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mun Ennemy, où un Ennemy fufpect, a été la vraye caufe pourquoy le Roy nôtre Maître a plus defiré l'amitié & alliance de la France, que de tout le refte du monde, efperant par ce moyen avoir le pouvoir de divertir les penfées de ce grand Roy, de la ruine de fes meilleurs Sujets de la Religion Réformée, à l'abaiffement des vrays ennemis de cet Etat, qui luy detiennent tant de belles Provinces & Royaumes, poffedez par fes Predeceffours. Et c'eft pourquoy le Roy nôtre Maître étoit defireux de facrifier tous fes interefts au bien commun & à l'affeurance de la Chrétienté. Mais fa Majefté a trouvé, par une experience trop chere, que s'étant une fois engagé en la Guerre d'Espagne, non feulement il n'a pas regeu la faveur & a liftance de la France, que par raifon il s'étoit attendu, ains il en a receu plus de traverfes & d'empêchemens que de l'Espagne méme ; & la raifon en eft toute apparente, d'autant que le grand deffein de cer Etat fe voit être fur l'avantage de l'embrouillement du Roy nôtre Maître avec l'Efpagne, de ruiner & extirper ceux de la Religion Réformée en France non pas que Sa Majefté veuille croire que cela procede du Roy de France fon bon Frere, ou de la Reine fa Mere, étant fi grands Princes, & à luy alliez de fi prés; mais vous, Mefieurs bien mieux que nous entendez combien la faation Iefuitique & Efpagnole agit puiflamment aux Confeils de France, laquelle dit-on être fi forte, que fouvent de haute lutte, elle 'emporte les affaires fur le Roy méme. De la

force de cette faction eft procedé le refus de IvIL paffage à l'Armée fournie au Comte de Manf- 1627 feld en Angleterre, en l'année mil fix cens vingt quatre, à l'inftant méme qu'ils devoient partir, ayant le Roy de France auparavant accordé le paffage par un Article fo lemnel, par lequel refus la liberté d'Allemagne a été trahie, & douze mille Anglois font prefque tous peris. Par la force de cette faction, ayant le Roy nôtre Maître interpo-. fé fes Ambaffadeurs, pour appaifer la derniere Guerre contre ceux de la Religion en France, & ayant engagé fa parole pour l'affeurance du Traité, par le confentement méme du ́ Roy de France, & ceux de la Religion s'étant contentez de fubir des conditions plus dures que leur Etat pour lors ne demandoit, efpcrans que les deffeins de cet Etat fe changeroient contre les ennemis communs en Italie Il eft pourtant avenu, que non feulement les Confederez du Roy en Italie ont été abandonnez, mais les Armes employées là ont été depuis converties pour vous fervir de Garnifons & de Forts, & pour vous reduire à l'extremité de pauvreté & de faim. En quoy ie ne dis plus que ce que les plaintes continues de seux de cette Ville, & de tout le Corps de la Religion Réformée, par l'entremise de Meffeigneurs le Duc de Rohan & de Soubize, ont reprefenté au Roy nôtre Maître. Finalement, quand cette faction s'eft apperceüe que tout cela n'étoit baftant, fans interdire cette Ville du commerce de la Mer, fous le pretexte d'une focieté de commerce imaginaire, ils

L. ont fait bâtir un nombre de Navires de Guer1627. re; mais fe doutant qu'il ne fufiroit pas à leur deffein de fe fortifier en Mer, fans y affoiblir en méme tems le Roy nôtre Maître, par un exemple d'injuftice inoiy, au milieu de la paix, & au temps que le Roy mon Maître étoit embrouillé en une Guerre, par laquelle Paffeurance & la richeffe de la France s'ac-croifloit, ils ont fait faifir fix vingt Navires de fes Sujets, avec l'Artillerie, Marchandifes & Mariniers. Et pour quel autre defiein auroit-ce pû être, que pour s'afleurer de mener cette Ville à ruine? Pour ces raifons alleguées, & pour plufieurs autres de méme nature, le Roy nôtre Maître mettant à part tous autres refpects que celuy de fa confçience, par lequel, comme le Prince du monde le plus religieux & pieux, il a une sympathie de vos fouffrances, & celuy de fon honneur, par lequel il fe fent obligé en fa promeffe, pour l'accompliffement des Articles accordez, s'y trouvant femond par Meffeigneurs les Ducs de Rohan & de Soubize, au nom de tout le Corps de la Religion Reformée, a envoyé icy Monfeigneur le Duc de Buckinghant, qui m'a donné en charge de vous faire offre en fon nom d'une a listance puiflante, tant par mer que par terre, au cas que vous vous refolviez de l'accepter, & de racheter vôtre liberté en entrant en action de Guerre ; & tout cela fur te lles conditions que vous, Medieurs, & tout le monde reconnoîtra que le Roy nôtre Maîtrene vife à aucun fien avantage, ains à vôtre bi en & à l'acquit de fon honneur & confcien

