Les Recueils de Pieces fugitives des Anciens, que les PP. Mabillon, Pez, Durand, Mara tenne, Dachery, Labbe, Canifius, & MM. Muratori, Baluze, Leibnitz, Eccard, &c. ont publié dans le dernier fiecle, & continuent de publier tous les jours, juftifient fuffifamment mon entreprise, & en font connoître l'utilité. Nous jouiffons aujourd'hui par leurs foins des ouvrages que nos ancêtres poffedoient & ne connoiffoient pas. N'eft-il pas na

turel de mettre de même entre les mains de tout le monde les ouvrages des Modernes, qui se trouvent encore cachez dans lės recoins du cabinet des Auteurs mêmes qui les ont compofez, ou de ceux qui en ont herité. Sont-elles moins dignes de l'attention du Public, pour n'avoir point encore ce degré ǎ iiij

d'antiquité, qui fait prefque le feul merite des Pieces publiées par les Sçavans hommes dont je viens de parler? Au contraire autant que celles-ci font rebu. tantes par leur ftyle rude & barbare, & par le peu d'ordre & d'arrangement qui y regne; autant les écrits de nos Auteurs modernes font ils capables de plaire par la douceur & l'agrément du ftyle, l'ordre & la clarté des preuves qu'ils contiennent. J'ofe donc me flatter que ce Recueil non seulement fera de quelque utilité, mais même de quelque agrément pour le Public, tant par le choix, que par la varieté des Pieces qui le composent.

Il ne faut pas juger de tout l'ouvrage par le Volume que je prefente; aucun point de Litterature n'eft étranger à mon deffein. Theologie, Morale,

Hiftoire facrée & profane, Mythologie, Phyfique, Metaphyfique, Jurifprudence, Medecine, Mathematiques, Poëfie, tout concourra à varier agréablement ce Recueil. La critique feroit feule capable de fournir une ample matiere à ces Mémoires, on y admettra les corrections d'Auteurs, les Differtations fur les paffages difficiles; les conjectures qui peuvent contribuer à leur intelligence, & même les traductions nouvelles qu'on en pourroit faire. Je recevrai avec la même reconnoiffance les Pieces enjouées & badines, que les graves & les férieuses; mais je ne donnerai jamais de place dans ce Recueil ni aux critiques trop âpres & trop mordantes, ni aux fatyres perfonnelles ; encore moins à ces Ecrits licentieux contraires. à la Religion ou à l'honnêteté

publique, qui n'étant propres qu'à corrompre l'efprit & le cœur devroient être bannis avec foin des Etats bien policez, comme capables d'y intro. duire le defordre & le libertinage.

J'admettray indifferemment les Pieces Latines, Italiennes Efpagnoles &Françoifes;& lorf que les ouvrages écrits en ces trois premieres Langues feront d'une utilité generale, je les accompagnerai, autant qu'il fera poffible, d'une traduction Françoife. Les ouvrages qui contiendroient plus de dix feuilles feront admis comme les autres mais alors je les donnerai à part, afin qu'on puiffe, fi l'on veut les feparer de ce Recueil.

A l'exemple de MM. de Salengre & Themifeul, on donnera de tems en tems des extraits de Livres rares & cu

rieux, trop

confiderables pour paroître dans ces Memoires; & l'on tâchera d'en faire connoître les Auteurs, fur tout ceux dont ni Morery, ni Bayle n'auront point parlé dans leurs Dictionnaires.

On pourra peut être s'éton ner de voir paroître dans ce. Volume la Lettre de M. Petit für la Pâque, déja imprimée dans le Journal des Sçavans du Lundy 15. Mars 1666. Mais outre que quelques habiles gens. m'avoient confeillé de redon ner de tems en tems quelquesunes des Pieces inferées dans.. ces gros Recueils, qui font poffedez par un très petit nombre. de Sçavans, & dans lefquels on ne foupçonne prefque pas qu'el les foient renfermées; la dif. pute qui s'eft élevée en 1723.. fur la Pâque entre les Protef tans & les Catholiques d'Alle