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581.

autorité,répondoit avec luy aux ambaffadeurs,écrivoit partout avec luy,fortoit avec luy dans une mefine littiere,& quelquefois Suet. 1.6.c.9.p. il fuivoit à pié celle où on la portoit.'Neron vouloit bien qu'elle a p. 581 Tac. c. prift cette autorité,a luy deferoit jufque dans les moindres chofes, fouffroit que le Senat luy decernast toutes fortes d'honneurs, 'le faifoit mefme aflembler dans le palais,afin que de derriere une tapifferie, & fans eftre vue, elle puft entendre tout ce qui s'y difoit.

2. p. 197.

Tac. c. 5. p.198.

c. 2. p. 196.

I.

'Mais elle avoit Pallas pour miniftre, homme trop grand pour un affranchi, & qui par une gravité & une feverité fiere & arrogante,fe rendoit infupportable: & Neron n'eftoit pas d'humeur e. 1. p. 195. 196 à obeïr à un valet.'Outre cela Agrippine commença à user de fon Dio, val. p. 682. pouvoir par la mort de M. Junius Silanus alors Proconful d'Asie, & deNarciffe affranchi deClaude, dont le premier n'avoit point d'autre crime finon qu'il eftoit frere de L.Silanus à qui elleavoit ofté Octavia & la vie mefme,qu'il avoit,comme Neron, Auguste pour trifayeul,& qu'il meritoit mieux l'Empire que Neron dans l'efprit du peuple. [On ne dit point fi Neron avoit fceu fa mort.], 'Il recompenfa neanmoins ceux qui en avoient été les miniftres. b Pour celle de Narciffe il en fut mefme faché. Et ces deux morts euffent efté bientoft fuivies de plufieurs autres, fi Burrhus &Seneque ne fe fuffent refolus à ruiner la puiffance d'Agrippine. Dio,val.p.66. [Nous parlerons de Seneque"dans la fuite.]'Nous dirons feule- V.934 ment ici qu'il demanda à Neron la liberté de ne point manger à fa table,pour donner plus de tems à l'étude & à la philofophie. Sen de clem. 1. Il faifoit profeffion d'aimer mieux offenfer ce prince en luy difant la vérité, que de le tromper en le flattant.

Tac. c. 33. P. 203.

b c. I. p. 196.

e c. 2. p. 196.

2. c. 2. p. 325. d.

Tac. an. 12.C.

42. p. 184.

96.

236.

fDio, l. 61. p.

690. e. gp. 691.b.

Tac. an.14.c.

SI. p. 235.

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'Pour Burrhus, c'eftoit un homme fort eftimé des foldats, & dan. 13. c. 2. p. qui en prenoit un grand foin: & il n'eftoit pas moins aimé du peuple à caufe de fes bonnes qualitez, fde fon"efprit, & de fa fageffe, & parcequ'ayant beaucoup de pouvoir auprés de Neron,[non feulement]gil en ufoit avec toute l'equité & toute la juftice poffible, mais il eftoit encore le remede des maux publics [en retenant les mauvaifes inclinations de ce prince,]ià qui il parloit avec une entiere franchise. On marque que luy ayant dit fon fentiment fur une affaire, & Neron luy en parlant une feconde fois, comme pour le faire changer d'avis,] il luy fit cette réponfe: Quand jay dit ce que je croy, il eft inutile de m'en reparler. 'C'eftoit Agrippine qui luy avoit fait donner le commandement des gardes par Claude.[Sa reconnoiffance n'alla pas neanmoins jufqu'à la preférer au service de fon Prince, & au bien public.]

Dio. l. 62. P.

706.e.

Tac. an. 12. C. 42. P. 184.

L

204. pas au

a an. 14. c. 7.P.

public.]'Mais il la fervit auprés de Neron dans une occafion im- an. 13. c. 20. p.
portante; & s'il n'ofa empefcher fa mort, il ne voulut
moins y prendre part. [Ce qu'on ne peut excufer, ] b c'est qu'il 221.
fut le premier à diminuer l'horreur que Neron conceut de ce bc. 10. p. 222.
crime aprés l'avoir fait, en envoyant les officiers des gardes luy

en témoigner de la joie.

