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les confulter ou du moins les avertir avant Iyil. que de paffer à l'action: Qu'ainfi ils avoient 1627. tres-grand intereft de leyer en cette occafion tout fujet de mécontentement & de la mefintelligence paflée. Qu'ils requeroient treshumblement fadite Excellence de vouloir être fatisfaite de cette remife, & de leur donner grace devant le Sereniflime Roy; veu même qu'ils étoient contraints de luy dire franchement à l'oreille, Que la recolte étoit inftante en laquelle tous les Habitans de la Ville étoient tres-engagez pour la fubfiftance de leurs familles. Qu'au nom de Dieu il ne fift point éclater. avant le temps des gens impuiflans qui ne pourroient apporter que du chagrin dans fon Armée; mais qu'il leur laiflat un peu ménager l'apparence jufqu'à ce que leurs provifions fuffent faites. Que la deliberation de cy-deflus feroit portée par des Deputez exprés audit Duc de Bucking hant.

Cet Arrété ainfi fait entre lesdits Commiffaires, la Cloche de l'Hôtel de Ville fonna environ fur les dix heures du matin ; & le grand Confeil aflemblé, le tout fut approu vé, & fut donné aufdits Commiflaires pouvoir abfolu d'executer leur deliberation, & d'être auprés du Maire pour avifer à toutes les occafions qui fe pourroient presenter.

Au fortir de là le Maire accompagné defdits Commiffaires, alla trouver Monfieur de Soubife, tant pour luy declarer ladite refolution, que pour luy faire les compliments & es remercimens dûs à fa grandeur & à fon

IFIL. affection. Il vit au même lieu le Sieur Becher 1627. auquel il fit auffi fes civilitez, & luy dit l'A

rété dudit Confeil, & qu'au Confeil étroit qui fe tiendroit l'apres-dînée, ils nomme roient des Deputez pour aller en l'Ile de Ré trouver Monfieur le Duc de Buckinghant, afin de luy faire entendre le tout: Ce qu'ils firent, ayant choifi les Sieurs Ifaac Blandin Sieur des Herbiers Efchevin, pour le Corps de Ville, & Theodore Goyer pour les Bourgeois, avec lettres de creance.

Ce même matin 23, fut apporté dans la Ville le corps du Sieur de Saint Blancard tué fous les piques, apres avoir tres-vaillamment combattu à la tête des Bataillons mais tout en pourpoint à la Françoise. C'étoit un Gentil-homme de tres-rare merite qui avoit negocié toute cette affaire, & étoit comme l'ame qui faifoit tout mouvoir; de forte que les Anglois,ne l'ayant plus, fe trouverent dénuez de leur principal confeil. On fceut par un Gentil-homme fon allié, ce qui s'étoit paffé à la defcente, & que les Anglois n'y avoient perdu au plus que trois ou quatre cens hommes, la plufpart noyez par leur propre impatience; parce que voyans leurs compagnons au combat, ils fe jettoient tou armez de Corfelets & de Bourguignotes dans la Mer, qui eft en cet endroit la creuf de quatre ou cinq braffes à caufe des courans ainfi qu'il a été cy-deffus remarqué. Il s' perdit entr'autre le Maître de l'Artillerie qui étoit un vieux & experimenté Chevalier lequel avoit été eftropié de l'une de fes main à la Guerre.

Les principaux bleffez de la part des An- Ivy. glois dont on ait ouy parler, & qui furent 1627 même traitez dans la Ville, furent le Milord Rich frere du Comte de Holland, & le Milord Canoé fils du premier Secretaire d'Etat, & le Sergent Major d'un Regiment dont on n'a pas fceu le nom, lequel mourut le lendemain de fa bleffure, & du regret d'avoir perdu au combat fon fils unique, & les Sieurs George Blondel & Hale Colonels, bleffez de coups de piques & de moufquet.

