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bras, que tout étoit diverty au plus preffé: Qu'il Ivi 2. feroit établir au plûtost un ordre fur ce qu'ils 1627: preffoient que cependant les particuliers intereffez s'adreffaffent au Sieur Becher, & qu'il luy donneroit ordre de fatisfaire à leurs remontrances autant que le temps le pourroit permettre Que le Roy fon Maître avoit de tres-grandes affections pour eux, &qu'il le leur témoigneroit par des avantages fignalez qu'il leur vouloit faire, mais qu'il n'étoit pas encore temps d'en parler ny de s'en declarer.

A la veue de l'Armée Angloife, ceux de la Citadelle quitterent & abandonnerent les Barricades du Bourg de Saint Martin qu'ils avoient fait mine de vouloir garder, brûlerent les Maifons voifines de ladite Citadelle les Magazins de foin qui étoient au dehors & les Vaifleaux du Port, tous Anglois, Hollandois & Ollonnois, & enfin pillerent quelques Maifons de ceux de la Religion Preten duë Reformée; puis fe renfermerent au dedans de ladite Citadelle avec plufieurs Habitans.

Le Mercredy 28, ladite Armée Angloife entra dans le Bourg de Saint Martin, du côté de la Coйarde. Il fut défendu à tous les Sola dats d'entrer dans les Maisons, & tout campoit par les rues, l'on mit une taxe au vin & au pain, & rien n'étoit pris des Habitans fans payer. Les tranchées furent commencées fans perte d'aucun Soldat, entre le haut du Bourg, aflez proche du chemin de la Flote, & la Citadelle. Il ne fut fait tort à Pas un Habitant, ny là, ny à Sainte Marie,

EvoL. ny à la Flotte,ny ailleurs ; & neantmoins it 1627. fe trouva qu'entre lesdits Habitans quelques Catholiques Romains, firent auffi-toft fçavoir les Logis du Duc de Buckinghant & de Monfieur de Soubife, & les heures du Confeil & de leur repas, aux afliegez, qui canonnoient fort & ferme les Maisons aufdites heures..

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Le même jour le Duc de Buckinghant fit remontrer à tous les Habitans de ladite Ifle tant de la Religion P. R. que Catholiques R. Qu'il étoit venu pour les mettre en liberté, & pour empêcher les grands Impofts qu'on leur vouloit mettre, la Taille, la Gabelle, & à u res: Et en fuite, fit faire un cry public, portant défenfés à tous gens de Guerre, de méfaire ny médire aufdits Habitans,ny de prendre aucune chofe d'eux fans payer, les exhortans de demeurer en leurs Maifons, & faire leurs affaires accoûtumées avec toute liberté & affeurance.

Ledit Duc ferefolvant de prendre la Ci tadelle par famine, fur la prefomption qu'il y avoit peu de vivres dedans, & qu'étant Maitre de la Mer, il luy Teroit facile d'em Pêcher tout fecours & avitaillement, luy fit en toute diligence, fermer l'entrée de fon Port avec des Barques, Chaloupes, & Traverfiers, & faire fes Tranchées, & Bateries, à demy-portée du moufquet de fon Foffé; comme une baterie fur le Havre du Bourg, qui mit en apprehenfion les affiegez, à caufe qu'elle donnoit droit fur leurs Moulins, lef quels neantmoins ils trouverent moyen de garantir.

Auffi-coft que ledit Duc eut fait la defcente IvLL.. dans ladite Ïsle, les particuliers du commun 1627 peuple de la Rochelle, porterent à fon Armée toutes fortes de vivres, provifions, & rafraîchiflemens; le gain & la beauté des Iacobus les allechant: ce qui ayant contiAué durant tout le temps qu'il y fut, dénua fort la Ville de vivres.

