyciens de leur liberté à caufe de leurs feditions, c/Suet 1.5. c. 25. dans lesquelles ils avoient mefme tué quelques citoyens Ro- P.543. mains; '& les joignit à la province de Pamphylie. Les Lyciens Dio, p. 676. c. luy ayant deputé fur cela un homme de leur province, qui avoit acquis à Rome le droit de bourgeoifie, il luy ofta ce droit parcequ'il n'entendoit pas le latin. 'Ill'ofta encore à beaucoup de d. perfonnes qui effectivement en eftoient indignes: [mais il est bien étrange] 'qu'il ait efté jufqu'à faire trancher la tefte à quel- Suet. c. 25. p. ques uns pour fe l'eftre attribué. Il defendit auffi à ceux qui ne l'avoient pas, de prendre les noms des familles Romaines. 'D'au- Dio, p. 676, d. tre part il accordoit ce droit à une infinité de perfonnes qui l'achetoient de Meffaline ou des affranchis. Et d'abord on l'achetoit bien cher: mais il devint enfin fi commun, qu'on difoit par raillerie qu'on l'avoit pour un verre caffé.'C'eft ce qui fait dire à Sen. lud. p. Seneque que & Claude euft vécu un peu davantage, il eust fait G tous les Grecs, les Gaulois,& les Efpagnols, citoyens Romains. Cara 'D'autres"Empereurs l'ont fait enfin,&S. Auguftin les en a louez. Il paroift qu'il y eut encore cette année de la famine à Rome. Dion en attribue la cause à l'avarice fordide de Meffaline & des affranchis, qui vendoient toutes chofes grandes & petites, & vouloient piller fur tout. D diij 476.c. Aug. civ. D. 1. c.17.p.60. 2. a. d Dio, p.676.c P. 577.c. Suet. c. 29. P. de 2,3. 'La jaloufie de Meffaline fit perir Julie fille de Drufus fils de 3 de Clau Tibere: ["& elle avoit beaucoup contribué à la ruine]de fon pro- V. Tibere pre mari Neron fils de Germanicus. 'Elle fut tuée par un ordre 19. donné fous le nom de Claude,fans avoir eu non plus que l'autre Sen.lud. p. 480. Julie la liberté de fe defendre. 'Elle eftoit auffi niece de Claude, fille de fa foeur [Liville.] aDe ces deux Julies, l'une perit par le fer, l'autre par la faim. a. ap. 478. f. Dio, 1. 60. p. 677. d | 678. cl Tac. v. Agr. c. 13. p. 143. 'Les armes romaines pafferent cette année dans l'Angleterre fous la conduite d'Aulus Plautius, accompagné de Vefpafien qui regna depuis. ["Augufte avoit cru qu'il valoit mieux fe faire v. Caius s craindre des Anglois, que de les affujettir. Mais Claude n'eftoit 18. Suet. 1.5.c. 17. pas fi politique; ]'& l'occafion de remporter un triomphe estoit une grande raifon pour luy. Les Anglois luy en fournirent le pretexte par les plaintes qu'ils firent de ce qu'on ne leur rendoit Dio, p. 677. d. pas quelques transfuges:' & un nommé Berique qu'ils avoient chaffé dans une fedition, luy perfuada d'entreprendre la conquefte de fa patrie. P. 526. d. e. p. 678. p. 679.a.b. 'Plautius, qui commandoit apparemment dans la baffe Ger. manie au lieu de Gabinius, ] eut donc ordre d'y faire paffer les legions, qui ne fe refolurent qu'avec peine à aller faire la guerre dans un autre monde. Claude y envoya Narciffe, qui monta fur le tribunal de Plautius pour les haranguer. Mais les foldats furent fi furpris & fi indignez de voir un efclave en cette figure, qu'ils s'écrierent,"A la mafcarade: & fans le vouloir ecouter, ils fa K nalia. dirent qu'ils fuivroient leur General. 'Les Anglois ne les attendoient pas fitoft. Ils fuirent," & Plau- &c. tius les pouffa avec divers avantages jufqu'à la Tamife. 