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que ledit Fort feroit démoly, commie en ayant parole (difoient-ils)du Roy.Particulierement les Ambafladeurs d'Angleterre en donnerent une Declaration par efcrit, de laquelle la teneur s'enfuit.

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Ous Henry Rich, Baron de Kingprigton, Comte de Hollande, Capitaine de la Garde du Roy de la Grand' Bretagne, Chevalier de l'Ordre de la Iartiere, & Confeiller au Confeil d'Eftat & Privé de Sa Majefté: Et Dudley Carleton, Chevalier, Confeiller de fadite Majefté en fon Confeil d'Etat & Privé, & vice-Chambellan de fon Hôtel. Ambafladeurs extraordinaires de fadite Majefté vers le Roy tres-Chrétien: A tous prefens & à venir, Salut. Comme ainfi foit que les Sieurs de Montmartin & de Manial Deputez generaux des Eglifes Reformées de France, & autres Deputez particuliers des Seigneurs Ducs de Rohan & de Soubife, & ceux de plufieurs Villes & Provinces, qui fe font joints aux armes defdits Seigneurs, ayent fait leur paix avec le Roy Tres-Chrétien, par nos avis & entremifes agreées & confenties dudit Seigneur Roy leur Souverain, & lefdits Deputez ayent relâché beaucoup de chofes qu'on eftimoit tres-importantes à leurs feuretez, & toutes conformes à leurs Edits & Brevets, lefquelles ils étoient expreflemen khargez d'obtenir au Traité de la paix; & pour lesquelles ils euflent perfifté conftam. ment, fauf l'obeiflance qu'ils doivent & veu lent rendre à leur Roy & Souverain, & fau

la confideration & déference qu'ils ont voulu 1626 porter aux femonces & requifitions fi expreffes du Sereniffime Roy de la Grand' Bretagne nôtre Maître, au nom duquel nous les avons exhortez & confeillez de condescendre aux conditions offertes & baillées par la fufdite paix, en faveur & pour le bien de ce Royau me, & le contentement & fecours de la Chrétienté en general. A ces caufes, declarons & certifions, Qu'és paroles dont on avoit auparavant convenu avec nous, pour l'accomplif fement dudit Traité, & lefquelles furent proferées en prefence & par le commandement de Sa Majesté Tres-Chrétienne, par Monfieur le Chancelier, lors de l'acceptation de la paix, contenant (que par longs fervices & continue obe iflance, ils pourroient attendre de la bonté du Roy, ce qu'ils n'eufient jamais obtenu par autre Traité, és chofes mémes qu'ils eftimoient les plus preffantes, efquelles on pourroit en temps convenable écouter leurs fupplications, faites avec refpect & humilité il y avoit eu une plus claire interpretation de la part de fa Majefté & de Meffieurs fes Miniftres, à nous rapportée par Meffieurs les Entremetteurs de la paix, perfonnes de qualité relevée, ordonnées & introduites avec charge & pouvoir de Sa Majefé & de Meffieurs fes Miniftres, dont le fens & intelligence eft : Qu'ils entendent parler. du Fort Louis devant la Rochelle, & par donner affeurance de fa demolition en temps convenable, & cependant du foulagement des autres chofes qui demeurent par le fufdit

Traité de Paix, au prejudice de la liberté de la Ville de la Rochelle fans laquelle affeurance de demolition & foulagement de Garnifons, les fufdits Deputez nous ont protefté, qu'ils n'euflent iamais confenty à la subsistan ce dudit Fort, étant chargez & refolus de conferver le droit de fa demolition, comme ils font par la prefente Declaration, avec l'afleurance que le Roy de la Grand' Bretagne travaillera par fes interceffions, jointes à feurs tres-humbles fupplications, pour abreger le temps de ladite demolition; dont nous leur en avons donné toutes les paroles & promeffes Royales qu'ils en fçauroient defirer, apres leur avoir remontré qu'ils s'en devoient & pouvoient tenir contens. En foy de quoy, & de ce que deffus, nous avons figné & feellé la prefente de nos Noms, & Armes, & icelles fait contrefigner par l'un de nos Secretaires. Fait à Paris, l'onzième jour de Février mil fix cens vingt-fix. Ainfi figné, HOLLANDE. D. CARLETON. Avec les Seaux au deffous de chacun leurs Seings: Et plus bas, Par le commandement de Meffeigneurs, AVGIER.

