C. Tibere L. C14, de neanmoins cela paroift affez conforme à ce qu'on affure qu'il dit » un jour au Senat en ces propres termes : Si ce malheur m'arri» voit jamais, que vous puiffiez douter de la fincerité de ma conduite, & de mon affection pour vous, le titre de Pere que vous » m'offrez ne me feroit pas un avantage fort confiderable dans » cette disgrace, & ne ferviroit qu'à faire voir ou que vous auriez » eu d'abord une trop bonne opinion de moy, ou que vous en au»riez alors une trop mauvaise. quanquam heredita rium. Dominus. Princeps. differere. 'Il ne prit guere auffi le nom d'Augufte" qu'en ecrivant aux 'Quelqu'un luy ayant donné le nom de Seigneur, il le rejetta 'Tacite parlant à peu près du mefme temps, dit que toutes les Tac. an. 4. c.6. affaires publiques, & mefme celles des particuliers lorfqu'elles P.10. eftoient confiderables, le traitoient dans le Senat; où les principaux avoient droit de dire leur fentiment avec étendue.Si quelqu'un fe laiffoit aller à la flatterie, Tibere eftoit le premier à le reprendre. Dans la diftribution des charges & des dignitez il avoit égard à la nobleffe des perfonnes, & à l'estime qu'elles s'eftoient acquifes & dans la ville & dans les armées. On eftoit affuré qu'il n'y en avoit point de plus capables. Tous les magiftrats eftoient confervez dans les fonctions de leurs charges, 14, de Tibe Les loix, hors celles de leze majefté, n'eftoient employées que re Tibere ofte au peuple la nomination des magiftrats; laisse mourir T BERE ofta des ce temps-ci au peupleRomain ce qui lui reftoit encore du droit de nommer les magiftrats", & le v. Augufte transfera au Senat. Le peuple en murmura un peu ; mais il n'y $4. fongea plus depuis. 'Entre ceux qui fe prefentoient pour demander les charges, Tibere admettoit ceux qu'il luy plaifoit:a & de ceux qu'il avoit admis, il en recommandoit quatre,qui fans briguer eftoient bien affurez qu'on ne les refuferoit pas. 'Il laiffoit [au Senatjà examiner les merites des autres,1 & à choifir ceux qu'il voudroit, ou bien ils tiroient au fort. Quand les magiftrats eftoient nommez.& defignez, ils fe venoient prefenter au peuple, chacun avec fes parens & fes amis, comme pour conferver encore quelque image du droit que le peuple avoit eu autrefois [de les nommer.] Cette ceremonie fe pratiquoit encore deuxcents ans aprés. 'Tibere nommoit les Confuls, quelquefois pour toute l'annee, I xaj izi zŷ ökonozi, qui eft obfcur. Leunclavius traduit & judicio Senatus. L quelquefois feulement pour une certaine partie, & leur en fu- 19 604. Tac. 1 1. c.3 'La nouvelle de la mort d'Augufte produifit prefque en mefme Tac. an. 1. c. 31. temps deux feditions tres dangereufes, l'une dans les armées de P 19. Pannonie, & l'autre dans celles qui eftoient fur les bords du Rhein vers Cologne.'L'autorité de Drufus fils de Tibere qui y c.1-30. p. 13fut envoyé exprés, appaifa moins la premiere, qu'une eclipfe de 11.0,1.57.p. lune qui arriva dans"ce temps là'le 27 feptembre au matin. Il ne U. p. 613. tint qu'à Germanicus de fe fervir de l'autre pour s'emparer de l'Empire que les foldats luy offroient. Mais il aima mieux em ployer tout fon argent pour l'appaifer. Il envoya cependant Treves"la femme Agrippine, & Caligula fon fils: ce qui ayant touché les feditieux, ils fe