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6,d'Augufte

37.

ARTICLE

XV.

V. la ruine

4.

Famine: Guerres en Dalmacie & ailleurs : Défaite de Varus

Ό

en Allemagne.

UTRE tant d'impofts,le peuple Romain fut encore affligé par une famine, qui obligea Augufte de faire fortir de la ville un grand nombre de perfonnes, & prefque tous les étran.

gers.

Dio, 1.ss. p. 566. a. b.

Suet. 1. 2. c. 42.

P.224.

Dio, l.ss. p.

so6. c. d.

567. c. d.

p. 569.a. bp. P.8.&cl

'On établit alors dans Rome une nouvelle garde divifée en
fept compagnies fous un Chevalier, pour arrefter les embrafe-
mens qui y eftoient plus frequens qu'à l'ordinaire.
'Il y avoit en mefme temps beaucoup de foulevemens, & de p.
guerres en divers endroits, dans l'Ifauric,dans la Mauritanie,
dans la Sardaigne,'dans l'Allemagne, dans la Mefie, mais prin-
cipalement dans la Dalmacie & la Pannonie, qui avoient chacu-
ne pour chef de la revolte un nommé Baton. Ces deux chefs
ayant fait foulever tout le pays,accablé par les impofts qu'on y
levoit, donnerent bien de la peine à Tibere durant trois ans
qu'elle dura fans discontinuer. On affure que depuis les guerres
Puniques, les Romains n'en avoient jamais eu de fi fafcheufes
contre des étrangers. Ils y employerent quinze legions,& autant
de
troupes des alliez.

["Archelaus Ethnarque de Judée, fut relegué en ce temps là des Juifs 9. dans les Gaules par Augufte; & fon pays reduit en province, fut depuis gouverne par un Intendant que l'Empereur y envoyoit, avec l'autorité de Gouverneur, & neanmoins avec quelque dependance du Gouverneur de Syrie.]

De J C. 7, d'Agufte

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Suet. 1.3. c. 16,

p.349 350.

'La famine & les guerres de la Dalmacie continuerent encore Dio, l. ss. p.
l'année suivante à affliger les Romains. Augufte qui craignoit Sós. b. c. d.
que Tibere ne prolongeaft à deffein les troubles de la Dalmacie,

y envoya une nouvelle armée fous la conduite de Germanicus
fils de Drufus.'Car pour Agrippa, bien loin de luy donner de el 570. a
l'emploi, il le desherita, comme nous avons dit, luy ofta fon
bien, qu'il appliqua au threfor des milices, & le relegua mefme
dans l'ifle de Planafie pres de la Corfe.

'La guerre de Dalmacie finit enfin par l'entiere foumiffion de p.170.c. cette province. Baton qui avoit efté l'auteur de la revolte des Dalmates, vint trouver Tibere fur fa foy: & comme Tibere luy demanda publiquement pourquoi ces peuples avoient entre

Tom. I.

F

P. 571. a. b.

d.

1.55. p. 573. a.

P. 578. d. e.

d.

P 575. a. b.

P. 578-532.

P. 582-5851

Vell. Pat. 1. 2.

II7

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C. 119.

29.

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pris cette rebellion, & l'avoient foutenue fi longtems: C'est » vous autres Romains, dit Baton, qui en eftes caufe: car vous envoyez à vos troupeaux non des chiens & des bergers, mais des loups. [Et nous verrons auffi en fon lieu que ce furent les injusti ces & les violences des Gouverneurs Romains qui porterent les Juifs, & les forcerent en quelque forte à fe revolter. ]'Augufte avoit efté jufqu'à Rimini pour eftre plus proche de la Dalmacie durant qu'on y faifoit la guerre.'La Pannonie fe rendit auffi bientoft aprés.

