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Iv. bruit de guerre demeurera enfevely dedans 1627. nuit & dans le filence, pont n'avoir paru qu pour leur fujet, & n'avoir été avancé qu Icur occafion. Donné au bord de nôtre Vai feau Amiral, ce Mécredy vingt-uniéme Juillet mil fix cens vingt-fept. Ainfi figne BVCKINGHANT.

Apres l'audience dudit Sieur Becher, Mor feur de Soubize ajoûta qu'il avoit entreten le Sieur Mermet Pafteur, de quelques chof -à propos de ce qu'avoit reprefenté ledit Sie Becher, & qu'il defiroit qu'on l'ouît. Su quoy ledit Sieur Mermet fit un long & veh ment difcours pour perfuader les Rochelo de joindre tout ouvertement leurs plaintesi leurs Armes à celles du Sereniffime Roy de 1 Grand' Bretagne leur defenfeur.

Cela fait, ledit Seigneur de Soubife & le dits Sieurs Becher & Mermet fortirent, en r querant inftamment qu'on leur fift répon dans le jour.

Mais parce que le Confeil des Commiff res trouva l'affaire tres-grande en foy, d'ailleurs du tout imprevete, outre qu étoit déja nuit ; la pluralité des voix fut c l'on fe fepareroit pour avoir le loifir de co fulter Dieu & fa confcience, & que le lend main à fix heures du matin la Compagnie trouveroit chez le Maire, pour traiter & v der la question au fond.

Les Sieurs Iacques David Echevin, & D vid Defos Avocat, furent deputez vers le Seigneur de Soubize, & les Sieurs Becher

Mermet pour leur faire (agreer cette remife. Iva L. Ce qui fe fit avec beaucoup d'honnéteté.

Il eft à remarquer qu'environ une heure apres l'arrivée dudit Seigneur de Soubife, le Sieur de Saint Blancard, qui l'avoit accompagné, s'en retourna en l'Armée Angloife, & aufi-toft apres fe commença la descente, au combat de laquelle il fut tué d'un coup de moufquer, donné à la hauteur du cœur par le côté droit, & qui luy coupa la veine cave.

La defcente fe fit le Ieudy au foir 22, jour de la Magdeleine, par l'Armée Angloife, à la pointe de Sablanceau, où la côte eft fort roide & la Mer profonde, à caufe qu'au montant & au descendant de la Mer, il fe fait là un courant, dont la rapidité a miné la terre fort avant.

Cette rade eft faite en façon d'un Arc ou d'une Demy-lune, dont l'un des côtez s'avance bien loin vers Sablanceau, à cause de quoy on l'appelle pointe de Sablanceau ; l'autre côté, dont la courbure eft beaucoup moins remarquable, s'étend jufques vers la Prée, où eft encore à prefent le Fort du Roy, qu'on appelle le Fort de la Prée.

On amena des Vaiffeaux le plus prés que l'on put, de l'um & de l'autre flanc de cette rade; de forte que l'Artillerie commandoit aifément aux Sables d'alentour, qui quand la Mer eft bafle, font en cet endroit une grande & rafe campagne.

Il fut remarqué neantmoins que les Anglois firent là leur defcente avec plus de courage que de prudence`: Parce que fans atten

16270

IVIL. dre que la Mer fe fut tout à fait retirée, pou 1627. avoir le terrain tout entier à former leurs Ba taillons, ils firent dés là haute Mer, où pe de temps apres, aborder leurs Bateaux plat & leurs Chaloupes, qui donnant du bout terre, rendoient par des ponts de bois leur Soldats fur le gravier, marchant trois à troi & fe reduifant & formant auffi-toft en Batail lons à la veie de l'ennemy. Mais ils n'étoien pas encore defcendus environ douze cen hommes, qu'ils furent chargez par la Cava lerie du Sieur de Thoiras en deux Brigades d'environ quatre-vingts chevaux chacune, 1 droite commandée par le Baron de Chantail & la gauche par le Baron de Navailles. Le Anglois firent mine de plier au premier choc & s'entr'ouvrirent, où par hafard ou a def fein, recevant au milieu de leurs Bataillons en mémes temps, ces deux Gros de Cavale rie, puis s'étant referrez à propos, iamais n'y eut moyen qu'elle fe fift jour, & elle de meura toute défaite entre les Piquiers, Mou quetaires & Hallebardiers, qui n'en laiffere fauver que bien peu. Vne autre Troupe, con mandée par le Sieur Des-Roches Baritaul donna de nouveau ; mais elle fut faluée tant de coups de Canon & de Moufquet qu'elle fut contrainte de reculer.Le Regime de Champagne, au nombre, dit-on, de do ze compagnies feulement, la voulut foûter & fe měla jufqu'aux coups de piques, mais fut aufi mal-traité, & contraint de fe retir au Bourg de la Flotte, & de là à celuy Saint Martin, & dans la Citadelle.