'Mais il crut qu'il n'y avoit pas de fureté d'aller plus loin. Il avoit ordre, s'il trouvoit de la difficulté de le mander à Claude afin qu'il y vinst en perfonne. Il n'y manqua pas; & Claude qui tenoit de grandes forces toutes preftes, partit [auffitoft vers le mois de juillet ou d'aouft.]Il donna à Vitellius, [qui avoit efte] fon collegue dans le Confulat, la conduite de Rome, & mefme des folSuet. v. Vit. c. dats qu'il y laiffoit.'Ainfi Vitellius eut le foin de l'Empire durant l'abfence de Claude, & s'en acquita avec honneur. 2. p. 706. v. Gal. c. 7. P. 666. bl. 5. c. 17. P. I. 'On remarque que Claude differa fon depart[ de quelques jours,] à caufe que Galba eftoit tombé malade. Il prit la mer à 526/ Dio, 1. 60. Oftie jufques à Marseille, & dans ce trajet il fut deux fois en danger de faire naufrage. De Marseille il traverfa les Gaules jufques à Boulogne, où il s'embarqua pour entrer en Angleterre. Gefforia 1. puifqu'il revint l'année suivante au bout de fix mois d'absence. Dio, l. 60. p. 680, b. p. 679. b. c. cam. V. Bucher.de Belg. p. 147. dc 2, 3. V. Caius § 14. Grut. p. 101. 1. Suet. v. Velp.c. 4. P-734. Il trouva fon armée campée fur la Tamife, qu'il paffa, & il défit les ennemis, felon Dion: car Suetone pretend qu'il ne donna point de combat.Il fe trouva en peu de jours maistre d'une partie de l'ifle, & de beaucoup de places qui fe rendirent à luy, ou qu'il prit de force, comme celle de Camalodunum où eftoit le palais d'un Roy de ce pays nommé"Cynobellin. [ Cambden & Sanfon croient que c'eft la ville de Maldon dans le pays d'Effex.] 'Ces avantages luy firent prendre trois fois le titre d'Imperator Dio, p. 679. cl dans les fix derniers mois de cette année, quoique jufqu'à luy Goltz.p.411 on ne l'euft jamais pris qu'une fois dans une nefine guerre. 'Vefpafien fe fignala beaucoup en cette occafion, partie fous le commandement de Plautius, partie fous celui de Claude. On écrit qu'il vint trente fois aux mains avec les ennemis, soumit deux nations puiffantes, prit vingt villes, & conquit l'ifle de Vicht, [ qui eft au midi de l'Angleterre. ]'Dion raporte fur l'an 47, que Tite fon fils le degagea d'un danger où il fe trouva une 685. c. d. fois au milieu des ennemis. Mais Tite quieftoit né le 30 decem- Suet. v. Tit. I. V. Tite no- bre" de l'an 40, [n'avoit pas alors encore huit ans. Auffi Sue- P-763. tone ne luy attribue rien de femblable.] 'Claude ofta les armes aux habitans du pays conquis, en laiffa le gouvernement à Plautius, avec charge de conquerir le refte, 4. & s'en retourna en diligence à Rome,'où il arriva fix mois feulement depuis qu'il en eftoit parti, n'ayant demeuré que feize jours en Angleterre. Il vint par la mer Adriatique, où il entra par une des bouches du Po.b Il ne rentra à Rome que l'année fuivante: mais des celle-ci le Senat luy decerna à luy & à fon fils le nom de Britannique, [à caufe que l'Angleterre s'appelloit alors Bretagne. Dio, 1. 60. p. Dio, p. 579. é Dio, p. 680. b | P. 526. P. 56. c. Eutr. v. Cl. p. 'Eutrope, & Saint Jerome dans fa chronique,ajoutent à la conquefte d'une partie de l'Angleterre par Claude, celle des ifles $77. e. Orcades qui font au nord de l'Ecofle. 'Tacite dit au contraire Tac. v. Agr. c. qu'elles ne furent foumifes à l'Empire, & mefme-qu'elles ne fu- 10. p. 142. rent connues que fous Vefpafien. [ Mais ce dernier point ne fe peut pas foutenir,]'puifque Pomponius Mela en parle déja dans de fitu orbis. fon ouvrage de la"Defcription du monde, qu'il compofoit cette année mesme dans le temps que Claude eftoit occupé à fon expedition 1 d'Angleterre.'On croit que cet auteur eftoit de la Voff h. lat. I.1. province Betique en Espagne. I 1. Baudrand. t. 2. p. 15, cite Strabon pour les Orcades. [ Je n'en trouve rien dans la table de Strabon.] Mela, 1.3.c.6.p. 126. d p. 124. C.25. P. 131. 134 |