'Il y avoit déja des* loix faites à Rome contre ceux qui ne fe marioient point, & qui n'avoient point d'enfans. Les Chevaliers Romains demandoient l'abolition de ces loix: mais Augufte les ayant fait affembler,& ayant trouvé que ceux qui n'eftoient pas mariez, eftoient en plus grand nombre que les autres, 'il augmenta les peines déja établies contre eux,& en fit faire une loy celebre par Pappius & Poppée qui étoient Confuls fubrogez,& qui n'eftoient pas mariez eux mefmes. 'Il ne toucha point pour cela aux privileges des Vestales:'mais il dit aux autres qui euffent pu fe prevaloir de cet exemple, que s'ils pretendoient s'exemter, comme elles, du mariage par l'amour de la chatteté, il falloir donc qu'ils confentiffent à eftre punis comme elles,en cas qu'ils vinffent à violer les regles de la pudeur.

'La guerre recommença en Dalmacie un an feulement aprés qu'elle y avoit efté terminée. Tibere & Germanicus y furent tous deux employez, & ils ne remporterent enfin la victoire qu'avec la perte de beaucoup d'hommes & d'argent. Il y eut des evenemens fort memorables. Les Romains fe trouverent alors maîtres abfolus de toute cette étendue de païs, qui eft bornée par l'Italie, la Norique,le Danube,la Thrace,laMacedoine, [& la mer. C'est ce qu'on appelloit alors l'Illyrie.]

'La joie de cette victoire fut auffitoft troublée par la nouvelle qui arriva cinq jours aprés, de la fameufe defaite de Varus par Vell. Pat.l.2. les Allemans, dont Arminius eftoit chef. On pretend que ç'a efté la plus grande perte que les Romains aient foufferte dans Tac1 1.c.62 p. les pays étrangers aprés celle de Craffus. 'Le primtemps de l'an b Dio, p.585.b. 15 de J. C. eftoit la fixième année depuis cette défaite. ↳ On dit qu'Augufte déchira fes habits à cette nouvelle, dans la crainte qu'il eut de voir bientoft les Allemans venir fondre fur l'Italie, & attaquer Rome mefine; parce qu'il n'y avoit point alors de forces pour leur refifter. 'Il fceut depuis que le danger n'eftoit Suct. 1. 2. c. 23. pas auffi grand qu'il l'avoit cru:' ce qui n'empefcha pas qu'il ne

C.

d.c.

P. 182.

8,d'Augufte

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40.

d'Augufte fuft des mois entiers à laiffer croiftre fa barbe & fes cheveux, & à donner d'autres marques d'une douleur extraordinaire.

'Le poete Ovide fut relegué dans ce temps là à Tomes en Uff. p.6.§. D: J. C. 10. Scythie, où il arriva " l'année fuivante.

42.

'L'eftat de l'Allemagne obligeant Augufte à menager tout le Dio, 1.5. p. De J. C., monde, il fouffrit qu'on fift feize Preteurs pour la 42° année de 586.d. d'Augufte fon regne.Mais ordinairement il n'y en a eu que douze.'Il défen- c. dit aux provinces de rendre aucun honneur [extraordinaire,]ni aucun témoignage d'eftime aux Gouverneurs tant qu'ils feroient en charge, ni de deux mois aprés,parceque plufieurs achetoient - ces témoignages" en faifant ou fouffrant beaucoup de crimes.

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en l'an 10 de J. C.

43.

ARTICLE XVI.

Tibere eft comme associé à l'Empire: Mort d'Augufte.

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Suet. 1. 3. c. 18.
P.31.

a c. 20. p. 353.

Vell. P. 1 2. c.

121.

IBERE avoit efté envoyé en Allemagne "l'année d'aprés la défaite de Varus. Il en revint au bout de deux ans, [ fur De J. C. 12, la fin de l'an 12 de J.C. auquel Germanicus fut Conful.] Il entra d'Aug afte à Rome en triomphe.[Mais ce triomphe fut moins confiderable pour luy que]'la loy publiée au nom des Confuls, par laquelle il c. 1. p.3541 fut ordonné qu'il gouverneroit conjointement avec Augufte,& avec la mefme autorité, les armées, & toutes les provinces [ du partage de l'Empereur, & qu'il exerceroit avec luy la charge de Cenfeur. C'eftoit Augufte qui avoit demandé ce decret, [par lecollega im- quell'Tibere devenoit" fon collegue dans la dignité imperiale. Tac.a.1.C. 3. b Il fut autorisé par le Senat & par le peuple. Patercule dit affez p.4. clairement que la loy fut faite avant que Tibere revinft d'Allemagne, & avant fon triomphe, quoique felon Suetone ce n'ait Suct. 1.3.c.21 p. efté qu'un an aprés.

peris.

b.Vel. Pat. 1.2.

