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diritatem

morum im

probaffe.

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Tibere fier, dominant, fans amitié, fombre, trifte, cruel,
voluptueux.

C

E prince avoit la fierté [& l'inflexibilité] naturelle à la fa- Tac.an, 1. c. 4mille des Claudes. L'ambition & le defir de commander p.s. aux autres,[ avec lequel tous les hommes naiffent, depuis qu'ils ne peuvent plus fe commander à eux mefmes,] avoit efté fomenté en luy par l'éclat & la grandeur de la maifon d'Augufte où il avoit efté elevé, & par les grands honneurs dont il s'eftoit vu chargé d'abord. [ Il n'aimoit neanmoins que le folide de la domination, & l'autorité de commander, fe fouciant peu du faste & de l'apparence.]

P-354.

c.55. p. 393.

c.51. p. 387.

'On convient furtout que c'eftoit un efprit fombre, melanco- an. 1. c, 33. p.20. lique,& couvert.'Il n'aimoit point les plaifirs &les divertiffemens 3. c. 37. p. 82. [ordinaires, comme les fpectacles, ] mais à eftre feul, toujours triste & penfif. On pretend qu'Auguste n'ofoit continuer un dif- Suct. l. 3. c. 21. cours un peu libre & un peu gay des qu'il voyoit venir cet homme"farouche & infociable. 'Il fe piquoit des moindres choses. 'On l'accufe* de n'avoir eu ni douceur, ni complaisance pour berbi- perfonne,'ni même aucun naturel foit pour mere,foit pour frere, c. 50-56. tate & into foit pour fils, foit pour qui que ce fuft. Sa parole, fon air, & tout c. berantia mo- fon exterieur marquoit de la fierté & de l'arrogance. Il ne loit qu'en peu de mots à ceux qui eftoient autour de luy,toujours lentement, [& en s'écoutant.] Souvent il ne leur difoit rien du. tout.'Lorfqu'il faifoit du bien, il y mefloit une affectation de feverité qui en oftoit toute la grace. Il fembloit auffi ne maintenir la juftice & la difcipline que pour diminuer la liberté,'& pour fuivre la dureté de fon naturel.

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b

68. p. 468 |

Tac. an. 1. c.33.

par- P. 20.
Suet. c. 68. p.

a

4c8.

Tac. an. 1. c.75. p.35.

Suet. c. 59. p.

bp. 34.

395.

Tac. an. 4. c.2.

[Mais le vice qui l'a rendu plus odieux,& qui a efté le plus pernicieux aux autres,a efté fa cruauté. J'On la remarqua en luy des c. 57. p. 393. fes premieres années,& un de fes precepteurs, pour exprimer fon humeur lente & cruelle, l'appelloit une boue paistrie avec du fang [Carcen'eftoit pas un feu qui s'allumaft promptementpour s'éteindre peu aprés, comme dans les perfonnes violentes.] 'Il nourriffoit longtemps fa colere dans le fecret de fon cœur, pour la faire enfuite eclater par des effets d'autant plus terribles, qu'il les avoit meditez plus à loifir.'On remarque que deux perfonnes de qualité l'ayant offenfé fans y penfer en mefme temps,& en la

p. 105 c. 71. p.

24.

an.1.c. 13. p. e.

Suct.c.57. P. 394.

c. 61. p. 398.

b. c. d.

cebatur.

mefme maniere, il s'échaufa contre l'un,[qu'il ne haïffoit point d'ailleurs,] & ne dit mot à l'autre," contre qui il eftoit veritable- cui implament piqué.'Il ne put mefme retenir fa cruauté dans le commen- cabilis ira cement de fon regne, où il cachoit tous fes autres vices pour s'acquerir de la reputation.'Chaque nouvel accident qui luy arDio,l. 58. p.631. rivoit, luy fourniffoit de nouveaux fujets de l'exercer. 'Mais jamais on ne vit rien de plus tragique que les ravages qu'elle produifit dans fes dernieres années, où l'on n'en pouvoit plus rejetter le blafme furSejan.[ Ainfi il ne faut pas trop s'étonner de ce que dit un hiftorien, ]'que perfonne ne pouvoit defavouer dans fon cœur qu'il n'euft efté ravi de le déchirer avec les dents. [Ce qu'il faifoit mefme en apparence pour maintenir l'ordre & la police, ne fervoit fouvent qu'à donner occafion aux delaTac.an.4.c.28. teurs de mettre en juftice les perfonnes les plus qualifiées: ] 'Et eftre accufé fous Tibere, c'eftoit prefque eftre condamné.a Aussi l'histoire que Tacite a faite de fon regne,ne contient guere que des ordres cruels de ce prince, des accufations continuelles, des amis trahis par leurs amis, & des innocens opprimez par la violence.

P. 108.

4c. 33. p. 109.

Suet. 1.3. c. 42. 14. c. 22. p. 355.

P-377 | Plin. l.

e. d.

Suet. c. 72. F.

413.

