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CONTINUATION

DES

MEMOIRES

DE LITTERATURE

ET D'HISTOIRE.

LETTRE

Sur l'ancienne maniere de garder les Dimanches & les Fêtes: & fur le zele des Laïques pour l'Office Divin.

Ous fûtes furpris, Monlors que je vous dis

fieur,

il y a quelque tems que les Fideles célébroient au

trefois les Dimanches & les Fêtes depuis le foir de la veille de ces jours, jufqu'au foir fuivant : votre étonne

A

ment ceffera quand vous aurez vû, dans cette Lettre, les preuves de cette pratique. J'ay outre cela deffein de vous y expofer l'ardeur avec laquelle les Laïques affiftoient aux Offices Divins du jour & de la nuit, non feulement les Dimanches & les Fêtes, mais auffi les jours ordinaires. Vous aurez par là dequoi fatisfaire votre jufte curiofité, & vous animer de plus en plus à affifter aux prières publiques.

Dieu avoit commandé aux Juifs de célébrer leurs fêtes d'un foir à l'autre foir. (a) Les Chrêtiens suivirent autrefois cet ufage, & ceux qui recitent l'Office Divin le fuivent encore aujourd'hui. L'amour des premiers Fideles pour la priere, étoit fi grand, qu'il ne fut pas befoin de faire des Loix pour régler le tems de l'obfervation des Dimanches & des Fêtes: ils alloient affidûment. tous les jours au Temple pour (") y prier, & il n'y eut que la violence des perfecuteurs qui les pût empê

(a) A Vefpera ufque ad Vefperam celebrabitis Sabbata veftra. Exodi c. 23. v. 32.

(b) Ait. Aposte. 6. 2. v. 46.

cher, après la ruine du Temple, de s'affembler pour la Priere. Lors que les ennemis de l'Eglife laiffoient quelque liberté aux Chrêtiens, il leur étoit ordinaire de venir tous les jours foir & matin à l'Eglife; ils s'y allembloient avec plus d'affiduité, & y reftoient plus long-tems le Samedi, (a) & fur tout le Dimanche, (1) où après la lecture des Ecritures faintes l'Evêque prêchoit & offroit enfuite le faint Sacrifice, ce qui ne se faifoit pas ordinairement les jours ouvriers. (c) On peut encore rapporter à ces premiers tems du Christianisme l'ori gine des affemblées (4) qui fe faifoient dans plufieurs Eglifes le Mercredi & le Vendredi à trois heures du foir, avant qu'on eût mangé de la journée.

(a) Socrate dit que les Romains & les Alexandrins ne s'affembloient pas le Samedi. . 5. 6. 22. Sozomene dit la même chofe. l. 7. c. 19.

(b) Conftit. Apoft. 1. 2. c. 59. &c. l. 7. c. 36 1. 8. c. 34. &c. Epiphan. expof. fidei in fine. Socrat. 1. 5. 6. 22. Sozomen. l. 7. c. 19. Caffian. Inftit. 3. c. 8. c. Nicerius Epifcop. tract. de Vigilis. t. 3. Spicileg. c. 2.

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(c) Saint Juftin ne parle que des affemblées du Dimanche. Apolog. 2.

(d) Conftit. Apoft. &c. fuprà, & Tertullian. 1. de orat, de Fejunio. c. 2. 14,

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:

Il n'y a rien qui prouve mieux le zele des premiers Fideles pour l'Office Divin, que les affemblées qu'ils faifoient (a) la nuit. Vous croirez peut-être, Monfieur, que cette coûtume ne paffa pas le tems des perfécutions, où les Fideles étoient obligés de célébrer leurs mifteres la nuit afin de n'être point apperçûs des Infideles mais vous allez voir que les veilles facrées furent en ufage plufieurs fiecles après la fin des perfécutions, & que la paix de l'Eglife ne ralentit point l'amour des Fideles pour les prieres publiques. Saint Bafile (b) nous apprend que fon Peuple étoit fi affidu à l'Eglife, qu'il étoit obligé d'abréger les Sermons en faveur des Artifans, qui l'écoutoient en grand nombre; afin qu'ils euffent le tems de gagner leur vie en travaillant cependant ce Saint prêchoit quelquefois le foir & le matin, pour contenter la fainte avidité de fon troupeau. Les Fêtes des Mar

(a) Tertullian. I. 2. ad uxor. c. 4. Clemens Alex. Pedago. l. 2. c. 9 Siromat. I 4. Eufebius l. 2. c. 17, . paffim.

(b) In Hexaëmeron. homil. 3. &c. 8.

tyrs (2) étoient alors honorées par de longues veilles : & il paroît que c'est dans une de ces folemnitez que les Fideles de Céfarée en Cappadoce, s'occuperent à chanter des Hymnes & des Pfeaumes dans l'Eglife depuis minuit jusqu'à midi; ils attendoient Saint Bafile, qui arriva enfin après avoir achevé le Service Divin dans une autre Eglife, & il commença auffi-tôt à prêcher. On fit un crime à cet illuftre Evêque d'avoir établi dans fon Eglife la Pfalmodie; (b) il y répond en apportant l'exemple de plufieurs Eglifes où les veilles & la Pfalmodie en commun'étoient en ufage. Saint Ambroife ;ntroduific dans fon Eglife de Milan (c) les veilles & le chant des Hymnes & des Pleaumes, felon la maniere des Orientaux ; & prefque toutes les Eglifes d'Occident fuivirent ces faintes pratiques. On fçait que ce fut la

,

(a) Idem in Pfalm. 114. Gregor. Nyffen. de 40 Mart. homil. 3. t. 2. p. 212. &c. Edit. an. 1638, Ambrof. Epif. 22.

(b) Epist. 63.

(c) Auguftin. Confef. lib. 9. c. 7. Ambrofii vita per Paulin. ejus notariam nu. 13. Ambrofii ferme contrà Auxenti de Bafilicis tradendis. t. 2. p. 8634 in Pfal. 118. ferma 7, &c, 19, 1, 2, in Luc. c. 2. v. 9.

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