cé, tant éloignée eft Sa Majesté de pourfui- IvrL.
vre aucune fienne demande ou pretention, ou 1627.
de faire invafion aux Terres de fon bon Frere
le Roy de France, avec lequel il defire venir à
une parfaite union, accompagnée de l'affeu-
rance de ceux qui font profeffion de méme Re-
ligion que luy en France. Mais fi quelqu'un
me veut demander, pourquoy c'est que le Roy
de la Grand' Bretagne, offre à prefent du fe-
cours à ceux de la Religion Reformée, & à
cette Ville, qu'il n'a pas donné en autre
temps,en étant recherché? le répons premie-
rement, Que le Roy, de ce temps là, n'étoit
obligé par la parole pour l'accompliẞlement
des Articles accordez par la derniere paix, &
puis de ce temps-là, les Traitez entre ces:
deux Royaumes étoient en leur vigueur & re-
putation, &le Roy nôtre Maitre avoit efperé
vous pouvoir faire du bien par fon intercef
fon autant que par fes Armes, comme celuy
qui bien entend que l'Eglife de Dieu eft no
tre vraye & commune patrie: Et pour ce Sa
Majefté a été fort foigneufe en toutes les fai-
fies par Mer & par terre, d'exempter de dom-
mage ceux de la Religion Reformée, princi-
palement de cette Ville. Mais à prefent les
procedures de cet Etat ont mis Sa Majeftéi
hors de doute, & luy ont donné toute liberté
pour ce regard, ayant eux foulé deffous les
pieds la reverence dete aux Traitez publics.
C'eft pourquoy fi vous refufez cette opportu

nité,
en vain la rechercherez-vous apres. Et
en ce cas, il m'a été commandé par Monfei-
gneur le Duc de Buckinghant, de faire une

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VIL. proteftation folemnelle devant Dieu & les. 1627. Hommes, qu'il tient le Roy fon Maître pour pleinement acquitté de tout engagement d'honneur & de confcience; & fon Excellence fe difpafera à executer les autres commandemens qui luy ont été enchargez. Dieu donc vous a fait une fi grande grace que de vous donner le choix de vôtre bien ou de vôtre mal. Mais quel que vous choifirez, il m'a été enchargé de vous prefler à vne claire & promte réponse. En quoy vous devez confiderer, qu'avec aufli peu de prejudice vous pouuez prendre vôtre refolution clairement, & à prefent, qu'avec doute & remife; mais à nous chaque heure de delay apporte un prejudice notable.

Manifefte du Duc de

Buc

Kinghant.

En fuite, il leur prefenta le Manifefte dudit Duc de Buckinghant, figné de luy, contenant une Declaration des intentions du Roy de al Grand' Bretagne, de cette teneur.

gne ont toujours pris és affaires des Velle part les Roys de la Grand' BretaEglifes Réformées de ce Royaume, & avec combien de zele & de foin ils ont travaillé à leur bien, il eft notoire à tous, & les exemples en font au fi ordinaires, qu'en ont été les occafions. Le Roy d'aprefent, mon tres-honoré Seigneur & Maître, ne doit rien en cela à fes Predecefleurs, fifes bons & lotiables deffeins, pour leur bien, n'euffent été pervertis à leur ruine, par ceux qui avoient le plus d'intereft en leur vray accomplifiement. Quels avan

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