'Burrhus & Seneque avoient une egale autorité auprés du an. 13. c. 2. p. Prince, l'un pour les armes, l'autre pour les lettres : & quoique 196. differens de moeurs, Burrhus eftant plus fevere, & Seneque plus doux, ils eftoient neanmoins fort unis ensemble.'Ils chan- Dio, val.p.678. gerent plufieurs chofes dans le gouvernement, en abolirent d'autres, en établirent de nouvelles, & uferent fi bien de leur autorité, qu'ils eftoient louez de tout le monde.

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'Ils s'aidoient auffi l'un l'autre à porter le Prince à la vertu, cou au moins à retenir fon efprit par des plaifirs ou honneftes, ou moins criminels & moins dangereux pour le public, dont ils efperoient qu'il fe degouteroit bientoft,fi on les luy permettoit. Mais Dion remarque que cette premiere licence qu'ils luy donnerent, ouvrit la porte à tous les excés qu'il commit enfuite, parceque les crimes s'attirent l'un l'autre, & que Neron croyoit qu'ils luy eftoient tous permis, puifqu'on ne l'avoit pas repris des premiers.

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'Ce mauvais effet parut bientoft : & lorfqu'enfuite ou eux, ou Dio, val. p.681. Agrippine, tafchoient de le retenir,il témoignoit recevoir avec refpect ce qu'ils luy difoient, & promettoit de fe corriger; mais des qu'il ne les voyoit plus, il fe laiffoit aller à fes inclinations, & aux mauvais confeils des [ jeunes gents] qui vivoient avec luy, 'entre lefquels Othon depuis Empereur, tenoit un des premiers rangs.dCes faux amis luy repetoient fans ceffe qu'il ne devoit pas fouffrir qu'un Burrhus & un Seneque fuflent fes maiftres; que ce n'eftoit pas à luy à trembler devant eux, mais à les faire trembler, puifqu'il eftoit leur maistre & leur Empereur.

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Suet. v. Oth. ca

p.689.

d Dio, val. p. 581.

'Neron plus fufceptible de ces confeils qui favorifoient son p. 681.
penchant, que de ceux qui le portoient au bien, commença à
mepriser Burrhus & Seneque: il fe fit enfuite un honneur de ne
point ceder ou à la fageffe de ces miniftres, ou à l'autorité de fa
mere: enfin il effuya toute honte, fe moqua ouvertement de
tout ce qu'ils luy difoient, & prit Caius pour modele. Il le fur-
paffa bientoft des qu'il eut refolu de l'imiter. Auffi croyoit il
qu'il eftoit de l'autorité & de la grandeur d'un fouverain de ne
ceder à qui que ce fuft, dans les chofes mefmes les plus honteu-

Tom. I.

Kk

1.61.p. 690.691.

fes. Ce fut par ces degrez qu'il tomba peu à peu dans cet abysme
de crimes & dans cet état horrible, [ dont fon nom feul nous
donne l'idée.]

Seneque & Burrhus, qui s'eftoient unis pour refifter à l'orgueil &à l'ambition d'Agrippine, en eurent des cette année une occa p. 691. al Tac. fion favorable. Car il arriva que les Armeniens ayant envoyé des an. 13.c.S.p.198. ambaffadeurs à Rome, & Neron eftant monté sur son throne pour leur donner audience, Agrippine vint pour y monter & s'y affeoir avec luy.La crainte retint les autres dans le filence : mais Seneque voyant bien que cela deplaifoit[auffi àNeron,]luy confeilla de defcendre, comme pour aller recevoir fa mere. Cependant on trouva un pretexte pour remettre l'audience à une autre fois:& ainfi on empefcha civilement que les étrangers ne fuffent témoins[de l'infolence d'Agrippine,&] de la honte des Romains.

Tac. an. 13.c.IT.

P. 199.200

Idat Profp Onu. in faft. p. 200. d.

Tac.an. 12.c.

41.p.183.

an. 13. c. 11. p.

199. 200.

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Pallas favori d'Agrippine eft difgracié: Neron empoisonne Dritan-
nicus fils de Claude.

a

L'AN DE JESUS-CHRIST 55, DE NERON I,
'Nero Claudius Augustus,& L. Antiftius Vetus, Confuls.

2.