[Ce qui eft étrange, c'est que ce naturel farouche & melancolique, qui n'aimoit point les divertissemens ordinaires des autres,eftoit en mefme temps porté à la debauche & aux voluptez les plus infames.]'Il eftoit fi fujet au vin des fa premiere jeuneffe, qu'on s'en railloit publiquement: & depuis mefme qu'il fut Empereur,il paffa une fois deux jours de fuite en débauche,&donna les principales charges à ceux qui luy avoient tenu compagnie.

'A l'extremité mefme de fa vie,il continua toujours à manger à fon ordinaire,en partie pour ne paroiftre pas malade,& en partie par intemperance. [ La pudeur ne nous permet pas de rien dire de fes autres excés encore plus criminels & plus honteux, dont les auteurs de fon hiftoire n'ont que trop parlé, & qui ont mesme rendu infame l'ifle de Cáprée, où il paffa les dernieres années de fa vie.

Il falloit que sa pente à la cruauté, & aux autres vices qui le rendirent fi odieux, euft une étrange force fur fon efprit. Car foit par inclination, foit par intereft, il aimoit la reputation & Tac. an.4.c.31. l'eftime des hommes;]'& n'ignoroit nullement ce qui étoit capa. ble de la luy faire acquerir. Quoiqu'on donnast à tout ce qu'il faifoit des applaudiffemens & des eloges, il favoit bien diftinguer ce qui venoit de la flatterie & d'une baffe complaifance, d'avec ce qui eftoit l'effet d'une joie fincere & d'une approba

P. 109.

tion veritable. Il ne parloit jamais avec tant de liberté, que quand il faifoit quelque liberalité & quelque grace. Ainfi ce n'étoit pas par ignorance qu'il faifoit mal.

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Tibere devient avare: Sa diffimulation. IBERE n'eftoit pas naturellement liberal ni magnifique: a mais auffi il n'eftoit pas avare, ni attaché à amaffer de l'argent: il eftoit mefme bien aife d'employer celui qu'il avoit en des liberalitez honneftes. Il garda encore longtemps cette bonne qualité.aprés s'eftre defait des autres. Il donnoit des fommes confiderables & aux villes & aux particuliers, d lorfque ce n'eftoit pas par leur faute qu'ils eftoient tombez dans la

vreté.

pau

Il ne vouloit pas qu'on le louaft de fes liberalitez ; [mais ce n'eftoit peuteftre qu'un effet] f de fon naturel rude & fauvage, qui gaftoit mefme ce qu'il avoit de bon. g Car il ne favoit point que la principale partie d'un bienfait eft la maniere de le faire: & il couvroit d'une telle honte ceux à qui il donnoit de l'argent ou dont il payoit les dettes, par les reprimendes qu'il leur faifoit, qu'on ne pouvoit plus dire qu'il leur euft fait une grace,ni qu'ils euffent fujet de luy en eftre obligez.

'Comme la neceffité contraignoit neanmoins divers Senateurs
à luy demander les mefmes fecours qu'il avoit donnez à d'au-
tres, il s'en laffa enfin,& les renvoya au Senat pour juger s'ils me-
ritoient d'estre afsistez, & pour luy rendre conte de leurs dettes.
Quelques uns le firent, & fe refolurent, s'il faut ainsi dire, à en-
treprendre un procés pour obtenir de luy une grace. Mais beau-
coup aimerent mieux fouffrir en filence leur pauvreté, que
d'acheter fa liberalité par l'aveu public de leur honte,[ou s'ex-
poser à fa mauvaise humeur.]'Car Hortale petit fils du grand
orateur Hortenfe, ayant pris cette voye,la compaffion que tout
le Senat témoigna pour une perfonne de cette qualité, fuffit
Tibere pour le refuser avec une dureté étrange.
'Il refufa d'abord les fucceffions que diverfes perfonnes luy
laiffoient, lorfqu'elles avoient des parens: b & il rendit mefme
quelquefois les biens que l'on avoit confifquez. Mais il changea
fur ce point dans fes dernieres années, auffibien que fur les au-
tres, kreceut tout ce qu'on luy laiffoit par teftament, mit de nou-

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à

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veaux impofts, en un mot, il parut encore plus attaché à l'argent qu'à la bonne chere.'Il alla mefme enfin jufqu'à faire des injustices & des violences pour s'emparer du bien des perfonnes riches : & on en rapporte plufieurs exemples.

[Quoiqu'il fuft rempli de tant de vices, celui de la diffimulation & de la fourberie eftoit neanmoins fon caractere particulier:]'& il l'aimoit comme la plus grande de toutes fes vertus. [Auffi il parloit, non pour fe faire entendre, mais afin qu'on ne l'entendift pas;]'& il pesoit avec foin toutes fes paroles. a Il vouloit penetrer dans les penfées des autres en diffimulant les fiennes, afin qu'elles fuffent toujours obfcures & fufpendues. Il eftoit tellement né à cela, ou s'en eftoit fait une fi forte habitude, que lors mefme qu'il ne fongeoit point à cacher ses pensées, on avoit peine à les comprendre.'Il temoignoit le plus d'amitié à ceux qu'il avoit le plus d'envie de perdre, & il faifoit manger des perfonnes à fa table en mefme temps qu'il les faifoit condamner à la mort par le Senat.'En un mot, on pouvoit prendre pour une regle generale, qu'il vouloit & penfoit tout le contraire de ce qui paroiffoit en luy au dehors. Il s'en faifoit un principe & une

maxime d'Etat.