On y remarqua le courage du Duc de Buc- IvIL. Kinghant qui defcendit à terre luy méme dés 1627. qu'il y vit un de fes Regiments, & qui étoit en pourpoint à ce Combat tres-hazardeux, tant parce que ceux de l'Ifle étoient tous des gens choifis, que parce qu'ils commencerent la charge avec un notable avantage, méme quant au nombre.

Ledit Duc paffa au delà du Champ de Bataille, fans avancer plus outre ? parce qu'il n'avoit encore alors aucun qui connût le Païs. S'il eût pouflé fa victoire, en apparence tout étoit à luy; du moins le Sieur de Thoiras fe fût jetté en fa Citadelle fort à la hâte, & en grande confufion. Il fit jetter des clôtures de camp, & campa fur le Champ de Bataille, y demeurant jufqu'au lendemain à faire achever fa defcente, & à faire fortifier un certain endroit qu'il deftina à la décharge de fes provifions de bouche & de Guerre, qu'il fit garder par un Regiment qui s'y retrancha.

Le Vendredy 23, fur les fept heures du matin, tous les Commiffaires s'étans rendus à l'Hôtel du Maire, apres l'invocation du Nom de Dieu, l'affaire ayant été traitée, examinée & concertée entr'eux il fut refoJu d'une commune voix, Que l'on feroit en la perfonne dudit Duc de Buckinghant de tres-humbles & tres-affectionnez remerciments au Serenifime Roy de la Grand' Bre tagne, du foin qu'il avoit daigné prendre d'eux; Qu'on reconnoîtroit combien fa pieté & fa magnanimité avoient été grandes, de

B

IvIL. vouloir employer tout ouvertement de fi bel1627. les forces pour le rétabliffement de la Paix promife tant à la ville de la Rochelle, qu'aux autres Eglifes; Qu'on le fupplieroit de vouloir continuer & poursuivre le progrez de fes Armes, & qu'on en beniroit l'avancement & les effets; Qu'on s'excuferoit envers ledit Duc de Buckinghant du refus fait le jour precedent à fon Deputé, laquelle excufe on le fupplieroit de recevoir & d'agréer, & de couvrir par fa generofité le defaut qui pour roit être en cela, & de n'en travailler pas moins ardemment à la delivrance de ladite Ville, mais de la conferver par fes favora bles recommandations aux bonnes graces du Roy fon Mattre; Et quant au fond de la propofitio, Que le Sieur Becher ayant remontré de fa part, & la verité étant que le fecours ne regardoit pas feulement la ville de la Ro chelle, mais auffi toutes les autres Eglife Reformées du Royaume, ils le fupplioien d'avoir agreable qu'on prêt fur ce fujet les avis des villes de Montauban, Nifmcs, Vzez Millaut, & autres Eglifes, à qui par la grac de Dieu la liberté d'opiner & d'opter étoi encore laiffée, même celuy de Monfieur d Rohan, qui étoit alors parmy elles. Que pa le paffé ils avoient été blamez par leurs Fre res de n'avoir pas eu toûjours affez d'égard la déference que les Eglifes fe doivent le unes aux autres, & à laquelle les Reglemen Generaux, les Actes de toutes leurs Affem blées, & leur propre ferment d'union les de voit avoir tres-étroittement obligez, pou

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