ERON avoit efté defigné en l'an 51, pour eftre Conful lorsqu'il auroit vingt ans, [ c'est à dire en l'an 57 : mais s'il eftoit capable d'eftre Prince à dixfept ans, il l'eftoit encore plus d'eftre Conful: & les Empereurs ne manquoient guere de prendre le Confulat l'année d'aprés leur election.]'Neron le prit donc en celle ci: mais il ne le tint que deux mois. [ On ne trouve point qui luy fut fubrogé.] Antiftius fon collegue voulut jurer Tac. an. 13. c. comme les autres magiftrats, qu'il obferveroit fes ordonnances: mais il ne le voulut pas fouffrir; ce que le Senat releva par de grandes louanges,afin de l'accoutumer à faire des chofes qui meritaffent encore plus d'eftre louées. 'Suetone remarque qu'il donnoit d'ordinaire le Confulat pour fix mois..

Suet. 1.6.c. 14. P. 589.

II. p. 200,

Suet. c. 15. P.

$90.

Dio, l. 61. p. 691. b.

'Seneque aprés avoir arrefté l'ambition d'Agrippine, qui avoit voulu fe trouver à l'audience des Armeniens, prit des mefures avec Burrhus pour empefcher qu'elle ne demeuraft maistresse de la conduite des affaires. [ Mais ils en prirent de fafcheuses, ] Tac. an. 13. c. qui furent de fouffrir, & de favorifer mefme, l'amour illicite que Neron conceut pour une Acté qui avoit efté efclave, au 1. On croit que c'eft une Acté qualifiée dans plufieurs infcriptions affranchie de l'Empereur.

12. p. 200.

Spon, p. 212.

$4.de Neron

I.

1, 2,

Dio, 1 61. p. 692.c.d.c.

12. 13. p. 20c

$ de Neron prejudice de celui qu'il devoit à Octavia fa femme legitime, & d'une chasteté reconnue. 'Neron fongeoit mefme à l'epoufer. Suet c.28.p.6114 'Agrippine [qui n'eftoit pas chafte, mais qui eftoit fiere, ne put ]ne Tac an. 13. c. fouffrir une chofe fi indigne, & fit tout ce qu'elle put pour l'empescher, & par des reprimendes feveres, & par des flateries baffes & infames. Mais Neron ne fe fioit pas à fes careffes; & fes exueret obfe- reproches trop aigres pour eftre foufferts, firent qu'il " perdit le respect qu'il avoit pour elle, & qu'il donna toute fa confiance à Seneque. Suetone dit que Neron luy repondit plufieurs fois, que fi elle examinoit & cenfuroit fi fort fes actions,il quitteroit l'Empire, & fe retireroit à Rhode. 'Ces piques d'entre Agrippine & Neron leur firent dire bien des chofes l'un de l'autre, que le peuple favoit auffitoft : & il y ajoutoit encore.

quium.

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pour

Suet. 1. 6. c. 34.

P. 621.

Dio, 1.61. p.

693. b.

'Il arriva dans ce mefme temps, que Neron choifit entre tous, Tac. an. 13.c. les meubles du palais,ce qu'il y avoit de plus precieux,& l'envoya 13. P. 200. à fa mere.Elle receut fort mal cette civilité, & fe plaignit que fon fils ne luy faifoit pas un present, mais luy retenoit tout le refte; & qu'elle ne fe pouvoit pas contenter d'une partie aprés avoir tout donné. 'On le raporta à Neron,& d'une maniere en c. 14. p. 200. core plus criminelle: de forte que pour la rabaiffer, il osta à Pallas le maniement de fes finances que Claude luy avoit donné. Il luy accorda neanmoins qu'on ne le pourroit rechercher le paffé.'Ainfi Pallas perdit fa toutepuiffance, mais conferva fes an. 14.c.65. p. richeffes immenfes jufques à fa mort, qu'elles avancerent à ce qu'on crut,parceque Neron vouloit eftre fon heritier. Il mourut en l'an 62:[& peu auparavant] 'il avoit encore fauvé par fon credit fon frere Felix contre les juftes plaintes des Juifs. On remarque qu'ayant esté accufé d'avoir formé quelque confpiration contre Neron, & de s'en eftre ouvert à fes affranchis, il eut l'infolence de répondre qu'il ne fe rabaiffoit pas jufqu'à parler à fes domestiques, fe contentant de leur faire favoir fa volonté par des fignes & des geftes,ou par écrit quand les fignes ne fuffifoient pas. Ce fut Seneque qui le tira de cette accufation.