C. 121.

353.

[Ce fut peuteftre par une fuite de cette loy, ] 'qu'Augufte en Dio, l.ss. p. recommandant au SenatGermanicus alors Conful,recommanda 57.D. le Senat mefme à Tibere. [ Quelques uns ont mefme cru que NOTE 4. S. Luc contoit de ce temps-ci la"quinzieme année de Tibere,en laquelle S. Jean Battiste commença à prefcher. Neanmoins on ne voit point que les auteurs content les années de fon empire que depuis la mort d'Augufte.]

'Augufte continuant toujours à veiller pour la conduite de c l'Etat, nonobstant son grand age & fa foibleffe,'ordonna que les d.c. 400 stades, bannis ne pourroient demeurer que dans les ifles éloignées" de vingt lieues au moins du continent, exceptant neanmoins celles

p. 553. b. c. c. d.

Aur. V. in
Galli.

in Probo.

Dio, 1.56. p. 189. a. b. d.

Suet. 1.3. c. 21. p. 35+ 1.2.c

P. 205

a Ull p. 612.

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12,

gufte 43.

de Cos, de Rhode, & de Lefbos, [qui en font plus proches.] Il C., d'Auregla auffi ce qu'ils pourroient conferver de biens & de domefti

ques.

44.

Il renouvella l'année suivante à Tibere la puissance du Tribu- De J. C. 13. nat: & comme il ne pouvoit plus aller que rarement au Senat à d'Augufte cause de son age, il demanda qu'il luy fuft permis de choisir tous les ans vingt Senateurs pour lui fervir de confeil. Le Senat en dreffa auffitoft un arreft, portant que tout ce qu'il auroit ordonné avec Tibere & les autres enfans, avec les Confuls en charge ou defignez, avec les vingt Confeillers qu'il choififfoit alors, ou ceux qu'il pourroit choisir à l'avenir, que tout cela auroit force de loy, & la mefme autorité que s'il avoit efté decerné par tout le corps du Senat. Augufte s'eftoit déja attribué ce pouvoir, & s'eftoit fait un confeil de quinze Senateurs qu'il choififfoit pour fix mois: mais il fut bien aise de le faire autorifer par un arreft du Senat, qui le rendoit maistre d'ordonner de toutes chofes comme il vouloit, fouvent fans fortir mefme de fon lit.

[Il paroift que cela paffa à fes fucceffeurs : car on voit qu'ils menoient plufieurs Senateurs avec eux dans leurs voyages, & mesme dans leurs guerres, d'où vient qu'on les appelloit "les Comites. Compagnons de Cefar. Et il eft certain qu'ils ordonnoient tout ce qu'ils jugeoient à propos, fans fe donner prefque jamais la peine d'en confulter le Senat. Cela dura apparemment jusqu'à Gallien, J'dont on marque "qu'il défendit le premier aux Sena- V. Gallien teurs d'entrer dans les charges militaires,& mefme de fe trouver dans les armées: ' & le Senat ne fe mit pas en peine de fe faire relever de cet édit par les Empereurs fuivans.[ On voit neanmoins que les Empereurs ont toujours continué à avoir un Confeil auprés d'eux: mais il étoit peuteftre plus compofé d'officiers militaires que de Senateurs.]

qua

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'L'année que Sextus Pompeius, & Sextus Apuleius, furent De J. C. 14. Confuls, fut la derniere de la vie d'Augufte dont ils étoient tous deux parens.'Il y acheva encore avec Tibere le dénombrement 97. des citoyens Romains. dont le nombre fe trouva monter à tre millions cent trente-fept mille perfonnes.bIl fit aprés cela un abregé de toute l'hiftoire de fa vie, pour eftre gravé fur fon maufolée, & cet abregé, dont une partie fe lit encore dans Gruter, [fert beaucoup pour la vérité de l'histoire. ]

6 Suct 1.2.c. Grut. p. 230.

101. p. 313.

