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REPONSE A MONSIEUR* Au fujet de la Critique qu'il a faite de la Differtation inferée dans la premiere partie des nouveaux Memoires de Litterature.

'Ai lû, Monfieur, les dix Refle

J'A

xions que vous avez faites fur la petite Differtation au fujet d'Herodote & de Ctefias , que l'on a inferée dans la premiere partie des nouveaux Memoires de Litterature. Je vous avouë que je ne la croyois pas digne de votre attention, & d'une attention auffi ferieufe que celle qu'il paroît que vous y avez donnée. Mais, le motif qui vous y a porté vous juftifie, au moins dans mon efprit. Vous avez crû voir dans ma Differtation la verité de l'Hiftoire bleffée, & furtout votre Syftême attaqué. Le parti que j'ai pris vous a paru une décifion hazardée contre vous : & quoiqu'enveloppé dans mon obfcurité, & incapable d'en fortir, vous avez crû que

je venois, juge fevere de vos differends, décider fur une difpute dans la. quelle on ne m'avoit pas pris pour arbitre. Mais raffurez-vous, Monfieur, je n'ai jamais vû votre Systême; vous avez eu raifon de le dire. J'ajoûte que je n'en ai même jamais entendu par. ler. Je ne fuis pas mieux inftruit des differends dont vous prétendez que j'ai voulu être le juge; & je vous épargne volontiers la peine d'en appeller. Qui m'en auroit inftruit, puifque ces difputes fe font paffées entre vous & vos amis, ou vos confreres d'Academie, avec qui je n'ai au cune liaison ; & que je n'ai jamais eu les pieces du procès entre les mains, comme vous le dites fi bien vous-même? Je n'ai jamais eu qu'une fois l'honneur de rendre vifite à M. de Pouilli, qui eft membre de la même Academie que vous honorez; & dans cette unique vifite il ne fut queftion hi de vous ni de votre Systême. J'allois humble difciple lui demander quelques avis fur l'étude de la Chronologie & de l'Hiftoire il me les donna de vive voix, je le remerciai de fa politeffe. J'ai tâché de suivre fes

lumieres dans le peu de chemin que j'ai fait dans ces connoiffances, & je n'ai pas ofé l'interrompre une feconde fois. Quand j'aurois été informé de vos fentimens, & du deffein que vous avez de concilier Herodote avec Ctefias, je n'aurois pas eu la temerité d'attaquer un Syftême que vous n'a vez pas encore rendu public, & que je pouvois toûjours regarder comme une de ces belles idées qu'enfante un genie fyftêmatique, mais qui ne peut être réalifée. Car je vous avoue, Mon fieur, que quoique je n'ignore pas que vous foïez depuis long-temps familiarifé avec les Auteurs Grecs & Latins, & que je n'aïe jamais eu de yous que des fentimens conformes à l'eftime & au refpect qui vous font dûs; je fuis encore incredule fur la conciliation que vous voulez faire. Je. m'attends à vous voir répandre l'érudition à pleines mains; mais un accord: entre Herodote & Ctefias, pardonnez-moi mon opiniâtreté, je le crois impoffible. Si vous réüffiffez, je ne dirai pas feulement que c'eft à vous qu'il appartient de dire quelque chofe de nouveau, mais même de produire des

merveilles. Je viens à quelques autres reproches que vous me faites. Le premier eft obligeant, je fouhaiterois qu'il fût fondé. Vous dites que ma Diflertation n'eft qu'un extrait des Adverfaria Chronologica de Conringius; que les gens du monde doivent m'être obligez d'avoir abregé en leur faveur un Ecrit latin, fçavant, curieux & utile, mais qui ne fert gueres qu'aux gens de lettres ; & que j'aurois dû avertir que ma Differtation n'en étoit qu'un extrait. Je fuis heureux, Monfieur, de m'être rencontré avec un homme auffi habile que Conringius: cependant je n'ai jamais lû aucun de fes ouvrages, & je ne connois que le titre de celui que vous citez. Croyez m'en fur ma parole: on n'est gueres fufpect quand on avoue fon ignorance. En admettant la fincerité de cet aveu, vous voyez que fi je n'ai jamais lû Conringius, vous n'avez pas dû ajoûter que ce que je dis de plus que cet Auteur, n'eft qu'une extenfion de fes raifonnemens. Votre fecond reproche ne me paroit pas mieux fondé; puifque vous m'attri buez ce que je n'ai point dit. Je n'ai

point

point avancé qu'Herodote ait donné une Chronologie de l'Empire des Affyriens. Vous rapportez ce qu'il en dit; je l'ai rapporté comme vous: que l'on compare l'un & l'autre recit, l'on n'y trouvera rien de different que dans les termes. Les vôtres font fçavans; ceux dont je me fuis fervi ne font prefque qu'une traduction de ceux qu'Herodote a employez.

Vous ne voudriez pas dire avec moi, continuez-vous, que les crimes, fruits ordinaires de la liberté, obligerent les Medes à fe choifir des Rois. Herodote, dites-vous, ne nous prefente pas cette idée; cependant ne dit. il pas qu'une licence effrenée regnoit parmi ces peuples; que le foible ne fentoit que la tyrannie du plus fort; que les jugemens étoient injuftes ; & que touchez des mœurs honnêtes & de l'équité de Dejocés, ils le choisirent pour leur juge d'abord, & enfuite pour leur Roi , parce que les rapines & les autres crimes fe débordoient avec plus de fureur qu'auparavant. ἔοντων δέ αυτονόμων πάντων ἀνὰ τὴν ἤπειρον ὧδε αὖτις ἐς τυραννίδας περιήλθον. Εt plus bas: εούσης & ακμή, πολλῆς ἀνὰ πᾶσαν

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