'Ainfi plus fa diffimulation eftoit grande, plus il eftoit aisé à ceux qui avoient de la lumiere, de penetrer dans fon cœur:'& il ne fe cachoit pas mefme fi fort qu'on ne vift bien ce qu'il vouloit. 'Mais il falloit bien fe garder de faire paroiftre qu'on le voyoit : car rien ne le choquoit fi fenfiblement. Et c'est ce qui perdit une infinité de perfonnes. Les fimples en s'arrestant à fes paroles, l'irritoient, parce qu'ils ne fuivoient pas fes intentions: & les plus éclairez ne l'irritoient pas moins, parce qu'ils luy oftoient la gloire de les tromper. Pour echaper donc à la cruauté, il falloit avoir affez de lumiere pour demefler fes deguifemens, & affez d'adresse pour fuivre fes fentimens fans faire femblant de les connoiftre: & c'est à quoy peu de perfonnes pouvoient réuffir.

[Cette diffimulation & cette hypocrifie a efté l'ame de toute la vie & de tout le gouvernement de Tibere.Et fut,comme nous avons dit, une des principales fources de fes crimes, & fut auffi la caufe de ce qui parut de bon en luy. Car ce vice eut la force de reprimer tous les autres, & de faire mefme paroiftre en luy beaucoup de fauffes vertus, tant que l'ambition ou la crainte luy firent juger que ce perfonnage eftoit neceffaire. Mais comme il ne fongeoit qu'à étouffer les effets exterieurs de fes mauvaises

inclinations, & non à en couper la racine par une vertu finon veritable, au moins morale & humaine, des que ces digues furent levées, & qu'il ne craignit plus les hommes, fes vices fe deborderent comme un torrent, avec d'autant plus d'impetuofité qu'ils avoient efté retenus avec plus de violence. ]

ola ofsofa cfa ofa ofa ofa ola ofa ole ole oleofeofa ofa ofa ofa of of ole ole ole ole ole ola ofa ola ofa ofe of ofa ofe

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ARTICLE IV.

Dieu conferve Tibere; ofte les obftacles de fa grandeur: Il eft clevé aux dignitez, epoufe Julie, fe retire à Rhode.

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'Ous laiffons aux perfonnes plus éclairées à chercher dans les confeils de Dieu pourquoi il a fait regner ce prince, en qui l'on peut dire que tous les vices eftoient raffemblez,en mefme temps qu'il travailloit à l'ouvrage du falut des hommes par les inftructions divines, les fouffrances,& la mort de J.C.fon Fils, par l'effufion de fon Esprit ; en un mot, par les plus grands myfteres qui aient jamais efté operez fur terre. Pour nous, il nous fuffit de reconnoiftre qu'il a marqué vifiblement ]' que Job, 34. v. 30. c'eftoit luy qui faifoit regner cet homme hypocrite pour punir les pechez des peuples.' Il le fauva dans fon enfance de toutes Suet. 1.3.c.6. p. fortes de perils,des ennemis,de la mer,d'un feu qui s'alluma tout d'un coup dans une forest lorsqu'il y paffoit,& qui brula mesme les habits & les cheveux de fa mere.

330.331.

384. a.

a Tac. an. 1. C. 4. P. S.

331.

[Livie eftant devenue femme d'Auguste,il devint auffi comme le fils, ]' & bientoft aprés le pupille de ce prince, que fon pere Dio, 1.48. p. luy donna en mourant pour tuteur: a de forte qu'il fut elevé des l'enfance dans fa maison, dans l'air, & dans le faste de la Cour. [A l'age de douze ou treize ans]'il accompagna Augufte lorsqu'il Suct. 1. 3. c.6.p. entra à Rome en triomphe aprés la mort de M.Antoine. Il avoit Tac. an.1.c. 3. un grand appui dans fa mere, qui le portoit autant qu'elle pou- p.4. voit, & qui pouvoit beaucoup fur l'efprit d'Augufte. 'Il paroift Suct.1.3.c.14.p. qu'elle avoit conceu de grandes efperances de ce fils. Auffi Au- 345. gufte l'eleva aux charges des devant l'age porté par les loix, luy 16. b. donna quantité d'emplois, & le chargea des fa jeuneffe de di- d Suet. 1.3. c.7. gnitez & de triomphes, ce qui n'augmenta pas peu fa fierté Tac.an.?. c.4. naturelle. 'Il y avoit neanmoins plufieurs perfonnes dans la maifon d'Au- an. 6. c.51. p. gufte quiluy difputoient le premier rang, [&que la proximité du fang ou d'autres raifons luy faifoient mefme preferer.]Marcellus neveu d'Auguste fut le premier destiné à la fucceffion de l'Em

d

c Dio, 1.53. p.

P.332.

e

P.S.

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