Du côté du Roy furent tuez le Baron de Chantal & le Baron de Navailles, avec tous les Gentils-hommes de leurs Brigades, horfmis dix ou douze que la bonté de leurs chevaux tira de la tuerie. Le Baron de Cozé, Montagne de Xaintonge, Roftinclair frere du Sieur de Thoiras, Buffac le fils, Contamine, Montbrun & la Boiffonniere Capitaines du Regiment de Champagne, la Lande Saint-Luc, plufieurs Gentils-hommes de Poitou, grand nombre de Lieutenans, cinq Enfeignes & neuf Sergents. Les bleflez furent entr'autres le Baron de Saint Surin, le Comte de Marennes, & Saugeon de Bourlay. Enfin de deux cens cinquante bons chevaux, ou davantage il ne s'en fauva pas foi

xante.

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Ledit jour de Vendredy, & le lendemain de la defcente, le Sieur de Thoiras envoya demander les corps par un Trompette au Duc de Buckinghant, qui les accorda de fi bonne grace, qu'il s'eftima obligé de l'en envoyer remercier par le Sieur d'Ambleville,

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Ivit. lequel complimenta fort bien au gré des An1627. glois. Le Duc l'ayant traité en la Tente, on

le mena voir les corps des principaux, & de ceux qui n'avoient point été enterrez dans les chemins, ou jettez à la mer. Quatre defquels reconnoiffant entre les autres, il les regarda avec beaucoup d'émotion, jufqu'à être contraint de laifler aller quelques larmes. Sur quoy s'efluyant auffi-toft. & fe tournant du côté où étoit ledit Duc, Pardon nez-may, dit-il, je vous prie, Meffieurs, ce témoignage de ma paffion. Te voy là morts la fleur des hommes du Royaume, & mes plus inti– mes amis. Puis rejoignant ledit Duc, avant que de remonter à cheval, il luy demanda pafle-port pour les Sieurs de Marennes, de Saint Surin & de Saugeon de Bourlay, blesfez griefvement & hors de combat. A quoy ledit Duc fit réponse, Qu'il ne fcauroit refu fer aucune courtoifie à un fi gentil Cavalier. mais qu'il avoit la feureté de fon Armée, & la fonction de fa Charge à bien obferver: Qu'il vouloit parler à fon Confeil, pour scavoir il étoit à propos que des Gentils-hommes bien infruits de l'état des chofes, paffaffent vers les Ennemis. Il repartit à cela, Que leur état étoil de n'attendre point de fecours, & de fe bien refoudre fur leur propre vertu : Qu'au pis aller 'ils étoient pris, ils fe tenoient affeurez d tomber entre les mains d'un tres-genereux Con querant.

Le Samedy 24, fur les deux heures apre midy, Monfieur de Soubife partit de la Vill accompagné du Sieur de Loudrieres, aya

quelque vingt-cinq ou trente Gentils-hom- I vI L.
mes & plufieurs Volontaires avec eux, jus- 1627,
qu'au nombre d'environ fix-vingt hommes.
Les Sieurs des Herbiers & Goyer, deputez
pour aller vers le Duc de Buckinghant, par-
tirent en méme temps, & pafferent à la
Chaîne. Ils étoient tous embarquez en de
grandes Chaloupes, qui les porterent à la
rame jufques à Sablanceau.

des

Le Duc de Buckinghant étoit le long de la Mer à fe promener avec un autre Seigneur. Si-toft qu'il apperceut les Deputez, il dit tout haut, le voy. gens de ma connoiffance} parce qu'il les avoit veus Deputez en Angleterre en l'an 1625, & s'en vint à eux les recevoir avec grand' courtoifie. Monfieur de Soubife s'y joignit. Ils prefenterent aufi-toft leurs Lettres de Creance; lefquelles ledit Duc ayant leües, il reçût leurs compliments, puis dit, comme avec quelque émotion, N'avez-vous, Meffieurs, autre chose à me dire de la part de vôtre Ville & Sur quoy Monfieur de Soubife s'étant avancé, dit qu'ils avoient leur Creance à expliquer. Il les pria donc de venir en fa Tente, où n'entrerent que ledit Duc, Monfieur de Soubife, & le Sieur de Loudrieres, avec les Deputez, lefquels il Dit fort attentivement. Puis leur fit cette réponfe; I'awray toute ma vie de grandes affe lions pour vous, & le Roy mon Maître n'a que faire d'y eftre aidé ; vous voyez combien il vous aime de par luy-même. I'euffe defiré de vous moins de remife, & des refolutions prefentes, mais je feray tout mon poffible pour fatisfaire Sa

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