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mortier d'or, & faifoit dés Sacrifices au nom de fa Tribu.

Platon femble dire qu'il y avoit deux Villes principales dans le païs, dont l'une eft appellée Sainte & pacifique,& l'autreGuerrierre. M.Sansom place l'une dans le Perou, & l'autre dans le Canada. N'eft-il pas plus naturel d'entendre cela de Jerufalem & de Samarie? La premiere eft appellée la Cité Sainte, & fon nom fignifie Vifion de paix; les guerres inteftines, les troubles, les révoltes, & les malheurs continuels de l'autre peuvent bien luj meriter le titre de Guerriere, & former une oppofition avec Jerufalém, où le Sceptre resta toûjours dans la même famille. Tout ce que Platon ajoûte fur les libations & les Rites des Sacrifices convient aux coutumes des Juifs, auffi - bien qu'à celles des Grecs. Mais ce qui mérite une attention particuliere c'eft que le Taureau qu'on doit facrifier à Neptune, doit autant que l'on peut être pris fans violence, & fur tout fans fe fervir du fer. Cela a affez de convenance avec les mœurs d'un peuple qui faifoit profeffion

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d'adorer le Dieu de la paix, & done l'Autel étoit conftruit de pierres, ou le fer n'avoit pas touché. La coutume de jurer par les Loix du Dieu n'est pas de l'invention de Platon, c'eft encorete ferment des Juifs le plus facré..

Quant à la prétendue Guerre que les peuples Atlantiques ont fait aux Atheniens, on ne fçait pas trop comment l'accommoder aux Juifs. Il faut pourtant avouer que les affaires de ces derniers avec celles des Grecs avoient quelque liaifon : car les Lacedémoniens, ces ennemis éternels des Atheniens, fe vantoient d'être parens des Hebreux; & les Prêtres du vrai Dieu en convenoient, invenr. Mach. tum eft in Scriptura, dit le Roi Agefipo21.21. lis à Onias Grand Prêtre, defudais & Lacedemoniis, quia fratres funt.

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Platon finit par un trait qui défigne fes Juifs, beaucoup mieux que tout. ce que l'on a vu jufques à préfent. C'est que tant que les peuples en queftion furent foumis à leur Dieu & à leur Roi, ils furent comblez de toute forte de profperité, ils eurent dejuftes idées de la vertu, & y trouwerent la fouveraine félicité; mais

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qu'étant déchus d'un état fi parfait, Dieu réfolut de les punir d'une maniere qui pût rendre à jamais fa feverité mémorable. Voilà une idée qui eft présentée mille fois dans les Prophetes, & fur tout dans Jeremie. C'est peut-être cet endroit que S. Auguftin avoit en vue, lorfque par un anachronisme qu'il a depuis rétracté, il avançoit que Platon s'étoit entretenu en Égypte avec Jeremie. Peut-être que la fin du Dialogue qui nous manque, auroit fourni des rapports encore plus fatisfaifants.

Au refte quelques heureufes que foient ces convenances, je fuis très eloigné d'affeurer que tout le Dialogue quadre également bien avec les Livres Sacrez. Une Hiftoire que Platon ne tenoit pas de la premiere main, ne peut qu'avoir fouffert bien des alterations. La fituation de l'Ifle, par exemple, ne fe rapporte, ni de près, ni de loin, à la Palestine, & conviendroit mieux à l'Amerique. Cela n'embarafferoit pas les Rabbins, qui font réfutez dans le docte commentaire de Grotius, de Origine Gentium Americanarum, & qui préten

dent que l'Amerique a été peupléepar les dix Tribus. Il est plus vraiferablable que Platon aïant entendu parler confufément du nouveau continent, l'a choisi pour le lieu de lafcene, & a voulu y faire paffer des évenemens qu'il avoit appris d'ailteurs, & qui regardoient un Peupleextraordinaire. Enfin fi avec tant de clarté d'ailleurs, nous fommes dépaï fez fur la fituation de ces peuples, c'eft qu'il étoit de l'ordre de la providence que les Juifs les Juifs ne fuffent pas abfolument inconnus aux autres peuples, pour qu'on ne doutât point de l'authenticité de leur origine; mais auffi qu'ils ne fuffent pas trop clairement connus afin que les nations ne vinffent pas à la connoiffance de la verité avant les tems marquez c'est une réflexion de Lactance, bien digne du Ciceron des Chrétiens.

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Equidem foleo mirari quòd Pythago ras & poftea Plato amore indaganda veritatis accenfi ad Ægyptios penes traffent, ut earum gentium Ritus & Sacra cognofcerent, fed averfos effe arbitror divina prudentia... ftatuerat enim Deus, appropinquante ultimo temų.

pore, Ducem magnum cœlitus mittere. qui eam perfido ingratoque populo ablatam cateris gentibus revelaret. Inft.. Div. L. 4 C. 2..

LETTRE de M.. à M. ***

En lui envoiant la Differtation

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Suivante.

A Differtation que j'ai l'honneur de vous envoier, eft remarquable par la bifarerie de fon fujet, mais eftimable par le mérite de fonAuteur,&* de celui à qui elle eft dédiée. M. Claude Terrin, qui l'a compofée, étoit d'Arles, & un des principaux membres de l'Academie Roiale de cette Ville. Il s'eft rendu recommandable. par plufieurs fçavantes Differtations fur divers points d'Antiquité, qui lui ont mérité les éloges des Vaillant, des Spon, des Patin, & des Spanheim. La découverte de la fameufe Statue d'Arles fut pour lui un vrai fujet de gloire. Monfieur de Rebatu, Confeil. ler au fiege de cette Ville, avoit pré

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