Vell. Pat. 1.2.c.

'Il fortit de Rome pour aller affifter à des jeux qu'on faisoit 123] Suct. 1 2. c. à Naples en fon honneur, & conduire Tibere qu'il envoyoit en

97. 98. p. 306.

14.

C. 123.

C. 100.

c. 99. p. 309.

Dio, 1.ss. p.

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aal Tac. 1. 1.c.

Illyrie, jufqu'à Benevent.'Il fit ce voyage avec une gayeté extra- Suet. c. 98. ordinaire: 'mais au retour, un flux qu'il avoit commencé à fen- c. 9. p. 305. tir avant que de partir de Rome,l'arresta à Nole : & il y mourut 309 Vell Pat. 'd'une maniere qui parut tout à fait douce & paifible, comme il Suct. c. 97. p. l'avoit fouhaité.[ Mais la foy nous fait voir des fuites horribles 310. de cette mort fi heureufe en apparence: ]'& peu auparavant il s'eftoit plaint luy mefme avec effroi, que quarante perfonnes l'emportoient. 'En difant le dernier adieu à ses amis, il leur demanda s'il n'avoit pas bien joué fon perfonnage. Augustus. 'Il mourut le 19e jour du mois d'aouft, auquel il avoit donné fon nom;a& c'eftoit le mefme jour auquel il avoit commencé fon premier Confulat. b Il avoit vécu 75 ans,dix mois,& 26 jours; dont il avoit regné quarante-quatre ans moins treize jours, depuis la bataille d'Actium qui l'avoit rendu maistre de l'Empire, & cinquante fept ans, fix mois, & deux jours, felon Jofeph,[ou plutoft cinq mois & quatre jours depuis la mort de Cefar, qui 3. fut tué le 15 de mars, l'an 44 avant l'ere commune. J'On remarque qu'il mourut dans la chambre où fon pere Octave eftoit mort.'Livie fa femme fut foupçonnée d'avoir avancé fa mort depeur qu'il ne fe réconciliaft avec Agrippa, qu'il avoit efté voir fecretement depuis peu, & qui fut la premiere victime du nouvel empire de Tibere.

9.

6

p. 9.

Dio, 1.56. p.

$90, b.

Jof. ant. 1 18. c. p. 619. b. Tac. l. 1. c. 9. p9|Suct. 1.2.c. 10. P. 10. 89. d Tac l..

Dio, 1. 56. p.

c. s. p. 5.
c Tac, l. I. c. 6.

P. 5.

[Nous n'entrons point ici dans le jugement qu'on a fait, ou qu'on doit faire de l'efprit, des actions, & de la conduite d'Au gufte, dont nous n'avons parlé que pour éclaircir la fuite de l'hiftoire. Il fuffit de remarquer ce qu'on a dit, Qu'il ne devoit jamais naistre, à caufe des maux qu'il a faits pour fe rendre maiftre de la Republique, ou qu'il ne devoit jamais mourir, à cause de la fageffe & de la moderation avec laquelle il la conduifit lorsqu'il fut venu about de ses deffeins.]'Cependant on Dio, 1.56. p. affure que peu de perfonnes le pleurerent d'abord: mais la con. 598. c599.d. duite de fon fucceffeur le fit enfuite regreter de tout le monde. 'Auffi il y en eut qui prétendirent qu'il n'avoit elevé Tibere que p. 599.e 'Suet. pour le faire aimer par la comparaifon d'un homme dont il con- ... 1. p. 355. noiffoit les défauts. [ Mais dans la vérité,il paroift n'avoir fongé

à Tibere qu'après avoir perdu tous ceux fur qui il euft pu jetter

les yeux.]

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