remirent dans le devoir :'& il eut Tac. an I.c. 49encore le loifir de faire une courfe"dans le pays des Allemans 1. p. 25. avant que l'hiver fuft venu. à 49. p. 19-25 Dio, p. 604. b c. 10. p. 338. II. Tacite marque encore en cette année la mort de Julie fille c. 53. p. 25. d'Augufte & femme de Tibere, qui mourut à Rhege dans la Calabre. Augufte aprés avoir découvert les infamies de cette Suet. 1.3. c. I. miferable,l'avoit repudiée au nom de Tibere, à qui fa conduite p.341. eftoit infupportable. Il ecrivit neanmoins fouvent deRhode où cc. 1. p. 341. il eftoit alors, à Augufte pour le prier de conferver encore quelque bonté pour elle. Cependant lorfqu'il fut devenu le maistre, c.50.p.386. il oublia tout ce qu'il avoit écrit en fa faveur, & la traita d'une maniere tout à fait dure.'Au lieu qu'Augufte s'eftoit contenté de luy donner la villef de Rhege pour prifon,il la fit enfermer dans alifon logis, fans qu'elle puft voir perfonne; luy ofta'quelque peu d'argent qu'Augufte luy avoit permis de garder, & mefme la P. 25. 'La mort de Julie fut accompagnée de celle de Tib. Sempro- p.26. 15, de re 1, 2 Tac. an. 1.c.SS. Tac. an. 1. C. 55-72. p. 27-33. c. 69. P.32. c. 62.69. p. 29. 32. e. 69 p. 33. c. 72. P. 33. e. 72-74. P. 33. 34.. < 74. P. 34.. ARTICLE VIII.. Tibere meprise ce qu'on dit de luy, puis en fait des crimes : L'A N DE JESUS-CHRIST IS, DE TIBERE I, 2. GF'Allemagne, qui n'eurent ERMANICUS fit cette année de grandes guerres dans 'Tibere refufa en ce temps.ci, avec des paroles pleines de civilis 'Il commença mefme deflors à fouffrir qu'on accufaft de leze mi. 'Un nommé Hifpon fe fignala le premier dans cette profeffion, du rc 1, 2. * libellis, ἀσεβῆσαι Jokay. 23 du prince par de fecrers avis,que n'eftant d'abord qu'un incon- curez aux autres. pro [Tibere avoit fait paroiftre des devant que de regner, qu'il tort réel. [Tibere fuivit quelque temps cette regle fi fage & fi utile,] '& l. 3. c. 28.p. 362. parut fe mettre peu en peine de ce qu'on difoit & de ce qu'on écrivoit contre luy. Il repetoit mefme affez fouvent, que dans une ville libre, il falloit que chacun euft la liberté de dire & de penfer ce qu'il vouloit. Il fe fervit une fois de ces paroles dans le Senat: Si quelqu'un cenfure ma conduite, je tascherai de me justifier, & de luy faire voir qu'il a tort. S'il persevere à me de» crier, [on verra bien que ce fera moins par jugement que par averfion; & je me vengerai de luy ] en le haïllant à mon tour. Un jour que le Senat vouloit qu'on ecoutaft ces fortes d'accufations, il répondit qu'il y avoit affez d'autres affaires, fans en chercher de nouvelles ; & que fi on donnoit une fois entrée à ces fortes de plaintes, on en feroit accablé, parceque quiconque auroit un ennemi, ne manqueroit jamais de le deferer de ce crime. [Il ne pouvoit pas predire avec plus de verité les maux effroyables qu'il eftoit preft de faire luy mefme. Car on vint enfin à faire des crimes de feze majesté de toutes fortes de choses, ] 'jufque là qu'on dit qu'un homme"fut mis en juftice, & peut- Apol. Ty.v.l.. estre mesme puni, pour avoir battu fon efclave qui avoit fur c. 11. p. 19.c.d, luy une piece d'argent où eftoit l'image de Tibere. 57.P.394. 'Ce prince paya cette année ou la precedente, au peuple Ro- Dio, 1.57.p.6. Tom. I. I |