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PRING

SONNET.

RINCE, l'aife & l'amour des ames & des yeux Que le Ciel mefme voit avecque reverence, Quoyque facent de grand vos travaux glorieux, Ils ne peuvent jamais paffer noftre efperance.

Je fçay que voftre bras fatal aux factieux, Et par qui cét Eftat repofe en affeurance, Avant que l'on vous mette au rang des autres Dieux,

Doit borner l'Univers des bornes de la France.

Mais bien que ce bonheur ne foit promis qu'à

vous,

Depefchez, brave Roy, d'aller en ces deux bouts, Les armes à la main vous faire recognoiftre :

De peur que vos bontez qu'on oit par tout vanter, Luy faifant defirer de vous avoir pour mailtre, Ne vous aillent ravir l'honneur de le domter.

CHANSON DE BERGERS,

A la loüange de la Reyne Mere
du Roy.

PAISSE

AISSEZ, cheres brebis, jouïffez de la joye,
Que le Ciel nous envoye,

A la fin fa clemence a pitié de nos pleurs:
Allez dans la campagne, allez dans la prairie;
N'épargnez point les fleurs,

Il en revient affez fous les pas de Marie.
Par elle renaiftra la faifon defirée

De Saturne & de Rhée,

Où le bon-heur rendoit tous nos defirs contens par elle on verra reluire en ce rivage

Et

Un éternel Printemps.

Tel que nous le voyons pareftre en fon vifage.
Nous ne reverrons plus nos campagnes defertes,
Au lieu d'efpics, couvertes

De tant de bataillons l'un à l'autre oppofez:
L'innocence & la paix regneront fur la terre,
Et les dieux appaifez

Oubliront pour jamais l'ufage du tonnerre.
Le foin continuel, dont fon puiffant Genie
Nos affaires manie ,

Rend tousjours leur fuccez conforme à fon defir.
Noftre bonne fortune eft par luy gouvernée,
Et fouffre avec plaifir,

Que de fi belles mains la tiennent enchaînée,

"

Son bon-heur nous rendra la terre auffi feconde,
Qu'en l'enfance du monde,

A l'heure que le Ciel en eftoit amoureux,
Et jouyrons d'un âge ourdy d'or & de foye,
Où les plus malheureux

Ne verferont jamais que des larmes de joye.
Defia ce grand Soleil diffipant les nuages,
Autheurs de nos orages,

Efpand de tous coftez fa lumiere fi loin,
Que celuy qui le foir fe va coucher dans l'onde,
Voit bien que fans befoin,
Il en fort au matin pour éclairer le monde.
En nos tranquillitez aucune violence
N'interrompt le filence,

Nos troubles pour jamais font par elle amortis,
Depuis les premiers flots de Garonne & de Loire,
Jufqu'à ceux de Thetis,

On n'entend autre bruit que celuy de fa gloire.
La Nymphe de la Seine inceflamment revere
Cefte grande Bergere,

Qui chaffe de fes bords tout fuje&t de foucy,
Et pour jouyr long-temps de l'heureuse fortune,
Que l'on poffede icy,

Porte plus lentement fon tribut à Neptune.
Paiffez donc, mes brebis, prenez part aux delices
Dont les deftins propices,

Par un fi beau remede ont guery nos douleurs:
Allez dans la campagne, allez dans la prairie,
N'efpargnez point les fleurs,

Il en revient affez fous les pas de Marie,

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A MONSIEUR

DE RACAN:

EPIGRAMME.

ES Bergers ont fi bien parlé
Que mon efprit

les idolatre,

Rome n'a jamais eftalé

Tant d'ornements fur le theatre:
Miraculeux pere des Vers,

Grand RACAN, fais que l'Univers
Puiffe lire une œuvre fi belle:
Donnc-luy ce rare entretien ;
Ta gloire ne doit craindre rien
Malherbe & Balzac fon

pour elle.

MAYNARDÀ

AUTRE

A LUY-MESME.

Par Monfieur de Sigongne fon Nep veu, & de defunct Monfieur de Sigongne.

CEST

EPIGRAM ME.

EST ouvrage par qui l'Amour
Nous rend luy-mefme fes oracles ;

Fait encore voir à la Cour

Tous les jours de nouveaux miracles.
Il ravit les cœurs & les yeux,
Il fe faict admirer des Dieux,
Et donne de l'amour aux Anges:
Mais parmy tant d'effets divers,
En a-t'il faict de plus eftranges
Que m'avoir fait faire des Vers?

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