Selon qu'il étoit convenu par les Articles de ladite Paix, la Rochelle demolit le Fort de Tadon, congedia fes gens de guerre, & fatisfit à tout ce qui luy avoit été prefcrit.

Peu apres y arriverent des Commiffaires de Sa Majefté, pour l'execution de ce qui aufli luy avoit été promis, lefquels y firent un fort long sé iour; non fans foupçon des Rochelois,

qui ne voyoient pas grand fruit de leur arrivée, le Fort fubfiftant toujours, la Citadelle de l'Ile de Ré fe bâtiffant en grande diligenge, & les Garnifons de Marans & autres entours fe fortifiant de nouvelles recreiies, au lieu d'être licentiées.

La plus-part ont cru que les Rochelors craignans la confequence de cela, ménagerent sectettement vers le Roy de la Grand' Bretagne afin qu'il leur fift valoir le Traité duquel il avoit été garant. Mais la verité eft, qu'abfolument rien de tel n'a été ménagé par ordre public; feulement Monfieur le Duc de Rohan s'ouvrit à quelques particuliers qu'il croyoit avoir creance dans la Ville, du ménagement qu'il faifoit vers ce Prince par le moyen du Sieur de Saint Blancard, qu'il luy avoit envoyé le folliciter d'employer fes armes pour l'execution du Traité dont il s'étoit étably garant, puis qu'il ne le pouvoit obtenir par voye's amiables.

Ces particuliers tinrent cela fecret entr'eux, & ne s'en ouvrirent qu'à peu de perfonnes. Cependant il s'entendoit divers bruits des grands preparatifs qui fe faifoient en Angleterre; ce qui ne donnoit pas peu à penfer aux principaux de la Rochelle, prévoyans que fi cet orage fe venoit décharger fur eux, leur condition au lieu de devenir meilleure, pourroit empirer.

Enfin l'Armée Navale du Roy de la Grand' Bretagne, commandée par le Duc de BucKinghant, Grand Amiral d'Angleterre, & composée de sept ou huit vingts Voiles, tant

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Remberges, Navires Royaux, & autres Vaif027. feaux de guerre, que Barques, Chaloupes, & bateaux longs à vingt rames, pour faire def cente à terre, & de neuf ou dix mille hommes, avec grand équipage de canons, bombes, grenades, pots à feu, artifices, munitions: de guerre, & de toutes fortes d'outils pour faire des Sieges ou des Forts, commença à paroître du côté des Sables d'Ollonne, le Mardy vingtiéme de Iuillet mil fix cens vingt-fept, fur les fept ou huit heures du matin, au nombre de dix-huit ou vingt voiles. Du commen→ cement on crut que c'étoit des Dunkerkois, qui attendoient au paffage une flotte de Hollandois & autres, qui chargée de fel étoit en rade à la Paliffe, & devant Saint Martin, (principal Bourg de l'Ile de Ré) prefte à faire voile pour s'en retourner en Hollande & ailleurs. Mais à leur approche, & à celle des tout le reste de l'Armée, ils fe firent incontinent reconnoître pour Anglois ; fur tout lors: que paflant devant la Citadelle & le Fort de la Prée, ils leur tirerent force coups de ca non, qu'ils continuerent le refte du jour & le lendemain, allant moiiller l'ancre à la Paliffe & devant la pointe de Sablanceau, l'une des extremitez de ladite Ifle de Ré du côté de la Rochelle.

Le Mercredy 21, les Rochelois celebrerent le jeûne au grand Temple & à Saint Yon, & à l'iffuë de la premiere action, un Gentilhomme venant de l'Armée Angloife avec des Lettres de Monfieur de Soubize à Madame de Rohan fa mere, qui depuis quatre ou cinq

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