240.

Jof, ant. l. 20.c.
7.p.696. f.
23. p.205.

a Tac.an. 13. C.

Dio,val.p. 686.

Tac. an. 13. c.

'La difgrace. de Pallas fut tres fenfible" à Agrippine: elle fit
eclater partout fes cris & fes plaintes, & menaça ouvertement 14. p. 200. 201.
de faire declarer Britannicus Empereur. Neron crut avoir fujet

de le craindre,'& Britannicus fe fentoít deja aflez"fort pour faire c. 15. p. 201.
trembler Neron. Il devoit bientoft entrer dans fa quinzieme

V. Claude annee, ["qui pouvoit commencer au mois de fevrier.] 'Et c'eftoit an. 12. c. 41. p. le temps où l'on prenoit la robe virile, comme pour quitter les 18|not $5. amusemens de l'enfance, & entrer dans les affaires ferieuses des hommes.

KK ij

an. 13. c. 15. F. 201 Suet. 1.6.c. 33. p. 620.

Ibid.

P. 621.

'L'ambition de regner contraignit donc Neron de fe rendre coupable de la mort d'un innocent & d'un frere. Mais n'ofant pas commander ouvertement de tuer une perfonne de cette qualité, à qui on n'avoit rien à reprocher, il refolut de le faire empoifonner, & en chargea un Julius Pollio Tribun d'une cohorte Pretorienne, qui avoit en fa garde cette fameufe Locufta qu'on avoit déja employée [pour perdre Claude.] Le poifon luy fut donné par fes propres" precepteurs: car il y avoit longtemps [qu'Agrippine] avoit donné ordre qu'il n'euft auprés de luy que des gents fans foy & fans honneur. Il ne fit pas d'effet, foit qu'il n'en duft pas faire fitoft,foit qu'eftant foible il euft efté emporté "par quelque cause naturelle.

'Neron qui ne vouloit point de retardement dans ce crime, menace Pollion, commande d'executer Locufta condannée depuis longtemps, croyant qu'ils avoient preferé leur fureté à la fienne,& qu'ils avoient donné un poifon plus lent afin qu'on s'en doutaft moins. Ils promettent d'en donner un qui emporteroit le Prince en un inftant, & le font cuire dans une chambre proTac. c. 16|Suet. che de celle de Neron & en fa presence. 'On le donna à Britannicus lorfqu'il mangeoit avec Neron mefme à une table à part, felon ce qui s'obfervoit alors pour les enfans de qualité. Mais pour empefcher que celui qui devoit faire l'effai Britannicus, ne fuft auffi empoifonné, & la trahifon decouverte, on luy donna le verre du Prince fans poison; mais un peu trop chaud; de forte que l'ayant prefenté aprés en avoir goufté, & Britannicus ayant dit qu'il eftoit trop chaud, on y verfa de l'eau froide où eftoit le poison. 'On affure qu'Alexandre le Grand avoit esté empoifonné de la mefme forte.

Tac. n. 45.

c. 16. p. 2021 Suet. p. 621.

pour

I, 2.

educatori

bus.

exolutá al

vo.

'Des que Britannicus eut commencé à boire, le poifon faifit tellement tous fes membres, qu'il tomba par terre, ayant perdu en un instant le fentiment & la parole. Les affiftans s'étonnent,& quelques imprudens fe retirent. Mais les plus habiles demeurent "fans branler, jettant feulement les yeux fur l'Empereur. Neron defixi. fans fe troubler & fans changer feulement de pofture, dit que ce n'eftoit qu'un accés du mal caduc auquelBritannicus eftoit fujet des fon enfance, [comme Agrippine en faifoit courir le bruit depuis longtemps, ] & qu'il reviendroit peu à peu. Ainfi aprés quelque filence on recommença à manger. Agrippine & Octavia eftoient prefentes, & cachoient l'une & l'autre leur étonnement & leur douleur. Car quoiqu'Octavia fuft encore'fort jeune, elle avoit appris des l'enfance à diffimuler fa joie, fa tristesse, tous

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