Le Ieudy 29, on delibera au Confeil s'il étoit à propos d'envoyer à Marans vers Monfeur le Duc d'Angoulême, General des Armées du Roy en ces Quartiers, fur ce que voyant qu'elles gro lifloient, l'on apprehendoit le degât des bleds; & parce qu'on avoit grand befoin de la liberté de la Foire de Fontenay, qui écheoit au commencement d'Aouft. Il s'en trouva plufieurs qui ne le ju gerent pas neceflaire, difans, qu'il étoit à craindre, que s'engageant avec luy, l'An glois ne fe décourageât, & ne les laiffât en proye: d'autres difoient au contraire, que f on avoir bien deputé vers le Duc de Bucking hant, Lieutenant du Roy d'Angleterre, on devoit à plus forte raifon en faite autant au dit Duc d'Angoulême, Lieutenant du Roy nôtre Souverain; n'y eût-il autre fujet, que de le remercier de ce qu'il n'avoit encore fait nulle hoftilité au Gouvernement, & le prier de leur laiffer faire la recolte de leurs fruits Que, de plus, on pourroit apprédre de luy des chofes qui pourroient fervir à faire la paix entre les deux Roys; ce qu'il falloit fouhaitser par deflus toutes chofes, puis que quel que fut l'evenement de la Guerre, la Rochelle

IVIL. avoit à craindre de la part du Roy, s'il chaf1627. foit les Anglois, veu qu'il la confidereroit

Lettre

des Ro

comme les ayant attirez ; & de la part des Anglois, s'ils demeuroient les Maîtres des Ifles, veu qu'ils luy en feroient un mords pour la gourmander, & peut-être s'en emparer: qu'en ce commencement donc, il falloit eflayer de pacifier ce different, & que ce devoir rendu à ce Prince, en pourroit ouvrir la voye. Enfin, apres beaucoup de conteftations, il fut arrété qu'on envoyeroit vers luy; & pour cela furent nommez, de la part du Corps de Ville, Ifaac Blandin Ecuyer Sieur de Fiefmignon Echevin,& le Sieur lean Iournault Avocat, pour les Bourgeois; qui le Samedy dernier jour du mois l'allerent trouver à Marans, où apres luy avoir fait leurs compliments, ils luy prefenterent cette Let

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chelois à Nous deputons-par devers vous les Sieurs Mr. le de Fiefmignon, l'un des Echevins de cette Duc Ville, & Iournault Avocat, pour rendre les An- tres-humbles compliments que nous devons goulêà vôtre Grandeur, & vous remercier, de tou

me

tes nos tres-humbles affections, de ce qu'il vous a plû, jufques icy, détacher ce Gouver nement de la licence des Gens de Guerre: E parce, Monfeigneur, que nous fçavons tres bien, que toutes les Armées de Sa Majeft dépendent en ces Quartiers de vos Charge & Commandemens, Nous fupplions, avec l

même humilité, vôtre Excellence, qu'il luy Ivaz plaife, à l'avenir, vouloir continuer la mé- 1627, me faveur à ce Pays, afin que nous puissions en liberté recueillir les fruits qui font pendans dedans nos Heritages, & faire le negoce fans empêchement. Ce nous fera, Monfeigneur, un tres-fort argument de vôtre bonté, & une tres-étroite obligation à demeurer és termes de fidelles Sujets que nous ferons toutes nos vies, envers le Roy nôtre Souverain & envers vous,

MONSEIGNEVR,

Vos tres-humbles & tres-obeyfans
Serviteurs,

Les Maires, Echevins, Confeillers, Pairs, Bourgeois & Habitans de la Ville de la Rochelle,

Et pour tous,

I. GODEFFROY, Maire & Capitaine
de la Ville de la Rochelle,

De La Rochelle ce 30 Iuillet 1627.

Lefdits Sieurs de Fiefmignon & Iournault, furent receus fort amiablement dudit Seigneur Duc d'Angoulême, qui les renvoya le Lundy, avec promefles de leur laiffer faire la recolte de leurs fruits, & leur negoce fans empêchement, s'ils demeuroient bons François, & non autrement.

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